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Enfin me disai-je à la lecture de cette critique, nous allons savoir LA vérité sur l'Histoire... C'est vrai, il y a si longtemps qu'on la cherche et elle semble étrangement fuyante, changeant de forme selon que tel ou tel l'observe et la décrit. Bof. Ne pourrait-on pas dire plutôt qu'en ce qui concerne l'histoire, c'est un peu comme pour le reste ? Ce qui compterait ne serait pas tant la réalité que le regard qu'on porte dessus ?
Eh bien, le regard de cet auteur ne semble pas plus objectif que celui des autres. Je n'ai pas lu le livre et n'interviens donc que modestement dans ce forum, mais on peut trouver sur le net des interviews de Jean Sévillia: il n'y a pas de doute, il pense à droite, franchement, nettement, à droite; et il en a parfaitement le droit. Simplement, il faut le savoir et ne pas imaginer qu'il arrive avec quelque chose qui ressemblerait à une vérité ultime, 'historiquement correcte'. Ce qui n'enlève rien à l'éventuel intérêt de ce qu'il raconte dans ce livre...
Eh bien, le regard de cet auteur ne semble pas plus objectif que celui des autres. Je n'ai pas lu le livre et n'interviens donc que modestement dans ce forum, mais on peut trouver sur le net des interviews de Jean Sévillia: il n'y a pas de doute, il pense à droite, franchement, nettement, à droite; et il en a parfaitement le droit. Simplement, il faut le savoir et ne pas imaginer qu'il arrive avec quelque chose qui ressemblerait à une vérité ultime, 'historiquement correcte'. Ce qui n'enlève rien à l'éventuel intérêt de ce qu'il raconte dans ce livre...
Moi non plus je n'ai pas lu ce livre, mais comme en général je suis méfiante par rapport à ces livres voulant démontrer des vérités historiques, j'aimerais demander à Ccrider qui l'a lu et en a fait l'éloge :
Qu'en-est-t'il des sources utilisées par l'auteur ? Sont-elles bien citées, est-il indiqué où les trouver... ?
L'auteur ne se contente t'il pas de citer des extraits de textes tirés de leur contexte... ? Il est très facile de taxer quelqu'un d'antisémitisme de cette manière
De plus, d'après toi, avant d'avoir lu ce livre, tu pensais que pour le "grand public", l'Histoire était soit toute blanche soit toute noire ?
Moi, je trouve au contraire que l'enseignement de l'Histoire aujourd'hui à l'école est au contraire très bien fait, et pousse bien les élèves à se méfier des idées trop simplistes.
Quant aux thèmes cités dans ta critique, toutes les idées ne semblent pas révolutionnaires.
Exemple : rien de nouveau dans le fait que les révolutionnaires se méfiaient du peuple.
Qu'en-est-t'il des sources utilisées par l'auteur ? Sont-elles bien citées, est-il indiqué où les trouver... ?
L'auteur ne se contente t'il pas de citer des extraits de textes tirés de leur contexte... ? Il est très facile de taxer quelqu'un d'antisémitisme de cette manière
De plus, d'après toi, avant d'avoir lu ce livre, tu pensais que pour le "grand public", l'Histoire était soit toute blanche soit toute noire ?
Moi, je trouve au contraire que l'enseignement de l'Histoire aujourd'hui à l'école est au contraire très bien fait, et pousse bien les élèves à se méfier des idées trop simplistes.
Quant aux thèmes cités dans ta critique, toutes les idées ne semblent pas révolutionnaires.
Exemple : rien de nouveau dans le fait que les révolutionnaires se méfiaient du peuple.
Je viens de relire cet ouvrage qui a paru en 2006 dans une édition de poche (Perrin - Tempus n° 137).
L'auteur ne se cache pas d'être catholique. Les titres de ses ouvrages sont sur ce point suffisamment éloquents. Il ne s'agit donc pas d'un historien "officiel" ni d'un rédacteur de manuel d'histoire. Il ne craint donc pas de heurter de front des "institutions" comme Georges Duby qui donnait, c'était il y a bien longtemps, une vision marxiste du moyen âge qui était profondément réjouissante pour qui lisait (un peu) entre les lignes. Naturellement, s'en prendre à Duby, c'était en 2003, très audacieux, d'où la polémique. Aujourd'hui, la chose paraîtrait tout à fait normale. Et le livre de Sévillia y a sans doute contribué.
Ce coup de pied dans l'histoire officielle avait quelque chose de profondément sain. Naturellement, rappeler quelques vérités premières dérange parfois.
Tout le monde cite abondamment Léon Blum qui, lorsqu'il connut les résultats de la conférence de Munich, aurait fustigé les "Munichois" en leur attribuant un "lâche soulagement". Or Blum écrit dans Le Populaire du 30 septembre 1938 :
"La guerre est probablement écartée. mais dans des conditions telles que moi, qui n'ai cessé de lutter pour la paix, qui, depuis bien des années lui avais fait d'avance le sacrifice de ma vie, je n'en puis éprouver de joie et que je me sens partagé entre un lâche soulagement et la honte." C'est donc bien lui qui éprouve presque un lâche soulagement et qui le reconnaît honnêtement... Si l'on parle de mots tirés de leur contexte, en voici donc un exemple. C'est d'autant mieux venu qu'en remettant ainsi les pendules à l'heure, on n'écorne pas l'image de Léon Blum.
Pour répondre (tardivement) à l'interrogation à propos des sources, l'auteur cite très clairement les siennes, dans un apparat critique détaillé. De ce côté, toutes les vérifications sont donc possibles.
L'envie de bousculer l'histoire officielle n'est pas une exclusivité française. En 1995, un collectif d'universitaires dirigé par Anne Morelli - qui est très à gauche et qui ne s'en cache d'ailleurs pas du tout - faisait paraître un livre intitulé "Les grands mythes de l'histoire de Belgique, de Flandre et de Wallonie" (EVO-Histoire). Au moment où le livre est paru, il m'avait profondément irrité. Il mettait à plat la plupart des grands mythes sur lesquels se fondait l'enseignement de l'histoire en Belgique, essentiellement inspiré par Pirenne et Kurth.
Mais à la deuxième lecture, j'ai compris que Morelli, dans la droite ligne des travaux de Georges Despy, ne remettait pas essentiellement en cause ce que Pirenne avait écrit, mais ce que les rédacteurs de manuels d'histoire en avait fait. Cela n'allait naturellement pas sans outrance et certaines des conclusions de Morelli & consorts sont discutables. Le travail du collectif était quelques années plus tard confirmé, quoique avec moins d'âpreté polémique, par Jean Stengers ( Histoire du sentiment national en Belgique des origines à 1918 - 2 vol. - Racine, 2000) qui mettait en lumière le fait que ce sentiment national existe bel et bien, ce qu'il qualifiait lui-même de "paradoxe, presque ... une provocation". Ainsi Morelli et Stengers, chacun à leur manière, s'en prenaient aux mythes qui viennent encore de nos jours polluer les manuels d'histoire.
Ces réactions ne peuvent être que saines et, même si certains en sont profondément choqués, ne peuvent que faire avancer l'histoire.
L'auteur ne se cache pas d'être catholique. Les titres de ses ouvrages sont sur ce point suffisamment éloquents. Il ne s'agit donc pas d'un historien "officiel" ni d'un rédacteur de manuel d'histoire. Il ne craint donc pas de heurter de front des "institutions" comme Georges Duby qui donnait, c'était il y a bien longtemps, une vision marxiste du moyen âge qui était profondément réjouissante pour qui lisait (un peu) entre les lignes. Naturellement, s'en prendre à Duby, c'était en 2003, très audacieux, d'où la polémique. Aujourd'hui, la chose paraîtrait tout à fait normale. Et le livre de Sévillia y a sans doute contribué.
Ce coup de pied dans l'histoire officielle avait quelque chose de profondément sain. Naturellement, rappeler quelques vérités premières dérange parfois.
Tout le monde cite abondamment Léon Blum qui, lorsqu'il connut les résultats de la conférence de Munich, aurait fustigé les "Munichois" en leur attribuant un "lâche soulagement". Or Blum écrit dans Le Populaire du 30 septembre 1938 :
"La guerre est probablement écartée. mais dans des conditions telles que moi, qui n'ai cessé de lutter pour la paix, qui, depuis bien des années lui avais fait d'avance le sacrifice de ma vie, je n'en puis éprouver de joie et que je me sens partagé entre un lâche soulagement et la honte." C'est donc bien lui qui éprouve presque un lâche soulagement et qui le reconnaît honnêtement... Si l'on parle de mots tirés de leur contexte, en voici donc un exemple. C'est d'autant mieux venu qu'en remettant ainsi les pendules à l'heure, on n'écorne pas l'image de Léon Blum.
Pour répondre (tardivement) à l'interrogation à propos des sources, l'auteur cite très clairement les siennes, dans un apparat critique détaillé. De ce côté, toutes les vérifications sont donc possibles.
L'envie de bousculer l'histoire officielle n'est pas une exclusivité française. En 1995, un collectif d'universitaires dirigé par Anne Morelli - qui est très à gauche et qui ne s'en cache d'ailleurs pas du tout - faisait paraître un livre intitulé "Les grands mythes de l'histoire de Belgique, de Flandre et de Wallonie" (EVO-Histoire). Au moment où le livre est paru, il m'avait profondément irrité. Il mettait à plat la plupart des grands mythes sur lesquels se fondait l'enseignement de l'histoire en Belgique, essentiellement inspiré par Pirenne et Kurth.
Mais à la deuxième lecture, j'ai compris que Morelli, dans la droite ligne des travaux de Georges Despy, ne remettait pas essentiellement en cause ce que Pirenne avait écrit, mais ce que les rédacteurs de manuels d'histoire en avait fait. Cela n'allait naturellement pas sans outrance et certaines des conclusions de Morelli & consorts sont discutables. Le travail du collectif était quelques années plus tard confirmé, quoique avec moins d'âpreté polémique, par Jean Stengers ( Histoire du sentiment national en Belgique des origines à 1918 - 2 vol. - Racine, 2000) qui mettait en lumière le fait que ce sentiment national existe bel et bien, ce qu'il qualifiait lui-même de "paradoxe, presque ... une provocation". Ainsi Morelli et Stengers, chacun à leur manière, s'en prenaient aux mythes qui viennent encore de nos jours polluer les manuels d'histoire.
Ces réactions ne peuvent être que saines et, même si certains en sont profondément choqués, ne peuvent que faire avancer l'histoire.
Il n'y a jamais de vérité définitive en histoire, c'est toujours l'état des connaissances à un moment donné et l'interpréation que certains en font !
Duby a beaucoup apporté à la connaissance du Moyen-Age et notamment à l'histoire de l'économie et de l'organisation rurales ! Je n'en ai pas fait une lecture marxiste et pourtant c'était en 1968 !
Duby a beaucoup apporté à la connaissance du Moyen-Age et notamment à l'histoire de l'économie et de l'organisation rurales ! Je n'en ai pas fait une lecture marxiste et pourtant c'était en 1968 !
On pourrait même aller jusqu'à dire « l'interprétation que TOUS en font », parce que, au-delà des a priori de tel ou tel, des positions idéologiques différentes, les historiens vivent la réalité de leur époque et partagent plus ou moins les fantasmes de leur temps.
L'histoire telle qu'elle est racontée aujourd'hui en dit autant sur notre époque que sur celle qui est l'objet de nos interrogations. Et ça n'a jamais été autrement. C'est une des choses qui la rendent fascinante, notamment parce que l'on peut ensuite faire l'histoire de l'histoire, et ainsi de suite, dans un perpétuel mouvement de comparaison entre les « hier » et les « aujourd'hui », sans jamais que la mise en abime ne s'interrompe.
C'est au point que l'on pourrait décrire les grandes lignes du XIXe siècle à partir de ce que les historiens du XIXe ont dit de l'Antiquité par exemple. Et les historiens du futur en feront autant avec nos visions actuelles de l'histoire.
Youpee ! Quel avantage sur les matheux pour qui deux fois trois feront éternellement six, ce qui est d'un ennui mortel....
L'histoire telle qu'elle est racontée aujourd'hui en dit autant sur notre époque que sur celle qui est l'objet de nos interrogations. Et ça n'a jamais été autrement. C'est une des choses qui la rendent fascinante, notamment parce que l'on peut ensuite faire l'histoire de l'histoire, et ainsi de suite, dans un perpétuel mouvement de comparaison entre les « hier » et les « aujourd'hui », sans jamais que la mise en abime ne s'interrompe.
C'est au point que l'on pourrait décrire les grandes lignes du XIXe siècle à partir de ce que les historiens du XIXe ont dit de l'Antiquité par exemple. Et les historiens du futur en feront autant avec nos visions actuelles de l'histoire.
Youpee ! Quel avantage sur les matheux pour qui deux fois trois feront éternellement six, ce qui est d'un ennui mortel....
Tu ne devais pas lire Duby d'un oeil marxiste. Il le faisait pour toi. Non, sérieusement : il est clair que Duby a très fort contribué à changer l'idée que nous avions du moyen âge ; c'est pour cela que je disais que sa lecture était réjouissante.
Quant aux matheux, je ne les plains pas. Ils ont maintenant les nombres quantiques à se mettre sous la dent. Ne me demandez pas ce que c'est, mais il paraît que cela change tout et que 2 et 2 ont le droit de se mettre en ménage sans que cela produise automatiquement 4...
Quant aux matheux, je ne les plains pas. Ils ont maintenant les nombres quantiques à se mettre sous la dent. Ne me demandez pas ce que c'est, mais il paraît que cela change tout et que 2 et 2 ont le droit de se mettre en ménage sans que cela produise automatiquement 4...
On pourrait même aller jusqu'à dire « l'interprétation que TOUS en font », parce que, au-delà des a priori de tel ou tel, des positions idéologiques différentes, les historiens vivent la réalité de leur époque et partagent plus ou moins les fantasmes de leur temps.
L'histoire telle qu'elle est racontée aujourd'hui en dit autant sur notre époque que sur celle qui est l'objet de nos interrogations. Et ça n'a jamais été autrement. C'est une des choses qui la rendent fascinante, notamment parce que l'on peut ensuite faire l'histoire de l'histoire, et ainsi de suite, dans un perpétuel mouvement de comparaison entre les « hier » et les « aujourd'hui », sans jamais que la mise en abime ne s'interrompe.
C'est au point que l'on pourrait décrire les grandes lignes du XIXe siècle à partir de ce que les historiens du XIXe ont dit de l'Antiquité par exemple. Et les historiens du futur en feront autant avec nos visions actuelles de l'histoire.
Youpee ! Quel avantage sur les matheux pour qui deux fois trois feront éternellement six, ce qui est d'un ennui mortel....
Eh oui ! L'historiographie est encore plus intéressante que l'histoire et je m'étais pris à ce petit jeu quand j'ai fait mon mémoire !
Tu ne devais pas lire Duby d'un oeil marxiste. Il le faisait pour toi. Non, sérieusement : il est clair que Duby a très fort contribué à changer l'idée que nous avions du moyen âge ; c'est pour cela que je disais que sa lecture était réjouissante.
Quant aux matheux, je ne les plains pas. Ils ont maintenant les nombres quantiques à se mettre sous la dent. Ne me demandez pas ce que c'est, mais il paraît que cela change tout et que 2 et 2 ont le droit de se mettre en ménage sans que cela produise automatiquement 4...
Le prof qui m'a fait travaillé mon Duby n'était pas forcément marxiste, je ne le pense pas, par contre je suis sûr que Duby a fait faire un grand pas aux historiens, il n'est pas le seul. Avec ces gens là, on est sorti de l'étude des événements pour étudier comment vivaient nos prédécesseurs dans leur vie de tous les jours et comprendre ainsi les civilisations et leur évolution.
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