Manifeste du Parti communiste de Friedrich Engels, Karl Marx
( Manifest der kommunistischen Partei)
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
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Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!
Marx et Engels écrivirent ce manifeste du parti communiste en 1847, à la demande du parti réuni en assemblée à Londres. Il s'agissait de faire connaître le programme communiste et d'opposer une base théorique et un programme au pouvoir politique qui percevait le communisme comme "un spectre qui hante l'occident".
Ecrit il y a plus de 150 ans il n’en reste pas moins étonnamment d’actualité sur certains points. Il vaut vraiment la peine d’être lu surtout qu'il est tout à fait abordable (pas besoin d'avoir fait des études de sciences politiques). Il est disponible sur internet sur quantité de sites, mais aussi dans la belle collection mille et une nuits.
L'idée principale qui sous-tend la théorie de Marx et Engels est celle de la lutte de classes. Le manifeste commence d'ailleurs par ces mots : « L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes ». A l'époque de Marx et Engels, cette lutte de classes a atteint un paroxysme. L’ancienne organisation féodale qui n’était plus adaptée au développement de l’industrie a été balayée par la bourgeoisie (les capitalistes) et la société est divisée en deux camps ennemis : la bourgeoisie et le prolétariat.
Selon les auteurs la bourgeoisie contient en elle les germes de sa propre destruction. Surproduction et diminution de la valeur du travail (qui souffre de la concurrence des machines) impliquent la paupérisation croissante d’une masse de prolétaires de plus en plus importante. Cette masse s’organise et se prépare à la lutte inéluctable qui conduira à la destruction de la bourgeoisie.
« Mais la bourgeoisie n'a pas seulement forgé les armes qui la mettront à mort; elle a produit aussi les hommes qui manieront ces armes, les ouvriers modernes, les prolétaires. A mesure que grandit la bourgeoisie, c'est-à-dire le capital, se développe aussi le prolétariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu'à la condition de trouver du travail et qui n'en trouvent que si leur travail accroît le capital. Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchandise, un article de commerce comme un autre; ils sont exposés, par conséquent, à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché »
Le but du communisme est le renversement de la bourgeoisie et la conquête du pouvoir politique par le prolétariat. Dans une phase préliminaire il faut que le prolétariat s’érige en classe dominante, afin de détruire l’ancien régime de production et par ce fait supprimer l’antagonisme entre les classes. A terme disparaîtra totalement la notion de classe ce qui est le but ultime. A côté de la suppression des classes, l'autre principe fondamental est la suppression de la propriété privée. Dans le capitalisme, le travail de l’ouvrier ne sert qu’à augmenter la valeur du capital, un capital qui l’asservit et qui ne lui appartient pas. L'appropriation du capital est basée sur l’exploitation d’une classe par une autre. Suppression de la propriété privée donc mais également abolition de l'ancienne morale et des valeurs traditionnelles de la bourgeoisie (famille, religion).
« Vous êtes saisis d'horreur parce que nous voulons abolir la propriété privée. Mais, dans votre société, la propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes de ses membres. C est précisément parce qu'elle n'existe pas pour ces neuf dixièmes qu'elle existe pour vous. Vous nous reprochez donc de vouloir abolir une forme de propriété qui ne peut exister qu'à la condition que l'immense majorité soit frustrée de toute propriété. En un mot, vous nous accusez de vouloir abolir votre propriété à vous. En vérité, c'est bien ce que nous voulons. »
Le manifeste se termine par cet appel à la révolution percutant : « Les communistes ne s'abaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l'ordre social passé. Que les classes dirigeantes tremblent à l'idée d'une révolution communiste ! Les prolétaires n'y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner. Prolétaires de tout les pays, unissez-vous ! »
Voilà un très bref résumé de ce texte qui est par ailleurs fort court et qui se doit d’être lu. Evidemment sa lecture suscite la réflexion. Je me permets d’ailleurs quelques considérations plus personnelles au risque d'entamer la polémique. En particulier je me pose la question du pourquoi de l’échec d’une doctrine qui avait des côtés fondamentalement bons, comme la suppression de la propriété privée et la suppression des classes sociales. Peut-être que le besoin de dominer et d’asservir son prochain est trop profondément enraciné dans l’homme ? Par ailleurs il me semble aussi que les auteurs n’avaient pas prévu l’émergence d’une classe moyenne importante et qui a rendu un peu caduque la notion de lutte de classes (et cela est à l’actif du capitalisme). Cependant même s'il est exact qu’on ne peut plus parler de domination d’une classe par une autre, j’ai le sentiment que nous sommes maintenant tous devenus esclaves de la société de consommation, ce qui n’est pas tellement mieux ! Et au lieu de l’antagonisme capitaliste – prolétaire on peut parler maintenant d’un antagonisme entre ceux qui travaillent (et qui ont tout les avantages liés au travail) et les chômeurs.
Les éditions
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Manifeste du Parti communiste [Texte imprimé] Marx, Engels trad. de l'allemand par Laura Lafargue postf. de Raoul Vaneigem
de Marx, Karl Engels, Friedrich Vaneigem, Raoul (Postface) Lafargue, Laura (Traducteur)
Éd. Mille et une nuits / Mille et une nuits.
ISBN : 9782910233532 ; 3,00 € ; 01/07/1997 ; 79 p. ; Broché
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Prolos, au boulot.
Critique de Maranatha (, Inscrit le 17 janvier 2019, 52 ans) - 27 octobre 2019
Effectivement c'est bref, clair et concis.
Cela résume bien ce qu'est le communisme, cette idéologie aux 100 millions de morts.
Il était évident qu'une doctrine qui veut détruire la famille, la tradition, l'Eglise et mettre en avant l'émancipation des masses, ne pouvait qu'accoucher de massacres.
Je ne dis pas que tout est à jeter. Il y a des bons points de départ pour une société nouvelle, le souci c'est qu'on sent poindre une certaine haine dans les propos. Concernant la bourgeoisie, le capital, les classes, les gouvernements.
Il est aisé de porter un certain regard puisque le communisme a ravagé tous les endroits où il est passé.
Son avorton légitime, le socialisme, itou.
Je n'ai pas le sentiment que le monstre a échappé à ses créateurs, je pense qu'ils avaient pleinement conscience d'en avoir créé un.
Il faut lire ce livre pour ce qu'il est et certains parallèles avec notre époque sont consternants. Comme quoi rien ne change, seule la forme des capitaux ou des pouvoirs se grime autrement.
Ca fait rêver, ca fait réfléchir aussi...
Critique de Paquerette01 (Chambly, Inscrite le 11 juillet 2008, 53 ans) - 13 mars 2012
La théorie sur le papier est aussi séduisante que l'application et les mises en place ne m'affligent et ne m'effraient dans notre histoire contemporaine....
A la lumière de cet exemple, on comprend mieux encore le pouvoir et les dérives possibles des médias comme vecteur de manipulation.... Euh je voulais dire de communication....
Enfin je dis cela, je ne dis rien!
A lire avec un regard critique
Critique de Fabio (Noisy le Sec, Inscrit le 29 mars 2002, 46 ans) - 17 janvier 2004
A Jules, qui défend l’idée que le niveau occidental est élevé, je tiens à lui faire remarquer que notre prospérité provient en partie du fait de la domination de l'occident exercée sur des pays sous-développés, tenus par des régimes sanguinaires et corrompus.
Faut-il abandonner la lutte pour l’émancipation humaine, de développer une civilisation "plus humaine" ou pour paraphraser le philosophe allemand le libre développement de chacun soit lié au libre développement de tous? Je ne le pense pas. Le capitalisme n'est pas un horizon indépassable, comme le féodalisme ou l'esclavagisme ne l'ont pas toujours été, l'histoire le prouve. Néanmoins, reconduire une révolution du grand soir sous la houlette d'une avant-garde éclairée qui s'imposerait à tous n'est certainement pas le chemin à emprunter. Si les luttes pour la transformation de notre société me semblent toujours d’actualité, elles doivent articuler conquête sociale et développement des libertés individuelles et se placer sous le signe de la démocratie (démocratie participative bien sûr car elle est l'affaire de tous et non pas démocratie uniquement délégatrice, avec celle-ci rien ne pourra avancer).
Quand au terme communisme, ne le galvaudons pas et ce n'est pas la peine de l'utiliser à n'importe quelle sauce.
Rappelons que historiquement les pays de l'est ont été des régimes dits du socialisme réel. Le communisme doit plutôt être perçu non-pas comme un régime à un instant figé, le communisme est le mouvement réel de transformation de la société. En somme, le communisme ne peut être identifie comme un régime, quels que soient les stades du développement de la civilisation, la société sera toujours à améliorer dans le sens de l’émancipation humaine et donc le mouvement communiste sera toujours d’actualité.
Certainement à lire !
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 14 janvier 2004
Abolir les classes ? Le communisme, à mes yeux, n'a fait que remplacer certaines classes par d'autres. L'apparatchik a remplacé le nanti d'avant. Donnez du pouvoir à un homme et il en abusera a son propre profit. C'est presque une loi universelle ! Les inégalités n'étaient pas moindres sous les régimes communistes qu'avant.
Abolir la propriété ? Il a suffi de voir ce que Staline a dû faire avec les paysans pour voir s'ils n'étaient pas attachés à leur propriété !... Celui qui n'a rien ne pense qu'à l'abolir. Donnez lui quelque chose et il se battra pour le garder. Cela ne pouvait qu'aboutir à faire de nouvelles différences. Aujourd'hui, grâce à une évolution qui était plus que nécessaire et qui a été gagnée par le socialisme et non pas par la révolution, la classe ouvrière est bien souvent propriétaire de sa maison, de sa voiture etc. Parlez-leur de la suppression de la propriété !... Bien sûr il reste le quart- monde et nous n'avons pas à en être fiers... Mais en gros, le niveau de vie moyen, pour le plus grand nombre, n'a jamais été aussi élevé.
La révolution, ses utopies et ses bains de sang ont été évités. Le tout s'est fait plus lentement, par la lutte des premiers socialistes, pour un monde plus juste. La révolution a été remplacée, chez nous, par une lutte d'intérêts, des rapports de force et les résultats m'en semblent meilleurs que ce que le communisme nous a montré.
Quant au nouvel esclavage du marché et de la consommation, c'est un fait. Mais nous sommes libres et rien ne nous oblige à être les moutons bêlants devant les publicités. Il faut aussi voir que si nous ne consommons plus l'emploi va s'effondrer et cela pourrait être le cercle infernal. Mais le communisme, la suppression de la propriété est-il une solution ?
Rien n'est parfait et nous sommes loin de nous en approcher ! Mais c'est quand-même dans nos démocraties du type occidental que le niveau de vie est le plus élevé. Bien sûr il conviendra d'évoluer à nouveau, mais cela c'est toute l'histoire de l'humanité: des hommes accrochés à ce qu'ils ont et ce qu'ils connaissent, alors que l'évolution est indispensable. Qui n'évolue plus s'éteint et se meurt. Mais les forces contraires font que tout cela est lent. C'est parfois mieux d'ailleurs, car les solutions qui semblent évidentes ne sont bien souvent que des mirages qui nous font retomber plus bas !
Je ne résiste pas à citer un journaliste du Soir qui, dans ses voeux, a écrit cette phrase en rêvant d'entendre Marx la prononcer: "Prolétaires de tous les pays, excusez-moi !"
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