J'ai récemment lu 'Les corrections' de Jonathan Franzen et 'Un arrière-gout de rouille' de Phillip Meyer, ces deux livres ont gagné le National Book Award aux USA. Avec grand regret, ils ont tous les deux heurtés ma sensibilité et décence, par leur vulgarité et violence, en plus du grand désespoir et cynisme ambiants.
Ce que ces auteurs portaient représentent effectivement la réalité d'aujourd'hui; mais est-ce pour autant qu'ils doivent nous assommer avec ces points jusqu'à nous enterrer dessous? Est-ce qu'ils savent s'élever au dessus de ces mesquineries, et créer des personnages et histoires qui nous montrent la lumière dans le noir ?
Victor Hugo avait raison quand il a dit "Ce qu'un écrivain écrit reflète son âme". Ces écrivains ont gagné le National Award, mais ce qui reflète de leurs écrits ne parle de bonnes choses de leur âme.
Au contraire, J'ai également lu " If Beale Street Could Talk" de James Baldwin. C'est une histoire dans laquelle les personnages ne tombent pas dans le désespoir; ils se battent, gardent leur dignité jusqu'à la fin, même si cela implique d'être détruit par le système. Ses personnages et histoires nous inspirent, nous donnent de l'espoir. A aucun moment, l'auteur ne recourt à l'utilisation de la violence extrême, même si nous savons ce qui se passe par derrière; ou n'utilise la vulgarité ou la répétition de langage obscène.
Ou sont les auteurs tels que Baldwin ou Victor Hugo aujourd'hui ? J'apprécierai si certains d'entre vous pouvaient m'indiquer des écrivains contemporains positifs et constructifs.
Ce que ces auteurs portaient représentent effectivement la réalité d'aujourd'hui; mais est-ce pour autant qu'ils doivent nous assommer avec ces points jusqu'à nous enterrer dessous? Est-ce qu'ils savent s'élever au dessus de ces mesquineries, et créer des personnages et histoires qui nous montrent la lumière dans le noir ?
Victor Hugo avait raison quand il a dit "Ce qu'un écrivain écrit reflète son âme". Ces écrivains ont gagné le National Award, mais ce qui reflète de leurs écrits ne parle de bonnes choses de leur âme.
Au contraire, J'ai également lu " If Beale Street Could Talk" de James Baldwin. C'est une histoire dans laquelle les personnages ne tombent pas dans le désespoir; ils se battent, gardent leur dignité jusqu'à la fin, même si cela implique d'être détruit par le système. Ses personnages et histoires nous inspirent, nous donnent de l'espoir. A aucun moment, l'auteur ne recourt à l'utilisation de la violence extrême, même si nous savons ce qui se passe par derrière; ou n'utilise la vulgarité ou la répétition de langage obscène.
Ou sont les auteurs tels que Baldwin ou Victor Hugo aujourd'hui ? J'apprécierai si certains d'entre vous pouvaient m'indiquer des écrivains contemporains positifs et constructifs.
Je ne connais pas ces deux oiseaux... Ceci dit, le National Book machin chose, ce n'est tout de même pas le Nobel...ni même le Prix des Lecteurs de l'Amicale des Boulistes Saintongeois. Il faut laisser aux sauvages leurs petites marottes, leurs prurits d'adolescents ivrognes et drogués ; le fait qu'ils se regardent dans la glace de temps à autre ne peut guère laisser d'espoir pour autre chose.
Faulkner est mort, Bierce aussi, London pareil, Sinclair de même, Hemingway itou... alors, le reste... bof !
On peut être cependant négatif et constructif, puisque, comme le disait si bien le père Hugo "penser, c'est dire : non !"
Vaste programme, vaste choix...
Faulkner est mort, Bierce aussi, London pareil, Sinclair de même, Hemingway itou... alors, le reste... bof !
On peut être cependant négatif et constructif, puisque, comme le disait si bien le père Hugo "penser, c'est dire : non !"
Vaste programme, vaste choix...
Ça me paraît un peu étrange de demander aux écrivains (d'hier ou d'aujourd'hui peu importe) d'être constructifs. J'attendrais plutôt qu'ils soient créatifs. Je ne suis pas bien certains qu'on puisse dire de Faulkner qu'il a été un écrivain constructif, par exemple. Mais il n'y a pas beaucoup d'auteurs (notamment du passé) dont je dirais de façon positive qu'ils sont constructifs.
En même temps le peu que j'ai lu sur Franzen ne m'attire pas du tout.
En même temps le peu que j'ai lu sur Franzen ne m'attire pas du tout.
Décidément ! J'allais dire que "Freedom", la seule chose que j'aie lue de Franzen m'a donné envie de continuer.
Décidément ! J'allais dire que "Freedom", la seule chose que j'aie lue de Franzen m'a donné envie de continuer.;)
perso, je suis assez d'accord avec Hirondelle... Je n'ai pas en tête des écrivains qui m'ont heurtés, mais je me souviens avoir lu quelques bouquins à qui on avait offert un prix quelconque et qui m'ont laissées pantoise...comme s'il fallait à tout prix choquer. Bien d'accord avec Victor Hugo quand il écrit "Ce qu'un écrivain écrit reflète son âme"
Je me souviens quand même avoir lu une interview de Hubert Selby Junior, qui affirmait que ce qui était dans son esprit était encore pire que ce qu'il écrivait .... :-(
Je me souviens quand même avoir lu une interview de Hubert Selby Junior, qui affirmait que ce qui était dans son esprit était encore pire que ce qu'il écrivait .... :-(
Moi, comme Feint, je ne pense pas que ce soit vraiment le boulot de l'écrivain d'être "constructif" (encore que je ne comprenne pas vraiment le sens de ce mot).
Et j'aurais plutôt tendance à être d'accord avec Broch, lequel affirme que "l'art (...) est toujours le reflet de l'homme d'une certaine époque". Or, Hugo (dont je connais très mal l'oeuvre) non seulement est un politicien en plus d'être un écrivain (et je pense que c'est bien plus le rôle de l'homme politique que celui de l'écrivain d'être "constructif"), mais en plus, c'est un écrivain et un politicien du 19ème siècle qui est, plus que tous les autres dans l'Occident moderne, un siècle où fleurissent les idéologies et où un monde est à bâtir. 150 ans plus tard, à l'heure où il n'y a plus d'idées, où les politiciens se contentent de gérer les affaires courantes et de réagir à l'actualité sur twitter, il me semble hors de propos de reprocher à l'écrivain de ne pas être "constructif" alors que son boulot, c'est plus, à mon sens, de donner sa vision du monde, de le commenter, que de l'inventer.
Et j'aurais plutôt tendance à être d'accord avec Broch, lequel affirme que "l'art (...) est toujours le reflet de l'homme d'une certaine époque". Or, Hugo (dont je connais très mal l'oeuvre) non seulement est un politicien en plus d'être un écrivain (et je pense que c'est bien plus le rôle de l'homme politique que celui de l'écrivain d'être "constructif"), mais en plus, c'est un écrivain et un politicien du 19ème siècle qui est, plus que tous les autres dans l'Occident moderne, un siècle où fleurissent les idéologies et où un monde est à bâtir. 150 ans plus tard, à l'heure où il n'y a plus d'idées, où les politiciens se contentent de gérer les affaires courantes et de réagir à l'actualité sur twitter, il me semble hors de propos de reprocher à l'écrivain de ne pas être "constructif" alors que son boulot, c'est plus, à mon sens, de donner sa vision du monde, de le commenter, que de l'inventer.
Ça me paraît un peu étrange de demander aux écrivains (d'hier ou d'aujourd'hui peu importe) d'être constructifs. J'attendrais plutôt qu'ils soient créatifs. Je ne suis pas bien certains qu'on puisse dire de Faulkner qu'il a été un écrivain constructif, par exemple. Mais il n'y a pas beaucoup d'auteurs (notamment du passé) dont je dirais de façon positive qu'ils sont constructifs.
En même temps le peu que j'ai lu sur Franzen ne m'attire pas du tout.
Si je ne suis pas d'accord avec l'avis de Feint concernant Jonathan Franzen, par contre je rejoins totalement son sentiment d'étrangeté ... En quoi, au nom de quoi, les écrivains devraient ils impérativement être" "constructifs" ? D'autant que, dans ce que tu leur reproches, Hirondelle, à ceux que tu décris comme "non-constructifs", c'est qu'ils n'essaient pas de positiver une histoire, de l'enjoliver, de la rendre forcément optimiste ... Est-ce cela le rôle d'un écrivain ? Clairement, non, je ne crois pas.
Ils peuvent se comporter comme des témoins objectifs de notre époque, de notre civilisation, de notre petit bout propre de civilisation européenne, ou française, pour laquelle, objectivement, il n'y a pas que de belles choses, des choses dont nous puissions être fiers. En parler, c'est aussi cela le rôle d'un écrivain ... Et celui du lecteur de choisir ce qui l'intéresse ...
Hugo a sans doute raison quand il a dit "Ce qu'un écrivain écrit reflète son âme", mais ça n'est pas une garantie de réussite littéraire. Les Misérables, c'est plein de beaux sentiments, mais c'est quand même sacrément mièvre par rapport aux grands romans de la même époque (sans parler de toutes les invraisemblances de l'intrigue). Heureusement qu'il avait quand même une sacrée belle plume. (Et surtout, heureusement qu'il y a sa poésie !)
Hirondelle, j'ai du mal à comprendre pourquoi un écrivain devrait être constructif. Je ne pense pas du tout que cela soit son rôle.
Pour ma part et comme Tistou, j'attends d'un écrivain qu'il soit créatif. J'aime bien quand il m'étonne, qu'il me bouleverse, qu'il m'ouvre des perspectives.
J'aime découvrir un point de vue autre que le mien, une autre façon de percevoir les choses et de les appréhender.
Et si je veux lire quelque chose de positif, alors je lis Matthieu Ricard.
Pour ma part et comme Tistou, j'attends d'un écrivain qu'il soit créatif. J'aime bien quand il m'étonne, qu'il me bouleverse, qu'il m'ouvre des perspectives.
J'aime découvrir un point de vue autre que le mien, une autre façon de percevoir les choses et de les appréhender.
Et si je veux lire quelque chose de positif, alors je lis Matthieu Ricard.
Et j'adore Jonathan Franzen.
J'en reviens à cet apophtegme : l'Artiste est celui qui dit son fait au Prince... ce qui risque fort d'être tout à fait déconstructif, heureusement.
étant la mère d'adolescents, il me vient subitement une réflexion.. Les profs, à force de vouloir plaire aux ados ou à force de s'imaginer qu'ils sont confrontés à telle ou telle situation présentent parfois aux ados, une liste de livres dans laquelle ils peuvent piocher et qui pour moi, sont vraiment "trash".
Par exemple, moi, Christiane F, droguée, prostituée... " un autre qui m'est tombé des mains, qui parle d'une Albanaise de 13 ans enceinte de je ne sais qui, qui s'enfuit, qui est aimée d'un Turc... j'en passe et des meilleures... bref, du trash et encore du trash..
je me souviens aussi de ma fille qui a aujourd'hui 22 ans et qui, ado, devait lire un livre qui ne lui avait pas plu... elle avait terminé par une conclusion : ce n'est pas ce que je vis...
pourquoi confronter aussitôt les ados aux dérives de notre monde ? moi, je reste d'accord avec Victor Hugo, même si certains contestent que c'est devenu ringard... perso, je ne suis pas d'accord qu'il faille confronter les ados aux tueurs en série, aux violeurs, aux prostituées et aux drogués... surtout qu'ils sont des "éponges" et que leur jugement n'est pas nécessairement arrivé à maturité..
Par exemple, moi, Christiane F, droguée, prostituée... " un autre qui m'est tombé des mains, qui parle d'une Albanaise de 13 ans enceinte de je ne sais qui, qui s'enfuit, qui est aimée d'un Turc... j'en passe et des meilleures... bref, du trash et encore du trash..
je me souviens aussi de ma fille qui a aujourd'hui 22 ans et qui, ado, devait lire un livre qui ne lui avait pas plu... elle avait terminé par une conclusion : ce n'est pas ce que je vis...
pourquoi confronter aussitôt les ados aux dérives de notre monde ? moi, je reste d'accord avec Victor Hugo, même si certains contestent que c'est devenu ringard... perso, je ne suis pas d'accord qu'il faille confronter les ados aux tueurs en série, aux violeurs, aux prostituées et aux drogués... surtout qu'ils sont des "éponges" et que leur jugement n'est pas nécessairement arrivé à maturité..
étant la mère d'adolescents, il me vient subitement une réflexion.. Les profs, à force de vouloir plaire aux ados ou à force de s'imaginer qu'ils sont confrontés à telle ou telle situation présentent parfois aux ados, une liste de livres dans laquelle ils peuvent piocher et qui pour moi, sont vraiment "trash".
Par exemple, moi, Christiane F, droguée, prostituée... " un autre qui m'est tombé des mains, qui parle d'une Albanaise de 13 ans enceinte de je ne sais qui, qui s'enfuit, qui est aimée d'un Turc... j'en passe et des meilleures... bref, du trash et encore du trash..
je me souviens aussi de ma fille qui a aujourd'hui 22 ans et qui, ado, devait lire un livre qui ne lui avait pas plu... elle avait terminé par une conclusion : ce n'est pas ce que je vis...
pourquoi confronter aussitôt les ados aux dérives de notre monde ? moi, je reste d'accord avec Victor Hugo, même si certains contestent que c'est devenu ringard... perso, je ne suis pas d'accord qu'il faille confronter les ados aux tueurs en série, aux violeurs, aux prostituées et aux drogués... surtout qu'ils sont des "éponges" et que leur jugement n'est pas nécessairement arrivé à maturité..
Oui mais là c'est différent, Darius. Ce sont des profs qui conseillent des lectures. Effectivement leur choix - trash - ne me semble pas non plus des plus pertinents !
Mais je doute qu'un ado - de base - se jette sur Jonathan Frenzen, plutôt "pavesque" par ailleurs et qui, s'il est sans illusions, ne décrit jamais qu'une réalité (et là je te parle pas d'une Albanaise de 13 ans enceinte ...).
Et puis heurter la sensibilité et la décence, c'est un reproche qu'on a adressé à tant d'écrivains à toutes les époques... C'est d'ailleurs pour ça que choquer devient si souvent une posture. La seule question qui se pose, c'est est-ce bon ou non ?
D'abord, personnellement, je ne conçois pas qu'un écrivain ait un rôle à jouer...Sauf bien sûr si l'intention au départ est claire dans l'idéologie,la démonstration, la dénonciation.
Mais quelque part je crois comprendre ce que veut dire Hirondelle ; car il y a certainement un effet de mode qui, de toute façon, crée surdose. Décrire le monde tel qu'il est je pense que n'importe qui peut le faire, plus ou moins bien s'entend. La vulgarité est à la mode, le sexe débridé aussi.L'art d'un écrivain à mon sens est d'aller au delà de cette vulgarité que l'on côtoie tous les jours.De même concernant la violence ; on sait bien qu'elle existe cette violence mais le ratage de certains écrivains c'est de la rendre gratuite et, quoiqu'on puisse dire, cette prétendue vision du monde que certains nous présentent est tout bonnement une démonstration et pas forcément une reflexion.
Qu'il y ait du politique dans une oeuvre sans qu'elle le soit spécifiquement, où est le problème? Et en quoi il n'y aurait pas forcément véritable littérature? Qu'il y ait des invraisemblances c'est l'art du roman, c'est transcender la réalité ou s'en sortir ; c'est justement l'art de Hugo.
Ce qui pose efectivement problème, et là je rejoins Stavro sur le rôle du politique de "gestion courante" , c'est que la vision d'avenir et le constat de ce que nous sommes devenus poussent à une sorte de désespérance que l'on retrouve obligatoirement chez les écrivains.
Il est quand même regrettable, pour la construction de notre vie future, et surtout pour les jeunes, que ce pessimisme et cette désespérance soient mis en avant dans la reconnaissance des oeuvres littéraires. Faut pas s'étonner après si les gens se jettent sur une littérature facile et presque à l'eau de rose style Lévy pour ne pas sombrer...
Mais quelque part je crois comprendre ce que veut dire Hirondelle ; car il y a certainement un effet de mode qui, de toute façon, crée surdose. Décrire le monde tel qu'il est je pense que n'importe qui peut le faire, plus ou moins bien s'entend. La vulgarité est à la mode, le sexe débridé aussi.L'art d'un écrivain à mon sens est d'aller au delà de cette vulgarité que l'on côtoie tous les jours.De même concernant la violence ; on sait bien qu'elle existe cette violence mais le ratage de certains écrivains c'est de la rendre gratuite et, quoiqu'on puisse dire, cette prétendue vision du monde que certains nous présentent est tout bonnement une démonstration et pas forcément une reflexion.
Qu'il y ait du politique dans une oeuvre sans qu'elle le soit spécifiquement, où est le problème? Et en quoi il n'y aurait pas forcément véritable littérature? Qu'il y ait des invraisemblances c'est l'art du roman, c'est transcender la réalité ou s'en sortir ; c'est justement l'art de Hugo.
Ce qui pose efectivement problème, et là je rejoins Stavro sur le rôle du politique de "gestion courante" , c'est que la vision d'avenir et le constat de ce que nous sommes devenus poussent à une sorte de désespérance que l'on retrouve obligatoirement chez les écrivains.
Il est quand même regrettable, pour la construction de notre vie future, et surtout pour les jeunes, que ce pessimisme et cette désespérance soient mis en avant dans la reconnaissance des oeuvres littéraires. Faut pas s'étonner après si les gens se jettent sur une littérature facile et presque à l'eau de rose style Lévy pour ne pas sombrer...
Pieronnelle, je n'aurais pas pu mieux dire que toi.. j'y souscris à 1000 pourcents, cet effet de mode jusqu'à la surdose.. la vulgarité sans être capable de la dépasser..la violence gratuite sans aucune analyse... :-(
D'abord, personnellement, je ne conçois pas qu'un écrivain ait un rôle à jouer...Sauf bien sûr si l'intention au départ est claire dans l'idéologie,la démonstration, la dénonciation.
Mais quelque part je crois comprendre ce que veut dire Hirondelle ; car il y a certainement un effet de mode qui, de toute façon, crée surdose. Décrire le monde tel qu'il est je pense que n'importe qui peut le faire, plus ou moins bien s'entend. La vulgarité est à la mode, le sexe débridé aussi.L'art d'un écrivain à mon sens est d'aller au delà de cette vulgarité que l'on côtoie tous les jours.De même concernant la violence ; on sait bien qu'elle existe cette violence mais le ratage de certains écrivains c'est de la rendre gratuite et, quoiqu'on puisse dire, cette prétendue vision du monde que certains nous présentent est tout bonnement une démonstration et pas forcément une reflexion.
Qu'il y ait du politique dans une oeuvre sans qu'elle le soit spécifiquement, où est le problème? Et en quoi il n'y aurait pas forcément véritable littérature? Qu'il y ait des invraisemblances c'est l'art du roman, c'est transcender la réalité ou s'en sortir ; c'est justement l'art de Hugo.
Ce qui pose efectivement problème, et là je rejoins Stavro sur le rôle du politique de "gestion courante" , c'est que la vision d'avenir et le constat de ce que nous sommes devenus poussent à une sorte de désespérance que l'on retrouve obligatoirement chez les écrivains.
Il est quand même regrettable, pour la construction de notre vie future, et surtout pour les jeunes, que ce pessimisme et cette désespérance soient mis en avant dans la reconnaissance des oeuvres littéraires. Faut pas s'étonner après si les gens se jettent sur une littérature facile et presque à l'eau de rose style Lévy pour ne pas sombrer...
En l'occurrence, Pieronnelle, j'ai du mal à penser que ce que tu dis là puisse s'appliquer à Jonathan Frenzen (Philip Meyer, je ne connais pas). Ou alors il faut en rester à la Bibliothèque rose ...
D'abord, personnellement, je ne conçois pas qu'un écrivain ait un rôle à jouer...
Complètement d'accord.
Qu'il y ait des invraisemblances c'est l'art du roman, c'est transcender la réalité ou s'en sortir ; c'est justement l'art de Hugo.
Dans un projet comme les Misérables, qui prétend représenter une certaine réalité, les cascades de coïncidences à la Eugène Sue, c'est gênant ; et c'est un défaut que tu ne trouveras ni chez Stendhal, ni chez Flaubert, ni même chez Balzac ou Zola. Ce n'est pas l'invraisemblance par principe qui me gêne (au contraire il peut y avoir en littérature de magnifiques invraisemblances), c'est quand l'invraisemblance est contradictoire avec le projet. Ce n'est d'ailleurs pas un avis très personnel que j'énonce là, Hugo n'a jamais été vraiment considéré comme un grand romancier.
on sait bien qu'elle existe cette violence mais le ratage de certains écrivains c'est de la rendre gratuite et, quoiqu'on puisse dire, cette prétendue vision du monde que certains nous présentent est tout bonnement une démonstration et pas forcément une reflexion.
Parfois c'est même tout simplement là pour faire passer ce qui est écrit pour de la littérature. Le trash comme alibi littéraire, c'est vrai que ça existe aussi.
étant la mère d'adolescents, il me vient subitement une réflexion.. Les profs, à force de vouloir plaire aux ados ou à force de s'imaginer qu'ils sont confrontés à telle ou telle situation présentent parfois aux ados, une liste de livres dans laquelle ils peuvent piocher et qui pour moi, sont vraiment "trash".
Par exemple, moi, Christiane F, droguée, prostituée... " un autre qui m'est tombé des mains, qui parle d'une Albanaise de 13 ans enceinte de je ne sais qui, qui s'enfuit, qui est aimée d'un Turc... j'en passe et des meilleures... bref, du trash et encore du trash..
je me souviens aussi de ma fille qui a aujourd'hui 22 ans et qui, ado, devait lire un livre qui ne lui avait pas plu... elle avait terminé par une conclusion : ce n'est pas ce que je vis...
pourquoi confronter aussitôt les ados aux dérives de notre monde ? moi, je reste d'accord avec Victor Hugo, même si certains contestent que c'est devenu ringard... perso, je ne suis pas d'accord qu'il faille confronter les ados aux tueurs en série, aux violeurs, aux prostituées et aux drogués... surtout qu'ils sont des "éponges" et que leur jugement n'est pas nécessairement arrivé à maturité..
Là, je rejoins ton point de vue. Mais ce genre de livre n'est pas de la littérature. Ce sont des lectures dont tout le monde se passerait très bien, ça se veut un cran au dessus de "Voici" mais ça ne vole pas plus haut et c'est juste pour racoler les jeunes. Je trouve ça répugnant.
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