J'ai atteint le chapitre 15 et je conclus que les quinze derniers sont plus longs puisqu'il reste encore plus de 400 pages contre 225 déjà lues.
Petite précision : le livre a été écrit dans les années 30 et publié en 1939 aux USA, traduit en France en 1947.
Ce qui me frappe maintenant, c'est la proximité avec notre époque et, curieusement, avec le mouivement des gilets jaunes
Quand je lis (p. 177) : "Tout est en mouvement aujourd’hui. Les gens se déplacent. Nous savons pourquoi et nous savons comment. Ils se déplacent parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. C’est pour ça que les gens se déplacent toujours. Ils se déplacent parce qu’ils veulent quelque chose de meilleur que ce qu’ils ont. Et c’est le seul moyen de l’avoir", il me suffit de remplacer le verbe se déplacer par le verbe manifester, et ça donne :
"Tout est en mouvement aujourd’hui. Les gens manifestent. Nous savons pourquoi et nous savons comment. Ils manifestent parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. C’est pour ça que les gens manifestent toujours. Ils se manifestent parce qu’ils veulent quelque chose de meilleur que ce qu’ils ont. Et c’est le seul moyen de l’avoir".
Quand je lis (p. 197) lors de la rencontre des Joad avec les Wilson, eux aussi en exode (et j'utilise dessein le terme d'exode, car il s'agit bien d'aller vers la Terre promise, au sens biblique du terme) vers la Californie, Mme Wilson leur dit : "Ne vous faites pas de tracas. Nous sommes trop contents de vous aider. Y a longtemps que je m’étais pas sentie aussi… aussi… en sécurité. Les gens ont besoin de ça… de se rendre service", je crois entendre les gilets jaunes croisés dans des manifs (tout dernièrement celle du 1er mai à Bordeaux) qui me disaient : "On ne sent plus seuls, on a redécouvert la solidarité, l'entraide et ça nous donne une certaine sécurité qu'on n'avait pas avant, chacun isolé dans son coin".
Quand je lis (p. 212) : "le fait de posséder vous congèle pour toujours en « Je » et nous sépare toujours du « Nous »", je crois voir la description en une phrase de nos classes dirigeantes !
Voilà, et excusez moi d'avoir un peu avancé jusqu'au chapitre 15 ! Du chapitre 11 au chapitre 15, seul le 13 fait directement partie du roman des Joad, Les chapitres 11 / 12 et 14 / 14 sont des chapitres documentaires ou de reportage.
Je signale la parution chez Seghers de : Jours de travail, Journaux des "Raisins de la colère" (1938-1941) / John Steinbeck ; traduit de l'anglais (Etats-Unis) et préfacé par Pierre Guglielmina, sans doute à lire après avoir fini le roman.
Parallèle intéressant, Cyclo. Tu as raison, Steinbeck n'a pas perdu de sa pertinence ...
Au début du livre on explique que les paysans se sont endettés suite à plusieur mauvaises récoltes, qu'ils ont emprunté à la banque et hypothéqué leur propriété. Maintenant la banque est propriétaire et veut exploiter en grand, avec des machines, et donc supprimer les petites exploitations. Ce qui explique pourquoi ils sont chassés de chez eux. Mais donc en gros ils étaient propriétaires mais ils sont devenu métayers lorsque la banque a fait sauter les hypothèques je suppose.
Je rejoins un peu SJB sur la forme du livre: c'est trop long. Je me souviens qu'à l'époque j'avais préféré "Les naufragés de l'autocar" qui est beaucoup plus ramassé et tout aussi bien écrit.
Oui, c'est la bonne interprétation et elle était quand même au moins intuitive, non ?
Je n'ai pas grand chose à ajouter à tout ce qui a été dit, hormis que je ne suis plus le rythme de lecture.
Désolée, ça faisait trop longtemps que je n'avais pas lu quelque chose d'aussi "bien" "bon".
Je resterai sur
- oui il y a quelques longueurs, je les ai surtout ressenti au niveau du changement de bielle… ah oui j'en suis au chapitre 16.
- J'ai adoré les retrouvailles entre Tom et sa famille…. que de pudeur et de non dit alors que l'amour se sent à plein nez.
- Cette fuite vite fait pour ne pas aborder le passage des frontières de Tom
- et certains qui prônent l'entraide alors que d'autres, je parle du passage dans le bar avec le prix des bonbons et les jeux de chance "on va changer la machine 3" ne cherchent qu'à faire du profit.
Petite aparté qui m'a beaucoup amusée, mais c'est dû à l'époque de l'écriture du livre, le besoin de traduire le mot "hot dog" dénomination qui est pleinement entrée dans notre langage (page 184).
Pareil ! L'explication en bas de page de ce qu'est un "hot dog" m'a fait sourire. Mais 1947 ce n'est pas juste hier ! Et la société et la consommation ont tellement évolué ! C'est là qu'on voit que la traduction date. Sans que ça me gêne pour autant, trop de respect pour Coindreau !
Votre enthousiasme sans réserve m’étonne un peu.
Ch XVI : 27 pages (de 232 à 257 éd. Poche), pour nous expliquer comment on répare la bielle d’une Dodge 25. Passionnant ?
Maintenant nous savons comment on démonte le carter, comment on récupère l’huile, comment on va trouver la bielle cassée, comment on serre les coussinets… Nous savons qu’une clé courbée est plus pratique qu’une clé anglaise et qu’il ne faut pas oublier sa lampe de poche…
Mon opinion sur ce livre s’est encore un peu renforcée : une succession d’anecdotes. Elles sont bien racontées mais avec un tas de détails qui n’ajoutent rien au récit.
Ce n’est pas sans intérêt, ça se lit agréablement, mais ça manque de souffle, une succession d’anecdotes ne fait pas un grand récit.
Les rencontres avec des personnages de passage, comme le borgne dans le hangar, ont un intérêt pour situer l’époque et les mentalités mais les dialogues sont très convenus : Tom, le bon apôtre, donne une leçon de courage au borgne, et lui, il accepte de donner des pièces à bas prix parce que son patron est très méchant...
Je suis arrivé au moment où ils franchissent la frontière de la Californie.
Je suis frappé par le manichéisme des personnages : tous les migrants sont des super gentils, tous les autres sont des grands méchants sans cœur.
Les arrêts aux campings frisent le ridicule : ces migrants qui s’entraident, qui partagent, qui se respectent et qui respectent spontanément les règlements…
Je ne crois jamais que ça se passe comme ça dans la réalité ; peut-être au Club-Med mais, dans la « jungle de Calais », par exemple, ça se passait autrement… Et là, c’était la réalité. Ici on est dans un livre et l’auteur invente ce qu’il veut. D’accord, mais j’ai trouvé cette guimauve insupportable.
Pour moi, jusqu’ici, ce récit manque d’ampleur et de réalisme, les personnages sont caricaturés et les dialogues sont très convenus.
Mais ce n’est pas ennuyeux et je continue ma lecture.
SJB tu aggraves ton cas. Un conseil : trouve-toi un bon avocat !
Oui c'est un peu confus, j'ai vérifié le texte original et j'ai regardé ici pour les conversions https://www.aaamath.com/mny313x6.htm
Donc le paysan migrant n'a pas les moyens d'acheter un sandwich il insiste pour acheter juste du pain et en plus il ne sait pas donner plus que dix pence. Mae accepte de vendre le pain à ce prix (même si elle risque ensuite de tomber à cours et que le prix est moindre que normal). Comme le fermier a justement une pièce de un penny (= un cent) et que les gamins sont béats devant les bonbons, il demande si ce sont des bonbons à un penny et Ma lui dit que ce sont des bonbons à "deux pour un penny". Mais en fait, une fois que le type est parti, le camionnieur dit que ces bonbons sont beaucoup plus cher : 1 nickel (cinq pennies) pièce. En partant les camionneurs laissent un demi-dollar chacun pour le café, donc un gros pourboir (pour "remercier" la tenancière de s'être si bien conduite avec les pauvres fermiers).
C'est un des cas ou les magasiniers et population locale ne sont pas mauvais !!
En fait si, il aurait en théorie les moyens de payer quinze cents puisque ;
"L'homme sortit de sa poche de derrière une grande bourse en cuir, en défit les cordons et l'ouvrit. Elle était lourde d'argent et de billets crasseux.
- Ca peut avoir l'air drôle d'être si près de ses sous, dit-il en manière d'excuse. Nous avons milli miles à faire et nous ne savons pas si nous pourrons les faire."
Mais il explique qu'il a réparti son budget pour les frais tout au long des mille miles ... Ca ne me parait pas ambigu ? Par ailleurs on comprend aussi que Mae fait preuve de pitié en minorant à un cent les 2 bonbons et qu'en retour les camionneurs majorent le pourboire pour, en quelque chose, la gratifier ?
"C’est justement le genre de livre que je préfère : des grandes sagas familiales, avec des personnages emblématiques, sur fond d’histoire vraie."
Ouh là SJB, tout ça n'est pas particulièrement en phase avec Houellebecq. Be careful tu vas souffrir !
Ouh là SJB, tout ça n'est pas particulièrement en phase avec Houellebecq. Be careful tu vas souffrir !
Chapitre X à XV
Je pourrais faire les mêmes remarques que celles faites pour les 10 premiers chapitres concernant le style, concernant l'art des descriptions et du détail (tellement vilipendés par SJB). Moi, tout me va : il y a un souffle épique qui propulse le tout, il y a une ligne de raisonnement bienveillante et qui me convient, j'apprends à démonter une bielle ... tout me va ! (ah non, la bielle c'est chapitre 16 !)
Moi aussi j'ai été touché par ce passage (et je me suis redit in petto qu'il devait un peu sentir le soufre à l'époque, le Steinbeck !), chapitre 14 :
"Si vous qui possédez les choses dont les autres manquent, si vous pouviez comprendre cela, vous pourriez peut-être échapper à votre destin. Si vous pouviez séparer les causes des effets, si vous pouviez savoir que Paine, Marx, Jefferson, Lénine furent des effets, non des causes, vous pourriez survivre. Mais cela, vous ne pouvez pas le savoir. Car le fait de posséder vous congèle pour toujours en "Je" et vous sépare toujours du "Nous"."
Je pourrais faire les mêmes remarques que celles faites pour les 10 premiers chapitres concernant le style, concernant l'art des descriptions et du détail (tellement vilipendés par SJB). Moi, tout me va : il y a un souffle épique qui propulse le tout, il y a une ligne de raisonnement bienveillante et qui me convient, j'apprends à démonter une bielle ... tout me va ! (ah non, la bielle c'est chapitre 16 !)
Moi aussi j'ai été touché par ce passage (et je me suis redit in petto qu'il devait un peu sentir le soufre à l'époque, le Steinbeck !), chapitre 14 :
"Si vous qui possédez les choses dont les autres manquent, si vous pouviez comprendre cela, vous pourriez peut-être échapper à votre destin. Si vous pouviez séparer les causes des effets, si vous pouviez savoir que Paine, Marx, Jefferson, Lénine furent des effets, non des causes, vous pourriez survivre. Mais cela, vous ne pouvez pas le savoir. Car le fait de posséder vous congèle pour toujours en "Je" et vous sépare toujours du "Nous"."
Chapitres XVI et XVII
La bielle, la bielle, la bielle ... ! Yaouh, j'attends avec impatience qu'une bielle me lâche ! Contrairement à d'aucun je n'ai pas été gêné de l'abondance de détails sur ;
ce qui entoure l'opération
et l'opération elle-même.
Il est quand même important de restituer tout ce que cela implique dans une telle situation de dénuement et de précarité. J'ai connu ce genre de situations dans une vie précédente au Maroc et dans ces cas là on est bien content de pouvoir compter sur quelqu'un qui peut réparer un réservoir d'essence percé avec un embout de stylo Bic au beau milieu de l'Atlas sur des pistes défoncées! (tiens c'était un belge en plus !)
Le chapitre XVII est à nouveau un chapitre général qui explique comment peu à peu les migrants prennent leurs marques dans ce long cheminement.
Et puis je déborde chouïa sur le XVIII dans lequel je me trouve puisque j'ai relevé cette nouvelle remarque concernant les Amérindiens et la manière dont ils étaient ouvertement considérés (ou plus précisément pas considérés !) à cette époque :
"Grand-père n'avait pas peur, intervint Tom. C'est quand il était le plus près d'y passer qu'il rigolait le plus. Comme la fois qu'il était avec un autre type et qu'ils sont tombés en pleine nuit sur une bande d'Indiens Navajos. Qu'est-ce qu'ils se sont payés comme bon temps, ce soir-là, et pourtant vous n'auriez pas donné deux liards de leur peau."
Tom ne précise de quel bon temps il s'agit ? Une partie de belote, un cache-cache nocturne ? On hésite ... !
La bielle, la bielle, la bielle ... ! Yaouh, j'attends avec impatience qu'une bielle me lâche ! Contrairement à d'aucun je n'ai pas été gêné de l'abondance de détails sur ;
ce qui entoure l'opération
et l'opération elle-même.
Il est quand même important de restituer tout ce que cela implique dans une telle situation de dénuement et de précarité. J'ai connu ce genre de situations dans une vie précédente au Maroc et dans ces cas là on est bien content de pouvoir compter sur quelqu'un qui peut réparer un réservoir d'essence percé avec un embout de stylo Bic au beau milieu de l'Atlas sur des pistes défoncées! (tiens c'était un belge en plus !)
Le chapitre XVII est à nouveau un chapitre général qui explique comment peu à peu les migrants prennent leurs marques dans ce long cheminement.
Et puis je déborde chouïa sur le XVIII dans lequel je me trouve puisque j'ai relevé cette nouvelle remarque concernant les Amérindiens et la manière dont ils étaient ouvertement considérés (ou plus précisément pas considérés !) à cette époque :
"Grand-père n'avait pas peur, intervint Tom. C'est quand il était le plus près d'y passer qu'il rigolait le plus. Comme la fois qu'il était avec un autre type et qu'ils sont tombés en pleine nuit sur une bande d'Indiens Navajos. Qu'est-ce qu'ils se sont payés comme bon temps, ce soir-là, et pourtant vous n'auriez pas donné deux liards de leur peau."
Tom ne précise de quel bon temps il s'agit ? Une partie de belote, un cache-cache nocturne ? On hésite ... !
En tout cas je commence maintenant à être pris, depuis le passage du désert je trouve que le récit prend de l'ampleur, l'action est plus serrée aussi. J'ai beaucoup aimé l'attitude de Cassy dans le campement.
Ça me fait plaisir de lire ça parce que moi aussi ce passage m’a emballé.
On les voit dans leur camion, sur la route – c’est la première fois – et l’ambiance est bien rendue.
J’ai trouvé que le départ avec le soleil qui se couche devant, la traversée du désert la nuit, et l’arrivée avec le soleil dans le dos, quand ils découvrent les beaux paysages de la Californie, sont bien restitués, c’est bien écrit, c’est même poétique par moment, et ça dépasse tout ce qu’on a lu jusqu’à présent.
J’ai bien aimé la confession de l’oncle John et les paroles du pasteur : « c’est un péché quand on croit que c’est un péché... ».
J’ai trouvé que la mort de la grand-mère était émouvante alors que celle du grand-père ne l’était pas. La mère retarde l’annonce de la mort pour ne pas troubler le repos des hommes dans la rivière…
J’ai surtout apprécié leur comportement quand ils sont arrivés : ils sont heureux et inquiets ; heureux d’avoir relevé le défit et d’être arrivés, inquiets devant ce qui les attend.
C’est bien raconté. L’auteur nous épargne cette foule de détails inutiles qu’il y avait auparavant ; ce changement d’atmosphère est très intéressant, je suis curieux de savoir ce que vous en pensez…
Voyons la suite.
Puisque tu poses la question de savoir ce qu'on en a pensé, je te dirai qu'en ce qui me concerne, je n'ai pas ressenti de rupture mais une continuité.
Depuis le début, j'apprécie l'écriture et je crois avoir déjà dit pourquoi ce que tu appelles des détails avaient pour moi toute leur utilité. Comme le disait très justement Cyclo , c'est souvent à travers le détail de leurs actions qu'on saisit leur personnalité et leur pensée.
Je trouve aussi que l'un des critères qui définissent un grand écrivain est sa capacité à évoluer dans les registres les plus divers et là on est gâtés. Steinbeck évolue aussi bien dans le dialogue (toujours très naturel et réaliste) que dans les élans lyriques qui enflamment certains chapitres généraux, dans le dramatique et l'humour (même si celui-ci n'apparaît que par touches),etc.
Pour ne parler que des 20 premiers chapitres, je crois que pour le moment ceux qui m'ont le plus emballée sont les chapitres I et V pour la beauté et le souffle et le VI pour l'émotion, ce qui ne retire rien aux autres.
Comme quoi les sensibilités peuvent être différentes.
LU JUSQU'AU XXV INCLUS
Comme depuis le début, j'admire la lucidité et la clarté d'exposition de l'auteur dans le décryptage des mécanismes économiques et des phénomènes qui régissent les rapports entre migrants et autochtones, en particulier l'emballement de la machine capitaliste (p 398/399) qui tue les petits fermiers, et la pression exercée par les banques pour les obliger à sous-payer la main d'œuvre (chap.XXII).
Chap.XXI
C'est encore un de ces chapitres où le propos prend de la hauteur et dépasse le cadre de l'épopée familiale, car c'en est une.
Steinbeck nous fait bien sentir, une fois de plus, l'importance historique de ce phénomène migratoire qui ne cessera de s'amplifier de jour en jour et touchera, je crois, au total, des centaines de milliers de personnes.
En très peu de pages, sont soumis à notre réflexion et à notre compassion, diverses facettes du drame que vivent ces gens et nous font mesurer l'immensité de leur détresse morale qui s'ajoute à leur détresse matérielle:
- le chamboulement, l'arrachement que constitue le passage de la sédentarisation ( nés pour la plupart sur leurs fermes, ils ne les avaient jamais quittées) au nomadisme forcé à la recherche d'un travail pour au mieux espérer se nourrir;
-l'immense déception et frustration de se trouver pris comme dans un étau dans une nouvelle ère qui ne leur laisse aucune place ( non seulement l'industrialisation les a chassés mais ils en découvrent un nouveau visage en arrivant);
- la confrontation surprise à l'hostilité de leurs propres concitoyens.
Chap. XXII à XXIV
Ils mettent en avant les camps du gouvernement mis en place par Roosevelt, qui redonnent aux migrants leur dignité d'êtres humains et sont présentés comme un modèle idéal d'autorégulation parfaitement réussi qui, en révélant leur capacité d'organisation ( y compris dans l'épisode du complot déjoué) en fait une menace pour les grands propriétaires.
Juste un point qui m'a posé question et fait sourire: la haute instance du camp s'intitule "Comité central". Etait-ce une réalité ou une provocation de Steinbeck qui prêterait ainsi le flanc à l'accusation de communisme?
Pour l'anecdote (SJB les aime bien;-)) la description de ce camp prend pour modèle le camp d'Arvin qui d'ailleurs existe toujours. Il était dirigé par un certain Tom Collins avec lequel Steinbeck avait travaillé et qu'on retrouve ici sous le nom de Jim Rawley. L'une des deux dédicaces du livre - qui n'ont pas été reprises dans mon édition folio - lui est adressée.
Ce chapitre contient pour moi, l'une des scènes les plus poignantes du roman (celle de la préparation du repas au milieu du cercle des enfants affamés).
A noter aussi toutes les piques de Steinbeck à l'encontre de ces sectes diverses et variées dont il dresse un portrait peu avantageux: la prophétesse de malheur, la cupidité (p403) ou le prosélytisme humiliant de l'Armée du Salut (là j'ai encore pensé à London qui en parle de manière détaillée dans "Le peuple d'en bas").
Comme depuis le début, j'admire la lucidité et la clarté d'exposition de l'auteur dans le décryptage des mécanismes économiques et des phénomènes qui régissent les rapports entre migrants et autochtones, en particulier l'emballement de la machine capitaliste (p 398/399) qui tue les petits fermiers, et la pression exercée par les banques pour les obliger à sous-payer la main d'œuvre (chap.XXII).
Chap.XXI
C'est encore un de ces chapitres où le propos prend de la hauteur et dépasse le cadre de l'épopée familiale, car c'en est une.
Steinbeck nous fait bien sentir, une fois de plus, l'importance historique de ce phénomène migratoire qui ne cessera de s'amplifier de jour en jour et touchera, je crois, au total, des centaines de milliers de personnes.
En très peu de pages, sont soumis à notre réflexion et à notre compassion, diverses facettes du drame que vivent ces gens et nous font mesurer l'immensité de leur détresse morale qui s'ajoute à leur détresse matérielle:
- le chamboulement, l'arrachement que constitue le passage de la sédentarisation ( nés pour la plupart sur leurs fermes, ils ne les avaient jamais quittées) au nomadisme forcé à la recherche d'un travail pour au mieux espérer se nourrir;
-l'immense déception et frustration de se trouver pris comme dans un étau dans une nouvelle ère qui ne leur laisse aucune place ( non seulement l'industrialisation les a chassés mais ils en découvrent un nouveau visage en arrivant);
- la confrontation surprise à l'hostilité de leurs propres concitoyens.
Chap. XXII à XXIV
Ils mettent en avant les camps du gouvernement mis en place par Roosevelt, qui redonnent aux migrants leur dignité d'êtres humains et sont présentés comme un modèle idéal d'autorégulation parfaitement réussi qui, en révélant leur capacité d'organisation ( y compris dans l'épisode du complot déjoué) en fait une menace pour les grands propriétaires.
Juste un point qui m'a posé question et fait sourire: la haute instance du camp s'intitule "Comité central". Etait-ce une réalité ou une provocation de Steinbeck qui prêterait ainsi le flanc à l'accusation de communisme?
Pour l'anecdote (SJB les aime bien;-)) la description de ce camp prend pour modèle le camp d'Arvin qui d'ailleurs existe toujours. Il était dirigé par un certain Tom Collins avec lequel Steinbeck avait travaillé et qu'on retrouve ici sous le nom de Jim Rawley. L'une des deux dédicaces du livre - qui n'ont pas été reprises dans mon édition folio - lui est adressée.
Ce chapitre contient pour moi, l'une des scènes les plus poignantes du roman (celle de la préparation du repas au milieu du cercle des enfants affamés).
A noter aussi toutes les piques de Steinbeck à l'encontre de ces sectes diverses et variées dont il dresse un portrait peu avantageux: la prophétesse de malheur, la cupidité (p403) ou le prosélytisme humiliant de l'Armée du Salut (là j'ai encore pensé à London qui en parle de manière détaillée dans "Le peuple d'en bas").
Chap.XXV
Celui-ci est pour moi l'un des chapitres les plus forts et les plus révoltants.
Steinbeck rend d'abord un hommage vibrant à l'évolution du savoir et à l'amour du travail de l'homme en coopération avec la nature, rendant la suite d'autant plus inacceptable: " le travail de l'homme et de la nature (...) doit être détruit pour que se maintiennent les cours, et c'est là une abomination qui dépasse toutes les autres "
Le mot n'est pas trop fort, et ça l'est non seulement parce que des enfants meurent de faim pour la loi du profit mais aussi (et là c'est quelque chose qui je l'avoue me touche au plus profond) parce que pour moi prendre la vie d'animaux pour ensuite jeter leur chair comme un vulgaire déchet est une monstruosité !
La dernière phrase, prophétique nous renvoie au titre: " Dans l'âme des gens, les raisins de la colère se gonflent et mûrissent, annonçant les vendanges prochaines " faisant écho à celle-ci " les grandes compagnies ne savaient pas que le fil est mince qui sépare la faim de la colère "(p399) et amorce une tension grandissante.
Celui-ci est pour moi l'un des chapitres les plus forts et les plus révoltants.
Steinbeck rend d'abord un hommage vibrant à l'évolution du savoir et à l'amour du travail de l'homme en coopération avec la nature, rendant la suite d'autant plus inacceptable: " le travail de l'homme et de la nature (...) doit être détruit pour que se maintiennent les cours, et c'est là une abomination qui dépasse toutes les autres "
Le mot n'est pas trop fort, et ça l'est non seulement parce que des enfants meurent de faim pour la loi du profit mais aussi (et là c'est quelque chose qui je l'avoue me touche au plus profond) parce que pour moi prendre la vie d'animaux pour ensuite jeter leur chair comme un vulgaire déchet est une monstruosité !
La dernière phrase, prophétique nous renvoie au titre: " Dans l'âme des gens, les raisins de la colère se gonflent et mûrissent, annonçant les vendanges prochaines " faisant écho à celle-ci " les grandes compagnies ne savaient pas que le fil est mince qui sépare la faim de la colère "(p399) et amorce une tension grandissante.
Tout sauf encore un Houellebecq, par pitié, Tistou ! Je plaiderai plutôt coupable…
SJB, fais gaffe j'ai entendu dire que le tribunal des lectures communes allait te condamner à la lecture complète - j'ai bien dit "complète" ! - des oeuvres (!) de Michel Houellebecq !
SJB. Prends garde, Houellebecq te pend au nez !
;-))
Oui, Tistou, je vais faire gaffe…;-))
SJB, fais gaffe ! ... Oui monsieur, si tu continues avec tes insanités vis à vis des "Raisins de la colère" et de l'écriture de John Steinbeck ;
"trop de détails"
"anecdotes sans intérêt"
"convenu"
"personnages mal définis"
Mais je ne suis pas sûr que ce soient des insanités :
- « trop de détails » c’est une question de goût. Je n’aime pas qu’un auteur prenne le lecteur par la main et lui dise absolument tout ce qu’il doit voir comme dans un film de cinéma. Je préfère un auteur qui arrive à évoquer une situation en quelques lignes et qui laisse le lecteur imaginer.
- « anecdotes sans intérêt » : question de goût encore une fois. Je n’aime pas les anecdotes qui allongent le récit surtout quand elles sont sans intérêt : la cuite de l’oncle John, les réparations de voiture avec Flyod, les WC… C’est bien de savoir qu’il y a des WC mais doit-on les décrire pendant des pages et des pages…
- « Les dialogues convenus » Eh oui, je trouve qu’ils sont convenus parce qu’on sait à l’avance ce que chacun va dire… Et puis combien de discussions sur le manque de travail qui répètent toujours la même chose…
Et pour « les personnages mal définis » je fais marche arrière, au fil du récit ils ont pris une véritable consistance. Surtout Ma, le pasteur et Tom. (J’espère qu’on ne dira plus que je suis de mauvaise foi).
;-))
@Cyclo
Je suis toujours frappé des ressemblances avec la situation actuelle
... ceci qui s'applique particulièrement au mouvement des filets jaunes
Mouais, ça peut faire penser aux gilets jaunes, un peu. Les gilets jaunes ne sont pas des « crève-la-faim ». Mais c’est vrai qu’on ne s’intéresse pas non plus aux causes du phénomène.
Ce qui me frappe beaucoup plus ce sont les similitudes avec les migrants d’aujourd’hui (qui, entre parenthèses, ne sont qu’un début.). Ils arrivent avec les mêmes illusions. On leur a fait croire qu’ils allaient trouver du travail, qu’ils auraient des bons salaires et qu’ils auraient bientôt leur petite maison blanche avec un potager.
Et ils souffrent autant de s’entendre traiter de « bougnoules » que ceux-ci de s’entendre traiter de okies.
J'ai terminé. J'ai été beaucoup plus "pris" par le roman dans la seconde partie, à partir de l'arrivée en Californie. Comme Myrco l'a dit, le chapitre 25, qui se termine par la citation sur les raisins de la colère, est le plus puissant du livre : toute l'absurdité et l'indécence du système, on sent une tension dramatique, et on espère une révolte.
Je trouve sidérant de voir comment ces gens vivaient et étaient traité à une époque quand même pas si lointaine. J'ai l'impression que la thèse de Steinbeck est que c'est le système qui rend les hommes mauvais : industrialisation, loi du marché qui favorise les gros au détriment des petits et ses abérations, ... Les Californiens, propriétaires, boutiquiers,.. qui voient les migrants arriver deviennent mauvais car ils ont peur, ils n'ont pas le choix. Clairement seul une intervention de l'état pouvait atténuer les tensions, je crois que historiquement c'est un peu ce qui est arrivé avec le New Deal de Roosevelt, les gens ont pris conscience qu'on ne pouvait pas laisser autant de gens crever de faim. Peut-être aussi que c'est la guerre qui a permis de sortir de la crise ? Je voudrai lire un livre équivalent pour l'Europe, voir comment nos ancêtres vivaient à cette époque. Cyclo mentionnait la Storia, je vais essayer de me lancer dedans.
Je ne suis pas sur que la comparaison avec les gilets jaunes est valable, par contre je pense que les mécanismes à l'oeuvre dans le livre sont toujours valides au niveau du commerce mondial : les riches multinationales font travailler les gens dans les pays pauvres (Pakistan, Bangladesh) comme des esclaves, et ceux ci n'ont pas les moyens de s'organiser et en plus ils sont mis en concurrence avec d'autres ouvriers encore plus pauvre. Et - comme les Californiens - ça ne nous empêche pas vraiment de dormir (ce qui ne fait pas de nous des gens mauvais mais bon ça montre que finalement pas grand chose n'a changé)?
Tout dans tout, une très bonne lecture, révoltante et édifiante sur la situation en Amérique à cette époque. Comme je l'ai dit je ne suis pas entièrement conquis, à cause de la longueur du récit et le fait que je ne me suis pas tout à fait immergé dans le livre. J'ai trouvé la première partie un peu longue en fait. Si je relis un autre de Steinbeck ce serait plutôt Les naufragés de l'autocar dont j'ai un souvenir formidable.
Je trouve sidérant de voir comment ces gens vivaient et étaient traité à une époque quand même pas si lointaine. J'ai l'impression que la thèse de Steinbeck est que c'est le système qui rend les hommes mauvais : industrialisation, loi du marché qui favorise les gros au détriment des petits et ses abérations, ... Les Californiens, propriétaires, boutiquiers,.. qui voient les migrants arriver deviennent mauvais car ils ont peur, ils n'ont pas le choix. Clairement seul une intervention de l'état pouvait atténuer les tensions, je crois que historiquement c'est un peu ce qui est arrivé avec le New Deal de Roosevelt, les gens ont pris conscience qu'on ne pouvait pas laisser autant de gens crever de faim. Peut-être aussi que c'est la guerre qui a permis de sortir de la crise ? Je voudrai lire un livre équivalent pour l'Europe, voir comment nos ancêtres vivaient à cette époque. Cyclo mentionnait la Storia, je vais essayer de me lancer dedans.
Je ne suis pas sur que la comparaison avec les gilets jaunes est valable, par contre je pense que les mécanismes à l'oeuvre dans le livre sont toujours valides au niveau du commerce mondial : les riches multinationales font travailler les gens dans les pays pauvres (Pakistan, Bangladesh) comme des esclaves, et ceux ci n'ont pas les moyens de s'organiser et en plus ils sont mis en concurrence avec d'autres ouvriers encore plus pauvre. Et - comme les Californiens - ça ne nous empêche pas vraiment de dormir (ce qui ne fait pas de nous des gens mauvais mais bon ça montre que finalement pas grand chose n'a changé)?
Tout dans tout, une très bonne lecture, révoltante et édifiante sur la situation en Amérique à cette époque. Comme je l'ai dit je ne suis pas entièrement conquis, à cause de la longueur du récit et le fait que je ne me suis pas tout à fait immergé dans le livre. J'ai trouvé la première partie un peu longue en fait. Si je relis un autre de Steinbeck ce serait plutôt Les naufragés de l'autocar dont j'ai un souvenir formidable.
Chap XX
Je suis très en retard.
Lecture super intéressante qui m'a appris beaucoup sur l'histoire .
Un peu trop naïve, je ne m'imaginais pas...
Je suis très en retard.
Lecture super intéressante qui m'a appris beaucoup sur l'histoire .
Un peu trop naïve, je ne m'imaginais pas...
Je suis arrivé à la fin du ch XXV et je m’en voudrais de chasser, une nouvelle fois, un des très honorés participants à cette lecture commune.
;-))
Mais… oserais-je encore le répéter ? je ne partage pas l’avis commun, notamment pour le style. En fait, ce n’est pas que l’histoire soit longue qui m’ennuie mais qu’elle soit tirée en longueur. (Dès que nous écrivons quelque chose, nous constatons que le plus difficile est de faire court).
Pourtant je commence à m’habituer à cette lecture ; je trouve qu’elle s’est élevée d’un cran depuis qu’on est arrivé en Californie. Elle a gagné en intérêt.
Ces séjours dans ces deux camps, le Hoverville et le camp du Gouvernement, sont intéressants pour l’histoire et on comprend que ce livre ait fait sensation au moment de sa parution. Personnellement, j’ignorais que ce genre de camps avait existé (merci Myrco). Au point de vue historique c’est tout-à-fait intéressant.
Je continue. Je ne regrette pas ma lecture mais, je crois que si ça n’avait pas été une lecture commune, j’aurais remis la suite aux calendes grecques bien avant d’arriver en Californie.
Maintenant je voudrais savoir ce qui va arriver à cette famille Joad que j’ai vraiment prise en affection.
;-))
Mais… oserais-je encore le répéter ? je ne partage pas l’avis commun, notamment pour le style. En fait, ce n’est pas que l’histoire soit longue qui m’ennuie mais qu’elle soit tirée en longueur. (Dès que nous écrivons quelque chose, nous constatons que le plus difficile est de faire court).
Pourtant je commence à m’habituer à cette lecture ; je trouve qu’elle s’est élevée d’un cran depuis qu’on est arrivé en Californie. Elle a gagné en intérêt.
Ces séjours dans ces deux camps, le Hoverville et le camp du Gouvernement, sont intéressants pour l’histoire et on comprend que ce livre ait fait sensation au moment de sa parution. Personnellement, j’ignorais que ce genre de camps avait existé (merci Myrco). Au point de vue historique c’est tout-à-fait intéressant.
Je continue. Je ne regrette pas ma lecture mais, je crois que si ça n’avait pas été une lecture commune, j’aurais remis la suite aux calendes grecques bien avant d’arriver en Californie.
Maintenant je voudrais savoir ce qui va arriver à cette famille Joad que j’ai vraiment prise en affection.
Terminé le chapitre XXI, toujours très attachées aux personnages et à l'histoire, je commence quand même à me poser des questions sur le bien fondé de ce voyage et pourquoi ils y croient toujours malgré les avertissements, pourquoi cet acharnement à vouloir aller vers l'Ouest alors qu'on leur dit qu'il y a du travail ailleurs.
Pour ne pas se faire dicter leur choix ? Je ne comprend pas.
Pour ne pas se faire dicter leur choix ? Je ne comprend pas.
J'ai terminé.
Si les petits propriétaires sont mieux lotis que les "Okies", ce n'est pas de beaucoup.
p 413 ch XXII
"Mais c'est à croire que c'est plus moi qui embauche mes propres ouvriers [...] Madame la Grosse Banque embauche trois mille ouvriers et moi j'en embauche trois. J'ai des échéances à payer. [...] Je suis coincé. "
p 592 ch XXVIII
"Un petit fermier comme moi n'a pas son mot à dire"
Suite à cette lecture, j'ai lu l'article Wikipedia sur le New Deal
https://fr.wikipedia.org/wiki/New_Deal
"on estime que trente-six familles riches possédaient des revenus égaux à ceux de 42 % de la population." ...
Si les petits propriétaires sont mieux lotis que les "Okies", ce n'est pas de beaucoup.
p 413 ch XXII
"Mais c'est à croire que c'est plus moi qui embauche mes propres ouvriers [...] Madame la Grosse Banque embauche trois mille ouvriers et moi j'en embauche trois. J'ai des échéances à payer. [...] Je suis coincé. "
p 592 ch XXVIII
"Un petit fermier comme moi n'a pas son mot à dire"
Suite à cette lecture, j'ai lu l'article Wikipedia sur le New Deal
https://fr.wikipedia.org/wiki/New_Deal
"on estime que trente-six familles riches possédaient des revenus égaux à ceux de 42 % de la population." ...
Terminé le chapitre XXI, toujours très attachées aux personnages et à l'histoire, je commence quand même à me poser des questions sur le bien fondé de ce voyage et pourquoi ils y croient toujours malgré les avertissements, pourquoi cet acharnement à vouloir aller vers l'Ouest alors qu'on leur dit qu'il y a du travail ailleurs.
Pour ne pas se faire dicter leur choix ? Je ne comprend pas.
Ils sont arrivés en Californie qu'on leur décrivait un peu comme un paradis, attirés par les prospectus. Les quelques témoignages négatifs reçus en route s'ils ont semé le doute n'avaient pas pour autant tué l'espoir.
Il me semble qu'au stade où tu es (je ne sais plus) on leur a peut-être parlé de travail plus au nord (mais ça reste au nord de la Californie) pour la récolte du coton mais ce n'est pas encore le moment.
Comment veux-tu qu'ils aillent ailleurs, à des milliers de kms ? Il faut de l'argent pour mettre de l'essence dans le camion, ils n'en ont plus et il faut que la mécanique tienne alors qu'ils roulent pratiquement dans des épaves. Ils sont coincés là les pauvres!
Par ailleurs, ce sont des exploitants agricoles et n'ont pas d'autre qualification, pas d'autre possibilité que de se louer pour des travaux agricoles. De toute façon on est pendant la Grande Dépression, il y avait des tas de gens dans tous les Etats-Unis sur les routes à la recherche d'un boulot!
Dans ce contexte, il n'y avait pas vraiment de choix!
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