Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blêmir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l'avons traqué blessé piétiné achevé nié
oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C'est le tien
C'est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelle
Et qui ne m'a pas changé
Aussi vraie qu'une plante
Aussi tremblante qu'un oiseau
Aussi chaude aussi vivante que l'été
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi je l'écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s'aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Là où tu es
Là où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t'en va pas
Nous qui sommes aimés
Nous t'avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n'avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n'importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d'un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
et sauve -nous.
Prevert
voilà le poème qui m'a fait aimer la poesie et la littérature !
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blêmir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l'avons traqué blessé piétiné achevé nié
oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C'est le tien
C'est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelle
Et qui ne m'a pas changé
Aussi vraie qu'une plante
Aussi tremblante qu'un oiseau
Aussi chaude aussi vivante que l'été
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi je l'écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s'aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Là où tu es
Là où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t'en va pas
Nous qui sommes aimés
Nous t'avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n'avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n'importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d'un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
et sauve -nous.
Prevert
voilà le poème qui m'a fait aimer la poesie et la littérature !
Bienvenue Didou83 ;0)
M'alléger
me dépouiller
réduire mon bagage à l'essentiel
abandonnant ma longue traîne de plumes
de plumages
de plumetis et de plumets
devenir oiseau avare
ivre du seul vol de ses ailes.
Michel Leiris, Haut mal, Editions Gallimard, 1969.
me dépouiller
réduire mon bagage à l'essentiel
abandonnant ma longue traîne de plumes
de plumages
de plumetis et de plumets
devenir oiseau avare
ivre du seul vol de ses ailes.
Michel Leiris, Haut mal, Editions Gallimard, 1969.
M'alléger
me dépouiller
réduire mon bagage à l'essentiel
abandonnant ma longue traîne de plumes
de plumages
de plumetis et de plumets
devenir oiseau avare
ivre du seul vol de ses ailes.
Michel Leiris, Haut mal, Editions Gallimard, 1969.
Merci pour celui-là, Sahkti.
Et la mort n’aura pas d’empire.
Les morts nus ne feront plus qu’un
Avec l’homme dans le vent et la lune d’ouest.
Quand leurs os becquetés seront propres, à leur place
Ils auront des étoiles au coude et au pied.
Même s’ils deviennent fous ils seront guéris,
Même s’ils coulent à pic ils reprendront pied
Même si les amants s’égarent l’amour demeurera
Et la mort n’aura pas d’empire.
Et la mort n’aura pas d’empire.
Gisant de tout leur long dans les dédales
De la mer ils ne mourront pas dans les vents.
Se tordant sur des chevalets quand céderont les muscles,
Ligotés sur une roue, ils ne se briseront pas.
La foi dans leurs mains cassera net,
Les démons unicornes les transperceront.
Fendus de toutes parts ils ne craqueront pas
Et la mort n’aura pas d’empire.
Et la mort n’aura pas d’empire.
Ils n’entendront peut-être plus les cris des mouettes
Ni le déferlement des vagues sur les rives.
Là où s’ouvrait une fleur, peut-être qu’aucune fleur
Ne montrera sa tête aux rafales de la pluie.
Même s’ils sont fous et morts, tout à fait morts
Leurs têtes comme des marteaux enfonceront les marguerites,
S’ouvriront au soleil jusqu’au dernier jour du soleil
Et la mort n’aura pas d’empire.
Dylan Thomas, Oeuvres, tome 1, Seuil, 1970, page 413
Les morts nus ne feront plus qu’un
Avec l’homme dans le vent et la lune d’ouest.
Quand leurs os becquetés seront propres, à leur place
Ils auront des étoiles au coude et au pied.
Même s’ils deviennent fous ils seront guéris,
Même s’ils coulent à pic ils reprendront pied
Même si les amants s’égarent l’amour demeurera
Et la mort n’aura pas d’empire.
Et la mort n’aura pas d’empire.
Gisant de tout leur long dans les dédales
De la mer ils ne mourront pas dans les vents.
Se tordant sur des chevalets quand céderont les muscles,
Ligotés sur une roue, ils ne se briseront pas.
La foi dans leurs mains cassera net,
Les démons unicornes les transperceront.
Fendus de toutes parts ils ne craqueront pas
Et la mort n’aura pas d’empire.
Et la mort n’aura pas d’empire.
Ils n’entendront peut-être plus les cris des mouettes
Ni le déferlement des vagues sur les rives.
Là où s’ouvrait une fleur, peut-être qu’aucune fleur
Ne montrera sa tête aux rafales de la pluie.
Même s’ils sont fous et morts, tout à fait morts
Leurs têtes comme des marteaux enfonceront les marguerites,
S’ouvriront au soleil jusqu’au dernier jour du soleil
Et la mort n’aura pas d’empire.
Dylan Thomas, Oeuvres, tome 1, Seuil, 1970, page 413
Though Lover be lost, love shall not
And Death shall have no dominion
...
C'est un des plus beaux poèmes de Dylan Thomas, et un de mes préférés...
Merci!
And Death shall have no dominion
...
C'est un des plus beaux poèmes de Dylan Thomas, et un de mes préférés...
Merci!
...
quand je marchais dans Barcelone quand
j'y voyais tous ces gens rire et parler
je me disais : qu'ils sont heureux! oh! quand
pourrai-je moi aussi comme eux parler
et me promener longuement par les
rues comme ils font infiniment? oh! comme
il serait bon pour moi dans Barcelone
de me mouvoir dans tout ce qui les meut
et de parler leur langue oh! comme bonne
serait ma vie si je vivais comme eux
et cependant je continuais d'errer
dans la rue éreintante à Barcelone
me trompant et me perdant au carrés
dessinés comme à Buenos Aires comme
à New York à Montevideo comme
toutes ces villes à carrés ma bouche
les a bouffées comme un enfant qui bouffe
sa bouillie pour comprendre enfin le monde:
j'avais faim du monde comme les mouches
ont faim de fiente pour bourrer leur trompe
vous comprenez quand on naît en Belgique
on a l'impression d'être un peu damné
on se dit : plus tard ! plus tard magnifique
je donnerai à mes yeux étonnés
le monde entier à mon ventre affamé
d'enfin manger ce que sa faim réclame
c'est ainsi que partant dessus la lame
amère des grands océans amers
j'allai m'emmêler les pieds dans la trame
vaste des villes au-delà des mers
...
extrait de "Printemps 1994", Adieu patries , William Cliff
quand je marchais dans Barcelone quand
j'y voyais tous ces gens rire et parler
je me disais : qu'ils sont heureux! oh! quand
pourrai-je moi aussi comme eux parler
et me promener longuement par les
rues comme ils font infiniment? oh! comme
il serait bon pour moi dans Barcelone
de me mouvoir dans tout ce qui les meut
et de parler leur langue oh! comme bonne
serait ma vie si je vivais comme eux
et cependant je continuais d'errer
dans la rue éreintante à Barcelone
me trompant et me perdant au carrés
dessinés comme à Buenos Aires comme
à New York à Montevideo comme
toutes ces villes à carrés ma bouche
les a bouffées comme un enfant qui bouffe
sa bouillie pour comprendre enfin le monde:
j'avais faim du monde comme les mouches
ont faim de fiente pour bourrer leur trompe
vous comprenez quand on naît en Belgique
on a l'impression d'être un peu damné
on se dit : plus tard ! plus tard magnifique
je donnerai à mes yeux étonnés
le monde entier à mon ventre affamé
d'enfin manger ce que sa faim réclame
c'est ainsi que partant dessus la lame
amère des grands océans amers
j'allai m'emmêler les pieds dans la trame
vaste des villes au-delà des mers
...
extrait de "Printemps 1994", Adieu patries , William Cliff
Moi j'adore le poème de Prévert "Sables Mouvants"donc voilà:
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Démons et merveilles
Vents et marées
Et toi
Comme une algue doucement carressée par le vent
Dans les sables du lit tu remues en rêvant
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Mais dans tes yeux entrouverts
Deux petites vagues sont restées
Démons et merveilles
Vents et marées
Deux petites vagues pour me noyer.
Plus je le lis et plus je le trouve magnifique ...
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Démons et merveilles
Vents et marées
Et toi
Comme une algue doucement carressée par le vent
Dans les sables du lit tu remues en rêvant
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Mais dans tes yeux entrouverts
Deux petites vagues sont restées
Démons et merveilles
Vents et marées
Deux petites vagues pour me noyer.
Plus je le lis et plus je le trouve magnifique ...
mon poème préféré est MEMORIA de Natalia Ginzburg, mais je n'en possède que la version en italien.
Il y'a le poème que René-Guy Cadou a écrit en pensant à la mort de sa mère, moi il m'asseoit. De toutes façons, tous ses poèmes m'asseoient (Seghers a réédité ses oeuvres complètes en un seul volume en 2001 : Poésie la vie entière)
30 MAI 1932
Il n'y a plus que toi et moi dans la mansarde
Mon père
Les murs sont écroulés
La chair s'est écroulée
Des gravats de ciel bleu tombent de tous côtés
Je vois mieux ton visage
Tu pleures
Et cette nuit nous avons le même âge
Au bord des mains qu'elle a laissées
Dix heures
La pendule qui sonne
Et le sang qui recule
Il n'y a plus personne
Maison fermée
Le vent qui pousse au loin une étoile avancée
Il n'y a plus personne
Et tu es là
Mon père
Et comme un liseron
Mon bras grimpe à ton bras
Tu effaces mes larmes
En te brûlant les doigts.
Cet autre pour vous consoler...
CELUI QUI ENTRE PAR HASARD
Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète
Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui
Que chaque noeud du bois renferme davantage
De cris d'oiseaux que tout le coeur de la forêt
Il suffit qu'une lampe pose son cou de femme
A la tombée du soir contre un angle verni
Pour délivrer soudain mille peuples d'abeilles
Et l'odeur de pain frais des cerisiers fleuris
Car tel est le bonheur de cette solitude
Qu'une caresse toute plate de la main
Redonne à ces grands meubles noirs et taciturnes
La légèreté d'un arbre dans le matin.
30 MAI 1932
Il n'y a plus que toi et moi dans la mansarde
Mon père
Les murs sont écroulés
La chair s'est écroulée
Des gravats de ciel bleu tombent de tous côtés
Je vois mieux ton visage
Tu pleures
Et cette nuit nous avons le même âge
Au bord des mains qu'elle a laissées
Dix heures
La pendule qui sonne
Et le sang qui recule
Il n'y a plus personne
Maison fermée
Le vent qui pousse au loin une étoile avancée
Il n'y a plus personne
Et tu es là
Mon père
Et comme un liseron
Mon bras grimpe à ton bras
Tu effaces mes larmes
En te brûlant les doigts.
Cet autre pour vous consoler...
CELUI QUI ENTRE PAR HASARD
Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète
Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui
Que chaque noeud du bois renferme davantage
De cris d'oiseaux que tout le coeur de la forêt
Il suffit qu'une lampe pose son cou de femme
A la tombée du soir contre un angle verni
Pour délivrer soudain mille peuples d'abeilles
Et l'odeur de pain frais des cerisiers fleuris
Car tel est le bonheur de cette solitude
Qu'une caresse toute plate de la main
Redonne à ces grands meubles noirs et taciturnes
La légèreté d'un arbre dans le matin.
Ce ne sont que des extraits (j’aime rarement un poème en entier).
Alfred de Musset :
Lucie :
Ta mort fut un sourire aussi doux que ta vie
Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière,
J’aime son feuillage éploré,
La pâleur m’en est douce et chère,
Et son ombre sera légère
A la terre où je dormirai.
La nuit de décembre :
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude.
Je te suivrai sur le chemin ;
Mais je ne puis toucher ta main,
Ami, je suis la Solitude.
La nuit d’octobre :
Si tu veux être aimé, respecte ton amour.
Si l’effort est trop grand pour la faiblesse humaine
De pardonner les maux que nous viennent d’autrui,
Epargne-toi du moins le tourment de la haine ;
A défaut de pardon, laisse venir l’oubli.
Les morts dorment en paix dans le sein de la terre ;
Ainsi doivent dormir nos sentiments éteints.
Tout cela est triste mais les plus beaux poèmes ne sont-ils pas les plus tristes ? Il y a aussi un extrait d’une chanson de Marc Lavoine (Je ne sais pas qui en est l’auteur) qui m’a semblée digne d’être citée parmi les poèmes.
Passent les nuages :
Passent les nuages
Ne demeure que le ciel
Mais cette larme sur mon visage
Est éternelle
Passent les nuages
Je les vois qui refluent
Mais cette larme comme ton visage
Ne me quittera plus
Alfred de Musset :
Lucie :
Ta mort fut un sourire aussi doux que ta vie
Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière,
J’aime son feuillage éploré,
La pâleur m’en est douce et chère,
Et son ombre sera légère
A la terre où je dormirai.
La nuit de décembre :
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude.
Je te suivrai sur le chemin ;
Mais je ne puis toucher ta main,
Ami, je suis la Solitude.
La nuit d’octobre :
Si tu veux être aimé, respecte ton amour.
Si l’effort est trop grand pour la faiblesse humaine
De pardonner les maux que nous viennent d’autrui,
Epargne-toi du moins le tourment de la haine ;
A défaut de pardon, laisse venir l’oubli.
Les morts dorment en paix dans le sein de la terre ;
Ainsi doivent dormir nos sentiments éteints.
Tout cela est triste mais les plus beaux poèmes ne sont-ils pas les plus tristes ? Il y a aussi un extrait d’une chanson de Marc Lavoine (Je ne sais pas qui en est l’auteur) qui m’a semblée digne d’être citée parmi les poèmes.
Passent les nuages :
Passent les nuages
Ne demeure que le ciel
Mais cette larme sur mon visage
Est éternelle
Passent les nuages
Je les vois qui refluent
Mais cette larme comme ton visage
Ne me quittera plus
Moi, je suis fan de Rimbaud et Baudelaire, mais je trouve les poésies de Prévert magnifiques, ainsi que celles de Villon, Queneau, Apollinaire, Verlaine...
Bon, allez, un petit Rimbaud :
TETE DE FAUNE
Dans la feuillée, écrin vert taché d'or,
Dans la feuillée incertaine et fleurie
De fleurs splendides où le baiser dort,
Vif et crevant l'exquise broderie,
Un faune effaré montre ses deux yeux
Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches
Brunie et sanglante ainsi qu'un vin vieux
Sa lèvre éclate en rire sous les branches.
Et quand il a fui - tel qu'un écureuil -
Son rire tremble encore à chaque feuille
Et l'on voit épeuré par un bouvreuil
Le Baiser d'Or du Bois, qui se recueille.
------------------------------------------------
Qu'est-ce que c'est beau !! Sublime !
Bon, allez, un petit Rimbaud :
TETE DE FAUNE
Dans la feuillée, écrin vert taché d'or,
Dans la feuillée incertaine et fleurie
De fleurs splendides où le baiser dort,
Vif et crevant l'exquise broderie,
Un faune effaré montre ses deux yeux
Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches
Brunie et sanglante ainsi qu'un vin vieux
Sa lèvre éclate en rire sous les branches.
Et quand il a fui - tel qu'un écureuil -
Son rire tremble encore à chaque feuille
Et l'on voit épeuré par un bouvreuil
Le Baiser d'Or du Bois, qui se recueille.
------------------------------------------------
Qu'est-ce que c'est beau !! Sublime !
je suis un demidieu quand assis vis-à-vis
de toy, mon cher souci, j'escoute les devis,
devis entrerompus d'un gracieux soubrire,
soubris qui me detient le coeur emprisonné;
car en voyant tes yeux je me pasme estonné,
et de mes pauvres flancs un seul mot je ne tire.
Ma langue s'engourdist, un petit feu me court
honteux de sous la peau; je suis muet et sourd;
et une obscure nuit de sur mes yeux demeure;
mon sang devient glacé, l'esprit fuit de mon corps,
je tremble tout de crainte, et peu s'en faut alors
qu'à tes pieds estendu, sans ame je ne meure.
Pierre Ronsard " les Amours de Marie"
Traduction du poème de Sappho " l'Egal des dieux "
de toy, mon cher souci, j'escoute les devis,
devis entrerompus d'un gracieux soubrire,
soubris qui me detient le coeur emprisonné;
car en voyant tes yeux je me pasme estonné,
et de mes pauvres flancs un seul mot je ne tire.
Ma langue s'engourdist, un petit feu me court
honteux de sous la peau; je suis muet et sourd;
et une obscure nuit de sur mes yeux demeure;
mon sang devient glacé, l'esprit fuit de mon corps,
je tremble tout de crainte, et peu s'en faut alors
qu'à tes pieds estendu, sans ame je ne meure.
Pierre Ronsard " les Amours de Marie"
Traduction du poème de Sappho " l'Egal des dieux "
Charles GILL (1871-1918)
Recueil : Les étoiles filantes
" A Victor Hugo "
" Maître, comme il revient souvent, l'anniversaire
Des monarques puissants dont le règne éphémère,
Après quelques printemps, au tombeau doit finir ! ...
Il faut qu'un siècle passe avant que nous revienne
Ton jour de fête, ô roi de la pensée humaine
Dans l'immense avenir !
Il suffit, pour marquer la fuite des années
S'engouffrant dans l'abîme avec nos destinées,
Qu'un monde, par un astre en l'éther emporté,
Ait parcouru l'ellipse où son disque s'engage.
Mais les ans sont trop courts : les siècles comptent l'âge
De l'immortalité !
Te voici donc au seuil de ton apothéose ;
Un autre temps redit la chanson grandiose
Que sur la lyre d'or ton génie accorda.
L'Océan a clamé ton nom à notre plage ;
Puisse sa grande voix te rapporter l'hommage
Du lointain Canada !
Et si notre vivat aux bravos se marie,
C'est que nous chérissons la langue et la Patrie
Que tu couvres de gloire avec tes chants vainqueurs :
C'est bien ton verbe noble à la mâle cadence
Qui vibre dans nos voix, c'est bien ta noble France
Qui vibre dans nos coeurs !
Malgré les faibles sons d'une lyre inhabile,
Nous voulons célébrer ton oeuvre indélébile,
En des vers fugitifs que guette le néant,
Pardon, si notre Muse, ô maître, ambitionne
Cet orgueil d'élever sa modeste couronne
Jusqu'à ton front géant ! "
Recueil : Les étoiles filantes
" A Victor Hugo "
" Maître, comme il revient souvent, l'anniversaire
Des monarques puissants dont le règne éphémère,
Après quelques printemps, au tombeau doit finir ! ...
Il faut qu'un siècle passe avant que nous revienne
Ton jour de fête, ô roi de la pensée humaine
Dans l'immense avenir !
Il suffit, pour marquer la fuite des années
S'engouffrant dans l'abîme avec nos destinées,
Qu'un monde, par un astre en l'éther emporté,
Ait parcouru l'ellipse où son disque s'engage.
Mais les ans sont trop courts : les siècles comptent l'âge
De l'immortalité !
Te voici donc au seuil de ton apothéose ;
Un autre temps redit la chanson grandiose
Que sur la lyre d'or ton génie accorda.
L'Océan a clamé ton nom à notre plage ;
Puisse sa grande voix te rapporter l'hommage
Du lointain Canada !
Et si notre vivat aux bravos se marie,
C'est que nous chérissons la langue et la Patrie
Que tu couvres de gloire avec tes chants vainqueurs :
C'est bien ton verbe noble à la mâle cadence
Qui vibre dans nos voix, c'est bien ta noble France
Qui vibre dans nos coeurs !
Malgré les faibles sons d'une lyre inhabile,
Nous voulons célébrer ton oeuvre indélébile,
En des vers fugitifs que guette le néant,
Pardon, si notre Muse, ô maître, ambitionne
Cet orgueil d'élever sa modeste couronne
Jusqu'à ton front géant ! "
ce poeme est bien connu, et il te suffit de le recopier,,,
certes romantique mais pas anodin
certes romantique mais pas anodin
ABEL ET CAÏN Charles Baudelaire
Race d'Abel, dors, bois et mange :
Dieu te sourit complaisament,
Race de Caîn, dans la fange
Rampe et meurt misérablement.
Race d'Abel, ton sacrifice
Flatte le nez du Séraphin !
Race de Caîn, ton supplice
Auras-t-il jamais une fin ?
Race d'Abel, vois tes semailles
Et ton bétail venir à bien,
Race de Caîn, tes entrailles
Hurlent la faim comme un vieux chien.
Race d'Abel, chauffe ton ventre
A ton foyer patriarcal;
Race de Caïn, dans ton antre
Tremble de froid, pauvre chacal!
Race d'Abel, sans peur pullule :
L'argent fait aussi ses petits.
Race d'Abel, tu croîs et broutes
Comme les punaises des bois !
Race de Caïn, sur les routes
Traîne ta famille aux abois.
- Ah ! race d'Abel, ta charogne
Engraissera le sol fumant !
Race de Caïn, ta besogne
N'est pas faite suffisamment ;
Race d'Abel, voici ta honte :
Le fer est vaincu par l'épieu !
Race de Caïn, au ciel monte,
Et sur la terre jette dieu !
Race d'Abel, dors, bois et mange :
Dieu te sourit complaisament,
Race de Caîn, dans la fange
Rampe et meurt misérablement.
Race d'Abel, ton sacrifice
Flatte le nez du Séraphin !
Race de Caîn, ton supplice
Auras-t-il jamais une fin ?
Race d'Abel, vois tes semailles
Et ton bétail venir à bien,
Race de Caîn, tes entrailles
Hurlent la faim comme un vieux chien.
Race d'Abel, chauffe ton ventre
A ton foyer patriarcal;
Race de Caïn, dans ton antre
Tremble de froid, pauvre chacal!
Race d'Abel, sans peur pullule :
L'argent fait aussi ses petits.
Race d'Abel, tu croîs et broutes
Comme les punaises des bois !
Race de Caïn, sur les routes
Traîne ta famille aux abois.
- Ah ! race d'Abel, ta charogne
Engraissera le sol fumant !
Race de Caïn, ta besogne
N'est pas faite suffisamment ;
Race d'Abel, voici ta honte :
Le fer est vaincu par l'épieu !
Race de Caïn, au ciel monte,
Et sur la terre jette dieu !
Un peu dans la même veine, ça devrait te plaire, Sido !
;-)
C'est de Michel Fugain
___________________
Qui c'est qui est très gentils (les gentils)
Qui c'est qui est très méchants (les méchants)
Qui a tous les premiers prix (les gentils)
Qui roupille au dernier rang (les méchants)
***
Qui fait des économies (les gentils)
Et qui gaspille son argent (les méchants)
Qui c'est qui vend des fusils (les gentils)
Qui c'est qui se retrouvent devant (les méchants)
***
C'est comme un Guignol spectacle permanent
Et vive l'école et vive le régiment
Tout le monde en rigole et tout le monde y croit
Mais pourtant
***
Pour qui t'as de l'antipathie (les gentils)
Pour qui t'as un gros penchant (les méchants)
C'est travail famille patrie (les gentils)
C'est la retraite a vingt ans (les méchants)
***
Ils font l'amour le samedi (les gentils)
Ils font ça n'importe quand (les méchants)
Ils crèveront le cul béni (les gentils)
Ils crèveront le cœur content (les méchants)
***
Les gentils méchants.
_________________
C'est beaucoup moins dur que Baudelaire,
c'est archi connu, mais toujours aussi rigolo - pour bien commencer l'année!
;-)
C'est de Michel Fugain
___________________
Qui c'est qui est très gentils (les gentils)
Qui c'est qui est très méchants (les méchants)
Qui a tous les premiers prix (les gentils)
Qui roupille au dernier rang (les méchants)
***
Qui fait des économies (les gentils)
Et qui gaspille son argent (les méchants)
Qui c'est qui vend des fusils (les gentils)
Qui c'est qui se retrouvent devant (les méchants)
***
C'est comme un Guignol spectacle permanent
Et vive l'école et vive le régiment
Tout le monde en rigole et tout le monde y croit
Mais pourtant
***
Pour qui t'as de l'antipathie (les gentils)
Pour qui t'as un gros penchant (les méchants)
C'est travail famille patrie (les gentils)
C'est la retraite a vingt ans (les méchants)
***
Ils font l'amour le samedi (les gentils)
Ils font ça n'importe quand (les méchants)
Ils crèveront le cul béni (les gentils)
Ils crèveront le cœur content (les méchants)
***
Les gentils méchants.
_________________
C'est beaucoup moins dur que Baudelaire,
c'est archi connu, mais toujours aussi rigolo - pour bien commencer l'année!
Oui je la connais mais ne m'en souvenais plus, je viens de retrouver l'air, et je la chante à pleins poumons dans toute la maison. : ) Merci.
ROSE AU BOIS
________________________________________
Je ne songeais pas à Rose ;
Rose au bois vint avec moi ;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.
.
J'étais froid comme les marbres ;
Je marchais à pas distraits ;
Je parlais des fleurs, des arbres ;
Son œil semblait dire : Après ?
.
La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols ;
J'allais ; j'écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.
.
Moi, seize ans, et l'air morose.
Elle vingt ; ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose
Et les merles me sifflaient.
.
Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches ;
Je ne vis pas son bras blanc.
.
Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours ;
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.
.
Rose défit sa chaussure,
Et mit, d'un air ingénu,
Son petit pied dans l'eau pure ;
Je ne vis pas son pied nu.
.
Je ne savais que lui dire ;
Je la suivais dans le bois,
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois.
.
Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en sortant des grands bois sourds.
- Soit ; n'y pensons plus ! dit-elle.
Depuis, j'y pense toujours.
_______________________-
(Autrefois. Paris, juin 1831.)
.
Paroles de Victor Hugo
Qui dira encore que Victor Hugo était pompier ?
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Je ne songeais pas à Rose ;
Rose au bois vint avec moi ;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.
.
J'étais froid comme les marbres ;
Je marchais à pas distraits ;
Je parlais des fleurs, des arbres ;
Son œil semblait dire : Après ?
.
La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols ;
J'allais ; j'écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.
.
Moi, seize ans, et l'air morose.
Elle vingt ; ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose
Et les merles me sifflaient.
.
Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches ;
Je ne vis pas son bras blanc.
.
Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours ;
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.
.
Rose défit sa chaussure,
Et mit, d'un air ingénu,
Son petit pied dans l'eau pure ;
Je ne vis pas son pied nu.
.
Je ne savais que lui dire ;
Je la suivais dans le bois,
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois.
.
Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en sortant des grands bois sourds.
- Soit ; n'y pensons plus ! dit-elle.
Depuis, j'y pense toujours.
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(Autrefois. Paris, juin 1831.)
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Paroles de Victor Hugo
Qui dira encore que Victor Hugo était pompier ?
Ce vin de lune
Tout perdu, plus d'une fois, bu le lait
du chat, dormi sur des lits avec
des femmes chauves. Et tout perdu encore,
- et je crois que si des rêves durent,
c'est qu'ils viennent de Mars
en droite ligne, avec les anges.
Ne me plains pas, non, un matin clair
efface la nuit entière, je voulais
juste dire qu'il y a des choses
dont on ne meurt pas, en tout cas
pas nécessairement. J'aurai mille ans hier
- et demain encore le coeur d'un clown,
qui a tout perdu, plus d'une fois,
et bu le lait du chat, ce vin de lune.
Francis Dannemark, 33 voix
Tout perdu, plus d'une fois, bu le lait
du chat, dormi sur des lits avec
des femmes chauves. Et tout perdu encore,
- et je crois que si des rêves durent,
c'est qu'ils viennent de Mars
en droite ligne, avec les anges.
Ne me plains pas, non, un matin clair
efface la nuit entière, je voulais
juste dire qu'il y a des choses
dont on ne meurt pas, en tout cas
pas nécessairement. J'aurai mille ans hier
- et demain encore le coeur d'un clown,
qui a tout perdu, plus d'une fois,
et bu le lait du chat, ce vin de lune.
Francis Dannemark, 33 voix
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