Léonce_laplanche 03/04/2005 @ 21:40:10
Ezenwa-Ohaeto
né en 1958 (Nigéria)
Poème en pidgin-english, traduit par Christiane Fioupou.

C'est zoli vizaze zé va prend bouffer ?

Ma sèr t'es zoli trop trop
Façon ton nez il est pitit on dit pas
façon ton bousse il est rond on dirait arc
Façon ton dé zié i gardé on dirait flesse
Quand ti tiré lèr fort fort fioum !
Mon kèr i tombé mouk net !

Ma sèr t'es zoli trop trop
Ton dix doigts ti peinturé bien bien
Ton pied façon c'est rouze on dirait sang
Ton lèvres façon i brillé on dirait soleil
Wei ! Ton vizaze-là c'est importation ou bien ?

Ma sèr t'es zoli trop trop
Ton tête son dedans ya rien
Zé sarsé cerveau ya pas
Préparer bouffément ti moyen pas
Ma sèr t'es zoli trop trop
Mais c'est zoli vizaze zé va prend bouffer ?

Léonce_laplanche 03/04/2005 @ 21:53:45
E. Verhaeren. Toute la Flandre.

Le fléau.

La Mort a bu du sang
Au cabaret des Trois Cercueils
La Mort a mis sur le comptoir
Un écu noir,
-"C'est pour les cierges et pour les deuils."
Des gens s'en sont allés
Tout lentement
Chercher le sacrement.
On a vu cheminer le prêtre
Et les enfants de choeur,
Vers les maisons de l'affre et du malheur
Dont on fermait toute fenêtre.
La Mort a bu du sang.
Elle en est soûle.
-"Notre mère la Mort, pitié! pitié!
Ne bois ton verre qu'à moitié,
Notre mère la Mort, c'est nous les mères.
C'est nous les vieilles à manteaux,
Avec nos coeurs, avec nos maux,
Qui marmonnons du désespoir
En chapelets interminables;
Notre mère la Mort, pitié! pitié!
C'est nous les béquillantes et minables
Vieilles, tannées
Par la misère et les années;
Nos corps sont prêts pour tes tombeaux,
Nos seins sont prêts pour tes couteaux."

Léonce_laplanche 03/04/2005 @ 22:07:01
E. Verhaeren. Les campagnes hallucinées, les villes tentaculaires.
Chanson de fou.

Vous aurez beau crier contre la terre,
La bouche dans le fossé,
Jamais aucun des trépassés,
Ne répondra à vos clameurs amères.
Ils sont bien morts, les morts,
Ceux qui firent jadis la campagne féconde;
Ils font l'immense entassement de morts
Qui pourrissent, aux quatre coins du monde,
Les morts.
Alors
Les champs étaient maîtres des villes,
Le même esprit servile
Ployait partout les fronts et les échines,
Et nul encor ne pouvait voir
Dressés, au fond du soir,
Les bras hagards et formidables des machines.
Vous aurez beau crier contre la terre,
La bouche dans le fossé :
Ceux qui jadis étaient les trépassés
Sont aujourd'hui, jusqu'au fond de la terre,
Les morts

Léonce_laplanche 03/04/2005 @ 22:21:35
Jaan Kaplinski. Le désir de poussière. 1985.

Le soir ramène tout.

Encore écrire. Encore parler. A qui ?
Comment? Pourquoi? Pour dire quoi? Bientôt
Il faudra peut être se taire. Bientôt
Il faudra peut être parler davantage
et plus fort. Qui sait. Mais ce qui
demeure inexprimé est toujours le plus important:
ce petit bonhomme, cet enfant au fond de nous,
cette parole, cette pensée, ce regard d'enfant,
que nous devons garder, couvrir et protéger.
Avec lui, tard dans la nuit, on peut parfois
parler, et l'on peut toujours se taire
si besoin est.

MOPP 04/04/2005 @ 06:27:29
Oui, quelle profondeur, quelle tendresse, dans ce poème d'amour

MOPP 04/04/2005 @ 06:29:43
Dans ma note précédente, je parle du poème BARBARA de Prévert, mais ma technique n'a pas bien fonctionné, excusez-moi.

MOPP 04/04/2005 @ 06:33:23
Extrait de "Premièrement" de Paul ELUARD :

"A haute voix
L'amour agile se leva
Avec de si brillants éclats
Que dans son grenier le cerveau
Eut peur de tout avouer."

(Capitale de la douleur)

Fee carabine 10/04/2005 @ 01:45:24
Corona

De ma main l'automne grignote sa feuille: nous sommes amis.
Nous écalons le temps hors des noix et l'instruisons à marcher:
le temps rentre dans l'écale.

Dimanche au miroir,
on dort dans le rêve,
la bouche parle vrai.

Mon oeil descend jusqu'au sexe de l'aimée:
nous nous regardons
nous nous disons des paroles obscures,
nous nous aimons comme pavot et mémoire,
nous dormons comme le vin dans les conques,
comme la mer dans le rayon de sang de la lune.

Nous sommes à la fenêtre enlacés, ils nous regardent de la rue:
il est temps que l'on sache!
Il est temps que la pierre consente à fleurir,
qu'au désarroi batte un coeur.
Il est temps qu'il soit temps.

Il est temps.

Paul Celan, Pavot et mémoire (dans la traduction de John E. Jackson, voir http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/?l=6648 )

Kinbote
avatar 19/04/2005 @ 17:47:05
Ma femme à la chevelure de feu de bois

Aux pensées d'éclairs de chaleur

A la taille de sablier

Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre

Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquet d'étoiles de

dernière grandeur

Aux dents d'empreintes de souris blanche sur la terre blanche

A la langue d'ambre et de verre frottés

Ma femme à la langue d'hostie poignardée

A la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux

A la langue de pierre incroyable

Ma femme aux cils de bâtons d'écriture d'enfant

Aux sourcils de bord de nid d'hirondelle

Ma femme aux tempes d'ardoise de toit de serre

Et de buée aux vitres

Ma femme aux épaules de champagne

Et de fontaine à têtes de dauphins sous la glace

Ma femme aux poignets d'allumettes

Ma femme aux doigts de hasard et d'as de coeur

Aux doigts de foin coupé

Ma femme aux aisselles de martre et de fênes

De nuit de la Saint-Jean

De troène et de nid de scalares

Aux bras d'écume de mer et d'écluse

Et de mélange du blé et du moulin

Ma femme aux jambes de fusée

Aux mouvements d'horlogerie et de désespoir

Ma femme aux mollets de moelle de sureau

Ma femme aux pieds d'initiales

Aux pieds de trousseaux de clés aux pieds de calfats qui boivent

Ma femme au cou d'orge imperlé

Ma femme à la gorge de Val d'or

De rendez-vous dans le lit même du torrent

Aux seins de nuit

Ma femme aux seins de taupinière marine

Ma femme aux seins de creuset du rubis

Aux seins de spectre de la rose sous la rosée

Ma femme au ventre de dépliement d'éventail des jours

Au ventre de griffe géante

Ma femme au dos d'oiseau qui fuit vertical

Au dos de vif-argent

Au dos de lumière

A la nuque de pierre roulée et de craie mouillée

Et de chute d'un verre dans lequel on vient de boire

Ma femme aux hanches de nacelle

Aux hanches de lustre et de pennes de flèche

Et de tiges de plumes de paon blanc

De balance insensible

Ma femme aux fesses de grès et d'amiante

Ma femme aux fesses de dos de cygne

Ma femme aux fesses de printemps

Au sexe de glaïeul

Ma femme au sexe de placer et d'ornithorynque

Ma femme au sexe d'algue et de bonbons anciens

Ma femme au sexe de miroir

Ma femme aux yeux pleins de larmes

Aux yeux de panoplie violette et d'aiguille aimantée

Ma femme aux yeux de savane

Ma femme aux yeux d'eau pour boire en prison

Ma femme aux yeux de bois toujours sous la hache

Aux yeux de niveau d'eau de niveau d'air de terre et de feu


L'UNION LIBRE,
André Breton (1896-1966), extrait de Clair de terre, 1931.

Kilis 28/04/2005 @ 18:04:30
Et puis zut, c’est trop beau, trop, et donc je le poste ici aussi
en plus de dans « chanson du jour »


Souvenir vague ou les parenthèses

Nous étions, ce soir-là, sous un chêne superbe
(Un chêne qui n'était peut-être qu'un tilleul)
Et j'avais, pour me mettre à vos genoux dans l'herbe,
Laissé mon rocking-chair se balancer tout seul.

Blonde comme on ne l'est que dans les magazines
Vous imprimiez au vôtre un rythme de canot ;
Un bouvreuil sifflotait dans les branches voisines
(Un bouvreuil qui n'était peut-être qu'un linot).

D'un orchestre lointain arrivait un andante
(Andante qui n'était peut-être qu'un flon-flon)
Et le grand geste vert d'une branche pendante
Semblait, dans l'air du soir, jouer du violon.

Tout le ciel n'était plus qu'une large chamarre,
Et l'on voyait au loin, dans l'or clair d'un étang
(D'un étang qui n'était peut-être qu'une mare)
Des reflets d'arbres bleus descendre en tremblotant.

Et tandis qu'un espoir ouvrait en moi des ailes
(Un espoir qui n'était peut-être qu'un désir),
Votre balancement m'éventait de dentelles
Que mes doigts au passage essayaient de saisir.

Votre chapeau de paille agitait sa guirlande
Et votre col, d'un point de Gênes merveilleux
(De Gênes qui n'était peut-être que d'Irlande),
Se soulevait parfois jusqu'à voiler vos yeux.

Noir comme un gros paté sur la marge d'un texte
Tomba sur votre robe un insecte, et la peur
(Une peur qui n'était peut-être qu'un prétexte)
Vous serra contre moi. - Cher insecte grimpeur !

L'ombre nous fit glisser aux chères confidences ;
Et dans votre grand oeil plus tendre et plus hagard
J'apercevais une âme aux profondes nuances
(Une âme qui n'était peut-être qu'un regard).



Ce poème d’Edmond Rostand a été mis en musique et chanté par Julos Beaucarne

Saint Jean-Baptiste 28/04/2005 @ 20:54:51
Superbe, superbe, Kilis !
Deux maîtres ensemble : Edmond Rostand et Julos Baucarne ! Ca ne pouvait que faire des étincelles !

Kilis 30/04/2005 @ 18:35:42
J'étais autrefois bien nerveux.
Me voici sur une nouvelle voie :
Je mets une pomme sur ma table.
Puis je me mets dans cette pomme.
Quelle tranquillité !


Henri Michaux, extrait de Plume

Paracelse 04/05/2005 @ 18:31:47
Toi mourant man au téléphone
pernoctera pas voir papa

Le train foncé sous la pluie dure
pas mourir mon père oh steu plaît
tends-moi me dépêche d'arriver

Pas mouranrir désespérir père infinir
lever courir

Main montre l'heure sommes à Vierzon
dehors ça tombe des grêlons

Nous nous loupons ça je l'ignore
passant Vierzon que tu es mort en cet
horaire

Pas mourir steu plaît infinir jusqu'au
couloir blanc d'infirmières

Jusqu'à ton lit comme la loco poursuit
vite vers Lyon La-Part-Dieu

Jusqu'à ton front c'est terminé tout le
monde dans la petite chambre rien
oublier


...


Rien à mettre pour aller avec les yeux rouges

Les lapins blancs ont beau être innocents
tu ne dis plus d'histoires

Et mes bouquets se cassent en deux
le vent me lève ma seule robe bleue
pour l'emporter au paradis

C'est un regard dur à porter
Toujours courir


...


Nous n'irons plus aux champignons
le brouillard a tout mangé les chèvres
blanches et nos paniers

Nous n'irons pas non plus dans les
cités énormes qui sont des baleines
grises très bien organisées où nos coeurs
se perdraient

Ni au cinéma ni au cirque
ni au café-concert ni aux courses cyclistes

Nous n'irons pas nous n'irons plus
pas plus que nous n'irons que nous ne
rirons pas que nous ne rirons plus que
nous ne rirons ronds


Valérie Rouzeau, j'adore Valérie Rouzeau ! ;-D et ce sont des extraits du livre dédié à son père - "pas revoir" (éditions Le dé bleu)

Paracelse 04/05/2005 @ 18:34:17
Ca rend bien aussi en anglais ! ;-D

You dying on the phone my mum he will
not last the night see dad.
The train dark under rain not last not die my
father please oh please pass me the get there
soon.
Not deadying oh not desperish father
everlast get up run fast -
Hand watch the time we've got to Vierzon
outside it's tipping hail.
We miss each other I have no idea passing
through Vierzon that in these train arrival
times you've died.
Not die oh please but everlast until the
nurses' corridor of white.
Until your bed as fast the engine into Lyon
la Part-Dieu.
Until your forehead over now and all
together in the little room and not forget.


...
et quelques liens pour ceux qui ne la connaîtraient pas...

http://inventaire-invention.com/icimeme/vrouzeau/…

http://perso.wanadoo.fr/hotelbeury/…

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2004/…

Paracelse 04/05/2005 @ 18:36:08
un peu d'Aragon (tiré du livre "le fou d'Elsa")



Il y a des choses que je ne dis a Personne Alors
Elles ne font de mal à personne Mais
Le malheur c'est
Que moi
Le malheur le malheur c'est
Que moi ces choses je les sais

Il y a des choses qui me rongent La nuit
Par exemple des choses comme
Comment dire comment des choses comme des songes
Et le malheur c'est que ce ne sont pas du tout des songes

Il y a des choses qui me sont tout à fait
Mais tout à fait insupportables même si
Je n'en dis rien même si je n'en
Dis rien comprenez comprenez moi bien

Alors ça vous parfois ça vous étouffe
Regardez regardez moi bien
Regardez ma bouche
Qui s'ouvre et ferme et ne dit rien

Penser seulement d'autre chose
Songer à voix haute et de moi
Mots sortent de quoi je m'étonne
Qui ne font de mal à personne

Au lieu de quoi j'ai peur de moi
De cette chose en moi qui parle

Je sais bien qu'il ne le faut pas
Mais que voulez-vous que j'y fasse
Ma bouche s'ouvre et l'âme est là
Qui palpite oiseau sur ma lèvre

O tout ce que je ne dis pas
Ce que je ne dis à personne
Le malheur c'est que cela sonne
Et cogne obstinément en moi
Le malheur c'est que c'est en moi
Même si n'en sait rien personne
Non laissez moi non laissez moi
Parfois je me le dis parfois
Il vaut mieux parler que se taire

Et puis je sens se dessécher
Ces mots de moi dans ma salive
C'est là le malheur pas le mien
Le malheur qui nous est commun
Épouvantes des autres hommes
Et qui donc t'eut donné la main
Étant donné ce que nous sommes

Pour peu pour peu que tu l'aies dit
Cela qui ne peut prendre forme
Cela qui t'habite et prend forme
Tout au moins qui est sur le point
Qu'écrase ton poing
Et les gens Que voulez-vous dire
Tu te sens comme tu te sens
Bête en face des gens Qu'étais-je
Qu'étais-je à dire Ah oui peut-être
Qu'il fait beau qu'il va pleuvoir qu'il faut qu'on aille
Où donc Même cela c'est trop
Et je les garde dans les dents
Ces mots de peur qu'ils signifient

Ne me regardez pas dedans
Qu'il fait beau cela vous suffit
Je peux bien dire qu'il fait beau
Même s'il pleut sur mon visage
Croire au soleil quand tombe l'eau
Les mots dans moi meurent si fort
Qui si fortement me meurtrissent
Les mots que je ne forme pas
Est-ce leur mort en moi qui mord

Le malheur c'est savoir de quoi
Je ne parle pas à la fois
Et de quoi cependant je parle

C'est en nous qu'il nous faut nous taire

Paracelse 04/05/2005 @ 18:42:10
un petit poème ludique de Wislawa Szimborska en hommage au chat, un animal que j'adore ! ;-D


Un chat dans un appartement vide...


Mourir. Il ne faut pas faire cela à un chat.
Que peut-il faire dans un appartement vide ?
Grimper aux murs ?
Se frotter contre les meubles?

Apparement rien n’a changé
et pourtant rien n’est pareil.
Rien n’a été déplacé
et pourtant rien n’est en place.
Et le soir, pas de lampe allumée.

Un bruit de pas dans l’escalier
mais ce n’est pas le bon.
Une main met le poisson dans l’assiette
mais ce n’est pas la bonne.

Quelque chose ne commence pas
à l’heure habituelle,
quelque chose ne se passe pas
comme cela devrait.
Quelqu’un était là depuis toujours
et soudain n’est plus
s’obstinant à rester disparu.

On a fureté dans les armoires
fouillé les étagères
on s’est faufilé sous le tapis pour vérifier.
On a même bravé l’interdit en allant au bureau
et en mettant les papiers en désordre

Que faire maintenant ?
Dormir et attendre.

Attendre qu’il revienne
s’il ose.
Et lui faire savoir qu’on ne fait pas ça à un chat.

On avancera vers lui
l’air détaché, un peu hautain
en faisant semblant de ne pas le voir.
On marchera très lentement
la patte boudeuse
et surtout, pas un bond, pas un ronron,
du moins au début.

Paracelse 04/05/2005 @ 18:45:29
et un peu d'Aragon, encore... ;-D



Je ne puis t'aimer jamais
tant que je t'aime

Ton visage est le ciel étoilé de ma vie

Toi qui marches dans moi ma profonde musique
J'écoute s'éloigner le parfum de tes pas

Je suis plein du silence assourdissant d'aimer


...


J'ai passé dans tes bras l'autre moitié de vivre

Tu es la soif et l'eau le soir et le matin
Corps en qui la couleur est pareille aux contraires

O ma lèvre-hirondelle

Toutes les femmes de ma vie
Etaient primevères de toi

Bananamooon 04/05/2005 @ 21:18:52
Strophes pour se souvenir


Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant


Louis ARAGON

poème issu du "Roman inachevé"





Louis Aragon a écrit ce poème en 1955, en mémoire du groupe Manouchian, résistants étrangers fusillés par la Gestapo le 21 Février 1944. L'annonce de leur condamation s'était faite par une affiche reproduisant leurs photographies, et qui est restée sous le nom de l'Affiche rouge (cliquez ici pour la voir).
Le 16 Novembre 1943, Missak Manouchian se rendait à un rendez-vous pour rencontrer sur les berges de la Seine Joseph Epstein, autre résistant. Ils se font tous les deux arrêter et leur groupe respectif est démantelé.
Deux strophes du poème d'Aragon s'inspire directement de la dernière lettre de Missak Manouchian, très touchante, que vous trouverez ci-dessous. Le poème a notamment été repris par Léo Ferré qui a intitulé sa chanson "l'Affiche Rouge".

Kilis 22/05/2005 @ 01:56:00
Je dis Aime

Poème d’Andrée Chédid
mis en musique par Mathieu Chédid, M



J'ai les méninges nomades
J'ai le miroir maussade
Tantôt mobile
Tantôt tranquille
Je moissonne sans bousculade

Je dis Aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis M
Comme un emblème
La haine je la jette
Je dis AIME, AIME, AIME

Du Sphinx dans mon rimeur
Paris au fil du cœur
Du Nil dans mes veines
Dans mes artères coule la Seine

Je dis Aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis M
Comme un emblème
La haine je la jette
Je dis AIME, AIME, AIME

Pour le dehors le dedans
Pour l'après pour l'avant
Je dis AIME, AIME, AIME

Pour le dehors le dedans
Pour l'après pour l'avant
AIME, AIME, AIME...

AIME, AIME, AIME...

Pour le dehors le dedans
Pour l'après pour l'avant
Pour le dehors le dedans
Pour l'après pour l'avant

Je dis Aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis M
Comme un emblème
La haine je la jette
Je dis AIME, AIME, AIME

MOPP 22/05/2005 @ 17:40:25
"Tous
Peuvent avoir accès
Au chant.

Certains
Ne le savent pas."

GUILLEVIC - LE CHANT, in ART POETIQUE, Poésie/Gallimard, p.349.

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