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Ah, j’aurais tant voulu ne pas intervenir du tout, faire comme si mon pseudo n’était qu’un pur et malheureux hasard, (alors qu’il est une simple exagération provocatrice : il n’y a plus lieu d’être ‘bolchevique’ de nos jours, pas plus que ‘menchevique’). Mais les cruels tortionnaires –dont je suis - qui se réclament du marxisme auraient-ils malgré eux, au fond de leur conscience dégénérée, un reste de faiblesses humaines ? Il faut croire, aussi ténu cela soit-il…
Bref, je cède à l’appel des sirènes de la polémique fraternelle, mais pour un instant : pas question de faire un discours de sept heures comme il est d’usage sur certaine petite île perdue au milieu de l’océan atlantique, seule face à l’ogre ploutocratique et impérialiste dirigé par un débile. (Si je jargonne trop et si ma langue est un peu de bois, vous pouvez me prévenir.)
Je voudrais d’abord dire un très grand bravo à Saule qui nous a pondu là une excellente critique-présentation du « Manifeste du parti communiste ». C’est quelque chose que je n’aurais sans doute pas pu faire de manière aussi claire et concise. Comme quoi il ne faut pas être forcément du sérail pour en apprécier les beautés (mais de quoi je parle, là ?). Je n’ai pas voulu réagir à cet excellent papier (décidément, j’étale la pommade) dans la mesure où cela aurait senti le parti pris. N’empêche, il faut avoir lu le « Manifeste ». Même si c’est pour le combattre ensuite. D’ailleurs, on sera d’autant plus pertinent pour le tailler en pièce.
Voilà. Je voudrais maintenant recadrer en deux mots le travail de Marx (rien que ça Bolcho ! en deux mots, vraiment ? Pas froid aux yeux hein !).
Et d’abord, il faut bien se rendre compte que l’on peut être marxiste (c’est-à-dire adopter dans les grandes lignes le raisonnement de Karl Marx) sans pour cela être léniniste forcément, ni maoïste, ni staliniste (surtout pas !). Marx et Engels ont d’abord et avant tout fait l’analyse du fonctionnement du système capitaliste. Ils n’ont pas décrit le monde tel qu’il devrait être dans une société communiste. D’autres l’ont fait après eux et certains l’ont ‘réalisé’ à leur manière. Rien n’oblige un marxiste à souscrire au stalinisme, au contraire même. On se souviendra par exemple, que l’on peut difficilement trouver des adversaires aussi acharnés que Staline et Trotski qui se réclamaient pourtant tous les deux du marxisme. Donc, les critiques portant sur le fonctionnement de l’URSS, j’en fais aussi de nombreuses. Elles sont peut-être différentes de celles qui viennent de droite, mais pas toujours. L’URSS, ce n’était PAS le communisme. Certains diraient effectivement que le communisme n’est qu’un but ultime, une espèce d’idéal à atteindre. Je vais tenter une comparaison : c’est un peu comme si l’on disait que nos sociétés actuelles seraient l’aboutissement ultime de ce que propose le libéralisme économique ; des trucs dans le genre ‘les prix sont fixés au meilleur intérêt des consommateurs grâce à une concurrence parfaite’ ou bien ‘la démocratie parlementaire bourgeoise permet au pauvre d’avoir autant de pouvoir que le riche’. Vous voyez, des trucs comme ça, on sent bien que ce n’est pas vraiment vrai de vrai, qu’il y a encore du boulot. Les défenseurs du capitalisme diront que l’on n’en est pas encore arrivé à la perfection de leur système. Et ils diront même que les régimes capitalistes qui ont opprimé, tué, enfermé, détruit dans les grandes largeurs eux aussi, ne sont pas un aboutissement et qu’ils ont perverti l’idée de départ.
Eh bien c’est ce que je dis : l’idée de départ du marxisme a été pervertie par les régimes qui ont voulu l’appliquer. Il faudrait analyser pourquoi ils l’ont pervertie. On trouve de ce type d’analyse tant qu’on veut rassurez-vous. La nature humaine comme dit Saule ? Moi je n’y crois pas. La nature humaine, elle est surtout ce que l’époque, les circonstances et les rapports de force en font. Autre hypothèse : des États dits socialistes n’ont jamais eu la possibilité de se développer dans la sécurité. Ils se sont toujours construits contre le monde capitaliste et cela leur a imposé des contraintes très ‘dénaturantes’.
Mais ce n’est pas ici qu’on va pouvoir en décider.
Pourquoi dire que Marx est le père de Staline ? Il est aussi celui de Trotski, de Jaurès, des socialistes dont parle Jules dans sa critique éclair.
Alors, pourquoi Marx devrait-il s’excuser auprès du prolétariat ? Pour lui avoir donné des espoirs que les forces d’argent ont réussi à briser ?
Lorsqu’on parle de la ‘suppression de la propriété’, il s’agit toujours de la ‘propriété des moyens de production’. Il n’a jamais été question d’enlever à l’ouvrier sa petite voiture ou à Jules et moi nos petits ordinateurs, ou à Saule son rayonnage de Dostoïevski, non, ce qu’il s’agit d’enlever c’est la propriété privée d’une usine grâce à laquelle un homme fait du profit (en utilisant le travail d’autrui, c’est expliqué dans le « Manifeste »). Une telle abolition de la propriété privée (des moyens de production) ne doit pas faire peur à la très grande majorité d’entre nous, n’est-ce pas ?
Paul Mathil, le journaliste du Soir que cite Jules et qui conseillait à Marx de s’excuser (‘Prolétaires de tous les pays, excusez-moi’) est originaire des pays de l’Est et a souffert personnellement du stalinisme. Cela fait des années que ses articles sur l’URSS répercutent essentiellement sa rancœur. On peut le comprendre. Mais ce n’est pas intellectuellement satisfaisant.
Un lecteur du Soir lui a répondu longuement et plutôt courtoisement et il lui a demandé si, de même que Marx serait responsable du stalinisme, Diderot, d’Alembert et Voltaire seraient responsables de la ‘Terreur’ dans la mesure où leurs textes ont préparé la Révolution de 1789.
Non, n’est-ce pas.
Avec mes immenses excuses pour ceux qui liraient ceci jusqu’au bout. Je ne recommencerais plus, juré. Décidément, il y a en tout marxiste un filandreux qui ne s’ignore pas.
Bref, je cède à l’appel des sirènes de la polémique fraternelle, mais pour un instant : pas question de faire un discours de sept heures comme il est d’usage sur certaine petite île perdue au milieu de l’océan atlantique, seule face à l’ogre ploutocratique et impérialiste dirigé par un débile. (Si je jargonne trop et si ma langue est un peu de bois, vous pouvez me prévenir.)
Je voudrais d’abord dire un très grand bravo à Saule qui nous a pondu là une excellente critique-présentation du « Manifeste du parti communiste ». C’est quelque chose que je n’aurais sans doute pas pu faire de manière aussi claire et concise. Comme quoi il ne faut pas être forcément du sérail pour en apprécier les beautés (mais de quoi je parle, là ?). Je n’ai pas voulu réagir à cet excellent papier (décidément, j’étale la pommade) dans la mesure où cela aurait senti le parti pris. N’empêche, il faut avoir lu le « Manifeste ». Même si c’est pour le combattre ensuite. D’ailleurs, on sera d’autant plus pertinent pour le tailler en pièce.
Voilà. Je voudrais maintenant recadrer en deux mots le travail de Marx (rien que ça Bolcho ! en deux mots, vraiment ? Pas froid aux yeux hein !).
Et d’abord, il faut bien se rendre compte que l’on peut être marxiste (c’est-à-dire adopter dans les grandes lignes le raisonnement de Karl Marx) sans pour cela être léniniste forcément, ni maoïste, ni staliniste (surtout pas !). Marx et Engels ont d’abord et avant tout fait l’analyse du fonctionnement du système capitaliste. Ils n’ont pas décrit le monde tel qu’il devrait être dans une société communiste. D’autres l’ont fait après eux et certains l’ont ‘réalisé’ à leur manière. Rien n’oblige un marxiste à souscrire au stalinisme, au contraire même. On se souviendra par exemple, que l’on peut difficilement trouver des adversaires aussi acharnés que Staline et Trotski qui se réclamaient pourtant tous les deux du marxisme. Donc, les critiques portant sur le fonctionnement de l’URSS, j’en fais aussi de nombreuses. Elles sont peut-être différentes de celles qui viennent de droite, mais pas toujours. L’URSS, ce n’était PAS le communisme. Certains diraient effectivement que le communisme n’est qu’un but ultime, une espèce d’idéal à atteindre. Je vais tenter une comparaison : c’est un peu comme si l’on disait que nos sociétés actuelles seraient l’aboutissement ultime de ce que propose le libéralisme économique ; des trucs dans le genre ‘les prix sont fixés au meilleur intérêt des consommateurs grâce à une concurrence parfaite’ ou bien ‘la démocratie parlementaire bourgeoise permet au pauvre d’avoir autant de pouvoir que le riche’. Vous voyez, des trucs comme ça, on sent bien que ce n’est pas vraiment vrai de vrai, qu’il y a encore du boulot. Les défenseurs du capitalisme diront que l’on n’en est pas encore arrivé à la perfection de leur système. Et ils diront même que les régimes capitalistes qui ont opprimé, tué, enfermé, détruit dans les grandes largeurs eux aussi, ne sont pas un aboutissement et qu’ils ont perverti l’idée de départ.
Eh bien c’est ce que je dis : l’idée de départ du marxisme a été pervertie par les régimes qui ont voulu l’appliquer. Il faudrait analyser pourquoi ils l’ont pervertie. On trouve de ce type d’analyse tant qu’on veut rassurez-vous. La nature humaine comme dit Saule ? Moi je n’y crois pas. La nature humaine, elle est surtout ce que l’époque, les circonstances et les rapports de force en font. Autre hypothèse : des États dits socialistes n’ont jamais eu la possibilité de se développer dans la sécurité. Ils se sont toujours construits contre le monde capitaliste et cela leur a imposé des contraintes très ‘dénaturantes’.
Mais ce n’est pas ici qu’on va pouvoir en décider.
Pourquoi dire que Marx est le père de Staline ? Il est aussi celui de Trotski, de Jaurès, des socialistes dont parle Jules dans sa critique éclair.
Alors, pourquoi Marx devrait-il s’excuser auprès du prolétariat ? Pour lui avoir donné des espoirs que les forces d’argent ont réussi à briser ?
Lorsqu’on parle de la ‘suppression de la propriété’, il s’agit toujours de la ‘propriété des moyens de production’. Il n’a jamais été question d’enlever à l’ouvrier sa petite voiture ou à Jules et moi nos petits ordinateurs, ou à Saule son rayonnage de Dostoïevski, non, ce qu’il s’agit d’enlever c’est la propriété privée d’une usine grâce à laquelle un homme fait du profit (en utilisant le travail d’autrui, c’est expliqué dans le « Manifeste »). Une telle abolition de la propriété privée (des moyens de production) ne doit pas faire peur à la très grande majorité d’entre nous, n’est-ce pas ?
Paul Mathil, le journaliste du Soir que cite Jules et qui conseillait à Marx de s’excuser (‘Prolétaires de tous les pays, excusez-moi’) est originaire des pays de l’Est et a souffert personnellement du stalinisme. Cela fait des années que ses articles sur l’URSS répercutent essentiellement sa rancœur. On peut le comprendre. Mais ce n’est pas intellectuellement satisfaisant.
Un lecteur du Soir lui a répondu longuement et plutôt courtoisement et il lui a demandé si, de même que Marx serait responsable du stalinisme, Diderot, d’Alembert et Voltaire seraient responsables de la ‘Terreur’ dans la mesure où leurs textes ont préparé la Révolution de 1789.
Non, n’est-ce pas.
Avec mes immenses excuses pour ceux qui liraient ceci jusqu’au bout. Je ne recommencerais plus, juré. Décidément, il y a en tout marxiste un filandreux qui ne s’ignore pas.
Salut Bolcho
Je te rassure, je n'ai pas dû faire d'efforts pour te lire jusqu'au bout dans la mesure où ce que tu dis est logique.
Certains petits détails quand-même: Voltaire et Diderot n'avaient pas pour volonté de faire la révolution ni de prétendre qu'ils détenaient une théorie économique qui allait résoudre une bonne part des problèmes. C'est à partir de là que les choses se mettent à déraper. Chez l'inventeur de l'idée, de l'idéologie, ou de ses adeptes qui mélangent un peu la sauce pour que cela marche en pratique.
Tu ne crois pas en l'influence de "la nature humaine" dans l'affaire ? Moi oui ! Dès qu'on touche à la propriété, l'être humain se hérisse, sauf si c'est lui qui aura le droit de violer ce droits tout en le conservant pour lui-même.
La jalousie et l'envie ne feraient-elles plus partie intégrante de nombreuses natures humaines ?...
Seulement la commune propriété des moyens de production ? Et cette propriété serait gérée par qui ? Et où se trouveraient les fonds pour investir dans ces moyens de productions et qui déciderait de l'utilité ou non de le faire ?
Si cela devait être l'état nous serions à nouveau dans une belle pagaille !... Et puis, dans la dictature du prolétariat ce serait qui d'autres que les "prolétaires" eux-mêmes ? Prolétaires qui, suite à la révolution auraient bien sûr leurs représentants au pouvoir... Nous tournons en rond... On est partit vers une dictature, par définition puisqu'ils le disent, et qui dit dictature dit écrasement et muselage de toute opposition.
Tout système sans opposition ne peut que se scléroser à terme et finir par s'effondrer. Un exemple ? Voilà l'Amérique avec un parti démocrate complètement avachi, effondré, et il est évident qu'elle ne représente plus qu'une parodie de démocratie.
Je comprends très bien ce que dis quand tu évoques l'amalgame, mais je crains que l'idée de départ suppose malheureusement l'obligation de virer vers les excès.
C'est vrai aussi que l'URSS a dû lutter pour imposer son régime, mais pendant combien d'années n'a-t-elle pas fait jouer la crainte pour sa sécurité dans un but bien précis d'imposer davantage de sacrifices et moins de liberté à ses peuples alors qu'il n'y avait plus des masses de dangers ?
Je ne me méfie pas des idéologies, je dirais que je les hais tellement elles sont dangereuses. C'est en leurs noms que bien souvent les plus grands crimes se sont commis.
Je te rassure, je n'ai pas dû faire d'efforts pour te lire jusqu'au bout dans la mesure où ce que tu dis est logique.
Certains petits détails quand-même: Voltaire et Diderot n'avaient pas pour volonté de faire la révolution ni de prétendre qu'ils détenaient une théorie économique qui allait résoudre une bonne part des problèmes. C'est à partir de là que les choses se mettent à déraper. Chez l'inventeur de l'idée, de l'idéologie, ou de ses adeptes qui mélangent un peu la sauce pour que cela marche en pratique.
Tu ne crois pas en l'influence de "la nature humaine" dans l'affaire ? Moi oui ! Dès qu'on touche à la propriété, l'être humain se hérisse, sauf si c'est lui qui aura le droit de violer ce droits tout en le conservant pour lui-même.
La jalousie et l'envie ne feraient-elles plus partie intégrante de nombreuses natures humaines ?...
Seulement la commune propriété des moyens de production ? Et cette propriété serait gérée par qui ? Et où se trouveraient les fonds pour investir dans ces moyens de productions et qui déciderait de l'utilité ou non de le faire ?
Si cela devait être l'état nous serions à nouveau dans une belle pagaille !... Et puis, dans la dictature du prolétariat ce serait qui d'autres que les "prolétaires" eux-mêmes ? Prolétaires qui, suite à la révolution auraient bien sûr leurs représentants au pouvoir... Nous tournons en rond... On est partit vers une dictature, par définition puisqu'ils le disent, et qui dit dictature dit écrasement et muselage de toute opposition.
Tout système sans opposition ne peut que se scléroser à terme et finir par s'effondrer. Un exemple ? Voilà l'Amérique avec un parti démocrate complètement avachi, effondré, et il est évident qu'elle ne représente plus qu'une parodie de démocratie.
Je comprends très bien ce que dis quand tu évoques l'amalgame, mais je crains que l'idée de départ suppose malheureusement l'obligation de virer vers les excès.
C'est vrai aussi que l'URSS a dû lutter pour imposer son régime, mais pendant combien d'années n'a-t-elle pas fait jouer la crainte pour sa sécurité dans un but bien précis d'imposer davantage de sacrifices et moins de liberté à ses peuples alors qu'il n'y avait plus des masses de dangers ?
Je ne me méfie pas des idéologies, je dirais que je les hais tellement elles sont dangereuses. C'est en leurs noms que bien souvent les plus grands crimes se sont commis.
Ah, j’aurais tant voulu ne pas intervenir du tout, faire comme si mon pseudo n’était qu’un pur et malheureux hasard, (alors qu’il est une simple exagération provocatrice : il n’y a plus lieu d’être ‘bolchevique’ de nos jours, pas plus que ‘menchevique’). Mais les cruels tortionnaires –dont je suis - qui se réclament du marxisme auraient-ils malgré eux, au fond de leur conscience dégénérée, un reste de faiblesses humaines ? Il faut croire, aussi ténu cela soit-il…
Bref, je cède à l’appel des sirènes de la polémique fraternelle, mais pour un instant : pas question de faire un discours de sept heures comme il est d’usage sur certaine petite île perdue au milieu de l’océan atlantique, seule face à l’ogre ploutocratique et impérialiste dirigé par un débile. (Si je jargonne trop et si ma langue est un peu de bois, vous pouvez me prévenir.)
Je voudrais d’abord dire un très grand bravo à Saule qui nous a pondu là une excellente critique-présentation du « Manifeste du parti communiste ». C’est quelque chose que je n’aurais sans doute pas pu faire de manière aussi claire et concise. Comme quoi il ne faut pas être forcément du sérail pour en apprécier les beautés (mais de quoi je parle, là ?). Je n’ai pas voulu réagir à cet excellent papier (décidément, j’étale la pommade) dans la mesure où cela aurait senti le parti pris. N’empêche, il faut avoir lu le « Manifeste ». Même si c’est pour le combattre ensuite. D’ailleurs, on sera d’autant plus pertinent pour le tailler en pièce.
Voilà. Je voudrais maintenant recadrer en deux mots le travail de Marx (rien que ça Bolcho ! en deux mots, vraiment ? Pas froid aux yeux hein !).
Et d’abord, il faut bien se rendre compte que l’on peut être marxiste (c’est-à-dire adopter dans les grandes lignes le raisonnement de Karl Marx) sans pour cela être léniniste forcément, ni maoïste, ni staliniste (surtout pas !). Marx et Engels ont d’abord et avant tout fait l’analyse du fonctionnement du système capitaliste. Ils n’ont pas décrit le monde tel qu’il devrait être dans une société communiste. D’autres l’ont fait après eux et certains l’ont ‘réalisé’ à leur manière. Rien n’oblige un marxiste à souscrire au stalinisme, au contraire même. On se souviendra par exemple, que l’on peut difficilement trouver des adversaires aussi acharnés que Staline et Trotski qui se réclamaient pourtant tous les deux du marxisme. Donc, les critiques portant sur le fonctionnement de l’URSS, j’en fais aussi de nombreuses. Elles sont peut-être différentes de celles qui viennent de droite, mais pas toujours. L’URSS, ce n’était PAS le communisme. Certains diraient effectivement que le communisme n’est qu’un but ultime, une espèce d’idéal à atteindre. Je vais tenter une comparaison : c’est un peu comme si l’on disait que nos sociétés actuelles seraient l’aboutissement ultime de ce que propose le libéralisme économique ; des trucs dans le genre ‘les prix sont fixés au meilleur intérêt des consommateurs grâce à une concurrence parfaite’ ou bien ‘la démocratie parlementaire bourgeoise permet au pauvre d’avoir autant de pouvoir que le riche’. Vous voyez, des trucs comme ça, on sent bien que ce n’est pas vraiment vrai de vrai, qu’il y a encore du boulot. Les défenseurs du capitalisme diront que l’on n’en est pas encore arrivé à la perfection de leur système. Et ils diront même que les régimes capitalistes qui ont opprimé, tué, enfermé, détruit dans les grandes largeurs eux aussi, ne sont pas un aboutissement et qu’ils ont perverti l’idée de départ.
Eh bien c’est ce que je dis : l’idée de départ du marxisme a été pervertie par les régimes qui ont voulu l’appliquer. Il faudrait analyser pourquoi ils l’ont pervertie. On trouve de ce type d’analyse tant qu’on veut rassurez-vous. La nature humaine comme dit Saule ? Moi je n’y crois pas. La nature humaine, elle est surtout ce que l’époque, les circonstances et les rapports de force en font. Autre hypothèse : des États dits socialistes n’ont jamais eu la possibilité de se développer dans la sécurité. Ils se sont toujours construits contre le monde capitaliste et cela leur a imposé des contraintes très ‘dénaturantes’.
Mais ce n’est pas ici qu’on va pouvoir en décider.
Pourquoi dire que Marx est le père de Staline ? Il est aussi celui de Trotski, de Jaurès, des socialistes dont parle Jules dans sa critique éclair.
Alors, pourquoi Marx devrait-il s’excuser auprès du prolétariat ? Pour lui avoir donné des espoirs que les forces d’argent ont réussi à briser ?
Lorsqu’on parle de la ‘suppression de la propriété’, il s’agit toujours de la ‘propriété des moyens de production’. Il n’a jamais été question d’enlever à l’ouvrier sa petite voiture ou à Jules et moi nos petits ordinateurs, ou à Saule son rayonnage de Dostoïevski, non, ce qu’il s’agit d’enlever c’est la propriété privée d’une usine grâce à laquelle un homme fait du profit (en utilisant le travail d’autrui, c’est expliqué dans le « Manifeste »). Une telle abolition de la propriété privée (des moyens de production) ne doit pas faire peur à la très grande majorité d’entre nous, n’est-ce pas ?
Paul Mathil, le journaliste du Soir que cite Jules et qui conseillait à Marx de s’excuser (‘Prolétaires de tous les pays, excusez-moi’) est originaire des pays de l’Est et a souffert personnellement du stalinisme. Cela fait des années que ses articles sur l’URSS répercutent essentiellement sa rancœur. On peut le comprendre. Mais ce n’est pas intellectuellement satisfaisant.
Un lecteur du Soir lui a répondu longuement et plutôt courtoisement et il lui a demandé si, de même que Marx serait responsable du stalinisme, Diderot, d’Alembert et Voltaire seraient responsables de la ‘Terreur’ dans la mesure où leurs textes ont préparé la Révolution de 1789.
Non, n’est-ce pas.
Avec mes immenses excuses pour ceux qui liraient ceci jusqu’au bout. Je ne recommencerais plus, juré. Décidément, il y a en tout marxiste un filandreux qui ne s’ignore pas.
Merci Bolcho, cette page était magnifiique ! Quelle lucidité ! Quelle analyse ! Vraiment, du tout grand Bolcho ! Je n'ai rien à ajouter, sauf à exhorter chacun et chacune à te lire..
A+ cher ami !
A+ cher ami !
Ah, j’aurais tant voulu ne pas intervenir du tout, faire comme si mon pseudo n’était qu’un pur et malheureux hasard, (alors qu’il est une simple exagération provocatrice : il n’y a plus lieu d’être ‘bolchevique’ de nos jours, pas plus que ‘menchevique’). Mais les cruels tortionnaires –dont je suis - qui se réclament du marxisme auraient-ils malgré eux, au fond de leur conscience dégénérée, un reste de faiblesses humaines ? Il faut croire, aussi ténu cela soit-il…
Bref, je cède à l’appel des sirènes de la polémique fraternelle, mais pour un instant : pas question de faire un discours de sept heures comme il est d’usage sur certaine petite île perdue au milieu de l’océan atlantique, seule face à l’ogre ploutocratique et impérialiste dirigé par un débile. (Si je jargonne trop et si ma langue est un peu de bois, vous pouvez me prévenir.)
Je voudrais d’abord dire un très grand bravo à Saule qui nous a pondu là une excellente critique-présentation du « Manifeste du parti communiste ». C’est quelque chose que je n’aurais sans doute pas pu faire de manière aussi claire et concise. Comme quoi il ne faut pas être forcément du sérail pour en apprécier les beautés (mais de quoi je parle, là ?). Je n’ai pas voulu réagir à cet excellent papier (décidément, j’étale la pommade) dans la mesure où cela aurait senti le parti pris. N’empêche, il faut avoir lu le « Manifeste ». Même si c’est pour le combattre ensuite. D’ailleurs, on sera d’autant plus pertinent pour le tailler en pièce.
Voilà. Je voudrais maintenant recadrer en deux mots le travail de Marx (rien que ça Bolcho ! en deux mots, vraiment ? Pas froid aux yeux hein !).
Et d’abord, il faut bien se rendre compte que l’on peut être marxiste (c’est-à-dire adopter dans les grandes lignes le raisonnement de Karl Marx) sans pour cela être léniniste forcément, ni maoïste, ni staliniste (surtout pas !). Marx et Engels ont d’abord et avant tout fait l’analyse du fonctionnement du système capitaliste. Ils n’ont pas décrit le monde tel qu’il devrait être dans une société communiste. D’autres l’ont fait après eux et certains l’ont ‘réalisé’ à leur manière. Rien n’oblige un marxiste à souscrire au stalinisme, au contraire même. On se souviendra par exemple, que l’on peut difficilement trouver des adversaires aussi acharnés que Staline et Trotski qui se réclamaient pourtant tous les deux du marxisme. Donc, les critiques portant sur le fonctionnement de l’URSS, j’en fais aussi de nombreuses. Elles sont peut-être différentes de celles qui viennent de droite, mais pas toujours. L’URSS, ce n’était PAS le communisme. Certains diraient effectivement que le communisme n’est qu’un but ultime, une espèce d’idéal à atteindre. Je vais tenter une comparaison : c’est un peu comme si l’on disait que nos sociétés actuelles seraient l’aboutissement ultime de ce que propose le libéralisme économique ; des trucs dans le genre ‘les prix sont fixés au meilleur intérêt des consommateurs grâce à une concurrence parfaite’ ou bien ‘la démocratie parlementaire bourgeoise permet au pauvre d’avoir autant de pouvoir que le riche’. Vous voyez, des trucs comme ça, on sent bien que ce n’est pas vraiment vrai de vrai, qu’il y a encore du boulot. Les défenseurs du capitalisme diront que l’on n’en est pas encore arrivé à la perfection de leur système. Et ils diront même que les régimes capitalistes qui ont opprimé, tué, enfermé, détruit dans les grandes largeurs eux aussi, ne sont pas un aboutissement et qu’ils ont perverti l’idée de départ.
Eh bien c’est ce que je dis : l’idée de départ du marxisme a été pervertie par les régimes qui ont voulu l’appliquer. Il faudrait analyser pourquoi ils l’ont pervertie. On trouve de ce type d’analyse tant qu’on veut rassurez-vous. La nature humaine comme dit Saule ? Moi je n’y crois pas. La nature humaine, elle est surtout ce que l’époque, les circonstances et les rapports de force en font. Autre hypothèse : des États dits socialistes n’ont jamais eu la possibilité de se développer dans la sécurité. Ils se sont toujours construits contre le monde capitaliste et cela leur a imposé des contraintes très ‘dénaturantes’.
Mais ce n’est pas ici qu’on va pouvoir en décider.
Pourquoi dire que Marx est le père de Staline ? Il est aussi celui de Trotski, de Jaurès, des socialistes dont parle Jules dans sa critique éclair.
Alors, pourquoi Marx devrait-il s’excuser auprès du prolétariat ? Pour lui avoir donné des espoirs que les forces d’argent ont réussi à briser ?
Lorsqu’on parle de la ‘suppression de la propriété’, il s’agit toujours de la ‘propriété des moyens de production’. Il n’a jamais été question d’enlever à l’ouvrier sa petite voiture ou à Jules et moi nos petits ordinateurs, ou à Saule son rayonnage de Dostoïevski, non, ce qu’il s’agit d’enlever c’est la propriété privée d’une usine grâce à laquelle un homme fait du profit (en utilisant le travail d’autrui, c’est expliqué dans le « Manifeste »). Une telle abolition de la propriété privée (des moyens de production) ne doit pas faire peur à la très grande majorité d’entre nous, n’est-ce pas ?
Paul Mathil, le journaliste du Soir que cite Jules et qui conseillait à Marx de s’excuser (‘Prolétaires de tous les pays, excusez-moi’) est originaire des pays de l’Est et a souffert personnellement du stalinisme. Cela fait des années que ses articles sur l’URSS répercutent essentiellement sa rancœur. On peut le comprendre. Mais ce n’est pas intellectuellement satisfaisant.
Un lecteur du Soir lui a répondu longuement et plutôt courtoisement et il lui a demandé si, de même que Marx serait responsable du stalinisme, Diderot, d’Alembert et Voltaire seraient responsables de la ‘Terreur’ dans la mesure où leurs textes ont préparé la Révolution de 1789.
Non, n’est-ce pas.
Avec mes immenses excuses pour ceux qui liraient ceci jusqu’au bout. Je ne recommencerais plus, juré. Décidément, il y a en tout marxiste un filandreux qui ne s’ignore pas.
J’ai un peu l’impression que ce qui est au cœur de notre débat, ce n’est pas tant le caractère souhaitable ou non d’une organisation communiste de la société (qui nierait ici que le partage équitable est plus sympathique que l’égoïsme ?) mais son caractère réaliste, applicable dans la pratique.
Je suppose que Jules, si on lui démontrait que l’être humain est naturellement bon et partageur, souscrirait au projet communiste. Mais on ne lui démontrera pas. Parce que ce n’est pas démontrable. Tout ce que l’on peut faire, c’est faire appel à des indices. On peut – comme le fait Saule – rappeler des faits historiques qui semblent aller dans le sens de l’homme partageur : les premières communautés chrétiennes et d’autres communautés aujourd’hui qui ne sont pas toutes idéologiquement ou religieusement marquées. On trouve aussi à travers tout le 19e siècle de passionnantes expériences de ce genre avec des gens comme Robert Owen, Etienne Cabet, Charles Fourier, etc qui sont un peu à l’origine de l’idée des coopératives de production d’abord et des coopératives de consommation ensuite ou même de l’idée moderne des entreprises autogérées. Plus près de nous aussi, on trouve moult exemples de mises en commun : nos États modernes, par le biais de l’impôt, organisent bien des aspects de notre vie quotidienne dans une logique ‘collectiviste’.
Mais les indices inverses sont évidemment beaucoup plus connus et beaucoup plus nombreux : les guerres mondiales, le colonialisme, l’état actuel du tiers monde, mais aussi les inégalités chez nous, le vol, la course au profit, la surconsommation qui détruit l’environnement, la course au profit, etc.
Alors, où est la ‘nature humaine’ ?
Peut-on avoir la même ‘nature humaine’ si l’on est un esclave à Sparte ou Bill Gates ? Mes réactions d’altruisme ou d’égoïsme, seront-elles les mêmes que je sois moine ou capitaine d’industrie ? Non, toute l’histoire de la Vie Privée montre que les êtres humains ont vu leurs grandeurs et leurs petitesses changer de visage d’une époque à l’autre, d’un contexte à l’autre.
Vivre à une certaine époque, dans un environnement technologique donné, influencé par les idées qui ont cours, sous la pression ou non de nécessités immédiates pour assurer ma survie et celle des miens, etc, tout cela influence grandement ma vision du monde et de la place que je peux y prendre. Nous sommes aujourd’hui dans un monde occidental qui met en avant le cynisme et l’individualisme. Cela n’empêche pas que l’on puisse garder des solidarités très fortes où l’égoïsme prétendument naturel est assez largement oublié; au sein de la famille par exemple ou d’un autre groupe social proche que l’on s’est choisi. Ne serions-nous pas tous capables de nous arracher les tripes pour la survie de Critlib ? Ah, vous voyez bien !
Les autres questions touchant à l’organisation possible d’une société qui mettrait en commun les moyens de production sont passionnantes, mais elles se rattachent aussi à cette idée que l’on se fait de l’Homme. Je sais bien qu’on essaie de faire passer le libéralisme économique comme une sorte de non-idéologie laissant la nature, en quelque sorte, réguler le cours de la redistribution des richesses. C’est le mythe de ce que l’on nomme la ‘Petite Production Marchande’. Tous les égoïsmes mis ensemble aboutiraient à une sorte d’équilibre parfait en passant dans la grande moulinette du Marché. Ce n’est pas correct. Le libéralisme économique est lui aussi une idéologie extrêmement dangereuse qui massacre énormément de monde et depuis fort longtemps (on ne va tout de même pas se lancer dans un décompte sordide des victimes des deux bords pour décider en fin de compte que telle idéologie est la meilleure car elle a produit trois morts de moins).
Maintenant, si j’entre dans les détails et si je décris comment on peut organiser une société sur une base collectiviste (il faut de la démocratie, encore de la démocratie et toujours, etc), je vais donner l’impression de vouloir convaincre des gens. Or, je ne le souhaite pas. Pas ici, pas maintenant. Et puis l’époque ne s’y prête pas et ce n’est pas ma petite voix fluette qui va y changer quelque chose.
D’ailleurs, souvenez-vous, Marx ne s’est pas non plus lancé dans ce type de description…alors.
Cela dit, toute critique portant sur les textes de Marx (et de tous les ‘marxistes’ qui l’ont suivi) est la bienvenue. Il ne s’agit en aucun cas de textes sacrés. Ils doivent être mis en pièce de même que toute théorie doit l’être. Et il y a bien évidemment tellement de choses qui ont changé depuis, que de nombreux aspects de ces textes ont dû recevoir des corrections et le devront encore. Tant mieux.
Pour répondre quelques mots plus particulièrement à l’intervention de Saule, voici :
- sur la famille d’abord : je ne pense pas que l’on puisse dire que les marxistes veulent ‘abolir la famille’. Mais à l’époque, on se méfie du creuset idéologique qu’est la famille bourgeoise et on souhaite y substituer la patte de l’État. D’ailleurs, ce n’est pas typique du marxisme comme réaction : il n’est qu’à voir l’école publique laïque en France.
- sur l’abolition de la religion. Là, j’avoue être encore moins compétent que pour le reste. Il est clair que le marxisme se trouve là face à une idéologie rivale qui a souvent pris le parti des riches et des puissants (ça, c’est pour l’aspect conjoncturel), mais qui surtout a vocation à intervenir dans l’organisation même de la société (c’est surtout vrai à l’époque, mais ce n’est pas vraiment faux aujourd’hui). Sans doute que des religions qui resteraient bien sagement confinées à la sphère privée seraient moins dérangeantes, mais ce serait les contraindre à une opération de modestie telle qu’elles n’en ont pas l’habitude, non ? Et puis, avouons que pour un démocrate sourcilleux, l’autorité incontestable d’un vieux barbu sur son nuage, ce n’est pas un gage de discussion libre…
Une dernière fois pardon pour avoir été long, ce qui paraît toujours non seulement rasoir mais aussi prétentieux. Je vais vraiment faire un effort pour la fermer définitivement sur le sujet. Revenons plutôt aux livres. Saule nous a rappelé que le « Manifeste » était – aussi – agréable à lire, tout simplement.
Je suppose que Jules, si on lui démontrait que l’être humain est naturellement bon et partageur, souscrirait au projet communiste. Mais on ne lui démontrera pas. Parce que ce n’est pas démontrable. Tout ce que l’on peut faire, c’est faire appel à des indices. On peut – comme le fait Saule – rappeler des faits historiques qui semblent aller dans le sens de l’homme partageur : les premières communautés chrétiennes et d’autres communautés aujourd’hui qui ne sont pas toutes idéologiquement ou religieusement marquées. On trouve aussi à travers tout le 19e siècle de passionnantes expériences de ce genre avec des gens comme Robert Owen, Etienne Cabet, Charles Fourier, etc qui sont un peu à l’origine de l’idée des coopératives de production d’abord et des coopératives de consommation ensuite ou même de l’idée moderne des entreprises autogérées. Plus près de nous aussi, on trouve moult exemples de mises en commun : nos États modernes, par le biais de l’impôt, organisent bien des aspects de notre vie quotidienne dans une logique ‘collectiviste’.
Mais les indices inverses sont évidemment beaucoup plus connus et beaucoup plus nombreux : les guerres mondiales, le colonialisme, l’état actuel du tiers monde, mais aussi les inégalités chez nous, le vol, la course au profit, la surconsommation qui détruit l’environnement, la course au profit, etc.
Alors, où est la ‘nature humaine’ ?
Peut-on avoir la même ‘nature humaine’ si l’on est un esclave à Sparte ou Bill Gates ? Mes réactions d’altruisme ou d’égoïsme, seront-elles les mêmes que je sois moine ou capitaine d’industrie ? Non, toute l’histoire de la Vie Privée montre que les êtres humains ont vu leurs grandeurs et leurs petitesses changer de visage d’une époque à l’autre, d’un contexte à l’autre.
Vivre à une certaine époque, dans un environnement technologique donné, influencé par les idées qui ont cours, sous la pression ou non de nécessités immédiates pour assurer ma survie et celle des miens, etc, tout cela influence grandement ma vision du monde et de la place que je peux y prendre. Nous sommes aujourd’hui dans un monde occidental qui met en avant le cynisme et l’individualisme. Cela n’empêche pas que l’on puisse garder des solidarités très fortes où l’égoïsme prétendument naturel est assez largement oublié; au sein de la famille par exemple ou d’un autre groupe social proche que l’on s’est choisi. Ne serions-nous pas tous capables de nous arracher les tripes pour la survie de Critlib ? Ah, vous voyez bien !
Les autres questions touchant à l’organisation possible d’une société qui mettrait en commun les moyens de production sont passionnantes, mais elles se rattachent aussi à cette idée que l’on se fait de l’Homme. Je sais bien qu’on essaie de faire passer le libéralisme économique comme une sorte de non-idéologie laissant la nature, en quelque sorte, réguler le cours de la redistribution des richesses. C’est le mythe de ce que l’on nomme la ‘Petite Production Marchande’. Tous les égoïsmes mis ensemble aboutiraient à une sorte d’équilibre parfait en passant dans la grande moulinette du Marché. Ce n’est pas correct. Le libéralisme économique est lui aussi une idéologie extrêmement dangereuse qui massacre énormément de monde et depuis fort longtemps (on ne va tout de même pas se lancer dans un décompte sordide des victimes des deux bords pour décider en fin de compte que telle idéologie est la meilleure car elle a produit trois morts de moins).
Maintenant, si j’entre dans les détails et si je décris comment on peut organiser une société sur une base collectiviste (il faut de la démocratie, encore de la démocratie et toujours, etc), je vais donner l’impression de vouloir convaincre des gens. Or, je ne le souhaite pas. Pas ici, pas maintenant. Et puis l’époque ne s’y prête pas et ce n’est pas ma petite voix fluette qui va y changer quelque chose.
D’ailleurs, souvenez-vous, Marx ne s’est pas non plus lancé dans ce type de description…alors.
Cela dit, toute critique portant sur les textes de Marx (et de tous les ‘marxistes’ qui l’ont suivi) est la bienvenue. Il ne s’agit en aucun cas de textes sacrés. Ils doivent être mis en pièce de même que toute théorie doit l’être. Et il y a bien évidemment tellement de choses qui ont changé depuis, que de nombreux aspects de ces textes ont dû recevoir des corrections et le devront encore. Tant mieux.
Pour répondre quelques mots plus particulièrement à l’intervention de Saule, voici :
- sur la famille d’abord : je ne pense pas que l’on puisse dire que les marxistes veulent ‘abolir la famille’. Mais à l’époque, on se méfie du creuset idéologique qu’est la famille bourgeoise et on souhaite y substituer la patte de l’État. D’ailleurs, ce n’est pas typique du marxisme comme réaction : il n’est qu’à voir l’école publique laïque en France.
- sur l’abolition de la religion. Là, j’avoue être encore moins compétent que pour le reste. Il est clair que le marxisme se trouve là face à une idéologie rivale qui a souvent pris le parti des riches et des puissants (ça, c’est pour l’aspect conjoncturel), mais qui surtout a vocation à intervenir dans l’organisation même de la société (c’est surtout vrai à l’époque, mais ce n’est pas vraiment faux aujourd’hui). Sans doute que des religions qui resteraient bien sagement confinées à la sphère privée seraient moins dérangeantes, mais ce serait les contraindre à une opération de modestie telle qu’elles n’en ont pas l’habitude, non ? Et puis, avouons que pour un démocrate sourcilleux, l’autorité incontestable d’un vieux barbu sur son nuage, ce n’est pas un gage de discussion libre…
Une dernière fois pardon pour avoir été long, ce qui paraît toujours non seulement rasoir mais aussi prétentieux. Je vais vraiment faire un effort pour la fermer définitivement sur le sujet. Revenons plutôt aux livres. Saule nous a rappelé que le « Manifeste » était – aussi – agréable à lire, tout simplement.
Darius, tu essaies de me faire rougir alors que je le suis déjà trop...
Rougir de temps à autre sous un compliment n'est qu'une minuscule petite gêne, suivie d'une satisfaction... Et puis, faudrait-il être gêné d'être un peu plus rouge que noir ?... Sûrement pas !
Ton dernier texte vaut le premier, mesuré et réfléchi. Tu me connais cependant assez que pour savoir que je ne suis cependant toujours pas 100% d'accord mais... Tu as raison, revenons en aux livres, ce n'est pas plus mal. Ce genre de discussion demanderait du temps et serait plus agréable autour d'un bon verre...
Ton dernier texte vaut le premier, mesuré et réfléchi. Tu me connais cependant assez que pour savoir que je ne suis cependant toujours pas 100% d'accord mais... Tu as raison, revenons en aux livres, ce n'est pas plus mal. Ce genre de discussion demanderait du temps et serait plus agréable autour d'un bon verre...
Darius, tu essaies de me faire rougir alors que je le suis déjà trop...
Bolcho, je constate avec bonheur que tu ne perds pas ton humour légendaire.
Désolée de n'avoir pu que bêtement souscrire à tes idées et de ne pas avoir été capable d'entrer de plein-pied dans le débat.
Si d'autres ont été attentifs, j'ai été absente du site. Plus de critiques car plus de lectures. J'ai rangé pour un temps mes livres au placard. Pas par manque de temps, mais pour marquer un temps d'arrêt, faire le point et me lancer dans d'autres aventures.
A+ les amis. Et bonjour Jules. je ne t'oublie pas. Mais tu es tellement ferré en tout que face à toi, je ne suis plus qu'un animacule qui apprend à bégayer 0;))
Bon week-end !
Désolée de n'avoir pu que bêtement souscrire à tes idées et de ne pas avoir été capable d'entrer de plein-pied dans le débat.
Si d'autres ont été attentifs, j'ai été absente du site. Plus de critiques car plus de lectures. J'ai rangé pour un temps mes livres au placard. Pas par manque de temps, mais pour marquer un temps d'arrêt, faire le point et me lancer dans d'autres aventures.
A+ les amis. Et bonjour Jules. je ne t'oublie pas. Mais tu es tellement ferré en tout que face à toi, je ne suis plus qu'un animacule qui apprend à bégayer 0;))
Bon week-end !
Rougir de temps à autre sous un compliment n'est qu'une minuscule petite gêne, suivie d'une satisfaction... Et puis, faudrait-il être gêné d'être un peu plus rouge que noir ?... Sûrement pas !
Ton dernier texte vaut le premier, mesuré et réfléchi. Tu me connais cependant assez que pour savoir que je ne suis cependant toujours pas 100% d'accord mais... Tu as raison, revenons en aux livres, ce n'est pas plus mal. Ce genre de discussion demanderait du temps et serait plus agréable autour d'un bon verre...
Darius, tu essaies de me faire rougir alors que je le suis déjà trop...
Si Bolcho a rougit, là je deviens carrément pivoine !... "Si ferré en tout..." tu crois cela vraiment ?... Une certaine culture, oui, beaucoup de lectures, oui, mais je suis loin d'être le seul, sur ce site et ailleurs, dans ce cas. J'en connais pas mal vraiment bien plus loins que moi !
Et puis, à 59 ans, on a disposé de bien plus de temps pour apprendre, pour suivre l'évolution du monde, pour découvrir les différentes facettes des hommes et pour lire, qu'à dix-sept par exemple. Mais tout cela c'est de la culture, du recul et non de l'intelligence. Cela n'empêche pas non plus de se trouver face à un jeune et de trouver que sa vision des choses tient tout autant la route que la mienne, surtout dans son contexte.
Merci quand-même, Darius, pour cette opinion. Même un rien usurpée, elle fait toujours plaisir. Là, je suis au second temps que j'évoquais avec Bolcho...
Et puis, à 59 ans, on a disposé de bien plus de temps pour apprendre, pour suivre l'évolution du monde, pour découvrir les différentes facettes des hommes et pour lire, qu'à dix-sept par exemple. Mais tout cela c'est de la culture, du recul et non de l'intelligence. Cela n'empêche pas non plus de se trouver face à un jeune et de trouver que sa vision des choses tient tout autant la route que la mienne, surtout dans son contexte.
Merci quand-même, Darius, pour cette opinion. Même un rien usurpée, elle fait toujours plaisir. Là, je suis au second temps que j'évoquais avec Bolcho...
Bolcho, je constate avec bonheur que tu ne perds pas ton humour légendaire.
Désolée de n'avoir pu que bêtement souscrire à tes idées et de ne pas avoir été capable d'entrer de plein-pied dans le débat.
Si d'autres ont été attentifs, j'ai été absente du site. Plus de critiques car plus de lectures. J'ai rangé pour un temps mes livres au placard. Pas par manque de temps, mais pour marquer un temps d'arrêt, faire le point et me lancer dans d'autres aventures.
A+ les amis. Et bonjour Jules. je ne t'oublie pas. Mais tu es tellement ferré en tout que face à toi, je ne suis plus qu'un animacule qui apprend à bégayer 0;))
Bon week-end !
Rougir de temps à autre sous un compliment n'est qu'une minuscule petite gêne, suivie d'une satisfaction... Et puis, faudrait-il être gêné d'être un peu plus rouge que noir ?... Sûrement pas !
Ton dernier texte vaut le premier, mesuré et réfléchi. Tu me connais cependant assez que pour savoir que je ne suis cependant toujours pas 100% d'accord mais... Tu as raison, revenons en aux livres, ce n'est pas plus mal. Ce genre de discussion demanderait du temps et serait plus agréable autour d'un bon verre...
Darius, tu essaies de me faire rougir alors que je le suis déjà trop...
Au risque d'atterrir dans ce débat comme un cheveu sur la soupe, je tiens à intervenir pour l'enrichir et j'espere que ma jeunesse apportera un zest de fraicheur sur un sujet qui a surtout passionne nos ancetres et qui me passionne cependant tout autant.
Si comme Bolcho, je devais me réclamer de la pensee de Marx, je ne le serai certainement pas d'une forme dogmatique, qui introniserait la parole de certains ideologues, fideles à un petit manifeste, comme une necessaire verite.
La catastrophique experience sovietique, qui me semble loin de correspondre au communisme, est là pour en temoigner.
Comme Bolcho, je pense que l'appropriation collective des moyens de production par les salaries eux-memes est une lutte à mener pour les tenants de la transforamtion sociale. Neanmoins, d'autres formes de domination, d'injustice existent et ont ete trop longtemps relegue en arriere plan. Le feminisme, le combat pour le respect ecologique de la nature, la conquete de la democratie participative, la reconnaissance de libertes individuelles(homosexualite, ...), la lutte contre l'intolerance sur le plan politique, religieux ou ethnique ne sont-ils pas des formes d'action allant dans le sens de l'emancipation humaine et donc du mouvement communiste tel que Marx le definissait?
Tres critique vis à vis de la pensee marxiste, je n'en pense pas moins qu'il faut la faire vivre et évoluer. Les lacunes (la place de l'individu delaissee au depend d'une entite abstraite et idealisee: la collectivite, le role du Parti et sa propagande, la predominance de l'Etat comme moyen d'appropriation,...) ont certainement ete à l'origine de la derive du leninisme et du stalinisme. Pour autant, sa critique du capitalisme (son oeuvre majeure), son ambition de transformer la societe, de bousculer tout ordre etabli, de faire reculer l'injustice et de voir en l'emergence de la solidarite un axe du developpement de la civilisation m'interpellent aujourd'hui, à une epoque où l'absence de combativite face aux injustices et aux coups portes et l'essor de l'individualisme m'inquietent.
La pensee de Marx est imparfaite, discutable voire sur de nombreux points rejettables : tant mieux, ne serait-il pas lui meme satisfait en voyant que d'un cote aujourd'hui il est critiqué et qu'il suscite de nombreux debats, et que d'un autre cote l'Histoire ne s'est pas arrete et qu'à tout instant un cliché pris du monde nous invite à le transformer.
Si comme Bolcho, je devais me réclamer de la pensee de Marx, je ne le serai certainement pas d'une forme dogmatique, qui introniserait la parole de certains ideologues, fideles à un petit manifeste, comme une necessaire verite.
La catastrophique experience sovietique, qui me semble loin de correspondre au communisme, est là pour en temoigner.
Comme Bolcho, je pense que l'appropriation collective des moyens de production par les salaries eux-memes est une lutte à mener pour les tenants de la transforamtion sociale. Neanmoins, d'autres formes de domination, d'injustice existent et ont ete trop longtemps relegue en arriere plan. Le feminisme, le combat pour le respect ecologique de la nature, la conquete de la democratie participative, la reconnaissance de libertes individuelles(homosexualite, ...), la lutte contre l'intolerance sur le plan politique, religieux ou ethnique ne sont-ils pas des formes d'action allant dans le sens de l'emancipation humaine et donc du mouvement communiste tel que Marx le definissait?
Tres critique vis à vis de la pensee marxiste, je n'en pense pas moins qu'il faut la faire vivre et évoluer. Les lacunes (la place de l'individu delaissee au depend d'une entite abstraite et idealisee: la collectivite, le role du Parti et sa propagande, la predominance de l'Etat comme moyen d'appropriation,...) ont certainement ete à l'origine de la derive du leninisme et du stalinisme. Pour autant, sa critique du capitalisme (son oeuvre majeure), son ambition de transformer la societe, de bousculer tout ordre etabli, de faire reculer l'injustice et de voir en l'emergence de la solidarite un axe du developpement de la civilisation m'interpellent aujourd'hui, à une epoque où l'absence de combativite face aux injustices et aux coups portes et l'essor de l'individualisme m'inquietent.
La pensee de Marx est imparfaite, discutable voire sur de nombreux points rejettables : tant mieux, ne serait-il pas lui meme satisfait en voyant que d'un cote aujourd'hui il est critiqué et qu'il suscite de nombreux debats, et que d'un autre cote l'Histoire ne s'est pas arrete et qu'à tout instant un cliché pris du monde nous invite à le transformer.
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