Je cite Fanou:
'Chapitre 5 à 10
Premier "chapitre sans numéro" assez intriguant. Rien que le libellé est curieux, pourquoi l'avoir appelé comme cela et ne l'avoir pas du tout nommé ?'
Libellé? Peux-tu préciser Fanou?
*
Si je réfère à l'édition que j'ai en main (Livre de Poche), voici la liste des passages 'inter-chapitres' que je relève:
Entre les chapitre 2 et 3 j'ai un passage sans titre et sans numéro de chapitre (imprimé sur l'endos de la page où le chapitre 2 se termine), qui commence par 'Nous ne nous orientons plus...'
Entre les chapitre 6 et 7 j'ai un passage sans titre et sans numéro de chapitre qui commence par 'Que pourrais-je écrire d'autre?'
Entre les chapitre 12 et 13 j'ai un passage sans titre et sans numéro de chapitre (imprimé sur l'endos de la page où le chapitre 12 se termine) qui commence par 'Les voitures s'approchaient de la périphérie...'
Au début de la seconde partie, j'ai un passage sans titre et sans numéro de chapitre (imprimé en recto verso sur une seule page) qui commence par 'Le printemps revint, puis passa.'
Entre les chapitres 18 et 19, j'ai 2 passages à la file sans titre et sans numéro de chapitre (chacun imprimé en recto verso sur une page) l'un commence par 'Vous n'avez rien trouvé?' et l'autre commence par 'Il était une fois un général...'
'Chapitre 5 à 10
Premier "chapitre sans numéro" assez intriguant. Rien que le libellé est curieux, pourquoi l'avoir appelé comme cela et ne l'avoir pas du tout nommé ?'
Libellé? Peux-tu préciser Fanou?
*
Si je réfère à l'édition que j'ai en main (Livre de Poche), voici la liste des passages 'inter-chapitres' que je relève:
Entre les chapitre 2 et 3 j'ai un passage sans titre et sans numéro de chapitre (imprimé sur l'endos de la page où le chapitre 2 se termine), qui commence par 'Nous ne nous orientons plus...'
Entre les chapitre 6 et 7 j'ai un passage sans titre et sans numéro de chapitre qui commence par 'Que pourrais-je écrire d'autre?'
Entre les chapitre 12 et 13 j'ai un passage sans titre et sans numéro de chapitre (imprimé sur l'endos de la page où le chapitre 12 se termine) qui commence par 'Les voitures s'approchaient de la périphérie...'
Au début de la seconde partie, j'ai un passage sans titre et sans numéro de chapitre (imprimé en recto verso sur une seule page) qui commence par 'Le printemps revint, puis passa.'
Entre les chapitres 18 et 19, j'ai 2 passages à la file sans titre et sans numéro de chapitre (chacun imprimé en recto verso sur une page) l'un commence par 'Vous n'avez rien trouvé?' et l'autre commence par 'Il était une fois un général...'
Maintenant savoir dans quelle mesure ces idées reflètent celles de l'auteur, c'est difficile de dire, mais quoi qu'il en soit, comme tu le soulignes, c'est bien là un procédé plutôt ingénieux qui lui permet de s'exprimer tout en 'protégeant ses arrières'.
J'exprime ici mon propre ressenti bien sûr, étant à ma première lecture de l'auteur, je ne connais évidemment pas bien les idées qu'il véhicule à travers ses romans.
Je pense aussi que malgré le blocus, il y avait sans doute de la contrebande, non?
Forcément!
Donc dans le livre, mème si ce n'est pas explicitement dit, c'est peut-être tout simplement de cela qu'il s'agit, d'alcool de contrebande
chapitre 5 à 10
J'aime toujours beaucoup. C'est un roman d'ambiance bien sûr mais Kadaré sait y mettre un peu de rythme en intégrant des éléments nouveaux: ici les "collègues" (des allemands je présume ?) qui viennent aussi chercher leur mort. Tout le monde creuse: le ton est à la fois tragique et ridicule.
Oui j'ai remarqué aussi cet autre bizarerie, - en plus de celle de ne pas donner de noms aux personnages -, il n' ya pas de nationalités non plus. On comprends aisément que le Général et le Prêtre sont italiens, mais a aucun moment on ne nous le dis spécifiquement.
Oui j'ai remarqué aussi cet autre bizarerie, - en plus de celle de ne pas donner de noms aux personnages -, il n' ya pas de nationalités non plus. On comprends aisément que le Général et le Prêtre sont italiens, mais a aucun moment on ne nous le dis spécifiquement.
Pour un Albanais (et sans être trop cliché) il y a les Albanais et les Étrangers...
Terminé du chapitre XV au XX.
Dans la deuxième partie il m’a semblé que le récit se ralentissait ; pourtant le contenu et toujours aussi dense. Je pense que l’auteur veut faire passer la durée de cette mission qui n’en finit pas et qui devient de plus en plus pénible.
Le général se désespère, il comprend l’absurdité de sa mission, et son inutilité. On lui tire dessus. Après tout il est en pays ennemi et rapatrier ses morts, c’est un peu continuer la guerre. Et puis il commence à comprendre que déterrer des morts c’est une sorte de sacrilège. Et la mort du contremaître vient comme une confirmation. Il finit pas se sentir coupable.
Mais je trouve que c’est quand même un homme de devoir. Il a accepté une mission, même s’il la trouve absurde, il doit l’exécuter, et il le fait de son mieux. Vraiment j’ai de la sympathie pour cet homme. Et, finalement, je trouve que le prêtre est bien à sa place. Ça doit être pénible de vivre tous les jours avec ce général. Et même avec n’importe qui. Ça doit être très difficile de vivre pendant deux ans en tête à tête toujours avec le même bonhomme… surtout pour faire un job qui est désespérant et auquel on ne croit plus.
Maintenant que la mission touche à sa fin, la rigueur du climat et les descriptions des montagnes hostiles (chapitre XIX) participent à la dramatisation du récit ; et on dirait que ça vient accentuer encore la condamnation de cette maudite mission. C’est vraiment du grand art.
Jusqu’à présent, on parle peu du style. A mon avis ça veut dire qu’il est excellent. Ne dit-on pas que le meilleur style est celui qui ne se voit pas.
La scène du général et du prêtre qui vont à la noce est un morceau d’anthologie.
Et le colonel Z refait surface… Je crois qu’en même temps l’auteur veut nous réconcilier avec le peuple albanais. Un peuple accueillant s’il en est. Je pense que si, après la guerre, des « Boches » s’étaient invités à une noce de village, ça ne se serait pas passé comme ça, vous ne croyez pas ?
Dans la deuxième partie il m’a semblé que le récit se ralentissait ; pourtant le contenu et toujours aussi dense. Je pense que l’auteur veut faire passer la durée de cette mission qui n’en finit pas et qui devient de plus en plus pénible.
Le général se désespère, il comprend l’absurdité de sa mission, et son inutilité. On lui tire dessus. Après tout il est en pays ennemi et rapatrier ses morts, c’est un peu continuer la guerre. Et puis il commence à comprendre que déterrer des morts c’est une sorte de sacrilège. Et la mort du contremaître vient comme une confirmation. Il finit pas se sentir coupable.
Mais je trouve que c’est quand même un homme de devoir. Il a accepté une mission, même s’il la trouve absurde, il doit l’exécuter, et il le fait de son mieux. Vraiment j’ai de la sympathie pour cet homme. Et, finalement, je trouve que le prêtre est bien à sa place. Ça doit être pénible de vivre tous les jours avec ce général. Et même avec n’importe qui. Ça doit être très difficile de vivre pendant deux ans en tête à tête toujours avec le même bonhomme… surtout pour faire un job qui est désespérant et auquel on ne croit plus.
Maintenant que la mission touche à sa fin, la rigueur du climat et les descriptions des montagnes hostiles (chapitre XIX) participent à la dramatisation du récit ; et on dirait que ça vient accentuer encore la condamnation de cette maudite mission. C’est vraiment du grand art.
Jusqu’à présent, on parle peu du style. A mon avis ça veut dire qu’il est excellent. Ne dit-on pas que le meilleur style est celui qui ne se voit pas.
La scène du général et du prêtre qui vont à la noce est un morceau d’anthologie.
Et le colonel Z refait surface… Je crois qu’en même temps l’auteur veut nous réconcilier avec le peuple albanais. Un peuple accueillant s’il en est. Je pense que si, après la guerre, des « Boches » s’étaient invités à une noce de village, ça ne se serait pas passé comme ça, vous ne croyez pas ?
@Space Cadet et Fanou
Premier "chapitre sans numéro" assez intriguant.
Je pense aussi que ces chapitres sans numéro ont été rajouté après les re-lectures du manuscrit.
Je crois qu’un auteur se demande toujours s’il s’est bien fait comprendre, s’il a bien tout dit. Et il est tenté de faire des « rajoutes ».
A mon avis, ces chapitres sans numéro n’ajoute rien au roman. L’auteur parle, par exemple, d’un interview avec des journalistes. Je suppose que c’est pour nous dire que les journalistes sont assommants.
Ailleurs, il parle d’un conte qui doit toujours finir avec un ours. Probablement qu’il a regretté de ne pas avoir mis un ours dans son décors de montagnes…
Ça doit être un auteur inquiet, vous ne croyez pas… (c’est pas un défaut, hein!). ;-))
Libellé? Peux-tu préciser Fanou?
*
Si je réfère à l'édition que j'ai en main (Livre de Poche), voici la liste des passages 'inter-chapitres' que je relève:
Entre les chapitre 2 et 3 j'ai un passage sans titre et sans numéro de chapitre (imprimé sur l'endos de la page où le chapitre 2 se termine), qui commence par 'Nous ne nous orientons plus...'
Oui oui c'est bien les mêmes ! Ce que je veux dire c'est que l'entête de ces chapitres est libellé "chapitres sans numéro" et je trouve ça plutôt étrange. Pourquoi n'avoir rien mis du tout ? On dirait des annotations faites par l'auteur à l'éditeur qui ont été reprises telles quelles.
Chapitre 11 à 16
Je suis bien pris dans le roman, par ce rythme lancinant.
Une chose m'a échappée au chapitre "sans numéro" suivant le chapitre 12: apparemment le magasinier refuse de prendre le soldat qui avait déserté chez le meunier car "c'est contraire au protocole". Pourquoi: parce qu'il n'était pas sur les listes du Général ? Je n'ai pas bien compris.
Le vol de cercueil dans le cimetière en V est vraiment tragi-comique. Je trouve que cela illustre bien le ton général du roman.
Pour rebondir ce que vous avez dit sur le fait que ce sont des étrangers qui sont les narrateurs: vos réflexions ont évoqués pour moi le procédé bien connu qu'on trouve dans les "Lettres Persanes" où Montesquieu "se déguise" sous deux persans pour s'étonner du fonctionnement de la société de l'époque.
Mais je suis d'accord avec Space pour dire que chez Kadaré le dispositif est ambigu: d'un coté il met beaucoup de pommade au peuple albanais (fier, courageux, sens de l'honneur, dur à la tâche, noble, etc...) mais cela peut-être aussi comme une critique (les vendettas en particulier), sans parler de cette phrase terrible du prêtre ou du général, je ne sais plus: "avec ou sans arme, ce peuple est voué à disparaître".
Je suis bien pris dans le roman, par ce rythme lancinant.
Une chose m'a échappée au chapitre "sans numéro" suivant le chapitre 12: apparemment le magasinier refuse de prendre le soldat qui avait déserté chez le meunier car "c'est contraire au protocole". Pourquoi: parce qu'il n'était pas sur les listes du Général ? Je n'ai pas bien compris.
Le vol de cercueil dans le cimetière en V est vraiment tragi-comique. Je trouve que cela illustre bien le ton général du roman.
Pour rebondir ce que vous avez dit sur le fait que ce sont des étrangers qui sont les narrateurs: vos réflexions ont évoqués pour moi le procédé bien connu qu'on trouve dans les "Lettres Persanes" où Montesquieu "se déguise" sous deux persans pour s'étonner du fonctionnement de la société de l'époque.
Mais je suis d'accord avec Space pour dire que chez Kadaré le dispositif est ambigu: d'un coté il met beaucoup de pommade au peuple albanais (fier, courageux, sens de l'honneur, dur à la tâche, noble, etc...) mais cela peut-être aussi comme une critique (les vendettas en particulier), sans parler de cette phrase terrible du prêtre ou du général, je ne sais plus: "avec ou sans arme, ce peuple est voué à disparaître".
Chapitre 11 à 16
Une chose m'a échappée au chapitre "sans numéro" suivant le chapitre 12: apparemment le magasinier refuse de prendre le soldat qui avait déserté chez le meunier car "c'est contraire au protocole". Pourquoi: parce qu'il n'était pas sur les listes du Général ? Je n'ai pas bien compris
Pour moi le protocole c'est suivre les listes donc pas repris on laisse.
Car rien n'indique l'exclusion des déserteurs.
Mais c'est juste un avis...
Chapitre 11 à 16
Mais je suis d'accord avec Space pour dire que chez Kadaré le dispositif est ambigu: d'un coté il met beaucoup de pommade au peuple albanais (fier, courageux, sens de l'honneur, dur à la tâche, noble, etc...) mais cela peut-être aussi comme une critique (les vendettas en particulier), sans parler de cette phrase terrible du prêtre ou du général, je ne sais plus: "avec ou sans arme, ce peuple est voué à disparaître".
Je retrouve la description des albanais fait par l'auteur dans "Avril brisé".
Dans ce livre, on y trouve une description d'une terrible coutume le « Kanun » qui a coûté la vie à des milliers de personnes et l'hospitalité légendaire d'autre part de l'albanais.
Jules l'explique très bien dans sa critique.
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/4928
Cela pourrait aider à mieux comprendre les différentes facettes albanaises reprises dans notre lecture.
Par contre concernant la phrase terrible "avec ou sans arme, ce peuple est voué à disparaître" , je me demande s'il ne parlait du peuple de "hier, du passé", qu'ils devront se "moderniser" pour continuer d'exister.
Oui j'ai remarqué aussi cet autre bizarerie, - en plus de celle de ne pas donner de noms aux personnages -, il n' ya pas de nationalités non plus. On comprends aisément que le Général et le Prêtre sont italiens, mais a aucun moment on ne nous le dis spécifiquement.
Pour un Albanais (et sans être trop cliché) il y a les Albanais et les Étrangers...
En fait je me demandais si ce n'était pas une technique voulu par le romancier, encore une fois pour créer une distance entre les personnages et le lectuers...
Par contre pour avoir été en Albanie en juin de l'année dernière (bien avant toute cette folie COVID-19), je peux t'assurer que les "étrangers", - surtout ceux qui payent en Euros -, ils n'y sont pas indifférents du tout!
Livre terminé.
Beaucoup n’ont pas fini, semble-t-il, évitons donc les « spoilers ».
J’ai été conquis par ce livre. Les derniers chapitres, où on voit le général à la dérive après sa lugubre présence à la noce, sont magnifiques.
La nuit de saoulerie avec le lieutenant-général est impayable ! En quelques dialogues bien frappés, l’auteur a réussi la psychologie parfaite du lieutenant-général : un brave type, mais un égocentrique qui parle de lui sans jamais écouter les autres. C’est un portait plus vrai que nature ! Et les réactions du général : « bien fait pour toi ! » ou encore : « cessez, si vous voulez bien, de me parler de ce stade avec cette fille à l’imperméable bleu... », sont tapées juste.
Tous ces dialogues se passent avec beaucoup de déférence, ce sont des êtres policés, perdus dans un pays de sauvages… Le contraste est amusant. Un peuple de sauvages mais avec des traditions d’accueil et un respect de l’étranger vraiment étonnant.
Beaucoup n’ont pas fini, semble-t-il, évitons donc les « spoilers ».
J’ai été conquis par ce livre. Les derniers chapitres, où on voit le général à la dérive après sa lugubre présence à la noce, sont magnifiques.
La nuit de saoulerie avec le lieutenant-général est impayable ! En quelques dialogues bien frappés, l’auteur a réussi la psychologie parfaite du lieutenant-général : un brave type, mais un égocentrique qui parle de lui sans jamais écouter les autres. C’est un portait plus vrai que nature ! Et les réactions du général : « bien fait pour toi ! » ou encore : « cessez, si vous voulez bien, de me parler de ce stade avec cette fille à l’imperméable bleu... », sont tapées juste.
Tous ces dialogues se passent avec beaucoup de déférence, ce sont des êtres policés, perdus dans un pays de sauvages… Le contraste est amusant. Un peuple de sauvages mais avec des traditions d’accueil et un respect de l’étranger vraiment étonnant.
Chapitre 17 à 20
J'attaque le début de la deuxième partie.
Cela m'a fait sourire: Kadaré ne veut décidément pas entendre parler de la joie que pourrait apporter la description du printemps: cette saison, et l'été dans la foulée, est expédiée rapidement ('le printemps revint, puis passa") et hop enfin on retrouve rapidement notre bonne vieille mauvaise saison albanaise, la pluie, la boue, le gris...On a vraiment une sensation d'éternel recommencement, très net quand le Général revient en Albanie:
"Le décor était le même; sur la piste déserte, toujours les mêmes gens, avec les mêmes mots proférés à travers le même sourire froid, assortis des mêmes fautes de prononciations que l'année précédente"
On voit des cette partie à nouveau un témoignage d'un soldat: la guerre prend vie de plus en plus à travers les échos de ces soldats. La mort du vieil ouvrier déclenche un mécanisme qui jusque là n'était pas apparu sauf erreur de ma part: on entend directement les albanais converser entre eux. D'étrangers inatteignables et mystérieux vu à travers le prisme du général, voilà qu'on a accès à eux en direct.
C'est toujours la joie en tout cas: "Vous ne trouverez dans ces tombes que le silence et les ténèbres..."
Enfin bon la mission prend fin ouf ! Le Général va aller faire la fête en s’incrustant dans une noce. Franchement vu comme c'est présenté on voit tout de suite que ce n'est pas une bonne idée...Le chapitre 20 qui relate tout ça m'a éprouvé. Il est déjà me semble-t-il beaucoup plus long que les autres. Quel moment terrible ! Mais quel maîtrise il a ce Kadaré, surtout pour un premier roman. Chapeau ! Et là aussi les albanais à travers la vieille Nice prennent directement la parole.
J'attaque le début de la deuxième partie.
Cela m'a fait sourire: Kadaré ne veut décidément pas entendre parler de la joie que pourrait apporter la description du printemps: cette saison, et l'été dans la foulée, est expédiée rapidement ('le printemps revint, puis passa") et hop enfin on retrouve rapidement notre bonne vieille mauvaise saison albanaise, la pluie, la boue, le gris...On a vraiment une sensation d'éternel recommencement, très net quand le Général revient en Albanie:
"Le décor était le même; sur la piste déserte, toujours les mêmes gens, avec les mêmes mots proférés à travers le même sourire froid, assortis des mêmes fautes de prononciations que l'année précédente"
On voit des cette partie à nouveau un témoignage d'un soldat: la guerre prend vie de plus en plus à travers les échos de ces soldats. La mort du vieil ouvrier déclenche un mécanisme qui jusque là n'était pas apparu sauf erreur de ma part: on entend directement les albanais converser entre eux. D'étrangers inatteignables et mystérieux vu à travers le prisme du général, voilà qu'on a accès à eux en direct.
C'est toujours la joie en tout cas: "Vous ne trouverez dans ces tombes que le silence et les ténèbres..."
Enfin bon la mission prend fin ouf ! Le Général va aller faire la fête en s’incrustant dans une noce. Franchement vu comme c'est présenté on voit tout de suite que ce n'est pas une bonne idée...Le chapitre 20 qui relate tout ça m'a éprouvé. Il est déjà me semble-t-il beaucoup plus long que les autres. Quel moment terrible ! Mais quel maîtrise il a ce Kadaré, surtout pour un premier roman. Chapeau ! Et là aussi les albanais à travers la vieille Nice prennent directement la parole.
Libellé? Peux-tu préciser Fanou?
*
Si je réfère à l'édition que j'ai en main (Livre de Poche), voici la liste des passages 'inter-chapitres' que je relève:
Entre les chapitre 2 et 3 j'ai un passage sans titre et sans numéro de chapitre (imprimé sur l'endos de la page où le chapitre 2 se termine), qui commence par 'Nous ne nous orientons plus...'
Oui oui c'est bien les mêmes ! Ce que je veux dire c'est que l'entête de ces chapitres est libellé "chapitres sans numéro" et je trouve ça plutôt étrange. Pourquoi n'avoir rien mis du tout ? On dirait des annotations faites par l'auteur à l'éditeur qui ont été reprises telles quelles.
Merci Fanou, ta réponse confirme ce que mon petit doigt me disait: dans l'édition que je possède il n'y a pas de libellé 'chapitre sans numéro'.
Et je ne retrouve pas non plus le passage que tu cite 'Le décor était le même...'
Je n'arrive pas non plus à retracer la phrase citée par SJB 'Cessez, si vous voulez bien, de me parler de ce stade...' .
Chapitre 11 à 16
Une chose m'a échappée au chapitre "sans numéro" suivant le chapitre 12: apparemment le magasinier refuse de prendre le soldat qui avait déserté chez le meunier car "c'est contraire au protocole". Pourquoi: parce qu'il n'était pas sur les listes du Général ? Je n'ai pas bien compris
Pour moi le protocole c'est suivre les listes donc pas repris on laisse.
Car rien n'indique l'exclusion des déserteurs.
Mais c'est juste un avis...
Ton hypothèse semble plausible Koudoux mais comme tu le soulignes, ça pause la question de savoir si et pour quelle raison les déserteurs auraient été exclus des listes.
Oui j'ai remarqué aussi cet autre bizarerie, - en plus de celle de ne pas donner de noms aux personnages -, il n' ya pas de nationalités non plus. On comprends aisément que le Général et le Prêtre sont italiens, mais a aucun moment on ne nous le dis spécifiquement.
Pour un Albanais (et sans être trop cliché) il y a les Albanais et les Étrangers...
En fait je me demandais si ce n'était pas une technique voulu par le romancier, encore une fois pour créer une distance entre les personnages et le lectuers...
Par contre pour avoir été en Albanie en juin de l'année dernière (bien avant toute cette folie COVID-19), je peux t'assurer que les "étrangers", - surtout ceux qui payent en Euros -, ils n'y sont pas indifférents du tout!
Il faut faire la nuance entre 'touriste' et 'étranger'.... Ca n'est pas la même chose. Du moins, de mon point de vue.
Oui j'ai remarqué aussi cet autre bizarerie, - en plus de celle de ne pas donner de noms aux personnages -, il n' ya pas de nationalités non plus. On comprends aisément que le Général et le Prêtre sont italiens, mais a aucun moment on ne nous le dis spécifiquement.
Pour un Albanais (et sans être trop cliché) il y a les Albanais et les Étrangers...
En fait je me demandais si ce n'était pas une technique voulu par le romancier, encore une fois pour créer une distance entre les personnages et le lectuers...
Par contre pour avoir été en Albanie en juin de l'année dernière (bien avant toute cette folie COVID-19), je peux t'assurer que les "étrangers", - surtout ceux qui payent en Euros -, ils n'y sont pas indifférents du tout!
Il faut faire la nuance entre 'touriste' et 'étranger'.... Ca n'est pas la même chose. Du moins, de mon point de vue.
Oui, et la question est vite réglée, à cette époque il n'y avait pas de touristes, croyez moi !
J'ai terminé ma lecture. Voici quelques-uns des commentaires que ça soulève chez moi.
ATTENTION, mes commentaires comportent quelques SPOILERS.
CHAPITRES 17 à 20
La NOCE : plutôt bien décrit, cela évoque bien l’ambiance de la fête. Le personnage du général a beau être caractérisé par son manque de discernement, là je trouve que compte tenu des circonstances où ils se trouvent, l’envoyer se mêler d’un mariage c’est un peu pousser le bouchon ; puis le faire danser, encore pire ! L’auteur s’amuse et cherche visiblement à amuser ses lecteurs.
L’histoire du COLONEL Z qui nous est finalement révélée n’a rien d’étonnant je trouve. Je m’attendais un peu à quelque chose du genre. Cela dit, l’énigme qui traîne d’un chapitre à l’autre autour de ce personnage ne m’a pas ‘accroché’. Je savais dès le début que cette histoire servait d’appât (en mettant un peu de suspense dans le récit), du coup, je m’en suis désintéressé si bien que lorsqu’elle rebondit au chapitre 20, l’effet voulu n’a pas fonctionné pour moi. En revanche je trouve que le côté dramatique et théâtral (limite burlesque) de la scène est plutôt bien rendu.
Le passage où les deux compères s’égarent parmi les rues de la ville avec le SAC sur l’épaule m’a fait rire ; ici l’auteur semble encore une fois s'amuser, ici en soumettant ses personnages à tous les supplices ! En même temps, j’ai eu du mal à croire qu’ils aient pu se perdre, mais bon, ça fait rire quand même.
CHAPITRES 21 à 25 et Fin
La réaction impulsive du général lorsqu’il donne un coup de pied dans le SAC, même s’il est exaspéré par l’affront qu’il vient de subir, même s’il est en colère, etc., ne me semble pas correspondre au personnage ; je le perçois comme un homme au caractère rigide, fidèle à son état (militaire), et non pas comme un impulsif. J’ai eu l’impression que ce mouvement, cette impulsion émanait de l’auteur et non pas du personnage. Puis en même temps, je trouve la faiblesse de la réaction du prêtre difficile à comprendre.
La discussion au chapitre 23 entre les deux généraux puis au chapitre 25, le ‘deal’ proposé par l’Allemand, les télégrammes qui ne cessent d’arriver, tout cela m’a bien fait rire.
Après le chapitre 25, viennent les deux derniers chapitres (dans mon édition) qui sont marqués ‘Avant-dernier chapitre’ et ‘Dernier chapitre’ ; je n’ai pas compris pourquoi, pour quelle raison ils sont ainsi libellés.
La conclusion du récit: pour moi ça n'est pas très clair, mais bon, disons qu’il fallait bien trouver une manière de clore l’histoire…
Au sujet des PASSAGES NON NUMEROTES, alors qu’ils sont tous narrés à la troisième personne, je trouve étrange que l’un d’eux (celui entre les chapitres 6 et 7) le soit à la première. Qui est ce ‘je’ ? L’auteur ou le narrateur ?
Puis au final, tous ces passages entre les chapitres, même s’ils s’intègrent plutôt bien au récit, me donnent l’impression que n’étant pas satisfait de son travail, l’auteur y revient, fait des ajouts ici et là (tel que le confirment d'ailleurs vos commentaires à ce propos), et au bout du compte ça donne un produit qui a l’air de ne pas être fini.
ATTENTION, mes commentaires comportent quelques SPOILERS.
CHAPITRES 17 à 20
La NOCE : plutôt bien décrit, cela évoque bien l’ambiance de la fête. Le personnage du général a beau être caractérisé par son manque de discernement, là je trouve que compte tenu des circonstances où ils se trouvent, l’envoyer se mêler d’un mariage c’est un peu pousser le bouchon ; puis le faire danser, encore pire ! L’auteur s’amuse et cherche visiblement à amuser ses lecteurs.
L’histoire du COLONEL Z qui nous est finalement révélée n’a rien d’étonnant je trouve. Je m’attendais un peu à quelque chose du genre. Cela dit, l’énigme qui traîne d’un chapitre à l’autre autour de ce personnage ne m’a pas ‘accroché’. Je savais dès le début que cette histoire servait d’appât (en mettant un peu de suspense dans le récit), du coup, je m’en suis désintéressé si bien que lorsqu’elle rebondit au chapitre 20, l’effet voulu n’a pas fonctionné pour moi. En revanche je trouve que le côté dramatique et théâtral (limite burlesque) de la scène est plutôt bien rendu.
Le passage où les deux compères s’égarent parmi les rues de la ville avec le SAC sur l’épaule m’a fait rire ; ici l’auteur semble encore une fois s'amuser, ici en soumettant ses personnages à tous les supplices ! En même temps, j’ai eu du mal à croire qu’ils aient pu se perdre, mais bon, ça fait rire quand même.
CHAPITRES 21 à 25 et Fin
La réaction impulsive du général lorsqu’il donne un coup de pied dans le SAC, même s’il est exaspéré par l’affront qu’il vient de subir, même s’il est en colère, etc., ne me semble pas correspondre au personnage ; je le perçois comme un homme au caractère rigide, fidèle à son état (militaire), et non pas comme un impulsif. J’ai eu l’impression que ce mouvement, cette impulsion émanait de l’auteur et non pas du personnage. Puis en même temps, je trouve la faiblesse de la réaction du prêtre difficile à comprendre.
La discussion au chapitre 23 entre les deux généraux puis au chapitre 25, le ‘deal’ proposé par l’Allemand, les télégrammes qui ne cessent d’arriver, tout cela m’a bien fait rire.
Après le chapitre 25, viennent les deux derniers chapitres (dans mon édition) qui sont marqués ‘Avant-dernier chapitre’ et ‘Dernier chapitre’ ; je n’ai pas compris pourquoi, pour quelle raison ils sont ainsi libellés.
La conclusion du récit: pour moi ça n'est pas très clair, mais bon, disons qu’il fallait bien trouver une manière de clore l’histoire…
Au sujet des PASSAGES NON NUMEROTES, alors qu’ils sont tous narrés à la troisième personne, je trouve étrange que l’un d’eux (celui entre les chapitres 6 et 7) le soit à la première. Qui est ce ‘je’ ? L’auteur ou le narrateur ?
Puis au final, tous ces passages entre les chapitres, même s’ils s’intègrent plutôt bien au récit, me donnent l’impression que n’étant pas satisfait de son travail, l’auteur y revient, fait des ajouts ici et là (tel que le confirment d'ailleurs vos commentaires à ce propos), et au bout du compte ça donne un produit qui a l’air de ne pas être fini.
Début de la seconde partie, jusqu'au chapitre 20.
On est clairement dans la continuité, plutôt "nuit et brouillard" que "sex and sun" !!
Effectivement Ismaïl Kadaré expédie sans autre forme de procès la belle saison, comme si elle n'avait pas cours en Albanie. De fait, à l'époque au moins, elle n'avait pas cours, merci Enver Hojda !
Le Chapitre le plus marquant est le 20, celui de la noce, qui nous ramène le Général sur terre après une certaine euphorie liée à la fin de la mission enfin là. Sur terre, et la terre d'Albanie.
Je ne l'ai pas relevé mais c'est je crois entre Chapitres 10 à 15 (?), il est fait mention à Tirana d'une Avenue ... Marcel Cachin !!! Comme dans les villes communistes françaises d'antan, au moins.
J'ai cherché et j'ai trouvé ça :
(in Libération du 15 Novembre 1997)
Tirana envoyé spécial
Les enseignes au néon des bars et des boutiques surgies par dizaines depuis 1990 le long de la rivière Lana, au coeur de Tirana, clament les nouveaux rêves albanais bar Hollywood ou café Berlusconi , mais la plaque de la rue Zhan Darc Jeanne d'Arc , remplaçant celle dédiée au dirigeant communiste français Marcel Cachin, rappelle une francophilie toujours vive.
Article complet là : https://tinyurl.com/y2pkgshc
C'est quand même très exotique de tomber sur une Avenue Marcel Cachin à Tirana !!
On est clairement dans la continuité, plutôt "nuit et brouillard" que "sex and sun" !!
Effectivement Ismaïl Kadaré expédie sans autre forme de procès la belle saison, comme si elle n'avait pas cours en Albanie. De fait, à l'époque au moins, elle n'avait pas cours, merci Enver Hojda !
Le Chapitre le plus marquant est le 20, celui de la noce, qui nous ramène le Général sur terre après une certaine euphorie liée à la fin de la mission enfin là. Sur terre, et la terre d'Albanie.
Je ne l'ai pas relevé mais c'est je crois entre Chapitres 10 à 15 (?), il est fait mention à Tirana d'une Avenue ... Marcel Cachin !!! Comme dans les villes communistes françaises d'antan, au moins.
J'ai cherché et j'ai trouvé ça :
(in Libération du 15 Novembre 1997)
Tirana envoyé spécial
Les enseignes au néon des bars et des boutiques surgies par dizaines depuis 1990 le long de la rivière Lana, au coeur de Tirana, clament les nouveaux rêves albanais bar Hollywood ou café Berlusconi , mais la plaque de la rue Zhan Darc Jeanne d'Arc , remplaçant celle dédiée au dirigeant communiste français Marcel Cachin, rappelle une francophilie toujours vive.
Article complet là : https://tinyurl.com/y2pkgshc
C'est quand même très exotique de tomber sur une Avenue Marcel Cachin à Tirana !!
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