... mais écrire un livre pour raconter ses petites joies dans la vie ne fait pas partie de son projet et tant mieux en fait ! Dénoncer la société de consommation, la libération des moeurs, la violence des rapports sociaux,.. a une autre envergure.
Oui, d’accord mais elle ne plaide pas, elle ne dénonce pas, simplement elle évoque, elle raconte et tout la déçoit, c’est systématique chez elle. C’est ce qui me fait penser qu’elle n’est pas « bien dans sa peau ».
Je crois que c'est son parti pris de garder un ton neutre, elle raconte son époque en gardant une distance. Finalement je commence à aimer, il faut dire que je me retrouve plus dans la seconde partie vu que j'ai connu cette époque. Et c'est vrai que tout parait un peu vain, que ce soit la vie politique, les modes, la vie bourgeoise un peu mesquine, la famille,... on ne fait que passer au final
Aux environs de la page 150
On est en 1968
p112 "Les garçons et les filles étaient maintenant partout ensemble."
Non.
Certainement pas partout...
En 1972, à Orléans, il y avait un lycée public de filles et un lycée public de garçons, le lycée Pothier.
Au lycée Pothier, les seules filles étaient dans les classes de prépa (et pas nombreuses)
Pas ma tasse de thé, ce livre, pour l'instant...
On est en 1968
p112 "Les garçons et les filles étaient maintenant partout ensemble."
Non.
Certainement pas partout...
En 1972, à Orléans, il y avait un lycée public de filles et un lycée public de garçons, le lycée Pothier.
Au lycée Pothier, les seules filles étaient dans les classes de prépa (et pas nombreuses)
Pas ma tasse de thé, ce livre, pour l'instant...
Aux environs de la page 150Bien d’accord, les souvenirs personnels sont souvent déformés pour faire croire que le système l’a accablée, lui a gâché la vie. Je n’aime pas sa façon de dire « nous » ou le plus souvent « on » quand elle évoque des souvenirs personnels. Ça fait croire au lecteur que tout ce qu’elle a vécu personnellement était vécu par toutes les filles de son époque. On en est loin... heureusement !
On est en 1968
p112 "Les garçons et les filles étaient maintenant partout ensemble."
Non.
Certainement pas partout...
Je suis à la page 149 (Folio) et le livre ne m’ennuie pas. C’est une bonne lecture commune parce qu’il y a beaucoup à boire et à manger.
J'arrive à a fin et j'apprécie de plus en plus la lecture. Elle ne donne pas le sentiment d'une vie gachée, loin de là, elle a eu une vie bien pleine. Mais à travers ses souvenirs c'est la grande histoire qui apparait. Reste un sentiment d'échec et c'est vrai que c'est pas très joyeux, on a le sentiment que ca tourne en rond et que les espoirs sont constamment décus
Mais il n’y a pas eu décollation ; Annie Ernaux est vieille, il n’y a rien de mal à ça ; et, à mon avis, si elle n’est pas aigrie, elle est désabusée, elle a l’air de dire « on nous a bien eu »,
Mais ne le sommes pas tous un peu désabusés?
elle ne voit que le mauvais côté des choses. C’est peut-être un parti pris mais ce côté systématique est décevant, je trouve.
Bizarre, je ne trouve pas moi.
Je ne vois pas toutes ces "défauts" qu'on lui reproche. Je trouve qu'elle retranscrit simplement les choses et les événements qu'elle a vu et vécu... Quand je lis ce livre je ne ressent pas tout ces aspects négatifs qu'on lui reproche. Je lis simplement un très bon livre, très bien écrit, et je prends beaucoup de plaisir à le lire...
Oui, 2014, autant pour moi ! Mais c'est d'autant plus étonnant que des bibliothécaires, même néo-zélandais, n'en aient pas eu connaissance, puisque c'était tout frais, j'y suis passé en février, soit 4 mois après.
Oui. Cela va dans le sens de ce que je disais...
C'est culturel je suppose. Je suis persuadé que si Janet FRAME (1924 - 2004), - qui a été proposée de nombreuses fois pour le Prix Nobel de Littérature -, avait été lauréate, les choses seraient bien différentes...
Il est vrai qu'en parcourant les rayons des trois bibliothèques visitées (je fus moi-même bibliothécaire) il n'y avait presque pas de traductions du français. Pour sauver leur honneur, les trois possédaient "Les misérables", de notre Hugo national !
Ouf, il nous reste encore notre "Vieux lion" national !
Aux environs de la page 150
On est en 1968
p112 "Les garçons et les filles étaient maintenant partout ensemble."
Non.
Certainement pas partout...
En 1972, à Orléans, il y avait un lycée public de filles et un lycée public de garçons, le lycée Pothier.
Au lycée Pothier, les seules filles étaient dans les classes de prépa (et pas nombreuses)
Ludmilla, Mme. ERNAUX ne parle-t-elle pas de la société en général, plutôt que d'un lycée et/ou du milieu scolaire et éducatif?
J'arrive à a fin et j'apprécie de plus en plus la lecture. Elle ne donne pas le sentiment d'une vie gachée, loin de là, elle a eu une vie bien pleine. Mais à travers ses souvenirs c'est la grande histoire qui apparait.
Tout à fait d'accord, ici!
Reste un sentiment d'échec et c'est vrai que c'est pas très joyeux, on a le sentiment que ca tourne en rond et que les espoirs sont constamment décus
Lequel? Et pourquoi les espoirs sont déçus? Peux-tu expliquer STP?
Les manifestations de 68, l'élection de Mitterand, la chute du mur et la péréstroika, l'illusion de la consommation,... toutes des promesses décues et finalement le monde ne va pas mieux, au contraire. Il y a de quoi être désabusé.
Aux environs de la page 150Peut-être... mais les collèges et lycées sont le lieu où "les garçons et les filles" passent une grande partie de leur temps.
On est en 1968
p112 "Les garçons et les filles étaient maintenant partout ensemble."
Non.
Certainement pas partout...
En 1972, à Orléans, il y avait un lycée public de filles et un lycée public de garçons, le lycée Pothier.
Au lycée Pothier, les seules filles étaient dans les classes de prépa (et pas nombreuses)
Ludmilla, Mme. ERNAUX ne parle-t-elle pas de la société en général, plutôt que d'un lycée et/ou du milieu scolaire et éducatif?
D'autant que la suite du texte est:
"la distribution des prix, les compositions et la blouse supprimées, les notes remplacées par les lettres de A a E (je n'ai pas connu non plus). Les élèves s'embrassaient et fumaient dans la cour (plutôt le lycée donc)"
Dans Télérama, cette semaine, un entretien avec Annie Ernaux...
@Septu
Mais ne le sommes pas tous un peu désabusés?
elle ne voit que le mauvais côté des choses. C’est peut-être un parti pris mais ce côté systématique est décevant, je trouve. (SJB)
Bizarre, je ne trouve pas moi.
Je ne vois pas toutes ces "défauts" (...) je ne ressent pas tout ces aspects négatifs qu'on lui reproche.
Je pense que plus elle avance en âge et plus elle est désabusée. On arrive dans les années septante. Je lis ceci :
p 107 : Mai 68 l’avait remplie d’illusions :
« Ils (les étudiants) nous vengeaient des années de censures et de répressions (…) de toute la contention de notre adolescence, du silence respectueux dans les amphis, la honte de recevoir des garçons en cachette (…). C’est en soi-même, dans les désirs brimés, les abattements de la soumission, que résidait l’adhésion aux soirs flambants de Paris.
Et puis la désillusion (p 109) : « Quand on a vu déferler sur les Champs-Élysées une foule sombre (…) on a su que tout allait finir (…) on nous avaient bien entubés… »
On a l’impression que ses désillusions s’expriment à toutes les pages.
P 131. Elle est pleine d’illusion en s’installant à Paris. Puis quand elle est installée :
« … il y avait des immeubles de verres, des tours administratives, une dalle piétonne, (…) on se sentait flotter dans un espace trop vaste. (…) se promener n’avait pas de sens. On gardait dans le corps l’empreinte de la ville ancienne… Le soir venu, on avait l’impression de n’avoir rien fait, sinon de vagues cours à des classes énervées. ».
Et la désillusion continue :
« Habiter la région parisienne c’était :
être jeté sur un territoire dont la géographie échappait, brouillée par des lacis de voies qu’on ne parcourait qu’en voiture.
Ici Paris n’avait pas de réalité… » etc, etc …
p 134 :
« On allait voir « Hair ». Dans l’avion emportant au Vietnam le héros du film, c’était nous et nos illusions de 68 qu’on envoyait mourir »
p135 :
La guerre du Vietnam était finie (…) On ressentait l’allégresse et la fatigue des choses enfin accomplies. Il fallait déchanter.
p 137
à propos des nouveaux philosophes qu’on voyait à la TV :
« Pour nous, à qui il avait été prescrit durant l’enfance de sauver notre âme par de bonnes actions, en classe de philo de mettre en pratique l’impératif de Kant : « agis de telle sorte que ton action puisse s’ériger en maxime universelle », avec Marx et Sartre de changer le monde – qui y avions cru en 68 – il n’y avait aucune espérance là dedans… »
p 139 :
« La mort des intellectuels et des chanteurs semblait ajouter à la désolation de l’époque ».
p 143 à propos de la vie conjugale où elle s’ennuie :
« Elles (les femmes mariées) comparaient leur vie à celle des célibataires et des divorcées, regardaient avec mélancolie une jeune routarde assise par terre devant la gare avec son sac à dos buvant tranquillement une brique de lait. »
Pour moi, pas le moindre doute, Annie Ernaux est remplie d’aigreur en repensant ce que fut sa vie. Quand elle parle d’elle, et aussi quand elle parle politique. En 80 je pense qu’elle a cru que Mitterrand réaliserait ses promesses… Évidemment, qui ne serait pas déçu… !
Ceci dit, le livre n’est pas ennuyeux. Je suis à la page 182 on arrive dans les années 1990.
Je continue.
Mais ne le sommes pas tous un peu désabusés?
elle ne voit que le mauvais côté des choses. C’est peut-être un parti pris mais ce côté systématique est décevant, je trouve. (SJB)
Bizarre, je ne trouve pas moi.
Je ne vois pas toutes ces "défauts" (...) je ne ressent pas tout ces aspects négatifs qu'on lui reproche.
@Septu
Je pense que plus elle avance en âge et plus elle est désabusée. On arrive dans les années septante. Je lis ceci :
p 107 : Mai 68 l’avait remplie d’illusions :
« Ils (les étudiants) nous vengeaient des années de censures et de répressions (…) de toute la contention de notre adolescence, du silence respectueux dans les amphis, la honte de recevoir des garçons en cachette (…). C’est en soi-même, dans les désirs brimés, les abattements de la soumission, que résidait l’adhésion aux soirs flambants de Paris.
Et puis la désillusion (p 109) : « Quand on a vu déferler sur les Champs-Élysées une foule sombre (…) on a su que tout allait finir (…) on nous avaient bien entubés… »
On a l’impression que ses désillusions s’expriment à toutes les pages.
P 131. Elle est pleine d’illusion en s’installant à Paris. Puis quand elle est installée :
« … il y avait des immeubles de verres, des tours administratives, une dalle piétonne, (…) on se sentait flotter dans un espace trop vaste. (…) se promener n’avait pas de sens. On gardait dans le corps l’empreinte de la ville ancienne… Le soir venu, on avait l’impression de n’avoir rien fait, sinon de vagues cours à des classes énervées. ».
Et la désillusion continue :
« Habiter la région parisienne c’était :
être jeté sur un territoire dont la géographie échappait, brouillée par des lacis de voies qu’on ne parcourait qu’en voiture.
Ici Paris n’avait pas de réalité… » etc, etc …
p 134 :
« On allait voir « Hair ». Dans l’avion emportant au Vietnam le héros du film, c’était nous et nos illusions de 68 qu’on envoyait mourir »
p135 :
La guerre du Vietnam était finie (…) On ressentait l’allégresse et la fatigue des choses enfin accomplies. Il fallait déchanter.
p 137
à propos des nouveaux philosophes qu’on voyait à la TV :
« Pour nous, à qui il avait été prescrit durant l’enfance de sauver notre âme par de bonnes actions, en classe de philo de mettre en pratique l’impératif de Kant : « agis de telle sorte que ton action puisse s’ériger en maxime universelle », avec Marx et Sartre de changer le monde – qui y avions cru en 68 – il n’y avait aucune espérance là dedans… »
p 139 :
« La mort des intellectuels et des chanteurs semblait ajouter à la désolation de l’époque ».
p 143 à propos de la vie conjugale où elle s’ennuie :
« Elles (les femmes mariées) comparaient leur vie à celle des célibataires et des divorcées, regardaient avec mélancolie une jeune routarde assise par terre devant la gare avec son sac à dos buvant tranquillement une brique de lait. »
Pour moi, pas le moindre doute, Annie Ernaux est remplie d’aigreur en repensant ce que fut sa vie. Quand elle parle d’elle, et aussi quand elle parle politique. En 80 je pense qu’elle a cru que Mitterrand réaliserait ses promesses… Évidemment, qui ne serait pas déçu… !
Ceci dit, le livre n’est pas ennuyeux. Je suis à la page 182 on arrive dans les années 1990.
Je continue.
Tout ce qu'elle ecrit est parfaitement exact. Je l'ai vécu. La désillusion n'est pas une défaite mais une constatation, il n'y a donc pas d'aigreur à constater des faits. Il y aurait aigreur si elle n'avait pas vécu ces instants et ces espoirs, mais toute experience en particulier sociologique est profitable. Tout ne peut pas réussir mais il n'en reste pas moins qu'il y a eu un grand bon dans la liberté, mais il fallait la gérer d'où certains excès dans lesquels tous ne sont pas tombés....Très interessant je trouve...
Un grand bond bien sûr :-)
En général, ses réflexions sur certains événements, comme Mai 68, le mur de Berlin, le 11 septembre, et encore quelques autres, sont intéressantes et bien développées – mais de son point de vue, qui n’est pas celui de tout le monde ; alors elle aurait dû dire « je » et non pas « nous » ou « on », qui font croire que toute la France pensait comme elle. Mais, dès le début on a compris de quel bord elle était alors ça ne dérange pas. Au contraire c’est une porte ouverte à la discussion.
Les changements avec l’arrivée du téléphone portable, des ordinateurs, internet et les réseaux sociaux sont amusants à lire et bien analysées. Ses descriptions des repas familiaux sont aussi très bien tapées. C’est le côté « roman » du livre et ça se lit avec un sourire parce qu’on s’y reconnaît.
Mais quand elle parle des actualités plus ou moins récentes l’intérêt descend d’un cran. Qui se souvient de tous ces noms cités : Juppé, Debré, Laguiller, Raffarin, Bové, Voynet, Besancenot, Pasqua, Balladur, Robert Hue… En général, les Belges francophones se souviennent vaguement d’avoir entendu ces noms, peut-être de les avoir vus à la TV, et même écoutés parfois mais, c’est très franco-français. Je me demande ce qu’en pense le Suédois ou le Chinois qui lira ces lignes… Ce livre a des côtés popotes. Et ses souvenirs sont bien les siens, il faut espérer que ce ne sont pas ceux de toute la France : elle se souvient des chaussettes de Bérégovoy mais pas du nom du successeur de Jean-Paul II…
Les changements avec l’arrivée du téléphone portable, des ordinateurs, internet et les réseaux sociaux sont amusants à lire et bien analysées. Ses descriptions des repas familiaux sont aussi très bien tapées. C’est le côté « roman » du livre et ça se lit avec un sourire parce qu’on s’y reconnaît.
Mais quand elle parle des actualités plus ou moins récentes l’intérêt descend d’un cran. Qui se souvient de tous ces noms cités : Juppé, Debré, Laguiller, Raffarin, Bové, Voynet, Besancenot, Pasqua, Balladur, Robert Hue… En général, les Belges francophones se souviennent vaguement d’avoir entendu ces noms, peut-être de les avoir vus à la TV, et même écoutés parfois mais, c’est très franco-français. Je me demande ce qu’en pense le Suédois ou le Chinois qui lira ces lignes… Ce livre a des côtés popotes. Et ses souvenirs sont bien les siens, il faut espérer que ce ne sont pas ceux de toute la France : elle se souvient des chaussettes de Bérégovoy mais pas du nom du successeur de Jean-Paul II…
Je crois qu'Annie Ernaux ne pouvait pas dire "je" dans ce livre et a préféré le collectif, "nous" ou "on", parce qu'elle l'a vécu un peu collectivement, en tant que femme d'ailleurs.Mais elle ne veut pas dire du tout que tout le monde pensait comme elle.
Quand elle écrit : "En migrant de la province à la région parisienne, le temps s’était accéléré. Le sentiment de la durée n’était plus le même.", c'est effectivement une sensation qu'elle a eue, et qui peut sembler légitime et universelle.
Idem pour "Plus que jamais les gens rêvaient de campagne, loin de la « pollution », du « métro-boulot-dodo », des banlieues concentrationnaires et leurs « loubards ». Ils continuaient pourtant d’affluer vers les grandes villes, dans les ZUP ou les zones pavillonnaires selon leurs possibilités de choix.", les sociologues pensent peut-être que c'est de la sociologie de pacotille, mais ça a l'air d'être du ressenti de son vécu à elle.
Mais le centre du livre tourne autour de sa constatation "Ses années d’étudiante ne sont plus pour elle objet de désir nostalgique. Elle les voit comme le temps de son embourgeoisement intellectuel, de sa rupture avec son monde d’origine", et on peut dire que certes elle part de son vécu, mais elle livre des réflexions qui peuvent faire comprendre à d'autres ce qui leur est arrivé.
Bien sûr, tout cela est daté, peut-être qu'avec l'évolution du nombre de bacheliers et le fait que beaucoup se poussent dans l'enseignement supérieur, cette rupture avec le milieu social d'origine est moins marquant qu'il a pu l'être dans les années 60 ou 70... Et que bientôt certaines différences vont s'estomper; Mais Annie n'a jamais oublié son milieu. Beaucoup de ses livres en font état. Elle fait un simple constat dans lequel, pour ma part, je ne vois aucune aigreur.
En première lecture, j'avais trouvé ce livre un peu décevant de sa part, mais en relisant, je suis admiratif, bluffé parfois et toujours proche de ce que j'ai vécu. J'avais peur que ça me déroute, que ça paraisse vieilli. Daté oui, vieilli non. Grâce à une écriture qui laisse peu de place à l'émotion, elle avance, elle constate et reste très prudente dans ses assertions, n'infligeant pas au lecteur des conclusions définitives. Je lui tire mon chapeau et apprécie plus que la première fois.
Quand elle écrit : "En migrant de la province à la région parisienne, le temps s’était accéléré. Le sentiment de la durée n’était plus le même.", c'est effectivement une sensation qu'elle a eue, et qui peut sembler légitime et universelle.
Idem pour "Plus que jamais les gens rêvaient de campagne, loin de la « pollution », du « métro-boulot-dodo », des banlieues concentrationnaires et leurs « loubards ». Ils continuaient pourtant d’affluer vers les grandes villes, dans les ZUP ou les zones pavillonnaires selon leurs possibilités de choix.", les sociologues pensent peut-être que c'est de la sociologie de pacotille, mais ça a l'air d'être du ressenti de son vécu à elle.
Mais le centre du livre tourne autour de sa constatation "Ses années d’étudiante ne sont plus pour elle objet de désir nostalgique. Elle les voit comme le temps de son embourgeoisement intellectuel, de sa rupture avec son monde d’origine", et on peut dire que certes elle part de son vécu, mais elle livre des réflexions qui peuvent faire comprendre à d'autres ce qui leur est arrivé.
Bien sûr, tout cela est daté, peut-être qu'avec l'évolution du nombre de bacheliers et le fait que beaucoup se poussent dans l'enseignement supérieur, cette rupture avec le milieu social d'origine est moins marquant qu'il a pu l'être dans les années 60 ou 70... Et que bientôt certaines différences vont s'estomper; Mais Annie n'a jamais oublié son milieu. Beaucoup de ses livres en font état. Elle fait un simple constat dans lequel, pour ma part, je ne vois aucune aigreur.
En première lecture, j'avais trouvé ce livre un peu décevant de sa part, mais en relisant, je suis admiratif, bluffé parfois et toujours proche de ce que j'ai vécu. J'avais peur que ça me déroute, que ça paraisse vieilli. Daté oui, vieilli non. Grâce à une écriture qui laisse peu de place à l'émotion, elle avance, elle constate et reste très prudente dans ses assertions, n'infligeant pas au lecteur des conclusions définitives. Je lui tire mon chapeau et apprécie plus que la première fois.
" les notes remplacées par les lettres de A a E (je n'ai pas connu non plus). "
Bizarre! Moi... Oui! Comme quoi...
En général, ses réflexions sur certains événements, comme Mai 68, le mur de Berlin, le 11 septembre, et encore quelques autres, sont intéressantes et bien développées – mais de son point de vue, qui n’est pas celui de tout le monde ; alors elle aurait dû dire « je » et non pas « nous » ou « on », qui font croire que toute la France pensait comme elle. Mais, dès le début on a compris de quel bord elle était alors ça ne dérange pas. Au contraire c’est une porte ouverte à la discussion.
Peut-être faut-il voir lus loin et interpréter ce nous par : nous les hommes, dans le sens du commun des mortels par opposition aux hommes politiques, etc...
Les changements avec l’arrivée du téléphone portable, des ordinateurs, internet et les réseaux sociaux sont amusants à lire et bien analysées. Ses descriptions des repas familiaux sont aussi très bien tapées. C’est le côté « roman » du livre et ça se lit avec un sourire parce qu’on s’y reconnaît.
Tout à fait d'accord ici!
Mais quand elle parle des actualités plus ou moins récentes l’intérêt descend d’un cran. Qui se souvient de tous ces noms cités : Juppé, Debré, Laguiller, Raffarin, Bové, Voynet, Besancenot, Pasqua, Balladur, Robert Hue… En général, les Belges francophones se souviennent vaguement d’avoir entendu ces noms, peut-être de les avoir vus à la TV, et même écoutés parfois mais, c’est très franco-français. Je me demande ce qu’en pense le Suédois ou le Chinois qui lira ces lignes… Ce livre a des côtés popotes. Et ses souvenirs sont bien les siens, il faut espérer que ce ne sont pas ceux de toute la France : elle se souvient des chaussettes de Bérégovoy mais pas du nom du successeur de Jean-Paul II…
Pour le chinois, je ne sais pas, mais je confirme que ce livre existe bien en traduction suédoise...
Je ne peux que répéter ce que j'ai déjà dit: je suppose qu'ils gardent leur wikipédia à portée de main...
Je fais comme cela moi quand je lis la biographie de Karl Ove KNAUSGARD (*1968), j'en parle d'ailleurs dans mes critiques : ici : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/56922 ou ici : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/57664 ou encore ici : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/57755
Mais quand elle parle des actualités plus ou moins récentes l’intérêt descend d’un cran. Qui se souvient de tous ces noms cités : Juppé, Debré, Laguiller, Raffarin, Bové, Voynet, Besancenot, Pasqua, Balladur, Robert Hue…
En fait, beaucoup de Français se souviennent de ces noms qui n'ont pas encore disparu de nos mémoires. Certes, les plus jeunes ne les connaissent qu'à travers des discussions familiales, celles qui arrivent en fin de repas quand les bouteilles sont vides... On est donc dans une mémoire approximative mais pourtant réelle. Le fait de les citer permet aussi une immersion dans une époque...
En général, les Belges francophones se souviennent vaguement d’avoir entendu ces noms, peut-être de les avoir vus à la TV, et même écoutés parfois mais, c’est très franco-français. Je me demande ce qu’en pense le Suédois ou le Chinois qui lira ces lignes…
Là, je ne parlerai que pour moi. Quand je lis un ouvrage sur un autre pays que le mien, que l'on site des personnages de ce pays que je ne connais pas, d'une part ça participe à l'immersion dans l'ambiance du texte en question et d'autre part cela me donne envie d'aller chercher qui sont ces personnages qui comptent au moins pour l'auteur... J'ai ainsi découvert des éléments non négligeable de l'histoire socio-politique de l'Afrique du Sud, de la Chine, de l'Amérique du Sud...
...elle se souvient des chaussettes de Bérégovoy mais pas du nom du successeur de Jean-Paul II…
Chacun se focalise, consciemment ou inconsciemment, sur ce qui l'intéresse et pas sur le reste... C'est ainsi ! Certains connaissent le nom de tous les leaders de la CGT depuis l'ami Krasucki d'autres l'enchainement des leaders du patronat depuis François Ceyrac... C'est la vie et le reflet des engagements des uns et des autres !
Vous pouvez écouter le podcast de la Grande Librairie sur Ernaux, ça confirme ce que dit Cyclo. Sa maxime 'vengez ma race" vient de son extraction d'un milieu populaire via ses études ce qui l'a irrémédiablement éloignée de son père.
Son analyse du 11 septembre est fortement teintée par ses convictions politiques et son "obsession" pour les rapports de domination. Mais encore ? Si on n'est pas d'accord on a le droit d'apprécier le livre tout autant. Elle est fort marquée par son éducation catholique, qu'elle rejette mais qui l'a pétrie. On retrouve ça souvent mais plus dans les nouvelles générations j'en ai peur
Bref un autre très intéressant je trouve et un bien beau livre.
Son analyse du 11 septembre est fortement teintée par ses convictions politiques et son "obsession" pour les rapports de domination. Mais encore ? Si on n'est pas d'accord on a le droit d'apprécier le livre tout autant. Elle est fort marquée par son éducation catholique, qu'elle rejette mais qui l'a pétrie. On retrouve ça souvent mais plus dans les nouvelles générations j'en ai peur
Bref un autre très intéressant je trouve et un bien beau livre.
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