Shelton
avatar 19/01/2021 @ 11:07:13
Saint Jean-Baptiste, je vais relire le Erlanger comme cela on pourra échanger de façon plus précise sur le sujet... A très vite !

Saint Jean-Baptiste 21/01/2021 @ 11:18:04
Saint Jean-Baptiste, je vais relire le Erlanger comme cela on pourra échanger de façon plus précise sur le sujet... A très vite !
Je m’en réjouis. ;-))
Si tu n’en lisais qu’un, je te conseillerais son Charles VII et son Mystère chez Gallimard dans la collection « Leurs Figures » ; il vous plonge dans ce fabuleux XVème et se lit comme un roman d’aventures.

Débézed

avatar 21/01/2021 @ 13:10:13
J'ai trouvé chez un bouquiniste il y a quelques temps (en Flandre flamande ! ) un livre de Bertrand Schnerb "Les Armagnacs et les Bourguignons, La maudite guerre " que je n'ai pas encore lu...mais je n'ai pu m'empêcher grâce à Shelton d'aller voir le passage se rapportant à Isabeau de Bavière et Jean sans Peur . L'auteur considère effectivement Isabeau plus comme une victime qu'une intriguante et les faits sont trés bien relatés historiquement. Neanmoins cette balance entre les deux camps montre bien à quel point la réputation d'Isabeau en a pris un bon coup selon la tendance de certains historiens à "soutenir " tel ou tel côté...On peut comprendre le désarroi de cette reine au coeur de ce chaos politique mais cette capacité à faire appel à l'autre camp dès qu'un problème, certes grave , arrive (et les trahisons sont fréquentes ) est surprenante ; j'ai un peu de mal avec ça surtout quand elle s'allie avec les anglais...mais il semble clair qu'elle n'a pas eu finalement beaucoup d'influence sur les évènements et le plus grave, je trouve, a été la trahison de son fils envers elle. Ces anglais décidément !: -) Dans notre Histoire ce sont eux qui ont été nos plus grands ennemis...


Bien d'accord avec toi mais n'oublions les Bourguignons qui ont joué, dans ce conflit, un rôle particulièrement préjudiciable à l'endroit des Français. Ils avaient bien l'intention de créer leur propre nation entre la France et le Saint Empire et pour cela ils étaient prêts à pactiser avec quiconque pouvait les appuyer das leur projet.A l'occasion de mes travaux de maitrise, j'ai trouvé dans un manuscrit le testament de Philippe le Bon, c'est un bilan digne de celui d'un grand monarque. La seule chose dont il ne se vante pas c'est d'avoir été à l'origine de la vente de Jeanne d'Arc aux Anglais. Et aujourd'hui, nos gouverneurs ont eu la belle idée d'essayer de réunir les Bourguignons et les Francs-Comtois dans une seule et même région en leur faisant croire qu'ils avaient une histoire commune. Leur histoire, ils la connaissent bien mal pour proférer de telle sottise !

Shelton
avatar 23/01/2021 @ 10:32:06
Bon, je préviens par anticipation que je défendrai avec énergie et volonté la position bourguignonne malgré mon amitié profonde pour les Franc-comtois en général et pour Débézed en particulier !

Shelton
avatar 26/01/2021 @ 09:16:28
Saint Jean-Baptiste, je vais relire le Erlanger comme cela on pourra échanger de façon plus précise sur le sujet...


Voilà, j'ai relu l'ouvrage Charles VII et son mystère et j'avoue avoir été assez déçu.

Bien sûr, c'est indiscutablement très bien écrit et l'ouvrage se lit comme un bon roman... Mais malheureusement, trop peu d'éléments factuels avec sources indiquées. Beaucoup de supputations approximatives, de rejets d'autres thèses sans jamais donner les éléments qui lui permettent de rejeter autant, et finalement le sentiment d'avoir lu un bon livre pas nécessairement un ouvrage d'histoire...

Pour autant, tout n'est pas mauvais mais je pense qu'il existe de meilleurs ouvrages sur le sujet comme la biographie de Georges Minois, une des plus complètes, une de celles qui réunit le plus d'éléments des nouvelles recherches effectuées sur Charles VII, Jeanne d'Arc, Yolande d'Aragon, Agnès Sorel, Louis XI...

Saint Jean-Baptiste 26/01/2021 @ 12:02:15
Pas de sources indiquées, supputations, approximations… Je te crois sur parole, Shelton, n’étant pas assez spécialisé en la matière.

Mais je trouve que l’ambiance du siècle avec ses croyances, ses superstitions, ses débauches et surtout son extraordinaire cruauté, est très bien restituée. Et puis j’aime beaucoup son style, je trouve qu’il écrit l’Histoire comme un roman, bien que ce soit parfois difficile de situer tous les personnages dont il parle.

J’ai trouvé qu’il expliquait très bien le rôle de Jeanne d’Arc et j’ai été surpris du grand rôle qu’il donnait à Yolande d’Aragon dans le redressement de la France, j’ignorais son importance et ça m’a vraiment étonné.

Et puis, je m’amuse toujours de son chauvinisme de bon Français et je me suis demandé s’il n’exagérait pas un peu à la fin du livre dans sa glorification de Charles VII, le roi des rois, l’arbitre des conflits et le conseiller des grands de son siècle…

Shelton
avatar 26/01/2021 @ 12:54:15
Pour ce qui est du rôle de Yolande d'Aragon (ou d'Anjou), je pense qu'il a raison d'une façon générale car Yolande considérait Charles VII comme son fils et c'était réciproque. Du coup, elle a toujours été un stimulant pour lui... et donc la France !

Shelton
avatar 28/01/2021 @ 17:15:13
Voilà, il est donc grand temps que je commence à vous parler de ce cher Charles VII, non pas pour vous raconter toute sa vie mais pour répondre aux questions que je me posais sur lui au départ, c'est-à-dire pourquoi un tel roi a-t-il été si décrié de son vivant puis post mortem ? Pourquoi les reproches qui lui sont faits sont-ils souvent très éloignés de ce qui semble être la vérité historique ?

Pour commencer je vais citer les ouvrages que j’ai lus (voire relus) dans l’optique de ce travail.
- Charles VII et son mystère, Philippe Erlanger : au départ ce n’était pas dans mon plan de lecture mais suite à une discussion avec un ami, je l’ai ajouté. L’ouvrage est très bien écrit, se lit comme un roman mais manque parfois de références pour préciser d’où viennent les remarques, jugements, considérations et autres points de vue. Philippe Erlanger est plus un homme de lettres qu’un historien et cela se sent trop même si son ouvrage n’est pas pour autant à jeter à la poubelle.
- Charles VII, le roi des merveilles, Philippe Bully : cet ouvrage est une synthèse honnête d’un passionné d’histoire, non d’un historien. Agréable à lire, avec quand même un système de notes qui donnent de nombreuses sources.
- Charles VII, le crépuscule du Moyen Age, Georges Minois : pour moi le livre référence sur le sujet mais sa lecture n’est pas si aisée que cela et certains peu habitués aux ouvrages d’histoire risquent de craquer avant la dernière page. Attention, biographie de 800 pages suivie de presque 50 pages de notes, bibliographies, cartes et tableaux généalogiques… Le livre qu’il faut lire si on veut tout savoir sur Charles VII.
- Charles VI, Françoise Autrand : une biographie essentielle pour comprendre la jeunesse de Charles VII, ses relations avec sa mère Isabeau de Bavière, la mort de ses frères… C’est par cet ouvrage que j’ai, en fait, découvert Charles VII.
- Pour ce qui est d’Isabeau de Bavière, j’ai déjà donné les éléments précédemment.
- Pour Jeanne d’Arc, je reviendrai plus tard sur le sujet car la bibliographie est très abondante et excessivement disparate et inégale…

Maintenant, pour aborder le sujet, je voudrais d’abord dire quels sont les éléments que j’ai choisi de mettre en avant pour ne pas vous faire simplement une notice biographique :

1) Les doutes de Charles sur sa naissance et sa filiation.
2) Les relations de Charles avec Yolande d’Aragon (ou d’Anjou), sa belle mère.
3) Jeanne d’Arc (attention, je ne vais pas tout vous raconter de sa naissance à son exécution sur le bûcher).
4) Agnès Sorel
5) La fin de la guerre de Cent ans.
6) La réforme de la France sous Charles VII.
7) Les relations entre le Dauphin et le Roi.

Et tout cela, bien sûr, en peu de feuillets pour que ayez un peu de plaisir à lire sans vous lasser…

Donc, à très vite !

Shelton
avatar 30/01/2021 @ 09:52:13
Entrons donc dans le sujet Charles VII et commençons par sa naissance, bien sûr. Mais, pour nous, la question sera centrée sur les doutes de Charles sur sa naissance et sa filiation. En effet, pour lui, tout ne fut pas si simple…

Charles VII est né le 22 février 1403 à Paris. Il est le onzième enfant de Charles VI et d’Isabeau de Bavière. Il n’est nullement destiné à porter la couronne car, avant lui, Louis et Jean on survécu aux premières années de la vie, fort meurtrières à cette époque.

Depuis 1392, son père Charles VI a des absences, des coups de folie, probablement des crises de schizophrénie avec de fortes dépressions régulières. Ces moments de folie sont par fois longs de plusieurs semaines… Lorsqu’il est en crise, il est acariâtre et semble rejeter Isabeau… Et c’est là que le problème arrive…

En effet, Isabeau est jeune quand la première crise survient. Elle a 22 ans à la première crise. Va-t-elle alors coucher avec un amant pour se distraire ? Ses enfants qui naissent après 1392 sont-ils bien du roi ? Charles VII est-il bien le fils du roi Charles VI ? Est-il légitime pour porter la couronne de France ?

Les biographes de Charles VI, d’Isabeau de Bavière et de Charles VII sont maintenant assez unanimes pour affirmer que Charles VII est bien le fils de Charles VI et Isabeau de Bavière. Même si, reconnaissons-le, les preuves sont assez indirectes…

Tout d’abord, d’une façon générale, Isabeau reste longtemps amoureuse de son Charles, chaque fois qu’il retrouve sa tête ils font bien chambre commune et certains biographes se sont « amusés » à vérifier les dates de naissance et donc de conception présumée. Ils affirment qu’il y a bien de grandes chances que Charles fut conçu lors d’une « accalmie » royale…

Deuxième élément à prendre en compte est la réalité de la bâtardise à cette époque. Etre bâtard n’est pas une tare, cela ne pénalise pas et de nombreux bâtards sont à la cour du roi, dirigent des campagnes militaires, vivent heureux et même riches. Si Charles avait été bâtard, comme il n’était pas a priori destiné au trône, l’information aurait très bien pu filtrer sans problème… et ce ne fut pas le cas !

Troisième point à prendre en compte est la réponse à la question « A qui profite la rumeur de bâtardise de Charles VII ? » Là, indiscutablement, c’est la Bourgogne qui a tout à gagner… La Bourgogne a fait le choix du roi d’Angleterre. En 1420, le traité de Troyes prive le dauphin Charles de la couronne. Mais le roi d’Angleterre n’a pas été sacré à Reims et donc les choses sont assez ouvertes. A la mort de Charles VI (1422), la course est ouverte. Qui sera couronné roi à Reims ? Henri VI (petit fils de Charles VI et roi d’Angleterre, âgé d’un an) ou Charles VII (dauphin, roi de Bourges, fils de Charles VI) ? C’est pour cela que le duc de Bourgogne fait courir le bruit de la bâtardise de Charles en stimulant de nombreux écrivains à produire sur le sujet. De très nombreux écrits font référence à cette naissance douteuse mais souvent cela vient de la Bourgogne…

Enfin, dernier point à regarder est tout simplement le caractère de Charles. En effet, il n’est pas atteint de la même maladie que son père Charles VI mais il est indiscutablement mélancolique, dépressif, peu sûr de lui. Il doute en permanence et ces rumeurs sur sa bâtardise potentielle le touchent profondément. Aller à Reims dans ces conditions est une impossibilité pour lui. Il attend un signe de Dieu qui lui confirmerait sa naissance royale… En fait, sans le savoir, il attend le passage de Jeanne d’Arc dans son palais…

Shelton
avatar 01/02/2021 @ 09:21:31
Il est donc temps de passer aux relations de Charles VII avec Yolande d’Aragon (ou d’Anjou), sa belle mère…

Commençons par le début en quelque sorte. Le roi de Naples, Louis II d’Anjou épouse Yolande d’Aragon en 1400. En 1404, leur deuxième enfant est une fille, Marie. Quand on a une fille, le plus important, du moins dans la noblesse, est de lui trouver un mari qui fasse avancer les « choses » de la famille. C’est ainsi que Louis fiance sa fille Marie à Charles de Ponthieu, fils de Charles VI et Isabeau de Bavière, un enfant qui n’a aucune chance de devenir roi de France puisqu’il a déjà deux grands frères… Les fiançailles ont lieu le 20 novembre 1413 au palais du Louvres. Marie a 9 ans, Charles 10 ans…

Paris n’est pas une ville calme et Yolande n’a aucune envie de laisser sa fille à la cour de France. Elle propose donc de prendre sa fille et son futur gendre à Angers, plus au calme et de poursuivre elle-même leur éducation. Elle va donc vivre avec eux en Anjou et en Provence, loin de la guerre entre Bourguignons et Armagnacs. Cette période calme, deux ans pour être précis, va permettre un attachement entre les deux jeunes gens qui n’a rien avoir avec de l’amour. Il s’agit plutôt d’une amitié sereine et douce qui se prolongera des années durant…

Mais, le sort a décidé que la tourmente allait les toucher violement et durablement. En 1415, puis en 1417, les deux frères de Charles meurent. Mort naturelle ou empoisonnement, tout est possible en ces temps de guerre civile, mais la certitude est que Charles devient le Dauphin de France (4 avril 1417)… La même année, Yolande devient veuve…

Dès lors, Yolande restera toujours fidèle à Charles et fera tout pour qu’il défende son trône, pas pour que sa fille soit reine mais parce qu’elle est convaincue que le salut de la France et la fin de la Guerre de Cent ans passent par là… Attention, ne donnons pas à Yolande plus d’importance qu’elle n’en eut mais son influence sur Charles est certaine… D’autre part, elle fit passer ses intérêts angevins avant ceux de la France. Un équilibre délicat qui fit d’elle une femme hors normes…

On a souvent présenté Yolande comme une sorte de protectrice de Charles VII et de Jeanne d’Arc. Difficile aujourd’hui d’être catégorique mais on peut dire que beaucoup d’éléments ont été exagérés. Oui, Yolande a certainement pensé qu’il fallait présenter Jeanne comme un signe de Dieu pour stimuler la vaillance au combat de son gendre, pour le conforter dans l’idée qu’il était bien l’héritier de France… Mais delà à imaginer qu’elle aurait pu « inventer » ou « exploiter » le phénomène Jeanne d’Arc, il y a un pas que peu d’historiens sérieux franchissent… Je ne franchirai donc pas non plus ce pas !

Pour autant, on peut confirmer que Yolande restera influente de façon régulière auprès de Charles malgré ses infidélités à Marie. Il semblerait même qu’elle ait reproché à sa fille de ne pas savoir « tenir » son mari… Là encore, certains vont jusqu’à imaginer que c’est Yolande elle-même qui aurait eu l’idée de trouver une maitresse pour Charles pour le stabiliser un peu… Mais, reconnaissons que même si cette idée est tentante, Agnès Sorel entre dans la vie de Charles qu’après la mort de Yolande (elle décède le 14 novembre 1442 et Agnès rencontre Charles en mars 1443…). On pourra toujours dire que tout avait été calculé depuis longtemps mais… Allez savoir !

Je terminerai cette question délicate en disant que probablement Yolande fut plus qu’une belle-mère (« bonne mère » disait Charles) mais il n’est pas certain qu’elle fut la conseillère principale du jeune roi en quête de son royaume. Elle a certainement participé à certaines décisions importantes et elle fut aussi la mère du « bon roi René », mais c’est une autre histoire…

Shelton
avatar 02/02/2021 @ 11:08:03
Il est donc temps d'arriver à Jeanne d'Arc, personnage clef du règne de Charles VII...

Il est impressionnant de découvrir le nombre d'ouvrages consacrés à Jeanne d'Arc qui ont déjà été présentés sur le site... Fascinant !!!

Jeanne d'Arc (Le Gris, Jérôme)
Jeanne d'Arc (Michelet, Jules)
Jeanne d'Arc (Delteil, Joseph)
Jeanne d'Arc (Beaune, Colette)
Jeanne d'Arc (Pernoud, Régine Clin, Marie-Véronique)
Jeanne d'Arc (Prosper de Barante)
Jeanne d'Arc (Toureille, Valérie)
Jeanne d'Arc (Lamy, Michel)
Jeanne d'Arc (Hanne, Olivier)
Jeanne d'Arc - Jeune fille de France brûlée vive (Gallo, Max)
Jeanne d'Arc : Et Dieu donnera la victoire (Peyramaure, Michel)
Jeanne d'Arc : La reconquête de la France (Pernoud, Régine)
Jeanne d'Arc : La vérité sur un faux procès (Bournazel, Alain)
Jeanne d'Arc et le roi sans couronne (Pinson, Ugo)
Jeanne d'Arc racontée aux enfants (+ un CD) (Dargent, Raphaël)
L' Homme de l'année T02: 1431- L'Homme qui trahit Jeanne d'Arc (Corbeyran, Eric)
L'affaire Jeanne d'Arc (Senzig, Roger Gay, Marcel)
La Tapisserie de Sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc (Peguy, Charles)
Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc (Péguy, Charles)
Le procès de Kimpa Vita, la Jeanne d'Arc congolaise (Mbemba dia Benazo-Mbanzulu, Rudy)
Le roman de Jeanne d'Arc (De Villiers, Philippe)
Le roman de Jeanne d'Arc (Twain, Mark)
Les procès de Jeanne d'Arc (Duby, Georges Duby, Andrée)
Petite vie de Jeanne d'Arc (Pernoud, Régine)
Pierre Cauchon: Comment on devient le juge de Jeanne d'Arc (Favier, Jean)
Un prisonnier de guerre nommé Jeanne d'Arc (Rocolle, Pierre)
Jeanne d'Arc, Vérités et légendes (Beaune, Colette)
Jeanne d'Arc. Le procès de Rouen

Minoritaire

avatar 02/02/2021 @ 11:21:24
Il est donc temps d'arriver à Jeanne d'Arc, personnage clef du règne de Charles VII...

Il est impressionnant de découvrir le nombre d'ouvrages consacrés à Jeanne d'Arc qui ont déjà été présentés sur le site... Fascinant !!!
Tu oublies la Jehanne de F'murrr ! :-)) http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/58823

Shelton
avatar 02/02/2021 @ 11:41:01
Et j'en ai peut-être laissé passer d'autres ;)

Saint Jean-Baptiste 02/02/2021 @ 17:41:44
Il est donc temps d'arriver à Jeanne d'Arc,
On a déjà beaucoup déblatérer à propos de Jeanne d’Arc sur CL :

http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…

et pourtant, il y a encore tellement de choses à en dire…
On t’écoute, Shelton.
;-))

Shelton
avatar 02/02/2021 @ 17:49:51
Je me souviens de cette discussion mais je me limiterai aux liens avec Charles VII...

Martin1

avatar 02/02/2021 @ 23:18:43
Merci Shelton de ta contribution au forum!
Si personne n'y voit d'objection je place un petit intermède musical entre deux épisodes ;-) :
la complainte de Jehanne : https://www.youtube.com/watch?v=DNmmHPXPTxI

Une chanson écrite par mon père que je ne me suis jamais lassé d'écouter jusqu'à aujourd'hui.


Shelton
avatar 03/02/2021 @ 08:39:12
Je ne savais pas que tu étais le fils d'un Martineau... Je connaissais le disque...

Shelton
avatar 03/02/2021 @ 08:39:30
Avant de regarder de très près les relations entre Charles VII et Jeanne d’Arc, permettez-moi quelques remarques faites après avoir lu quelques ouvrages sur la question…

Tout d’abord, Jeanne se présente chez le roi à 17 ans, elle meurt brûlée vive à tout juste 19 ans. Même si ces deux âges sont approximatifs, on est proche de la vérité. C’est donc une très jeune femme qui va vivre deux ans intenses avant de disparaitre violemment. J’insiste beaucoup sur cet âge car cela est quand même un étonnement réel que de voir une femme de 17 ans pleine d’assurance, traverser la France de Lorraine aux Pays de Loire, s’adresser au roi, partir au combat, tenir tête à ses juges et aller au bûcher avec courage… Or, les documents sont tellement nombreux pour attester les grandes lignes de cette vie publique courte et intense, que nous sommes bien obligés de nous résigner… Oui, cela s’est bien passé ainsi !

Le deuxième point est aussi clair : Jeanne était de bonne foi. J’entends par là qu’elle ne mentait pas, elle croyait profondément, elle avait entendu des voix et elles suivaient ses voix. Là, c’est ce qu’elle déclare tout le temps, avec constance, sérieux… Par contre, quant à la nature exacte des voix, je laisserais chacun se faire sa vérité car c’est bien une tout autre affaire…

Voilà, le destin de Jeanne est celui d’une jeune femme, croyante, convaincue et courageuse qui va aller au bot de ce qu’elle appelle « sa mission »…

Enfin, ne polémiquons pas sur l’usage qui a été fait de Jeanne d’Arc par la suite. En effet, si la République en a fait un symbole patriotique pour mobiliser les Français qui venaient de perdre l’Alsace-Lorraine, si l’Eglise en a fait un modèle de la foi et de la pureté, si Jean-Marie Le Pen l’a prise comme icône du nationalisme, tout cela doit être effacé de nos mémoires avant de comprendre qui elle fut auprès du roi Charles VII !

Shelton
avatar 06/02/2021 @ 10:00:36
Il est donc temps de continuer à parler de Jeanne d’Arc, Jeannette pour sa famille, Jeanne la Pucelle pour ses contemporains… Certains m’ayant posé des questions précises, je vais tâcher d’y répondre, du moins de proposer les réponses qui semblent les plus solides compte tenu des recherches historiques… Car chez cette femme, qu’on le veuille ou nom, il y aura toujours une part de mystère, de sacré, d’intime que l’historien ne pourra pas éclaircir au maximum…

Par contre, il y a bien des certitudes ! Jeanne fut-elle un homme caché ? Non, Jeanne fut bien une femme, une jeune femme. Je sais que cela décevra certains mais elle fut examinée au moins deux fois par un groupe de femmes différent quant à sa virginité. A cette occasion, les rapports établis par écrit précisent sa féminité et sa virginité apparente. Il eut été très difficile de mentir d’autant plus quand dans le cadre du procès, le deuxième examen, cela aurait arrangé le tribunal qu’elle fût un homme. Donc, on peut réellement considérer que Jeanne était bien une femme, une jeune femme, apparemment vierge (sur ce point l’examen est toujours plus délicat à valider).

La thèse de Jeanne bâtarde royale a circulé un moment mais là encore, à une époque où la bâtardise n’est pas considérée comme une tare il est difficile de comprendre pourquoi cela aurait été caché. D’autant plus, qu’il aurait fallu considérer que cette bâtarde aurait été cachée du côté de Vaucouleurs ce qui n’aurait aucun sens. La vie de la famille de Jeanne est bien attestée dans la région et donc l’historien aujourd’hui parle d’une jeune femme de cette région, Jeanne la Pucelle… Compte tenu de son âge approximatif, 17 ans environ quand elle part pour la cour du roi de Bourges, il est aussi folklorique de lui créer un passé de bergère. En fait, beaucoup de jeunes de son époque, elle a aidé aux tâches de la famille, elle allait donner un coup de main pour les animaux mais elle était encore très jeune !

On connait ses activités par les procès, condamnation et réhabilitation, car certains de ses contemporains témoignèrent. On dit donc qu’elle fut pieuse et qu’elle participait aux travaux de la famille et du village comme la moisson ou la conduite des animaux en extérieur… Quant aux voix, il n’y a là que son témoignage et bien sûr il y eut de nombreux auteurs, experts et autres spécialistes pour affirmer qu’elle ne pouvait être que sorcière, folle, schizophrène ou hystérique… La consultation post mortem étant toujours délicate et aléatoire, c’est là que chacun mettra les mots qui lui conviennent et quant à moi j’aime à croire et penser que l’intimité de sa pensée peut rester secrète sans que cela pose le moindre problème… Ce qui est certain c’est qu’une femme qui agit, une femme qui est différente et libre n’est pas une sorcière même si de nombreuses femmes ont terminé sur le bûcher pour moins que cela…

Ce qui est plus mystérieux réside dans le fait qu’elle va réussir à convaincre le seigneur de Baudricourt qu’elle doit aller rencontrer le roi à Chinon pour l’aider et le faire sacrer. Toujours assez délicat de comprendre comment elle va s’y prendre mais ce qui est avéré c’est que Baudricourt lui accorde bien une escorte de 6 personnes pour l’accompagner jusqu’au roi…

Il est aussi certain qu’elle va, à partir de ce voyage, adopter les vêtements masculins beaucoup plus adaptés à un tel déplacement.

Et c’est ainsi qu’elle arrive jusqu’à la cour du roi et c’est alors que commence réellement l’épopée de Jeanne la Pucelle…

Shelton
avatar 13/02/2021 @ 15:24:48
Même si je mets du temps, je vais aller au bout de mon projet concernant Charles VII et Jeanne d’Arc, c'est-à-dire essayer de comprendre pourquoi nous nous sommes construits cette image de ces deux personnages… Un Charles VII petit, instable, fragile, mal conseillé… et une Jeanne d’Arc courageuse et indispensable à la France… Nous avons déjà vu comment était Jeanne en particulier avant de rencontrer Charles VII, venons-en maintenant à la rencontre…

Tout d’abord, oublions l’image d’Epinal qui présente Jeanne directement au roi, celle encore plus imaginaire d’un roi qui s’amuse à se déguiser pour piéger Jeanne… En fait, Jeanne arrive à Chinon et elle va commencer par rencontrer quelques acteurs de la cour avant de rencontrer le roi… Probablement deux jours après elle va être présentée au roi, il ne s’est pas caché mais elle est allée directement vers lui alors qu’elle ne le connaissait pas… Mais le plus étonnant, le seul mystère de cette première rencontre est le contenu de l’entretien privé sur lequel jamais rien n’a filtré…

Jeanne a toujours refusé de dire ce qu’ils s’étaient dit et, du coup, bien sûr, les langues et les imaginations se sont laissé aller à la grande création la nature n’aimant pas le vide. Difficile d’aller plus loin mais on peut penser que Jeanne a dit à Charles quelques petites choses qui soit lui ont donné confiance, soit l’ont rassuré sur l’origine de cette Pucelle Lorraine… Certains ont dit que c’est là que Yolande d’Aragon prend sa place et qu’elle aurait conseillé Jeanne pour pousser Charles à relever la tête… Mais rien n’est moins sûr…

Ce qui est certain, c’est qu’après cette première rencontre Charles VII va accepter de donner à Jeanne les moyens humains et matériels de partir pour Orléans toujours assiégée par les Anglais… Certains se sont demandé comment Jeanne avait pu délivrer Orléans mais la question n’est pas si simple que cela… Jeanne n’est pas une militaire mais elle a une force de cohésion, une dynamique à partager, un enthousiasme à répandre, une foi indéfectible… C’est bien là qu’il faut rechercher sa force étonnante car pour le reste les chefs militaires que Charles VII lui délègue sont à la hauteur… Quant aux habitants d’Orléans, aux soldats déjà sur place, le fait de savoir que le roi venait à leur rencontre pour les sauver, cela suffisait à décupler leurs forces…

Nous n’allons pas détailler les différentes étapes de ces combats, reprenons simplement quelques éléments factuels pour fixer les choses : elle arrive à Chinon le 4 mars 1429, le 5 avril elle part pour Orléans, le 8 mai la ville est entièrement libre… Le roi, Charles VII est sacré à Reims, en présence de Jeanne d’Arc, le 17 juillet 1429… Jeanne a probablement alors 17 ans et elle vient d’accomplir ce qu’elle considérait comme sa mission vis-à-vis de ses « voix »…

Voilà, c’est ce que l’on appelle généralement l’épopée de Jeanne et les historiens considèrent que cette femme fut avant tout un porte-étendard du roi… mais quand même pas une stratège hors-normes…

Après, les choses sont moins claires et moins glorieuses, Jeanne insiste pour aller délivrer Paris (8 septembre 1429) mais certains conseillers du roi font tout pour ne pas aider Jeanne et ceux qui l’accompagnent. L’échec est là, la blessure aussi pour Jeanne. Quelques mois plus tard, elle est faite prisonnière par les Bourguignons à Compiègne (23 mai 1430).

Certes, fidèle à ce qu’elle est, elle tente au moins deux fois de s’échapper mais sans succès. Le 21 novembre 1430, les Bourguignons la vendent aux Anglais pour 10000 livres tournois… On pourrait dire que pour elle, la messe est dite…

Dans un dernier volet, nous aborderons le procès et la question cruciale : pourquoi son bon roi Charles VII n’a pas tenter de la délivrer ?

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