Myrco

avatar 24/01/2020 @ 11:15:44

Pour répondre à ta remarque Ludmilla, chaque chapitre se focalisant sur ce qui arrive à un personnage, il est tout à fait normal que les séquences puissent se chevaucher dans le temps.

Ca aussi ça me rappelle "Tango de Satan" de Krasznahorkai (paru une dizaine d'années plus tôt).

Saint Jean-Baptiste 24/01/2020 @ 11:23:20
J’essaie de vous rattraper, j’ai reçu le livre avec retard et j’ai terminé la première partie.
Je suis enchanté par l’écriture que je trouve originale. Ça commence bien, ça se lit avec plaisir mais le récit est, jusqu’à présent, plutôt superficiel.
Les personnages sont pittoresques et bien présentés mais sans beaucoup de rapport entre eux.
Je suppose que le récit va s’étoffer et qu’il va se passer des choses intéressantes…

Koudoux

avatar 24/01/2020 @ 11:48:35

J'ai remarqué aussi que les chapitres ne sont pas tout à fait dans l'ordre chronologique
"Le temps de Michel" (p98) : "Cependant, à partir de 1929, quelque chose commença à changer. Isidor était né"
Le chapitre suivant, "Le temps d'Isidor", décrit la naissance d'Isidor et commence par "Novembre 1928"



Pour répondre à ta remarque Ludmilla, chaque chapitre se focalisant sur ce qui arrive à un personnage, il est tout à fait normal que les séquences puissent se chevaucher dans le temps.

Normal oui mais un peu perturbant au début.
Et puis je me suis habituée...

Marvic

avatar 24/01/2020 @ 18:07:31

Le récit crée le sentiment de ne pas être à hauteur d'homme mais dans une vision distanciée et voulue qui plane au-dessus de la création terrestre dont les humains ne sont que des créatures parmi d'autres. Dès lors, qu'on ne pénètre pas plus avant dans leur individualité semble couler de source, la conséquence pour le lecteur est de ne permettre ni l'implication, ni -pour ma part en tout cas- l'émotion. Il me semble que ce n'est pas l'objet. Personnellement si j'apprécie de pouvoir m'impliquer avec des personnages, éprouver des émotions, je ne recherche pas cela nécessairement et à tout coup, donc cela ne me gêne pas ici car le sujet est ailleurs mais je comprends la frustration de certains;-)
De plus, cet aspect est encore renforcé par le fait que le temps défile très vite passant d'une génération à l'autre, et illustrant l'un des thèmes fondamentaux du livre à savoir le caractère éphémère du temps humain.


C'est exactement ce que, maladroitement, j'avais essayé de dire :-)

Terminé les parties 5 et 6.
Et commencé la 7° partie avec Le temps du verger et j'attends avec impatience l'avis des jardiniers et jardinières sur les années à pommiers et les années à poirier ;-)

Septularisen
avatar 24/01/2020 @ 19:51:37
Terminé la partie 6 et 7.

Rien à redire je trouve le livre toujours aussi bon! J’adore la construction très originale des petits chapitres très courts qui se suivent. On ne s’ennuie jamais. C’est très réaliste, parfois très cru et très cruel comme les passages sur la deuxième Guerre Mondiale, mais c’est vraiment très bien écrit, tout en finesse!

Alors, oui, comme déjà dit par certains, vu la vitesse à laquelle les personnages défilent, on ne peut pas vraiment s’attacher aux personnages, et il ne sont pas très développés ni psychologiquement, ni dans les descriptions d’ailleurs… Mais, ceci semble très secondaire dans le livre, qui privilégie, me semble-t-il le fond et le déroulement de l’histoire.

Je dois aussi dire qu’en règle générale, je n’aime pas trop les livres qui mixent passages romanesques et passages philosophiques, mais, ici la «fusion» des deux genres est très bien faite, toute en douceur et «capte» bien l’attention du lecteur. Les chapitres «Le temps des morts » (Pg. 287) et surtout «Le temps des Tilleuls» (Pg 298), sont vraiment des musts à lire et à relire!

Myrco

avatar 25/01/2020 @ 09:24:28

Le récit crée le sentiment de ne pas être à hauteur d'homme mais dans une vision distanciée et voulue qui plane au-dessus de la création terrestre dont les humains ne sont que des créatures parmi d'autres. Dès lors, qu'on ne pénètre pas plus avant dans leur individualité semble couler de source, la conséquence pour le lecteur est de ne permettre ni l'implication, ni -pour ma part en tout cas- l'émotion. Il me semble que ce n'est pas l'objet. Personnellement si j'apprécie de pouvoir m'impliquer avec des personnages, éprouver des émotions, je ne recherche pas cela nécessairement et à tout coup, donc cela ne me gêne pas ici car le sujet est ailleurs mais je comprends la frustration de certains;-)
De plus, cet aspect est encore renforcé par le fait que le temps défile très vite passant d'une génération à l'autre, et illustrant l'un des thèmes fondamentaux du livre à savoir le caractère éphémère du temps humain.



C'est exactement ce que, maladroitement, j'avais essayé de dire :-)



Effectivement Marvic, tu avais exprimé la même chose avant moi en référence à la 4ème partie. Il se trouve que j'évite autant que possible de lire les commentaires qui anticipent sur ce que je n'ai pas encore lu. Aussi je n'avais pas connaissance de ton commentaire quand j'ai écrit le mien.
Ne dit-on pas que les grands esprits se rencontrent ?;-))

Myrco

avatar 25/01/2020 @ 12:01:02
ETAPE 3
Encore quelques aspects chronique villageoise plus ou moins captivants qu'éclairent -et c'est surtout ce que je retiendrai- des passages d'une grande qualité.
Des moments de grâce comme ce passage délicat, très tendre, plein de bienveillance et d'amour ("le temps de la glaneuse"), de compassion face à la souffrance humaine.
Des moments plus légers, voire drôles ("Le temps de Florentine"), dans lequel le curé qui sacrifie régulièrement au péché de colère n'a décidément pas le beau rôle ;-)
Des passages particulièrement brillants ("Le temps du jeu") qui réhausse le propos dans toute sa dimension métaphysique et pose la question du libre-arbitre (comme l'avait d'ailleurs introduite "Le temps de Paul".

Ce chapitre "Le temps du jeu" me paraît absolument remarquable et, s'il interroge encore ma compréhension (il faudra que j'y revienne à la lumière de la suite) donne sans doute au moins l'une des clés de la vision de l'auteure. Il pose une question sans doute iconoclaste aux yeux des croyants ?

Et toujours ces notations si originales et inattendues, d'une créativité parfois enfantine " La lune, c'est seulement le masque du soleil " . C'est charmant, non?

Je commence décidément à vraiment apprécier Olga Tokarczuk;-)

Ludmilla
avatar 26/01/2020 @ 10:39:18
Troisième partie > "Le temps de la Glaneuse" (p156)

Les personnages "principaux" ont pour nom de famille "Céleste" (Geneviève et Michel) et "Divin" (Paul et Misia).
C'est certainement voulu, mais je ne vois pas comment l'interpréter.

Myrco

avatar 26/01/2020 @ 10:58:46
Troisième partie > "Le temps de la Glaneuse" (p156)

Les personnages "principaux" ont pour nom de famille "Céleste" (Geneviève et Michel) et "Divin" (Paul et Misia).
C'est certainement voulu, mais je ne vois pas comment l'interpréter.


C'est en effet une question que j'avais posée dans mon premier commentaire (Etape 1- deuxième paragraphe) et que personne n'avait relevée;-(
Je viens de finir la quatrième partie et je commence à entrevoir une possibilité de réponse mais je ne suis pas assez sûre pour la formuler maintenant. J'attends de poursuivre plus avant.

Saule

avatar 26/01/2020 @ 13:25:50
J'ai fini le livre, je garde le même avis mitigé. Certains passages m'ont vraiment plu: le chatelain et son jeu (avec les 8 mondes créés par Dieu), Isidore et le soldat Russe, les épisodes lié à la deuxième guerre.. mais malgré tout je n'ai pas vraiment été immergé dans le récit.

J'y vois un conte métaphysique, un peu cruel, une réflexion sur Dieu (ou son absence), les hommes englués dans le passage du temps. Il y a certain passages panthéistes et surnaturels mais ces passages n'évoquaient pas toujours grand chose chez moi. Par exemple le passage sur les années pommiers/poiriers, c'est amusant mais sans plus. Alors que avec certains auteurs la magie peut fonctionner, par exemple dans les livres de Mishima, si il évoque un Orme du Japon ou un Pin, j'ai l'image qui surgit dans ma tête. C'est d'ailleurs grâce à lui que je suis devenu amoureux des zelkova serrata (Orme du Japon). ici rien de tel. Le style est moins visuel (pour moi en tout cas).

Ceci dit j'ai bien envie de lire d'autres livres de cet auteur, sa thématique m'inspire beaucoup et peut-être qu'un livre plus linéaire me plairait mieux.

ps: j'avais relevé ta réflexion sur les noms à connotation divine, c'est qui est assurément pas un hasard, mais je n'ai pas de réponse.

Koudoux

avatar 26/01/2020 @ 14:06:20
Etapes 4 et 5 terminées.
J'apprécie toujours cette lecture.
Passage de la guerre un peut plus "hard".
Pas de réponse ni pour Celeste et Divin, ni pour un éventuel échange de bébés.
J 'espère beaucoup de la fin du livre...

Ludmilla
avatar 26/01/2020 @ 14:22:43
C'est en effet une question que j'avais posée dans mon premier commentaire (Etape 1- deuxième paragraphe) et que personne n'avait relevée;-(
Je viens de finir la quatrième partie et je commence à entrevoir une possibilité de réponse mais je ne suis pas assez sûre pour la formuler maintenant. J'attends de poursuivre plus avant.
Oups :-(...

Myrco

avatar 26/01/2020 @ 18:02:59
Concernant cette histoire de patronymes, je vous livre quand même timidement ma petite idée qui est peut-être complètement erronée, mais à défaut d'une idée plus pertinente...
Il me semble que l'on peut établir une typologie des habitants , les registres des noms correspondant à des catégories.
Il y a d'abord la communauté du hameau Antan ( sous la garde de 4 archanges) unie dans la même foi chrétienne, élevée dans la tradition catholique. Ces gens croient en Dieu, honorent Jésus, la Vierge, ses saints. Ils sont pratiquants, prient, vivent entourés d'images pieuses, etc..Ils ont leurs anges gardiens (ces derniers n'apparaissent qu'en liaison avec les accouchements de Geneviève et Misia si je ne me trompe. Leurs patronymes appartiennent au registre religieux: "Céleste", Divin", "Chérubin","Séraphin". Le curé, c'est le curé...et Florentine, on ne connaît pas son patronyme.
Le châtelain appartient lui aussi à cette communauté du hameau. Mais plus que par son statut social, il s'en distingue par son questionnement métaphysique, ses doutes, sa perpétuelle quête de sens. Son patronyme typiquement polonais n'est donc pas dans le même registre.
Il y a par ailleurs les habitants du village (Jesckotle) qui semble abriter une importante communauté juive: la famille Szenbert (les droguistes), Elie, l'employeur de Paul, le rabbin...
Enfin,les deux êtres en marge qui vivent dans la forêt, éloignés de Dieu: eux ne sont désignés que par des surnoms qui les qualifient "La glaneuse" et "Le mauvais bougre".

Marvic

avatar 26/01/2020 @ 18:40:59


Effectivement Marvic, tu avais exprimé la même chose avant moi en référence à la 4ème partie. Il se trouve que j'évite autant que possible de lire les commentaires qui anticipent sur ce que je n'ai pas encore lu. Aussi je n'avais pas connaissance de ton commentaire quand j'ai écrit le mien.
Ne dit-on pas que les grands esprits se rencontrent ?;-))

Bien sûr qu'il vaut mieux éviter de lire les commentaires avant d'être aux mêmes chapitres; même si c'est parfois difficile !

C'est pour cette raison que je ne posterai rien alors que je viens d'achever le livre. J'attends un peu.


Ne dit-on pas que les grands esprits se rencontrent ?;-))

Tout à fait ;-)

Marvic

avatar 26/01/2020 @ 18:52:26
Terminé les 7 et 8° parties comme je viens de l'écrire.
Personnellement, c'est le "travail" sur le temps qui m'a le plus impressionnée. Ce temps si différent pour les humains, les arbres, les morts...
Quant à la religion, je serais curieuse de savoir si elle est omniprésente dans les autres romans de l'auteure. Je ne connais de la Pologne et de ses habitants que ma belle-soeur, très croyante avec qui j'ai eu l'occasion d'évoquer cela. Mais je n'ai pas la prétention d'en faire un exemple !
Une belle découverte que ce livre très original, parfois déroutant -il m'est arrivé de ne pas reconnaître certains personnages secondaires-
Quant à la fin...on en reparlera plus tard !

Myrco

avatar 26/01/2020 @ 19:02:32
Je trouve que ce ne serait pas trop difficile d'éviter de lire les commentaires si chacun s'imposait de livrer ses commentaires à chaque étape prédéfinie (en marquant bien de quelle étape il s'agit) et quel que soit son stade de lecture.
Ce que je trouve intéressant dans une lecture commune, c'est de livrer ses impressions au fur et à mesure, impressions qui peuvent évoluer, se modifier voire carrément basculer au cours de son cheminement, de ses questionnements. Sinon, c'est dommage, on se retrouve dans le cadre d'une critique habituelle qui livre le résultat d'une appréhension globale finale et je ne vois plus trop l'intérêt d'une lecture commune;-(

Koudoux

avatar 27/01/2020 @ 09:58:18
Terminé le 6.
La vie continue et les descriptions aussi...
J'ai adoré "Le temps du mycélium"
Sa façon de décrire le mycélium m'a conquise!

Septularisen
avatar 27/01/2020 @ 10:02:22
Fini !

Je garde les commentaires plus précis et plus pointus pour plus tard, afin de ne pas divulgâcher a ceux qui n’ont pas encore fini la lecture.

C’est assurément un très bon livre et j’ai beaucoup aimé sa lecture. C’est bien écrit, construit de façon très originale avec cette succession de petits chapitres (dont le début du titre est le même), bien amené avec une imagination qui frise l’exceptionnel. C’est parfois un peu linéaire, mais bon, je suppose que c’est la meilleure façon de raconter l’histoire de plusieurs familles sur trois générations…

Seul regret que j’ai déjà exprimé, les courts chapitres ne permettent pas de s’attacher aux personnages, et ils ne sont pas très développés psychologiquement. Dommage, j’aurais bien voulu en savoir plus sur l’histoire et la vie de Misia et Paul.
Encore une fois, il me semble-comprendre que l’auteur privilégie le point de vue global de l’histoire. Comme si celle-ci devait être vue comme un tout et non pas - comme semblent pourtant le montrer les petits chapitres dédiés chaque fois à un seul personnage -, comme une somme de petites individualités…

Enfin, comme Saule j’ai beaucoup aimé certains passages ayant trait à certains personnages, notamment on l’aura deviné le châtelain Popielski et ceux du «Jeu instructif pour un seul joueur» et ses huit mondes... Et comme lui, je vais sans doute partir à la découverte d’autres livres du même auteur…

Myrco

avatar 27/01/2020 @ 10:57:56
ETAPE 4

Voilà enfin ce que j'attendais plus ou moins confusément! Je dois dire que jusqu'ici j'avançais avec circonspection dans le récit, un peu agacée par tous ces éléments religieux et me demandant quel était le positionnement d'Olga Tokarczuk et où elle voulait nous emmener.
Me voilà rassurée car avec l'arrivée du soviétique qui introduit clairement l'autre perspective, celle d'un monde sans dieu, le débat s'ouvre enfin!

Je suis très curieuse de suivre la découverte de son jeu par Popielski. Etonnant et osé cette chute qui renverse l'histoire d'Abel et Caïn!

Toutes les descriptions que fait OT des horreurs, folies et dérèglements des hommes et absurdité des destins engendrées par la guerre (l'histoire de Kurt notamment rend compte de tout cela de manière remarquable) illustrent à merveille sa belle formule: " le monde entier n'est qu'une grosse pagaille (…)une sorte de hache-paille détraqué qui continue à tourner sur sa lancée" . Comment mieux dire ?

Par ailleurs, j'ai trouvé aussi très intéressant le premier chapitre de cette série "Le temps de Ruth" (qui réunit les enfants Ruth et Isidor dans leurs promenades en forêt) qui avance l'idée que ce que nous prenons pour la réalité n'est peut-être qu'illusion (on avait déjà cela dans le très beau livre de Saer "L'ancêtre").

Ludmilla
avatar 27/01/2020 @ 11:43:09
Sixième partie 6 (-> "Le temps de Misia" (p279))

Le temps de Misia (p276)
Misia accouche d'un 4ème enfant, Paul
Ses deux premiers enfants sont Antek et Adelka, mais le troisième, sauf erreur, n'apparait que p67 "Au benjamin je vais offrir une contrebasse" et "Witek se cachait derrière sa mère".

Je trouve difficile de suivre la vie des personnages, qui réapparaissent parfois. Que veut montrer Olga Tokarczuk ? comme le dit Myrco, que " le monde entier n'est qu'une grosse pagaille" ?

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