"Bien sûr que si, il aurait pu. Quelle drôle d'idée ! Qu'est-ce qui aurait pu l'en empêcher ?"Sur le plan éditorial, il pourrait très bien le faire. A moins qu'il ait besoin de plus de temps pour écrire. C'est vrai qu'au Cadre rouge il était sans doute lié par un de ces contrats de préférence à la noix, mais puisqu'il en est parti j'imagine qu'il a dû renégocier ça. Des auteurs qui publient trois livres ou plus dans la même année, ce n'est pas exceptionnel. Evidemment il vaut mieux avoir déjà un lectorat.
Je n'en suis pas si sûr ! Hubert Mingarelli par exemple serait ravi d'en publier plus d'un par an ...
On va remonter un peu le niveau, les gars....
Bonne idée... ;-)
e dirais que dans la démarche de Volodine, il y a plus du Borgès de "Pierre Ménard auteur du Quichotte" que de la supercherie Gary/Ajar.Que penser de Pessoa / Reis / Caeiro / de Campos...? Son "Livre de l'intranquillité", s'il ne fallait en retenir qu'un, c'est tout de même autre chose que les prurits d'ado qui ne se lave que tous les 29 février (si ça tombe un mardi) du post-exotisme... La prose poétique et philosophique de Pessoa (voir la proposition 275), c'est tout de même autre chose... il m'arrive d'estimer aussi des monarchistes ;-) Mais je vais me faire taxer d'ignare matérialiste et fanatique de la concrétude. Amen.
Borgès a, dans plusieurs textes, commenté l'oeuvre d'écrivains fictifs. Volodine franchit une étape supplémentaire: ces écrivains fictifs, il ne les commente pas, il les incarne. C'est vrai que c'est un peu intellectuel (d'ailleurs Borgès déjà, faut s'accrocher) mais ce n'est pas vain ni gratuit. Ce n'est pas comme si c'était une autre oeuvre sous pseudo comme dans le cas de Gary/Ajar (cette remarque ne vise pas du tout à dévaloriser l'oeuvre de Gary mais à faire ressortir ce que je pense que l'hétéronymie de Volodine n'est pas).
Merci Ellane, oui j'ai mieux compris ce que tu sous-entendais à présent.
Je n'ai pas perçu l'oeuvre comme ça pour ma part, et y ai surtout vu....une magnifique histoire d'amour, tout ce qui reste quand il ne reste plus rien...
Je n'ai pas perçu l'oeuvre comme ça pour ma part, et y ai surtout vu....une magnifique histoire d'amour, tout ce qui reste quand il ne reste plus rien...
Je découvre tout ça et c’est très intéressant tout ce que vous dites. Je découvre ces noms de Bassmann (inconnu) et de Volodine (aperçu ici ou là), mais l’idée qu’un auteur écrive ses livres sous son nom propre (ou un pseudo) et en même temps écrive d’autres livres sous le nom d’un auteur fictif qu’il s’est inventé et qui vivrait dans un monde fictif qu’il aura inventé aussi, me semble réjouissante ! C’est une très bonne idée, je trouve. L’inventivité littéraire n’a pas de limites ! Au contraire, je pense que les écrivains, dont c’est le métier, doivent constamment chercher comment renouveler la littérature, pour ceux qui en ont l’idée ou la possibilité. S’il a l’énergie, le temps, le talent pour mener de front les deux carrières (et même plusieurs, il semblerait), la sienne propre et celle fictive, qu’il le fasse, c’est toujours intéressant. Après, je ne sais pas ce que ça vaut, question qualité littéraire. Il faudrait que je les lise…. Enfin, bref. Je ne connais pas d’exemples équivalents, à part Gary/Ajar mais ce n’est pas du même ordre. Que d’autres auteurs ait fait quelque chose d’approchant je n’en doute pas, le seul que j’ai lu qui me rappelle cela, c’est Robert Charles Maturin dans son roman Melmoth où un personnage raconte une histoire dans laquelle un autre personnage raconte une autre histoire dans laquelle un autre personnage etc, comme des poupées russes. Mais ce n’est pas la même démarche.
Il n’en reste pas moins que dire que Lutz Bassman (entre autres) n’est pas Andréï Volodine me semble excessif, si c’est bien un seul et même cerveau à l’œuvre sous ces deux noms, un seul et même cerveau d’où sont sorties les histoires écrites sous les deux noms. À moins de croire sérieusement que les mondes fictifs dans lesquels les auteurs fictifs écrivent leurs histoires arrivées ou inventées dans ces mondes fictifs existent réellement ! Ce qui ne semble pas loin de le croire vraiment pour certains d’entre-vous, qui qualifient de « passeur » l’auteur réel qui extirperai du monde fictif ces histoires fictives ! Cela me semble plus poétique qu’autre chose. Mais qui sait…. Déjà le procédé de création des œuvres est assez mystérieux. Certains écrivains se sont sentis comme inspirés quand ils écrivaient leurs récits, comme si l’histoire qu’ils racontaient était déjà là et qu’ils n’avaient qu’à retranscrire ce qui leur venait à l’esprit. Carrément comme si ce n’était pas eux qui créaient, mais n’en était juste que l’interprète, le « passeur » en quelque sort ! Un passeur d'histoires... D’après ce que vous dites, il ne semble pas que ce soit le cas de Volodine, il me paraît qu’au contraire, il créé exprès les livres écrits par les auteurs fictifs, en toute conscience. Pouvoir écrire comme ça, plusieurs livres dans l’année sous des noms différents est un tour de force.
Il n’en reste pas moins que dire que Lutz Bassman (entre autres) n’est pas Andréï Volodine me semble excessif, si c’est bien un seul et même cerveau à l’œuvre sous ces deux noms, un seul et même cerveau d’où sont sorties les histoires écrites sous les deux noms. À moins de croire sérieusement que les mondes fictifs dans lesquels les auteurs fictifs écrivent leurs histoires arrivées ou inventées dans ces mondes fictifs existent réellement ! Ce qui ne semble pas loin de le croire vraiment pour certains d’entre-vous, qui qualifient de « passeur » l’auteur réel qui extirperai du monde fictif ces histoires fictives ! Cela me semble plus poétique qu’autre chose. Mais qui sait…. Déjà le procédé de création des œuvres est assez mystérieux. Certains écrivains se sont sentis comme inspirés quand ils écrivaient leurs récits, comme si l’histoire qu’ils racontaient était déjà là et qu’ils n’avaient qu’à retranscrire ce qui leur venait à l’esprit. Carrément comme si ce n’était pas eux qui créaient, mais n’en était juste que l’interprète, le « passeur » en quelque sort ! Un passeur d'histoires... D’après ce que vous dites, il ne semble pas que ce soit le cas de Volodine, il me paraît qu’au contraire, il créé exprès les livres écrits par les auteurs fictifs, en toute conscience. Pouvoir écrire comme ça, plusieurs livres dans l’année sous des noms différents est un tour de force.
Mais je vais me faire taxer d'ignare matérialiste et fanatique de la concrétude. Amen.Je te taxerais plutôt d'ignare catho-moralisateur refoulé à l'"amen" révélateur mais c'est comme tu veux.
En 2010, il sort sous Volodine "Ecrivains", sous Draeger "Onze rêves de suie" et sous Bassmann "Les aigles puent". Vous croyez qu'il aurait pu sortir tout ceci sous Volodine la même année ? Non, bien sûr ...
Bien sûr que si, il aurait pu. Quelle drôle d'idée ! Qu'est-ce qui aurait pu l'en empêcher ?
En outre non, il y a des différences entre les auteurs. Les textes de Manuela Draeger évoque beaucoup plus les femmes et les enfants (ce n'est pas un hasard si elle écrit aussi pour la jeunesse), et Volodine n'écrit pas des romans d'amour comme Bassmann (mais à te lire on se demande si tu as bien vu que c'était un roman d'amour).
Tu peux me citer un auteur contemporain qui publie 3 romans la même année, chez le même éditeur, sous son nom ?
Pourquoi chez le même éditeur ? En l'occurrence Volodine et ses hétéronymes publie chez trois (voire quatre) éditeurs différents, comme c'était le cas en 2010.
Tu peux me citer un auteur contemporain qui publie 3 romans la même année, chez le même éditeur, sous son nom ?
Il n’en reste pas moins que dire que Lutz Bassman (entre autres) n’est pas Andréï Volodine me semble excessif, si c’est bien un seul et même cerveau à l’œuvre sous ces deux noms, un seul et même cerveau d’où sont sorties les histoires écrites sous les deux noms.
Mais enfin qu'y a-t-il de si étrange à cela ? Encore une fois, c'est ce que fait l'écrivain sans cesse. J'évoquais la Comédie humaine dont tous les personnages sortent du cerveau de Balzac ; Swann, Legrandin, Charlus, Odette ou Mme de Guermantes qui sortent tous du cerveau de Proust ; les trois frères Karamazov, Raskolnikov, le Prince Michkine qui sortent tous du cerveau de Dostoïevski ; et pas que chez les grands auteurs, même les personnages de Musso ne sont jamais issus que de son cerveau. Or si un écrivain peut inventer à tous ces personnages une vie distincte de la sienne propre, il n'y a qu'un pas jusqu'à leur inventer une oeuvre distincte elle aussi de la sienne (ce que fait Borges), et un deuxième jusqu'à écrire cette oeuvre elle-même qui n'est plus celle de l'auteur primitif mais du personnage qu'il a inventé (ce que font Volodine et Pessoa).
Encore une fois, c'est un procédé récurrent en littérature. Je viens de finir Là-bas de Huysmans où sont cités des morceaux du roman que le personnage Durtal écrit sur Gilles de Rais (bon, certes, l'exemple a ses limites puisque Durtal est un double de Huysmans, ce qui n'est pas le cas de Bassmann pour Volodine). Volodine fait pareil. Seulement au lieu de se contenter d'extraits, il publie le livre entier.
Il faut croire que tout le monde n'a pas la même conception de l'étrange ...
Evidemment que Swann, Charlus, ... sortent du cerveau de Proust. C'est d'ailleurs le propre de tous les personnages de roman, ou peu s'en faut !
Mais là, il ne s'agit pas de cela : Swann et Charlus n'ont rien publié sous ce nom me semble-t-il ?
Et "pronomiser" Manuela Draeger en "elle" ... Trop top !
Il ne me viendrait pas à l'idée d'écrire "elle" à propos de Yasmina Khadra, par exemple ...
Evidemment que Swann, Charlus, ... sortent du cerveau de Proust. C'est d'ailleurs le propre de tous les personnages de roman, ou peu s'en faut !
Mais là, il ne s'agit pas de cela : Swann et Charlus n'ont rien publié sous ce nom me semble-t-il ?
Et "pronomiser" Manuela Draeger en "elle" ... Trop top !
Il ne me viendrait pas à l'idée d'écrire "elle" à propos de Yasmina Khadra, par exemple ...
Le procédé a des précédents. Quand le Marquis de Croismare lit la Religieuse pour la première fois, ce qu'il lit à ses yeux n'est pas de Diderot et n'est pas un roman. Pourtant le texte est bien celui que nous lisons aujourd'hui comme la Religieuse, roman épistolaire de Diderot (sacré farceur, celui-là aussi).
On pourrait s'interroger aussi sur la pertinence qu'il y a à publier aujourd'hui les Lettres portugaise en mettant Guillerague comme nom d'auteur alors qu'en admettant qu'il soit bien l'auteur, son intention à la publication était de rester anonyme.
On pourrait s'interroger aussi sur la pertinence qu'il y a à publier aujourd'hui les Lettres portugaise en mettant Guillerague comme nom d'auteur alors qu'en admettant qu'il soit bien l'auteur, son intention à la publication était de rester anonyme.
Evidemment que Swann, Charlus, ... sortent du cerveau de Proust. C'est d'ailleurs le propre de tous les personnages de roman, ou peu s'en faut !
Mais là, il ne s'agit pas de cela : Swann et Charlus n'ont rien publié sous ce nom me semble-t-il ?
Ah... Et donc, quand Swann parle dans la Recherche, c'est en fait Proust qui parle, et quand c'est Charlus qui parle, c'est aussi Proust qui parle. Mon dieu, quelle gageure ça a dû être que l'affaire Dreyfus ! Or, si des personnages de roman peuvent parler (ça a bien dû arriver de temps en temps, non ?) pourquoi ne pourraient-ils pas écrire ?
Un personnage pourrait donc tenir un discours distinct de celui de l'auteur, mais pas écrire un livre ? Ou alors que dans le cadre de la fiction où il joue ? Et pourquoi donc ?
D'ailleurs, de la façon dont je le conçois, Bassmann et les autres n'écrivent pas hors de la fiction dans laquelle ils jouent ; seulement, la fiction recule d'un cran. Le post-exotisme n'est plus un livre mais tout un monde qu'invente l'homme derrière Bassmann et Volodine ; et au sein de cette fiction, ces personnages écrivent (et résistent). Et au lieu de nous donner seulement des extraits de leurs livres (comme Dicker avec Québert), on nous donne le livre entier.
Considérer la multiplication des hétéronymes comme un procédé pour faciliter l'édition, c'est quand même un peu insultant pour l'auteur - surtout pour un auteur aussi peu soucieux du succès immédiat ; outre le fait que ça ne tient pas la route : on vend moins chez Verdier qu'au Seuil. Publier tous les livres sous le même nom aurait été au contraire une bonne manière de faciliter les ventes, le nom de Volodine étant quand même un peu connu, contrairement à ceux de Bassmann, de Draeger et de Kronauer.
Evidemment que Swann, Charlus, ... sortent du cerveau de Proust. C'est d'ailleurs le propre de tous les personnages de roman, ou peu s'en faut !
Mais là, il ne s'agit pas de cela : Swann et Charlus n'ont rien publié sous ce nom me semble-t-il ?
Ah... Et donc, quand Swann parle dans la Recherche, c'est en fait Proust qui parle, et quand c'est Charlus qui parle, c'est aussi Proust qui parle. Mon dieu, quelle gageure ça a dû être que l'affaire Dreyfus ! Or, si des personnages de roman peuvent parler (ça a bien dû arriver de temps en temps, non ?) pourquoi ne pourraient-ils pas écrire ?
???? Je ne comprends même pas ce que tu veux dire ? Quand Swann parle dans Proust il est clair que c'est Proust qui écrit ! Oui, c'est évident, non ?
Considérer la multiplication des hétéronymes comme un procédé pour faciliter l'édition, c'est quand même un peu insultant pour l'auteur - surtout pour un auteur aussi peu soucieux du succès immédiat ; outre le fait que ça ne tient pas la route : on vend moins chez Verdier qu'au Seuil. Publier tous les livres sous le même nom aurait été au contraire une bonne manière de faciliter les ventes, le nom de Volodine étant quand même un peu connu, contrairement à ceux de Bassmann, de Draeger et de Kronauer.
Ce n'était qu'une hypothèse, Feint ... On en est réduit aux hypothèses en l'état actuel des choses. Mais encore une fois, je ne pense pas qu'une maison d'Edition accepte de publier la même année 3 oeuvres du même auteur ...
Après, un auteur peut-il avoir un contrat concomitant avec 3 maisons d'Edition différentes sous le même nom ? A vrai dire je n'en sais rien et je m'en fous un peu ...
Ce n'est pas que tu ne comprends pas ce que Stavro veut dire, c'est juste que tu ne comprends pas ce que tu lis. Il t'a demandé si, quand Swann parle, c'est Proust qui parle et toi tu lui réponds que c'est Proust qui écrit.
Evidemment que Swann, Charlus, ... sortent du cerveau de Proust. C'est d'ailleurs le propre de tous les personnages de roman, ou peu s'en faut !
Mais là, il ne s'agit pas de cela : Swann et Charlus n'ont rien publié sous ce nom me semble-t-il ?
Ah... Et donc, quand Swann parle dans la Recherche, c'est en fait Proust qui parle, et quand c'est Charlus qui parle, c'est aussi Proust qui parle. Mon dieu, quelle gageure ça a dû être que l'affaire Dreyfus ! Or, si des personnages de roman peuvent parler (ça a bien dû arriver de temps en temps, non ?) pourquoi ne pourraient-ils pas écrire ?
???? Je ne comprends même pas ce que tu veux dire ? Quand Swann parle dans Proust il est clair que c'est Proust qui écrit ! Oui, c'est évident, non ?
C'est Proust qui écrit, oui (d'ailleurs, à ce propos, j'ai vu à Berlin un robot écrire la Torah), mais ce n'est pas Proust qui parle quand Swann s'exprime. Et sans doute moins encore lorsque c'est Charlus ou Norpois qui discutent. Et pourtant, tant Swann que Charlus et Norpois parlent. De là à écrire, donc...
Bien sûr, c'est très courant et même banal ; tout dépend des exigences de l'auteur et de l'éditeur sur les termes du contrat. Mais si tu t'en fous (ce que je comprends très bien), ne va pas imaginer des intentions bassement matérielles à propos d'un procédé qui est purement littéraire.
Après, un auteur peut-il avoir un contrat concomitant avec 3 maisons d'Edition différentes sous le même nom ? A vrai dire je n'en sais rien et je m'en fous un peu ...
C'est Proust qui écrit, oui (d'ailleurs, à ce propos, j'ai vu à Berlin un robot écrire la Torah), mais ce n'est pas Proust qui parle quand Swann s'exprime. Et sans doute moins encore lorsque c'est Charlus ou Norpois qui discutent. Et pourtant, tant Swann que Charlus et Norpois parlent. De là à écrire, donc...On peut aussi se demander si c'est Proust qui écrit quand il fait écrire le narrateur (les clochers de Martinville). C'est lui et ce n'est pas lui.
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