Feint

avatar 31/03/2023 @ 14:51:33

- Concernant les "bien-pensants", je ne sais pas ce que Piero te ferait, mais c'est à mes yeux un mot d'une vacuité insondable, au même titre que "wokisme", "pensée unique" ou "politiquement correct".
L'évolution de cette expression est d'ailleurs intéressante et illustre bien la vacuité en effet insondable de son actuelle acception. A l'origine, à l'époque de l'affaire Dreyfus, "bien pensant" est un synonyme mélioratif d'"antisémite" - mélioratif car employé par les antisémites eux-mêmes dans une sorte d'auto-congratulation. L'inculture crasse de la presse de droite (pardonnez-moi le pléonasme) l'a fait glisser vers l'acception dans laquelle on l'emploie aujourd'hui.

Saint Jean-Baptiste 31/03/2023 @ 19:28:56
Qui sait encore aujourd’hui que bien-pensant « est un synonyme mélioratif d'"antisémite" » ?
Personnellement, je trouve que dans son acceptation actuelle ce mot dit bien ce qu’il veut dire.
( je manque assurément d’érudition…) ;-))

Martin1

avatar 31/03/2023 @ 19:44:03
Dans le débat qui est ici il y a deux questions : la question des fins et la question des moyens.
La finalité de ces déconstructeurs est de créer une société où l’égalité serait parfaite et achevée. Or comme ils pensent que les institutions traditionnelles (la famille père-mère-enfant, la nation, l’Eglise, l’armée et l’Etat) exercent des contraintes sur les individus, ils envisagent de les détruire ou les dissoudre. "La famille traditionnelle doit cesser de devenir un idéal pour quiconque ; la nation ne doit plus être source d’affects chez les citoyens ; l’Eglise doit cesser de professer des dogmes ; quant à l’Etat, il doit tendre, voire se dissoudre dans l’autogestion démocratique. "
Or la bien-pensance poursuit déjà ces buts, sinon dans les actes, au moins dans les discours, et ce depuis sa naissance (autour de mai 68). Mais elle les poursuivait avec des moyens moins outranciers (c’est ce que Yokyok voulait dire, je pense, quand il parle de question légitime et de réponse désastreuse).

C’est pourquoi, lorsque certaines personnes, sur ce forum, s’opposent à la réécriture des classiques, ils ne contestent pas les fins mais plutôt les moyens ("oui à la société égalitaire, mais pas besoin d’embêter le cadavre de Roald Dahl").

Lorsque ces assassins de la civilisation se retrouveront en débat avec des gens, comme disons, Yokyok, Feint, Don Quichotte, ou d’autres, ils se heurteront à un conservatisme culturel. "Au fond, oui, les auteurs avaient tort, oui, ils étaient racistes, conservateurs, dogmatiques ; oui, ils étaient homophobes, etc. Mais, comprenez, c’était à cause de leur éducation, du contexte, de l’emprise ecclésiastique, de la pression sociale ! Un peu de clémence pour la culture." diront-ils à ces importuns.
A ce débat les déconstructeurs l’emporteront ; car il est bien vrai que la culture conditionne les esprits, et comment une société égalitaire pourrait éclore quand on y lit des antisémites comme Voltaire ou des dogmatiques comme Péguy (je caricature évidemment). L’argumentaire n’est pas impeccable, mais il est assez défendable pour que les bien-pensants acceptent sans rechigner leur existence ; au moins, au nom de la liberté. La liberté reste l'absolu des bien-pensants.
Je trouve que vous sous-estimez la cohérence de ces « wokes », qui ne font que pousser à terme des raisonnements que vous leur avez-vous-mêmes mis dans la tête pendant des années. Dans un certain sens, (et ce n’est pas tous les jours que je prends leur défense), je vous trouve injustes avec eux.

Mais lorsqu’ils débattent avec moi, les choses sont plus ardues. Là, ils vont tâter le dur. Car moi, ce sont les finalités que je méprise, et c’est tout leur navire que j’ai l’intention de faire couler. Je crois en la famille traditionnelle. Et j’aime l’Eglise. Et j’aime l’Eglise qui dogmatise, qui parle en latin et qui brûle des encens. Et qui réserve le mariage aux hétérosexuels, par-dessus le marché! C’est beau, la contrainte. Vous devriez remercier ceux qui vous contraignent lorsque vous cherchez à grandir et à apprendre. Et j’aime l’Eglise qui enseigne son catéchisme aux enfants, qui leur explique ce que c’est que le mystère de la croix. Et j’admire l’homme viril, et la femme courtoise et pleine de lait pour ses enfants. Péguy avait de la cervelle. Balzac n’était pas un sot. Louis XIII était un grand roi. Les Anciens manquaient de tout, sauf de profondeur et de lucidité. Je ne serai pas ingrat avec eux.

Martin1

avatar 31/03/2023 @ 20:56:24
Qui sait encore aujourd’hui que bien-pensant « est un synonyme mélioratif d'"antisémite" » ?
Personnellement, je trouve que dans son acceptation actuelle ce mot dit bien ce qu’il veut dire.
( je manque assurément d’érudition…) ;-))


Le bien-pensant ? Celui qui ironise devant les grandes idées, les grandes causes et les grands combats, qui les trouve vaines et trop pleines de certitudes ;
Et de temps en temps, il souffle un petit "Ah ! La race humaine ! Elle se bat pour si peu de choses."
Et, soudain, comme pour se consoler du spectacle, il descend dans l'arène, s'empare de toutes les causes qu'il voit, et les fait capituler.

Thaut 31/03/2023 @ 22:24:28
C'est ni la faute des gauchistes, ni des immigrés si t'as raté ta vie tu sais :/

Saule

avatar 01/04/2023 @ 01:36:10
A vous lire je commence à comprendre l'utilité de ré-écrire les livres :-) Imaginons qu'un enfant qui est transgenre lise le genre de discours sur ce fil à propos de famille, patrie, religion, .. en gros il ne lui reste qu'à se suicider. Bon je n'irai pas jusqu'à ré-écrire les lives de Bond en mettant partout "il ou elle" mais je vois l'intéret de casser ces stéréotypes. Comme dit Yokyok, la manière est mauvaise mais le combat est bon.

Don_Quichotte
avatar 01/04/2023 @ 07:55:56
Mais mon cher Martin, nous ne sommes d'accord ni sur les fins ni sur les moyens, car nous ne menons pas du tout le même combat. Vous faites l'apologie de certains dogmes sectaires pour en combattre d'autres, et seriez satisfait d'une censure qui mettrait à l'index des œuvres promouvant des modes de vie qui vous paraissent contre-nature.

J'ai lu récemment "considération d'un apolitique" de Thomas Mann, dans lequel il défend avec ardeur une Allemagne anti-démocratique et culturellement illibérale. C'est très intéressant, et explique beaucoup de choses sur la pensée germanique de l'entre deux guerres. Sachez qu'il en est revenu, parce qu'il était intelligent, avant même d'observer les conséquences concrètes de cette vision du monde.

Martin1

avatar 01/04/2023 @ 10:25:46
Mais mon cher Martin, nous ne sommes d'accord ni sur les fins ni sur les moyens, car nous ne menons pas du tout le même combat. Vous faites l'apologie de certains dogmes sectaires pour en combattre d'autres, et seriez satisfait d'une censure qui mettrait à l'index des œuvres promouvant des modes de vie qui vous paraissent contre-nature.


Concernant la censure, c'est une question futile : toi-même, tu pratiquerais certaines formes de censure si on te laissait faire, sans même t'en rendre compte. Par le biais de formes plus simples (une non-neutralité dans le choix des lectures à donner dans un collège, par exemple). Ce n'est pas de la censure proprement dit, mais c'est celle de plus ou moins tout le monde, et à ce niveau nous ne sommes pas très différents. En tout cas, on ne trouvera jamais Mein Kampf à portée de main d'un enfant chez moi par exemple (je choisis un exemple consensuel à dessein).

Je suis d'accord avec ta première phrase. Mes dogmes ne sont pas sectaires, mais ils se conforment à une loi naturelle, et ce sont des dogmes en effet, dont on sort difficilement, et sur lesquels on se cogne. Et moi aussi, je m'y cogne, et ils me font mal (car moi aussi je suis épris de liberté d'esprit). Ma différence, c'est que je rends à César ce qui est à César : à la société je rends sa part, et je prendrai ce qu'il me reste. Si j'étais homosexuel, je le pratiquerai peut-être, mais je ne me marierai pas, par exemple, et je ne jouerai pas au père de famille avec un conjoint.

Je fais l'apologie de ce qui porte du sens, tout d'abord. Ce qui est difficile à comprendre, c'est le sens porté par les vieilles civilisations.
Parle de mariage homosexuel à un Choderlos de Laclos, ou un homme de son époque, même parmi les plus ouverts d'esprit, et ils te riront au nez. Or, ce n'est pas ici une question d'endoctrinement. C'est parce que le mariage, à cette époque encore, n'est pas du tout la consécration d'un amour quelconque, mais une exigence de société, une institution qui s'impose à l'individu, pour le forcer à engendrer les générations suivantes (sans lesquelles la société future n'existerait pas), et à assumer ces nouveaux êtres vivants qui la peupleront. Ce mariage doit durer au moins assez longtemps pour qu'il assume les enfants, les éduque, les police, leur donne l'affection, la nourriture et l'autorité dont ils ont besoin. Mais plus encore, qu'ils transmettent son héritage de civilisation. Le mariage est une institution qui sert les fins de la société et d'elle seule ; l'amour est un sentiment. L'individu ne peut que détester le premier et désirer le second.

Cette façon de voir est peut-être répugnante, elle est celle néanmoins de Balzac, de Péguy, et même, vous allez rire, d'auteurs qui parlent avec brio d'amour hors-mariage ou d'homosexualité, comme Proust. Elle est celle de pratiquement tous les vieux classiques, elle est le parfum lourd des vieux grimoires.
Stendhal a-t-il aggravé les stéréotypes de genre par son (magnifique) traité De l'amour (que je conseille à tout le monde), par Le Rouge et le Noir ? Réponse : bien sûr que oui. Est-il pour autant un réactionnaire ? Devra-t-il être brûlé avec les autres ?

Pour bien vous faire sentir tout le tragique de la situation, je vais raconter une histoire. Je vais choisir comme personnage quelqu'un qui aime la littérature sincèrement - tenez, Feint par exemple.
Imagine-toi Feint lire un beau livre de la littérature française, de Stendhal. Et nous en parler ensuite, avec la solennité touchante qui le caractérise. Imagine-le choisir soigneusement ses mots, en peser l'étymologie et rendre justice à son génie. Il fait cela très bien et j'espère qu'il le fera encore.
Et ensuite imagine son désarroi lorsqu'il se rend compte, pour éduquer un enfant ou un adolescent, qu'il leur a transmis en même temps, la détestation de tout l'univers mental qui était celui de Balzac. Et voilà ces adolescents qui lui disent : mais ces vieux auteurs étaient donc si pervers, si patriarcaux, si homophobes... ne faut-il pas les brûler ?
Les lobbyistes LGBT sont jeunes et ils ont pour eux ce feu d'espérance qui brûle dans la jeunesse. Ils veulent dresser le paradis sur Terre, comment le leur reprocher ?
Que va-t-il répondre ? Va-t-il les maudire, les contraindre par la force à abandonner ce projet. Il nous le dira. Mais à mon avis, il finira par abdiquer. Il pleurera, bien sûr, car il aime le beau. Il est de la vieille France, lui aussi, elle coule dans ses veines malgré lui ; mais ses enfants, que leur importe Balzac et ses longues phrases feuilletonnesques ? Que leur importer les pleurnicheries de Châteaubriand et son stupide génie du christianisme ? Devant les lois de la logique, il tombera.

Et c'est ce spectacle, que je ne veux pas voir. Je ne veux pas que vous tombiez aussi bas. J'espère que vous valez mieux que cela. Je veux que votre "non" signifie "non".
Mais votre "non", veut dire "peut-être pas jusque-là", ou "pourquoi pas mais ce n'est pas souhaitable". Saule l'a illustré tout à l'heure.. Il voulait dire "oui dans l'idée, non en pratique". Ou bien - poussons l'audace plus loin - peut-être que votre "non" veut dire "oui", et ne voulait pas dire autre chose depuis le début.

Martin1

avatar 01/04/2023 @ 10:32:47
J'ai employé indifféremment Stendhal et Balzac par mégarde car j'hésitais au meilleur exemple à choisir. Ces auteurs m'ont un peu hanté ces derniers temps. Par ailleurs, ils sont fort différents dans les idées - mais aussi bons à déconstruire l'un que l'autre.

Don_Quichotte
avatar 01/04/2023 @ 12:42:19
Le censure n'est pas une question futile. Je définis d'ailleurs ce que j'entends par ce mot : l’interdiction ou la modification de certaines œuvres sous des prétextes idéologiques. Il ne faut pas la confondre avec la discrimination, qui est inhérente au principe même de choix, et ce glissement sémantique (la discrimination est une forme de censure) est d'ailleurs une manière fort moderne de confusion volontaire et d'un certain nihilisme.

Quant aux dogmes qui se conforment à une loi naturelle, on ne doit pas parler de l'Église catholique, apostolique et romaine, dont grand nombre de dogmes sont tout simplement surnaturels. Sinon, ton argumentation ressemble à du « cherry picking. »

Mais c'est le cœur du message que je ne comprends pas. Doit-on adhérer à « l'univers mental » d'un auteur pour l'apprécier et le lire ? Est-ce parce que les mœurs de l'époque de Balzac te plaisent que tu apprécies ses œuvres ? Tout cela n'a pour moi aucun sens, déjà parce que le monde de Balzac est différent de celui de Montaigne, qui est différent de celui de Virgile qui est différent de celui de Céline. Ensuite, parce que les auteurs eux-mêmes critiquent parfois des institutions que tu défends. C'est cela qu'il faut faire comprendre à l'enfant : le monde de l'auteur, tout différent qu'il est du nôtre, peut nous apprendre des choses, notamment sur l'altérité : c'est la richesse d'une multitude. Sa sensibilité, ses références, ses paradigmes, ses mœurs, ses idées, tout peut nous paraître étranger, et pourtant on y découvre une commune humanité. C'est en ce sens que la déformation des œuvres me révoltent, et c’est pour cela que dénoncer l'homophobie ou le racisme de vieux auteurs n'a pas de sens, mais que vouloir penser comme eux n'en a pas plus.

Cyclo
avatar 01/04/2023 @ 13:53:08
S'il fallait censurer, modifier, réécrire, pour tenir compte de tous les groupuscules, il ne resterait plus grand-chose à lire.
Prenez Alphonse Boudard par exemple, dont je viens de lire "Le café du pauvre", il tomberait sous la coupe des féministes, des LGBT+, des religieux, de la droite bien-pensante comme de la go-gauche, qui exigeraient la réécriture de nombreux passages.
Moi je me suis régalé à livre que j'ai trouvé dans une boîte à livres et je ne souhaite pas qu'on occulte cet auteur, ni aucun autre d'ailleurs, quand ce sont de véritables écrivains, avec un style, une langue à eux...
Il faudrait censurer Chaplin qui enseigne au Kid à briser les vitres avec sa fronde pour qu'il puisse venir ensuite faire le vitrier !
Il faudrait mettre une feuille de vigne au David de Michel Ange !

Et nos comptines enfantines, supprimez-les : elles qui proposent par exemple de "tremper dans l'huile" (brûlante, je suppose) la "souris verte" pour en faire "un escargot tout chaud" !

Vive la liberté des artistes !

Martin1

avatar 01/04/2023 @ 14:37:45
Quant aux dogmes qui se conforment à une loi naturelle, on ne doit pas parler de l'Église catholique, apostolique et romaine, dont grand nombre de dogmes sont tout simplement surnaturels. Sinon, ton argumentation ressemble à du « cherry picking. »


Oui, là-dessus, je te l'accorde. Disons que le mot de dogmes était pas forcément le mieux choisi, je m'en rends compte maintenant. Car les véritables dogmes, ne sont pas les principes de société mais des articles de foi, j'ai donc fait une confusion.
Sur la censure, ce n'est certes pas futile ; je voulais juste dire qu'elle n'est peut-être pas vraiment un point de désaccord entre nous. On peut exercer une vraie pression sociale sans forcément passer par elle, donc je me demande si elle a une utilité dans le contexte présent. Aujourd'hui tous les textes filent et s'évanouissent à toute vitesse, elle ne peut plus vraiment exister sous sa forme ancienne et donc prend les formes discriminatoires évoquées ci-dessus. Et ces formes ne me choquent pas, en tant que moyens j'entends.

Je te répondrai bientôt sur le "coeur du message", et promis, j'essaierai de ne pas être long du tout.

Radetsky 01/04/2023 @ 14:49:25
……….

. et promis, j'essaierai de ne pas être long du tout.
Il va neiger ????️ !!

Minoritaire

avatar 01/04/2023 @ 15:25:40
……….

. et promis, j'essaierai de ne pas être long du tout.

Il va neiger ????️ !!
Regarde bien la date d'aujourd'hui sur ton calendrier, Rad.

Frunny
avatar 01/04/2023 @ 17:48:15
Qui sait encore aujourd’hui que bien-pensant « est un synonyme mélioratif d'"antisémite" » ?
Personnellement, je trouve que dans son acceptation actuelle ce mot dit bien ce qu’il veut dire.
( je manque assurément d’érudition…) ;-))


100 fois d'accord avec toi SJb ! mais ça semble en déranger certains....

Martin1

avatar 01/04/2023 @ 18:25:34
Je réponds à Don Quichotte sur l'altérité.
Tu dis que Céline, n'est pas Montaigne, qui n'est pas Virgile. Tu as raison de l’objecter. Mais pourtant, tous sont les mêmes au regard de la nouveauté dont nous parlons ici. A l’examen qui vient, ils seront tous recalés.
Ces grands auteurs en ont vu de belles, me diras-tu ! Leur souvenir a survécu à bien des siècles, bien des autodafés et bien des idéologies. Moi je te dis : Ces auteurs en ont vu de belles. Ils n’en ont jamais vu de pareil. Ils en ont passé d’autres. Celle-là, ils ne la passeront pas.
Aujourd’hui, tu connais Romeo et Juliette et tu comprends cette histoire ; c’est une chance que tu as. Mais la génération déconstruite aura perdu cette faculté. A quoi bon opposer l’amour et la société ; puisque tout le monde sait que l’amour doit toujours vaincre, quel intérêt d’écrire une telle histoire ? Voilà un peu de sens qui vient d’être perdu. Le drame de Shakespeare n’a un intérêt que si l’on comprend que pour tous les spectateurs, la société a ses droits ; les londoniens avaient tous leurs familles, leurs intérêts, leurs filles à marier ; ils savaient très bien, que passé un certain âge, les sentiments passionnés s’inclinent devant d’autres nécessités. Si personne ne comprend plus Shakespeare, il meurt. Et cela arrivera à d’autres. Comment s’intéresser à la vertu de Mme de Mortsauf (Le Lys dans la Vallée, Balzac) ? Pourquoi applaudir à sa fidélité, puisqu’aujourd’hui l’individu doit l’emporter sur les convenances. Pour l’homme moderne, Mme de Mortsauf n’est pas une femme vertueuse. C’est une femme sotte, et même… une femme lâche, de celles qui se couchent devant la tyrannie.
Ah, et voilà encore du sens, qui se perd. Et encore une distance mise entre Balzac et nous. Mais bientôt il ne restera rien de ce tas de papier. Bientôt on les regardera comme des figures obscures, leurs noms seront cités moins souvent, et puis ils seront affaires de quelques érudits, puis on avouera ne pas les bien comprendre, et puis enfin, ils disparaîtront. Les wokes, eux, essaient de les rafraîchir pour leur donner plus de longévité. Je trouve qu'ils ont de la cohérence.

Martin1

avatar 01/04/2023 @ 18:25:55
Voilà, j'ai fini!

Saule

avatar 02/04/2023 @ 04:10:54
Je comprend qu'on puisse avoir la nostalgie d'une époque ou les gens lisaient des classiques, avaient une connaissance de l'histoire et une certaine culture classique. Mais d'abord est-ce que cette période a vraiment existé ?
Frunny, ce qu'on reproche au terme "bien-pensance" c'est que c'est un terme qui permet d'évacuer tout débat, juste une manière de mépriser ceux qui ne pensent pas comme toi en les englobant dans un terme vague qui ne veut rien dire. Et en plus le terme est polymorphe : tu es le bien-pensant de ceux que tu considère bien-pensant :-)

Martin1

avatar 02/04/2023 @ 08:11:04
à Saule : Je ne dirai pas regretter "le temps où l'on lisait les classiques" (qui peut être n'a jamais existé en effet). Mais je regrette l'époque où l'on avait la faculté de les comprendre (car l'individualisme n'avait pas encore détruit notre conception de la société ; or les rapports entre l'homme et la société sont les sujets fondamentaux de pratiquement toute la litterature.
Je pense que vous pouvez encore les comprendre, vous. mais vos enfants ? Pensez à eux.

Saint Jean-Baptiste 02/04/2023 @ 17:27:44

100 fois d'accord avec toi SJb !
Non, Jef, t’es pas tout seul, chantait Jacques Brel.
Je me sens un peu Jef, tout à coup. Merci Frunny.
;-))

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