Rebelle
Je me révolte
Contre moi-même
Je suis en fronde
En jacquerie
Je m'insurge
Contre la vie
Je résiste
Et me rebelle
Je brandis
Mes étendards
Je rejette
Ce monde
Voué à mort
Et vieillesse
J'approuve
Nos temps étoilés
Ces temps lumineux
Où nos regards étincellent
Ces temps offerts
Entre un miracle
Et l'autre
Ces temps d'amour
Et de partage
Où l'on bondit
D'île en île
Bravant la nuit.
Andrée Chédid
Je me révolte
Contre moi-même
Je suis en fronde
En jacquerie
Je m'insurge
Contre la vie
Je résiste
Et me rebelle
Je brandis
Mes étendards
Je rejette
Ce monde
Voué à mort
Et vieillesse
J'approuve
Nos temps étoilés
Ces temps lumineux
Où nos regards étincellent
Ces temps offerts
Entre un miracle
Et l'autre
Ces temps d'amour
Et de partage
Où l'on bondit
D'île en île
Bravant la nuit.
Andrée Chédid
L’espérance
J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vie
Face aux ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits
Des clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries
Des clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir
J’enracine l’espérance
Dans le terreau du cœur
J’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur.
Andrée Chédid
J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vie
Face aux ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits
Des clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries
Des clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir
J’enracine l’espérance
Dans le terreau du cœur
J’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur.
Andrée Chédid
Sur la mort d'une rose, Raymond RADIGUET
Cette rose qui meurt dans un vase d'argile
Attriste mon regard,
Elle paraît souffrir et son fardeau fragile
Sera bientôt épars.
Les pétales tombés dessinent sur la table
Une couronne d'or,
Et pourtant un parfum subtil et palpable
Vient me troubler encor.
J'admire avec ferveur tous les êtres qui donnent
Ce qu'ils ont de plus beau
Et qui, devant la Mort s'inclinent et pardonnent
Aux auteurs de leurs maux,
Et c'est pourquoi penché sur cette rose molle
Qui se fane pour moi,
J'embrasse doucement l'odorante corolle
Une dernière fois.
Cette rose qui meurt dans un vase d'argile
Attriste mon regard,
Elle paraît souffrir et son fardeau fragile
Sera bientôt épars.
Les pétales tombés dessinent sur la table
Une couronne d'or,
Et pourtant un parfum subtil et palpable
Vient me troubler encor.
J'admire avec ferveur tous les êtres qui donnent
Ce qu'ils ont de plus beau
Et qui, devant la Mort s'inclinent et pardonnent
Aux auteurs de leurs maux,
Et c'est pourquoi penché sur cette rose molle
Qui se fane pour moi,
J'embrasse doucement l'odorante corolle
Une dernière fois.
Quand je vois l'avatar de Zagreus, ça ne me tente plus de lire les beaux poèmes présentés.
Quand je vois l'avatar de Zagreus, ça ne me tente plus de lire les beaux poèmes présentés.
Faut pas te décourager pour si peu... ;-)
LA VIEILLE MOURANTE
Coffrée dans ton lit-cage
Livrée aux mécaniques
Vieille ô si vieille
La mort hésite à t’accueillir
Tête burlesque
Sous les vrilles des cheveux blancs
Un sirocco de rousseurs ensable ta peau
Des rides rapiècent tes joues
Ta bouche n'est qu’un puits
Tu happes l’air
Ton cœur perd substance
Ton horizon se détisse
Ta chair t’engloutit
Vieille ô si vieille
Où sont ceux qui t’aimaient ?
Ta route fut trop longue
La mort les a surpris
La vie les a rongés
Une main est pourtant là
Qui recouvre la tienne
Son toucher traverse
Tes brumes d’agonie
Une voix t’accompagne
Vers le lieu sans âge
Que le temps n’assiège plus
Laisse tomber tes défroques
Quitte en douceur l’enclos
Va à perte de vue
Rejoins l’ultime flottille
Qui cingle vers l’inconnu.
Andrée Chédid
Coffrée dans ton lit-cage
Livrée aux mécaniques
Vieille ô si vieille
La mort hésite à t’accueillir
Tête burlesque
Sous les vrilles des cheveux blancs
Un sirocco de rousseurs ensable ta peau
Des rides rapiècent tes joues
Ta bouche n'est qu’un puits
Tu happes l’air
Ton cœur perd substance
Ton horizon se détisse
Ta chair t’engloutit
Vieille ô si vieille
Où sont ceux qui t’aimaient ?
Ta route fut trop longue
La mort les a surpris
La vie les a rongés
Une main est pourtant là
Qui recouvre la tienne
Son toucher traverse
Tes brumes d’agonie
Une voix t’accompagne
Vers le lieu sans âge
Que le temps n’assiège plus
Laisse tomber tes défroques
Quitte en douceur l’enclos
Va à perte de vue
Rejoins l’ultime flottille
Qui cingle vers l’inconnu.
Andrée Chédid
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Page après page
Je me feuillette
En marge
De ma propre vie
De l'autre côté
De mes miroirs
Page après page
Je me raconte
Pour tisser
D'autres rêveries
Page après page
Je m'effeuillette
Ligne après ligne
Jusqu'à me dénuder
Je dors sous une tonnelle
Je regarde le temps passer
Andrée Chédid
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Je me feuillette
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De ma propre vie
De l'autre côté
De mes miroirs
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Je me raconte
Pour tisser
D'autres rêveries
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Jusqu'à me dénuder
Je dors sous une tonnelle
Je regarde le temps passer
Andrée Chédid
Vingt poèmes d'amour (poème IV)
C'est le matin plein de tempête
au cœur de l'été.
Mouchoirs blancs de l'adieu, les nuages voltigent,
et le vent les secoue de ses mains voyageuses.
Innombrable, le coeur du vent
bat sur notre amoureux silence.
Orchestral et divin, bourdonnant dans les arbres,
comme une langue emplie de guerres et de chants.
Vent, rapide voleur qui enlève les feuilles,
et déviant la flèche battante des oiseaux,
les renverse dans une vague sans écume,
substance devenue sans poids, feux qui s'inclinent.
Volume de baisers englouti et brisé
que le vent de l'été vient combattre à la porte.
Pablo Neruda
C'est le matin plein de tempête
au cœur de l'été.
Mouchoirs blancs de l'adieu, les nuages voltigent,
et le vent les secoue de ses mains voyageuses.
Innombrable, le coeur du vent
bat sur notre amoureux silence.
Orchestral et divin, bourdonnant dans les arbres,
comme une langue emplie de guerres et de chants.
Vent, rapide voleur qui enlève les feuilles,
et déviant la flèche battante des oiseaux,
les renverse dans une vague sans écume,
substance devenue sans poids, feux qui s'inclinent.
Volume de baisers englouti et brisé
que le vent de l'été vient combattre à la porte.
Pablo Neruda
Vingt poèmes d'amour (poème V)
Pour que tu m'entendes
mes mots parfois s'amenuisent
comme la trace des mouettes sur la plage.
Collier, grelot ivre
pour le raisin de tes mains douces.
Mes mots je les regarde et je les vois lointains.
Ils sont à toi bien plus qu'à moi.
Sur ma vieille douleur ils grimpent comme un lierre.
Ils grimpent sur les murs humides.
Et de ce jeu sanglant tu es seule coupable.
Ils sont en train de fuir de mon repaire obscur.
Et toi tu emplis tout, par toi tout est empli.
Ce sont eux qui ont peuplé le vide où tu t'installes,
ma tristesse est à eux plus qu'à toi familière.
Ils diront donc ici ce que je veux te dire,
et entends-les comme je veux que tu m'entendes.
Habituel, un vent angoissé les traîne encore
et parfois l'ouragan des songes les renverse.
Tu entends d'autres voix dans ma voix de douleur.
Pleurs de lèvres anciennes, sang de vieilles suppliques.
Ma compagne, aime-moi. Demeure là. Suis-moi.
Ma compagne, suis-moi, sur la vague d'angoisse.
Pourtant mes mots prennent couleur de ton amour.
Et toi tu emplis tout, par toi tout est empli.
Je fais de tous ces mots un collier infini
pour ta main blanche et douce ainsi que les raisins
Pablo Neruda
Pour que tu m'entendes
mes mots parfois s'amenuisent
comme la trace des mouettes sur la plage.
Collier, grelot ivre
pour le raisin de tes mains douces.
Mes mots je les regarde et je les vois lointains.
Ils sont à toi bien plus qu'à moi.
Sur ma vieille douleur ils grimpent comme un lierre.
Ils grimpent sur les murs humides.
Et de ce jeu sanglant tu es seule coupable.
Ils sont en train de fuir de mon repaire obscur.
Et toi tu emplis tout, par toi tout est empli.
Ce sont eux qui ont peuplé le vide où tu t'installes,
ma tristesse est à eux plus qu'à toi familière.
Ils diront donc ici ce que je veux te dire,
et entends-les comme je veux que tu m'entendes.
Habituel, un vent angoissé les traîne encore
et parfois l'ouragan des songes les renverse.
Tu entends d'autres voix dans ma voix de douleur.
Pleurs de lèvres anciennes, sang de vieilles suppliques.
Ma compagne, aime-moi. Demeure là. Suis-moi.
Ma compagne, suis-moi, sur la vague d'angoisse.
Pourtant mes mots prennent couleur de ton amour.
Et toi tu emplis tout, par toi tout est empli.
Je fais de tous ces mots un collier infini
pour ta main blanche et douce ainsi que les raisins
Pablo Neruda
Vingt poèmes d'amour (poème IX)
Ivre de longs baisers, ivre des térébinthes,
je dirige, estival, le voilier des roses,
me penchant vers la mort de ce jour si ténu,
cimenté dans la frénésie ferme de la mer.
Blafard et amarré à mon eau dévorante
croisant dans l'aigre odeur du climat découvert,
encore revêtu de gris, de sons amers,
et d'un triste cimier d'écume abandonnée.
Je vais, dur, passionné, sur mon unique vague,
lunaire, brusque, ardent et froid, solaire,
et je m'endors d'un bloc sur la gorge des blanches
îles fortunées, douces comme des hanches fraîches.
Mon habit de baisers tremble en la nuit humide
follement agité d'électriques décharges,
d'hébraïque façon divisé par des songes
l'ivresse de la rose en moi s'est déployée.
En remontant les eaux, dans les vagues externes,
ton corps jumeau et qui se soumet dans mes bras
comme un poisson sans fin s'est collé à mon âme
rapide et lent dans cette énergie sous les cieux.
Pablo Neruda
Ivre de longs baisers, ivre des térébinthes,
je dirige, estival, le voilier des roses,
me penchant vers la mort de ce jour si ténu,
cimenté dans la frénésie ferme de la mer.
Blafard et amarré à mon eau dévorante
croisant dans l'aigre odeur du climat découvert,
encore revêtu de gris, de sons amers,
et d'un triste cimier d'écume abandonnée.
Je vais, dur, passionné, sur mon unique vague,
lunaire, brusque, ardent et froid, solaire,
et je m'endors d'un bloc sur la gorge des blanches
îles fortunées, douces comme des hanches fraîches.
Mon habit de baisers tremble en la nuit humide
follement agité d'électriques décharges,
d'hébraïque façon divisé par des songes
l'ivresse de la rose en moi s'est déployée.
En remontant les eaux, dans les vagues externes,
ton corps jumeau et qui se soumet dans mes bras
comme un poisson sans fin s'est collé à mon âme
rapide et lent dans cette énergie sous les cieux.
Pablo Neruda
LA VIEILLE MOURANTE
Coffrée dans ton lit-cage
Livrée aux mécaniques
Vieille ô si vieille
La mort hésite à t’accueillir
Tête burlesque
Sous les vrilles des cheveux blancs
Un sirocco de rousseurs ensable ta peau
Des rides rapiècent tes joues
Ta bouche n'est qu’un puits
Tu happes l’air
Ton cœur perd substance
Ton horizon se détisse
Ta chair t’engloutit
Vieille ô si vieille
Où sont ceux qui t’aimaient ?
Ta route fut trop longue
La mort les a surpris
La vie les a rongés
Une main est pourtant là
Qui recouvre la tienne
Son toucher traverse
Tes brumes d’agonie
Une voix t’accompagne
Vers le lieu sans âge
Que le temps n’assiège plus
Laisse tomber tes défroques
Quitte en douceur l’enclos
Va à perte de vue
Rejoins l’ultime flottille
Qui cingle vers l’inconnu.
Andrée Chédid
C'est horriblement beau!
Les laboureurs (extrait)
La terre, qui se fend sous le soc qu'elle aiguise,
En tronçons palpitants s'amoncelle et se brise,
Et, tout en s'entr'ouvrant, fume comme une chair
Qui se fend et palpite et fume sous le fer.
En deux monceaux poudreux les ailes la renversent ;
Ses racines à nu, ses herbes se dispersent ;
Ses reptiles, ses vers, par le soc déterrés,
Se tordent sur son sein en tronçons torturés.
L'homme les foule aux pieds, et, secouant le manche,
Enfonce plus avant le glaive qui les tranche ;
Le timon plonge et tremble, et déchire ses doigts ;
La femme parle,aux boeufs du geste et de la voix ;
Les animaux, courbés sur leur jarret qui plie,
Pèsent de tout leur front sur le joug qui les lie ;
Comme un coeur généreux leurs flancs battent d'ardeur ;
Ils font bondir le sol jusqu'en sa profondeur.
L'homme presse ses pas, la femme suit à peine ;
Tous au bout du sillon arrivent hors d'haleine ;
Ils s'arrêtent : le boeuf rumine, et les enfants
Chassent avec la main les mouches de leurs flancs.
...
Un moment suspendu, les voilà qui reprennent
Un sillon parallèle, et sans fin vont et viennent
D'un bout du champ à l'autre, ainsi qu'un tisserand
Dont la main, tout le jour sur son métier courant,
Jette et retire à soi le lin qui se dévide,
Et joint le fil au fil sur sa trame rapide,
La sonore vallée est pleine de leurs voix ;
Le merle bleu s'enfuit en sifflant dans les bois,
Et du chêne à ce bruit les feuilles ébranlées
Laissent tomber sur eux les gouttes distillées.
Alphonse de Lamamartine
La terre, qui se fend sous le soc qu'elle aiguise,
En tronçons palpitants s'amoncelle et se brise,
Et, tout en s'entr'ouvrant, fume comme une chair
Qui se fend et palpite et fume sous le fer.
En deux monceaux poudreux les ailes la renversent ;
Ses racines à nu, ses herbes se dispersent ;
Ses reptiles, ses vers, par le soc déterrés,
Se tordent sur son sein en tronçons torturés.
L'homme les foule aux pieds, et, secouant le manche,
Enfonce plus avant le glaive qui les tranche ;
Le timon plonge et tremble, et déchire ses doigts ;
La femme parle,aux boeufs du geste et de la voix ;
Les animaux, courbés sur leur jarret qui plie,
Pèsent de tout leur front sur le joug qui les lie ;
Comme un coeur généreux leurs flancs battent d'ardeur ;
Ils font bondir le sol jusqu'en sa profondeur.
L'homme presse ses pas, la femme suit à peine ;
Tous au bout du sillon arrivent hors d'haleine ;
Ils s'arrêtent : le boeuf rumine, et les enfants
Chassent avec la main les mouches de leurs flancs.
...
Un moment suspendu, les voilà qui reprennent
Un sillon parallèle, et sans fin vont et viennent
D'un bout du champ à l'autre, ainsi qu'un tisserand
Dont la main, tout le jour sur son métier courant,
Jette et retire à soi le lin qui se dévide,
Et joint le fil au fil sur sa trame rapide,
La sonore vallée est pleine de leurs voix ;
Le merle bleu s'enfuit en sifflant dans les bois,
Et du chêne à ce bruit les feuilles ébranlées
Laissent tomber sur eux les gouttes distillées.
Alphonse de Lamamartine
LE GAS QU'A PERDU L'ESPRIT
Par chez nous, dans la vieille lande
Ousque ça sent bon la lavande,
Il est un gâs qui va, qui vient,
En rôdant partout comme un chien
Et, tout en allant, il dégoise
Des sottises aux gens qu'il croise.
Honnêtes gens, pardonnez-lui
Car il ne sait pas ce qu'il dit :
C'est un gâs qu'a perdu l'esprit !
- Ohé là-bas ! bourgeois qui passe,
Arrive ici que je t'embrasse ;
T'es mon frère que je te dis
Car, quoique t'as de bieaux habits
Et moi, des hardes en guenille,
J'ont tous deux la même famille
- Ohé là-bas ! le gros vicaire
Qui menez un défunt en terre,
Les morts n'ont plus besoin de vous,
Car ils ont bieau laisser leurs sous
Pour acheter votre ieau bénite,
C'est point ça qui les ressuscite...
- Ohé là-bas ! Monsieu le Maire,
Disez-moué donc pourquoi donc faire
Qu'on arrête les chemineux
Quand vous, qui n'êtes qu'un voleur
Et peut-être ben pis encore,
Le gouvernement vous décore. '
- Ohé là-bas ! garde champêtre,
Vous feriez ben mieux d'aller paîtr
Qu'embêter ceux qui font l'amour
Au bas des talus, en plein jour ;
Regardez si les grandes vaches
Et les petits moineaux se cachent.
- Ohé là-bas ! bieau militaire
Qui traînez un sabre au derrière
Brisez-le, jetez-le à l'ieau
Ou ben donnez-le moi plutôt
Pour faire un coutre de charrue...
Je mourrons ben sans qu'on nous tue.
Et si le pauvre est imbécile
C'est d'avoir trop lu l'Evangile ;
Le fait est que si Jésus-Christ
Revenait, aujour d'aujord'hui,
Répéter cheu nous, dans la lande
Ousque ça sent bon la lavande.
Ce que dans le temps il a dit,
Pas mal de gens dirin de lui :
"C'est un gâs qu'a perdu l'esprit ! ..."
Gaston Couté poète paysan libertaire
Par chez nous, dans la vieille lande
Ousque ça sent bon la lavande,
Il est un gâs qui va, qui vient,
En rôdant partout comme un chien
Et, tout en allant, il dégoise
Des sottises aux gens qu'il croise.
Honnêtes gens, pardonnez-lui
Car il ne sait pas ce qu'il dit :
C'est un gâs qu'a perdu l'esprit !
- Ohé là-bas ! bourgeois qui passe,
Arrive ici que je t'embrasse ;
T'es mon frère que je te dis
Car, quoique t'as de bieaux habits
Et moi, des hardes en guenille,
J'ont tous deux la même famille
- Ohé là-bas ! le gros vicaire
Qui menez un défunt en terre,
Les morts n'ont plus besoin de vous,
Car ils ont bieau laisser leurs sous
Pour acheter votre ieau bénite,
C'est point ça qui les ressuscite...
- Ohé là-bas ! Monsieu le Maire,
Disez-moué donc pourquoi donc faire
Qu'on arrête les chemineux
Quand vous, qui n'êtes qu'un voleur
Et peut-être ben pis encore,
Le gouvernement vous décore. '
- Ohé là-bas ! garde champêtre,
Vous feriez ben mieux d'aller paîtr
Qu'embêter ceux qui font l'amour
Au bas des talus, en plein jour ;
Regardez si les grandes vaches
Et les petits moineaux se cachent.
- Ohé là-bas ! bieau militaire
Qui traînez un sabre au derrière
Brisez-le, jetez-le à l'ieau
Ou ben donnez-le moi plutôt
Pour faire un coutre de charrue...
Je mourrons ben sans qu'on nous tue.
Et si le pauvre est imbécile
C'est d'avoir trop lu l'Evangile ;
Le fait est que si Jésus-Christ
Revenait, aujour d'aujord'hui,
Répéter cheu nous, dans la lande
Ousque ça sent bon la lavande.
Ce que dans le temps il a dit,
Pas mal de gens dirin de lui :
"C'est un gâs qu'a perdu l'esprit ! ..."
Gaston Couté poète paysan libertaire
LES PETITS CHATS
Hier, la chatt' gris' dans un p'quit coin
D' nout' guernier, su' eun' botte de foin,
Alle avait am'né troués p'quits chats ;
Coumm' j'pouvais pas nourri' tout ça,
J' les ai pris d'eun' pougné' tertous
En leu-z-y attachant eun' grouss' piarre au cou.
Pis j' m'ai mis en rout' pour l'étang ;
Eun' foués là, j' les ai foutus d'dans ;
Ça a fait : ppllouff!... L'ieau a grouillé,
Et pis pus ren !... Ils 'tin néyés...
Et j'sé r'parti, chantant coumm' ça :
"C'est la pauv' chatt' gris' qu'a pardu ses chats. "
En m'en allant, j'ai rencontré
Eun' fill' qu'était en train d' pleurer,
Tout' peineuse et toute en haillons,
Et qui portait deux baluchons.
L'un en main ! c'était queuqu's habits ;
L'autr', c'était son vent'e oùsqu'était son p'quit !
Et j'y ai dit : "Fill', c'est pas tout ça ;
Quand t'auras ton drôl' su' les bras,
Coumment don' qu'tu f'ras pour l'él'ver,
Toué qu'as seul'ment pas d' quoué bouffer?
Et, quand mêm' que tu l'élév'rais,
En t' saignant des quat' vein's... et pis après ?
Enfant d' peineuse, i' s'rait peineux ;
Et quoiqu'i fasse i' s'rait des ceux
Qui sont contribuab's et soldats...
Et, - par la tête ou par les bras
ou par... n'importe ben par où ! -
I' s'rait eun outil des ceux qu'a des sous.
Et p't-êt qu'un jour, lassé d' subi'
La vie et ses tristes fourbis,
I' s'en irait se j'ter à l'ieau
Ou s'foutrait eun' balle dans la pieau,
Ou dans un bois i' s'accroch'trait
Ou dans un "cintiéme" i' s'asphysquerait.
Pisqu' tu peux l'empêcher d' souffri,
Ton pequiot qu'est tout prêt à v'ni,
Fill', pourquoué don' qu' tu n' le f'rais pas ?
Tu voués : l'étang est à deux pas.
Eh ! bien, sitout qu' ton p'quiot vienra,
Pauv' fill', envoueill'-le r'trouver mes p'tits chats !... "
Gaston Couté
Hier, la chatt' gris' dans un p'quit coin
D' nout' guernier, su' eun' botte de foin,
Alle avait am'né troués p'quits chats ;
Coumm' j'pouvais pas nourri' tout ça,
J' les ai pris d'eun' pougné' tertous
En leu-z-y attachant eun' grouss' piarre au cou.
Pis j' m'ai mis en rout' pour l'étang ;
Eun' foués là, j' les ai foutus d'dans ;
Ça a fait : ppllouff!... L'ieau a grouillé,
Et pis pus ren !... Ils 'tin néyés...
Et j'sé r'parti, chantant coumm' ça :
"C'est la pauv' chatt' gris' qu'a pardu ses chats. "
En m'en allant, j'ai rencontré
Eun' fill' qu'était en train d' pleurer,
Tout' peineuse et toute en haillons,
Et qui portait deux baluchons.
L'un en main ! c'était queuqu's habits ;
L'autr', c'était son vent'e oùsqu'était son p'quit !
Et j'y ai dit : "Fill', c'est pas tout ça ;
Quand t'auras ton drôl' su' les bras,
Coumment don' qu'tu f'ras pour l'él'ver,
Toué qu'as seul'ment pas d' quoué bouffer?
Et, quand mêm' que tu l'élév'rais,
En t' saignant des quat' vein's... et pis après ?
Enfant d' peineuse, i' s'rait peineux ;
Et quoiqu'i fasse i' s'rait des ceux
Qui sont contribuab's et soldats...
Et, - par la tête ou par les bras
ou par... n'importe ben par où ! -
I' s'rait eun outil des ceux qu'a des sous.
Et p't-êt qu'un jour, lassé d' subi'
La vie et ses tristes fourbis,
I' s'en irait se j'ter à l'ieau
Ou s'foutrait eun' balle dans la pieau,
Ou dans un bois i' s'accroch'trait
Ou dans un "cintiéme" i' s'asphysquerait.
Pisqu' tu peux l'empêcher d' souffri,
Ton pequiot qu'est tout prêt à v'ni,
Fill', pourquoué don' qu' tu n' le f'rais pas ?
Tu voués : l'étang est à deux pas.
Eh ! bien, sitout qu' ton p'quiot vienra,
Pauv' fill', envoueill'-le r'trouver mes p'tits chats !... "
Gaston Couté
Vingt poèmes d'amour (poème XII)
À mon coeur suffit ta poitrine,
mes ailes pour ta liberté.
De ma bouche atteindra au ciel
tout ce qui dormait sur ton âme.
En toi l'illusion quotidienne.
Tu viens, rosée sur les corolles.
Absente et creusant l'horizon
Tu t'enfuis, éternelle vague.
je l'ai dit: tu chantais au vent
comme les pins et les mâts des navires.
Tu es haute comme eux et comme eux taciturne.
Tu t'attristes soudain, comme fait un voyage.
Accueillante, pareille à un ancien chemin.
Des échos et des voix nostalgiques te peuplent.
À mon réveil parfois émigrent et s'en vont
des oiseaux qui s'étaient endormis dans ton âme.
Pablo Neruda
À mon coeur suffit ta poitrine,
mes ailes pour ta liberté.
De ma bouche atteindra au ciel
tout ce qui dormait sur ton âme.
En toi l'illusion quotidienne.
Tu viens, rosée sur les corolles.
Absente et creusant l'horizon
Tu t'enfuis, éternelle vague.
je l'ai dit: tu chantais au vent
comme les pins et les mâts des navires.
Tu es haute comme eux et comme eux taciturne.
Tu t'attristes soudain, comme fait un voyage.
Accueillante, pareille à un ancien chemin.
Des échos et des voix nostalgiques te peuplent.
À mon réveil parfois émigrent et s'en vont
des oiseaux qui s'étaient endormis dans ton âme.
Pablo Neruda
Vingt poèmes d'amour (poème XVIII)
Ici je t'aime.
Dans les pins obscurs le vent se démêle.
La lune resplendit sur les eaux vagabondes.
Des jours égaux marchent et se poursuivent.
Le brouillard en dansant qui dénoue sa ceinture.
Une mouette d'argent du couchant se décroche.
Une voile parfois. Haut, très haut, les étoiles.
Ô la croix noire d'un bateau.
Seul.
Le jour parfois se lève en moi, et même mon âme est humide.
La mer au loin sonne et résonne.
Voici un port.
Ici je t'aime.
Ici je t'aime. En vain te cache l'horizon.
Tu restes mon amour parmi ces froides choses.
Parfois mes baisers vont sur ces graves bateaux
qui courent sur la mer au but jamais atteint.
Suis-je oublié déjà comme ces vieilles ancres.
Abordé par le soir le quai devient plus triste.
Et ma vie est lassée de sa faim inutile.
J'aime tout ce que je n'ai pas. Et toi comme tu es loin.
Mon ennui se débat dans les lents crépuscules.
Il vient pourtant la nuit qui chantera pour moi.
La lune fait tourner ses rouages de songe.
Avec tes yeux me voient les étoiles majeures.
Pliés à mon amour, les pins dans le vent veulent
chanter ton nom avec leurs aiguilles de fer.
Pablo Neruda
Ici je t'aime.
Dans les pins obscurs le vent se démêle.
La lune resplendit sur les eaux vagabondes.
Des jours égaux marchent et se poursuivent.
Le brouillard en dansant qui dénoue sa ceinture.
Une mouette d'argent du couchant se décroche.
Une voile parfois. Haut, très haut, les étoiles.
Ô la croix noire d'un bateau.
Seul.
Le jour parfois se lève en moi, et même mon âme est humide.
La mer au loin sonne et résonne.
Voici un port.
Ici je t'aime.
Ici je t'aime. En vain te cache l'horizon.
Tu restes mon amour parmi ces froides choses.
Parfois mes baisers vont sur ces graves bateaux
qui courent sur la mer au but jamais atteint.
Suis-je oublié déjà comme ces vieilles ancres.
Abordé par le soir le quai devient plus triste.
Et ma vie est lassée de sa faim inutile.
J'aime tout ce que je n'ai pas. Et toi comme tu es loin.
Mon ennui se débat dans les lents crépuscules.
Il vient pourtant la nuit qui chantera pour moi.
La lune fait tourner ses rouages de songe.
Avec tes yeux me voient les étoiles majeures.
Pliés à mon amour, les pins dans le vent veulent
chanter ton nom avec leurs aiguilles de fer.
Pablo Neruda
Vingt poèmes d'amour (poème XX)
Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit.
Écrire, par exemple: "La nuit est étoilée
et les astres d'azur tremblent dans le lointain."
Le vent de la nuit tourne dans le ciel et chante.
Je puis écrire les vers les plus tristes cette nuit.
Je l'aimais, et parfois elle aussi elle m'aima.
Les nuits comme cette nuit, je l'avais entre mes bras.
Je l'embrassai tant de fois sous le ciel, ciel infini.
Elle m'aima, et parfois moi aussi je l'ai aimée.
Comment n'aimerait-on pas ses grands yeux fixes.
Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit.
Penser que je ne l'ai pas. Regretter l'avoir perdue.
Entendre la nuit immense, et plus immense sans elle.
Et le vers tombe dans l'âme comme la rosée dans l'herbe.
Qu'importe que mon amour n'ait pas pu la retenir.
La nuit est pleine d'étoiles, elle n'est pas avec moi.
Voilà tout. Au loin on chante. C'est au loin.
Et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.
Comme pour la rapprocher, c'est mon regard qui la cherche.
Et mon coeur aussi la cherche, elle n'est pas avec moi.
Et c'est bien la même nuit qui blanchit les mêmes arbres.
Mais nous autres, ceux d'alors, nous ne sommes plus les mêmes.
je ne l'aime plus, c'est vrai. Pourtant, combien je l'aimais.
Ma voix appelait le vent pour aller à son oreille.
A un autre. A un autre elle sera. Ainsi qu'avant mes baisers.
Avec sa voix, son corps clair. Avec ses yeux infinis.
je ne l'aime plus, c'est vrai, pourtant, peut-être je l'aime.
Il est si bref l'amour et l'oubli est si long.
C'était en des nuits pareilles, je l'avais entre mes bras
et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.
Même si cette douleur est la dernière par elle
et même si ce poème est les derniers vers pour elle.
Pablo Neruda
Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit.
Écrire, par exemple: "La nuit est étoilée
et les astres d'azur tremblent dans le lointain."
Le vent de la nuit tourne dans le ciel et chante.
Je puis écrire les vers les plus tristes cette nuit.
Je l'aimais, et parfois elle aussi elle m'aima.
Les nuits comme cette nuit, je l'avais entre mes bras.
Je l'embrassai tant de fois sous le ciel, ciel infini.
Elle m'aima, et parfois moi aussi je l'ai aimée.
Comment n'aimerait-on pas ses grands yeux fixes.
Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit.
Penser que je ne l'ai pas. Regretter l'avoir perdue.
Entendre la nuit immense, et plus immense sans elle.
Et le vers tombe dans l'âme comme la rosée dans l'herbe.
Qu'importe que mon amour n'ait pas pu la retenir.
La nuit est pleine d'étoiles, elle n'est pas avec moi.
Voilà tout. Au loin on chante. C'est au loin.
Et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.
Comme pour la rapprocher, c'est mon regard qui la cherche.
Et mon coeur aussi la cherche, elle n'est pas avec moi.
Et c'est bien la même nuit qui blanchit les mêmes arbres.
Mais nous autres, ceux d'alors, nous ne sommes plus les mêmes.
je ne l'aime plus, c'est vrai. Pourtant, combien je l'aimais.
Ma voix appelait le vent pour aller à son oreille.
A un autre. A un autre elle sera. Ainsi qu'avant mes baisers.
Avec sa voix, son corps clair. Avec ses yeux infinis.
je ne l'aime plus, c'est vrai, pourtant, peut-être je l'aime.
Il est si bref l'amour et l'oubli est si long.
C'était en des nuits pareilles, je l'avais entre mes bras
et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.
Même si cette douleur est la dernière par elle
et même si ce poème est les derniers vers pour elle.
Pablo Neruda
Les deux soleils
Voyez, il a suffi d'un geste de la main
Barbare, pour fermer la porte au lendemain.
L'avenir ne s'écoule plus vers le passé
Et le présent en est tout décontenancé.
Nous voici confinés dans le mince aujourd'hui
A la merci sans fin de la plus close nuit.
Il nous faut sans tarder façonner un soleil
Pour qu'il vienne demain luire à notre réveil
Et que nous nous frottions les yeux sous des rayons
Nés de nous et venant de l'extrême horizon.
Qu'un moi lointain nous aide à refaire le monde
Poussant vers nous la terre et les mers vagabondes !
Une lumière d'yeux fermés
Ne voudrait pas nous alarmer.
Elle nous offre un crépuscule
Et ses timides tentacules.
Fantôme d'un défunt soleil
Un coq de lune se réveille,
Et ce coq d'un gosier qui leurre
Fait basculer l'heure après l'heure.
Notre coeur frappe drôlement
Ses coups comme quelqu'un qui ment.
Et lorsqu'on y songeait le moins,
Comme quelqu'un vient de très loin,
C'est le vrai soleil à l'ancienne
Qui se coule dans nos persiennes.
L'avenir sans un pli glisse vers le passé
Le jour nous dévisage et le temps, espacé.
La lumière colore avec exactitude
Tout ce qui vit et se reforme en sa multitude.
Où rien, n'apparaissait qu'un peu d'herbe sans nom
Renaissent le cheval, le coq et le lion,
Le poisson redevient marin et l'eau, profonde,
De tous côtés accourt la sagesse du monde.
Chacun reprend sa place et retrouve son coeur,
Pour l'innocent combat pas un seul déserteur !
Sans armes vient de loin une baleine blanche.
Qu'il est loin le harpon qui d'un côté vous penche !
Ô gravité de vivre, impasse qui délivre,
Comme on est plus profond d'avoir touché le fond !
Jules Supervielle
Voyez, il a suffi d'un geste de la main
Barbare, pour fermer la porte au lendemain.
L'avenir ne s'écoule plus vers le passé
Et le présent en est tout décontenancé.
Nous voici confinés dans le mince aujourd'hui
A la merci sans fin de la plus close nuit.
Il nous faut sans tarder façonner un soleil
Pour qu'il vienne demain luire à notre réveil
Et que nous nous frottions les yeux sous des rayons
Nés de nous et venant de l'extrême horizon.
Qu'un moi lointain nous aide à refaire le monde
Poussant vers nous la terre et les mers vagabondes !
Une lumière d'yeux fermés
Ne voudrait pas nous alarmer.
Elle nous offre un crépuscule
Et ses timides tentacules.
Fantôme d'un défunt soleil
Un coq de lune se réveille,
Et ce coq d'un gosier qui leurre
Fait basculer l'heure après l'heure.
Notre coeur frappe drôlement
Ses coups comme quelqu'un qui ment.
Et lorsqu'on y songeait le moins,
Comme quelqu'un vient de très loin,
C'est le vrai soleil à l'ancienne
Qui se coule dans nos persiennes.
L'avenir sans un pli glisse vers le passé
Le jour nous dévisage et le temps, espacé.
La lumière colore avec exactitude
Tout ce qui vit et se reforme en sa multitude.
Où rien, n'apparaissait qu'un peu d'herbe sans nom
Renaissent le cheval, le coq et le lion,
Le poisson redevient marin et l'eau, profonde,
De tous côtés accourt la sagesse du monde.
Chacun reprend sa place et retrouve son coeur,
Pour l'innocent combat pas un seul déserteur !
Sans armes vient de loin une baleine blanche.
Qu'il est loin le harpon qui d'un côté vous penche !
Ô gravité de vivre, impasse qui délivre,
Comme on est plus profond d'avoir touché le fond !
Jules Supervielle
Le soleil du matin
Le soleil du matin doucement chauffe et dore
Les seigles et les blés tout humides encore,
Et l'azur a gardé sa fraîcheur de la nuit.
L'on sort sans autre but que de sortir ; on suit,
Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes,
Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes.
L'air est vif. Par moment un oiseau vole avec
Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec,
Et son reflet dans l'eau survit à son passage.
C'est tout.
Mais le songeur aime ce paysage
Dont la claire douceur a soudain caressé
Son rêve de bonheur adorable, et bercé
Le souvenir charmant de cette jeune fille,
Blanche apparition qui chante et qui scintille,
Dont rêve le poète et que l'homme chérit,
Evoquant en ses voeux dont peut-être on sourit
La Compagne qu'enfin il a trouvée, et l'âme
Que son âme depuis toujours pleure et réclame.
Verlaine
Le soleil du matin doucement chauffe et dore
Les seigles et les blés tout humides encore,
Et l'azur a gardé sa fraîcheur de la nuit.
L'on sort sans autre but que de sortir ; on suit,
Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes,
Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes.
L'air est vif. Par moment un oiseau vole avec
Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec,
Et son reflet dans l'eau survit à son passage.
C'est tout.
Mais le songeur aime ce paysage
Dont la claire douceur a soudain caressé
Son rêve de bonheur adorable, et bercé
Le souvenir charmant de cette jeune fille,
Blanche apparition qui chante et qui scintille,
Dont rêve le poète et que l'homme chérit,
Evoquant en ses voeux dont peut-être on sourit
La Compagne qu'enfin il a trouvée, et l'âme
Que son âme depuis toujours pleure et réclame.
Verlaine
Zagreus, qui a traduit les poèmes de Pablo Néruda? Pour la poésie étrangère je me pose toujours la question concernant la traduction. Les termes ont-ils vraiment le même sens? Dans tous les cas, ceux-ci sont merveilleusement écrits.
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