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Forums  :  Musique & Cinéma  :  Chanson du jour

Alandalus
avatar 09/09/2004 @ 13:50:59
"Le gérontophile" : Bernard Joyet (effectivement)
"La vierge éponyme" : Les frères Jacques (effectivement), mais chanté par Juliette ça donne énormément plus
"La ballade du mois d'août 75" : Charlélie Couture

Bolcho
avatar 09/09/2004 @ 14:00:13
Ah! Ce "gérontophile"... Entre Ronsard et Brassens, voici un texte qui nous sort de la chansonnette gnan gnan ou de celle des gentils révoltés cathodiques qui nous "rap" les oreilles, ou même de ceux qui comme Cantat (que je découvre ici) font semblant de faire intelligent et poétique en faisant compliqué et creux...
Le "Mignonne allons voir si l'arthrose" vaut à lui seul le déplacement !

Alandalus
avatar 09/09/2004 @ 14:02:45
Pour le plaisir et comme hommage (aujourd'hui anniversaire de sa naissance)

Le Cinéma

Sur l'écran noir de mes nuits blanches,
Moi je me fais du cinéma
Sans pognon et sans caméra,
Bardot peut partir en vacances:
Ma vedette, c'est toujours toi.

Pour te dire que je t'aime, rien à faire, je flanche:
J'ai du coeur mais pas d'estomac
C'est pourquoi je prends ma revanche
Sur l'écran noir de mes nuits blanches
Où je me fais du cinéma.

D'abord un gros plan sur tes hanches
Puis un travelling-panorama
Sur ta poitrine grand format,
Voilà comment mon film commence,
Souriant je m'avance vers toi.

Un mètre quatre-vingts, des biceps plein les manches,
Je crève l'écran de mes nuits blanches
Où je me fais du cinéma,
Te voilà déjà dans mes bras,
Le lit arrive en avalanche...

Sur l'écran noir de mes nuits blanches,
Où je me fais du cinéma,
Une fois, deux fois, dix fois, vingt fois
Je recommence la séquence
Où tu me tombes dans les bras...

Je tourne tous les soirs, y compris le dimanche,
Parfois on sonne; j'ouvre: c'est toi!
Vais-je te prendre par les hanches
Comme sur l'écran de mes nuits blanches ?
Non: je te dis "comment ça va ?"

Et je t'emmène au cinéma...


PS : En ce qui concerne Bernard Joyet, je suis tout à fait d'accord avec toi, Bolcho.

Alandalus
avatar 09/09/2004 @ 14:27:30
Une des plus belles chansons de Léo :

La mémoire et la mer

La marée, je l'ai dans le cœur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite sœur, de mon enfance et de mon cygne
Un bateau, ça dépend comment
On l'arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années lumières et j'en laisse
Je suis le fantôme jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baiser
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts de sable de la terre

Rappelle-toi ce chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l'écume
Cette bave des chevaux ras
Au raz des rocs qui se consument
Ö l'ange des plaisirs perdus
Ö rumeurs d'une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu'un chagrin de ma solitude

Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le milieu mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades
Dans le port fanfarent les cors
Pour le retour des camarades
Ö parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j'allais, géométrisant,
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé dans des draps d'aube fine
Je voyais un vitrail de plus,
Et toi fille verte, mon spleen

Les coquillages figurant
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tans
Qu'on dirait l'Espagne livide
Dieux de granits, ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s'immiscer
Dans leur castagnette figure
Et je voyais ce qu'on pressent
Quand on pressent l'entrevoyure
Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue,
Sur cette mer jamais étale
D'où me remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles

Cette rumeur qui vient de là
Sous l'arc copain où je m'aveugle
Ces mains qui me font du fla-fla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps
Comme un mendiant sous l'anathème
Comme l'ombre qui perd son temps
À dessiner mon théorème
Et sous mon maquillage roux
S'en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue, aux musiques mortes
C'est fini, la mer, c'est fini
Sur la plage, le sable bêle
Comme des moutons d'infini...
Quand la mer bergère m'appelle

Alandalus
avatar 09/09/2004 @ 14:32:07
Peut-être trop méconnue. Moi je l'adore depuis l'âge de 17 ans :

JE VOUS AIME


Pour ce rien, cet impondérable
Qui fait qu'on croit à l'incroyable
Au premier regard échangé
Pour cet instant de trouble étrange
Où l'on entend rire les anges
Avant même de se toucher
Pour cette robe que l'on frôle
Ce châle quittant vos épaules
En haut des marches d'escalier
Je vous aime
Je vous aime

Pour la lampe déjà éteinte
Et la première de vos plaintes
La porte à peine refermée
Pour vos dessous qui s'éparpillent
Comme des grappes de jonquilles
Aux quatre coins du lit semées
Pour vos yeux de vague mourante
Et ce désir qui s'impatiente
Aux pointes de vos seins levées
Je vous aime
Je vous aime

Pour vos toisons de ronces douces
Qui me retiennent, me repoussent
Quand mes lèvres vont s'y noyer
Pour vos paroles, démesures
La source, le chant, la blessure
De votre corps écartelé
Pour vos reins de houle profonde
Pour ce plaisir qui vous inonde
En long sanglots inachevés
Je vous aime
Je vous aime

Alandalus
avatar 09/09/2004 @ 14:46:01
Touche pas à la Blanche Hermine

Qu'est-ce que j'apprends? Il paraît que dans les arrières cuisines des partis des aveugles que domine un führer borgne, on beug le la Blanche Hermine? Qu'est-ce qui vous prend, les fafs? Je ne vois pas comment on peut chanter ça sous vot' flamme tricolore

? Ou alors vous ne chantez pas tous les couplets! Ou si vous les chantez tous, c'est qu'en plus d'être aveugles vous êtes sourds.

Je suppose que ce qui vous attire dans cette hermine c'est sa blancheur. Mais elle est blanche seulement! Ni bleue, ni rouge! Pas de quoi en faire un étendard pour ce qui vous tient lieu d'idées. Et si, comme c'est probable, cette couleur vous plaît à cau

se d'une race que vous dites moins inégale que les autres, je vous signale que l'hermine à la queue noire! De quoi horrifier la femme de paille qui joue les mariolles dans le sud!

En fait de Blanche Hermine, la Bretagne a pour emblème un animal dont la fourrure change avec les saisons. Si elle est blanche sur la neige, l'été sa robe devient marron, la plus métisse des couleurs! C'est d'une hermine que des chiens poursuivaient, qui
s'arrêta devant une mare boueuse et préféra mourir plutôt que de se salir que vient le davise de la Bretagne: "Plutôt la mort que la souillure !"

Et moi je vous dis, vous les tenants de la race pure, la Blanche Hermine, cette chanson qui n'est pas de vos combats, vous la souillez quand vous la chantez! A propos de souillure, j'entends parfois ceux qui parlent du borgne roi des aveugles l'appeler la

voix de la Bretagne profonde: Je m'insurge!

La Bretagne n'a fourni que la matière brute! C'est ailleurs qu'on s'est chargé de la transformer! C'est l'histoire bretonne qu'il a apprise en classe, c'est pas dans l'armée bretonne qu'il a fait ses classes, son château est près d'Paris et Vitrolles est
loin d'ici! Sur son front y a marqué Made in France! Y a pas d'hermines sur son drapeau! Quant à la Bretagne profonde, elle a voté pour un maire noir à St Coulitz!

Monique 09/09/2004 @ 15:08:00
J'ai pu identifier en vrac : Souchon, Ferré et Brel mais j'ai quelques zones d'ombre ;
Cool heure?               LE FORESTIER
Barbarie?                   BARBARA
Du bout des lèvres?    BARBARA
Le gérontophile?
La vierge éponyme?
La ballade du mois d'Août?
Ca fait beaucoup de zones d'ombre!
Lisa GERRARD, ne connais pas du tout. Je vais voir à voir.

Monique 09/09/2004 @ 15:11:33
Ah! Ce "gérontophile"... Entre Ronsard et Brassens, voici un texte qui nous sort de la chansonnette gnan gnan ou de celle des gentils révoltés cathodiques qui nous "rap" les oreilles, ou même de ceux qui comme Cantat (que je découvre ici) font semblant de faire intelligent et poétique en faisant compliqué et creux...
Le "Mignonne allons voir si l'arthrose" vaut à lui seul le déplacement !
Le creux serait à creuser... mais quand c'est bouché...

Tistou 09/09/2004 @ 22:23:03
Et c'est quoi "touche pas à la blanche hermine"?

Monique 09/09/2004 @ 22:51:23
Et c'est quoi "touche pas à la blanche hermine"?
Gilles SERVAT un peu énervé...

Yali 09/09/2004 @ 23:24:15
Mlah
C'est pas la mer à boire
Pour tous ceux qui aiment pas ça
C'est seulement pas d'cui
Pour tous ceux qui n'en ont pas.

C'est pas la mer à boire
Pour tous ceux qui aiment pas ça
C'est seulement pas d'cui
Pour tous ceux qui n'en ont pas.

La mer qui divague
A ramené sur la côte
Deux, trois sardines édentées
Un pécheur dans les algues
Voyant la mer si haute
Que le pauvre type s'est noyé.
Créateur, je vous blâme
L'homme est sans nageoire,
La nature l'a atrophié
C'est pas sir l'macadam
C'est une jolie histoire
Oui, mais Jésus a coulé.

C'est pas la mer à boire
Pour tous ceux qui aiment pas ça
C'est seulement pas d'cui
Pour tous ceux qui n'en ont pas.

C'est pas la mer à boire
Pour tous ceux qui aiment pas ça
C'est seulement pas d'cui
Pour tous ceux qui n'en ont pas.

Paolo d'son vivant
A échoué son bateau
Dans le vieux port de Nazare
Sa famille en mourant, Avalée par les flots,
N'avait pas qu'des larmes pour s'noyer
Aprés vingt heures de drague,
Les deux pieds dans une botte,
Le pêcheur est repêché
Une anguille qui zig-zague
Dit touche pas il mijote,
C'est le fruit de la marée.

C'est pas la mer à boire
Pour tous ceux qui aiment pas ça
C'est seulement pas d'cui
Pour tous ceux qui n'en ont pas.

Et je pense à ces femmes
Qui toutes vêtues de noir
Se nourrissent de crustacés
N'ont pour hommes que des âmes,
Dont le corps en mémoire
Est par les crabes digéré
La mer offre son néant
A tout pas appris à flotter
Quand l'soleil tombe dedans
Oh bon Dieu,
C'que c'est beau
Au matin on le revoit,
Le soleil sait nager.

C'est pas la mer à boire
Pour tous ceux qui aiment pas ça
C'est seulement pas d'cui
Pour tous ceux qui n'en ont pas.

C'est pas la mer à boire
Pour tous ceux qui aiment pas ça
C'est seulement pas d'cui
Pour tous ceux qui n'en ont pas.

C'est pas la mer à boire.

Yali 09/09/2004 @ 23:34:30
Ah! Ce "gérontophile"... Entre Ronsard et Brassens, voici un texte qui nous sort de la chansonnette gnan gnan ou de celle des gentils révoltés cathodiques qui nous "rap" les oreilles, ou même de ceux qui comme Cantat (que je découvre ici) font semblant de faire intelligent et poétique en faisant compliqué et creux...
Le "Mignonne allons voir si l'arthrose" vaut à lui seul le déplacement !


Compliqué? Creux? Bordel, faut vraiment que les lecteurs aient 100 ans d’avance pour repérer un poète, c’est-à-dire 100 ans de retard, au bas mot.
Misère…
Puis faudrait écouter ?!



Des visages, des figures
Dévisagent, défigurent
Des figurants à effacer
Des faces A, des faces B

Appâts feutrés
Attrait des formes
Déforment, altèrent
Malentendu entre les tours
Et c'est le feu
Qui était pour

Premier abord
Homme à la mer
Hommage amer
Un chat viré
Par dessus bord

Désert, des grands airs
Doute entier, doute entier
Auquel peuvent s'ajouter
Des oiseaux mazoutés

J'ai douté des détails, jamais du don des nues
J'ai douté des détails, jamais du don des nues

Des corps, des esprits me reviennent
Des décors, des scènes, des arènes
Hantez, hantez, faites comme chez vous, restez

Si tout devient opaque
Ma reine, ma reine
J'ai bien aimé ta paire de claques
Et surtout ton dernier baiser

Des visages, des figures
Dévisagent, défigurent
Des figurants à effacer
Des faces A, des faces B

J'ai douté des détails, jamais du don des nues
J'ai douté des détails, jamais du don des nues

Monique 09/09/2004 @ 23:44:25
Yali, tu as mis un peu de temps à répondre, mais ok, pb réglé. Enfin, j'suis pas sûre...

Monique 10/09/2004 @ 08:08:02
EGLANTINE

Dans la grande maison d'Eglantine,
Les volets se sont fermés.
Dans le matin léger, Eglantine,
Pour toujours, s'en est allée
Et l'enfant veuf,
Superbe dans ses habits de velours,
L'enfant veuf
Pleure sur son premier chagrin d'amour.

Nous n'irons plus jamais
Dans les grandes allées qu'elle aimait
Pour cueillir en bouquet
Les roses transparentes de mai.

Sur son ombrelle,
Ma fiancée,
Quelle était belle.
Je l'avais toute à moi,
Ma mie, ma divine.

Elle riait de ses bavardages
Et partageait ses secrets.
Elle disait " mon enfant sauvage,
Mon chéri, mon adoré,
Mon tout petit fiancé. "

Contre cent mille,
Sans épée, sans chevaux et sans armée,
Pour Eglantine,
Il guerroyait des caves aux greniers.
De la cuisine offerte,
Montaient l'odeur du pain grillé,
Le goût des pommes vertes
Mêlés aux myrtilles écrasées.

Dans le jardin,
Sa fiancée,
Qu'elle était belle,
Sa tendresse,
Sa mie, sa divine.

Dedans le grand salon d'Eglantine,
Les roses sont effeuillées.
Sur le piano, quelques sonatines
Commencées, inachevées,
Commencées, inachevées
Et l'enfant triste,
Superbe dans ses habits de velours,
L'enfant triste,
D'un doigt, rejoue la valse des amours.

Sous le lustre en cristal,
Elle le berçait dans ses bras.
C'était son premier bal.
C'était hier et c'est loin déjà.

Sous sa dentelle,
Sa fiancée,
Qu'elle était belle.
Ils ne danseront plus jamais,
Plus jamais.

Dans la grande chambre d'Eglantine,
L'enfant s'est agenouillé.
Sur le lit blanc, repose Eglantine.
Il a posé un baiser
Au bout de ses doigts glacés.
Le pays où tu vas,
Où l'on ne va pas quand on est petit,
Le pays des parents,
Où j'irai aussi quand je serai grand.

Aura-t-il des prairies,
Des chevaux blancs.
Est-ce loin, ce pays ?
Oh, emmène-moi,
Dis, grand-mère ?

Sur la grande maison d'Eglantine,
Le portail s'est refermé.
C'est fini, fini. Eglantine,
Pour toujours, s'en est allée,
Pour toujours, s'en est allée
A pas lents,
Derrière les grands chevaux de velours.
Un enfant
Pleure sur son premier chagrin d'amour.

Oh, ma grand-mère,
Comme je l'aimais.
Sous sa dentelle,
Ma fiancée,
Qu'elle était belle.
Oh, grand-mère,
Pourquoi m'as-tu quitté ?

Sur la grande maison d'Eglantine,
Le portail s'est refermé,
Le portail s'est refermé...

Alandalus
avatar 10/09/2004 @ 11:17:37
Je vous aime est de Jean Ferrat

Monique 10/09/2004 @ 11:25:57
Peut-être trop méconnue. Moi je l'adore (Jean Ferrat) depuis l'âge de 17 ans : JE VOUS AIME
30 ans d'adoration, c'est beau...

Sibylline 10/09/2004 @ 18:39:52
Franchement, moi je préfère quand on a l'auteur et le titre avec le texte parce que, quand on l'a plus tard, parfois, on n'a plus le texte en tête. Parfois aussi, on ne s'y retrouve plus. A vous de voir. J'ai donné mon avis.

Yali 10/09/2004 @ 18:44:11
Ginette (Les têtes raides)

La mer ça n's'invente pas
et nous on crève à rester là
et le funambule beau qu'il est
marchant sur son fil
Charles il disait l'albatros
il en est mort
a marcher sur la terre
mais c'est pas fini
on va continuer
a marcher dans les airs
et les supermarchés
pour nous donner l'air
de ne pas rien faire
et pour manger
on va s'aimer encore et encore
pendant des années
j'étais là moi monsieur
sinon on sait pas trop c'qu'il faut faire
et là y a la Ginette qui valse en guinguette
qu'a toujours un verre d'avance
des fois qu'on ferme la dernière porte
faut s'enivrer quoi qu'il arrive
et puis rêver et faire la fête
c'est des musiciens sur des tréteaux
tôt ou tard ça va s'écrouler
mais leur histoire on s'en fout
Ginette continue à tourner
sur cet air de ferraille et de verres cassés
allez Ginette!...

La mer ça n's'invente pas
et nous on crève à rester là
et c'est tout.

Monique 11/09/2004 @ 19:27:29
GAUGUIN

Il pleut sur l'île d'Hiva-Oa.
Le vent, sur les longs arbres verts
Jette des sables d'ocre mouillés.
Il pleut sur un ciel de corail
Comme une pluie venue du Nord
Qui délave les ocres rouges
Et les bleus-violets de Gauguin.
Il pleut.
Les Marquises sont devenues grises.
Le Zéphir est un vent du Nord,
Ce matin-là,
Sur l'île qui sommeille encore.

Il a dû s'étonner, Gauguin,
Quand ses femmes aux yeux de velours
Ont pleuré des larmes de pluie
Qui venaient de la mer du Nord.
Il a dû s'étonner, Gauguin,
Comme un grand danseur fatigué
Avec ton regard de l'enfance.

Bonjour monsieur Gauguin.
Faites-moi place.
Je suis un voyageur lointain.
J'arrive des brumes du Nord
Et je viens dormir au soleil.
Faites-moi place.

Tu sais,
Ce n'est pas que tu sois parti
Qui m'importe.
D'ailleurs, tu n'es jamais parti.
Ce n'est pas que tu ne chantes plus
Qui m'importe.
D'ailleurs, pour moi, tu chantes encore,
Mais penser qu'un jour,
Les vents que tu aimais
Te devenaient contraire,
Penser
Que plus jamais
Tu ne navigueras
Ni le ciel ni la mer,

Plus jamais, en avril,
Toucher le lilas blanc,
Plus jamais voir le ciel
Au-dessus du canal.
Mais qui peut dire ?
Moi qui te connais bien,
Je suis sûre qu'aujourd'hui
Tu caresses les seins
Des femmes de Gauguin
Et qu'il peint Amsterdam.
Vous regardez ensemble
Se lever le soleil
Au-dessus des lagunes
Où galopent des chevaux blancs
Et ton rire me parvient,
En cascade, en torrent
Et traverse la mer
Et le ciel et les vents
Et ta voix chante encore.
Il a dû s'étonner, Gauguin,
Quand ses femmes aux yeux de velours
Ont pleuré des larmes de pluie
Qui venaient de la mer du Nord.
Il a dû s'étonner, Gauguin.

Souvent, je pense à toi
Qui as longé les dunes
Et traversé le Nord
Pour aller dormir au soleil,
Là-bas, sous un ciel de corail.
C'était ta volonté.
Sois bien.
Dors bien.
Souvent, je pense à toi.

Je signe Léonie.
Toi tu sais qui je suis,
Dors bien.

Monique 13/09/2004 @ 08:31:09
COMME JE T'AIME

Comme le vent d'Ouessant vient griffer la falaise,
Comme l'aube, en jouant, peut faire fondre les neiges,
Comme les folles fièvres, de fantasmes en malaises,
Comme les doigts du Diable distillent les arpèges,
Comme un océan, un lac, avant les ouragans,
Comme un grand requin bleu sommeille entre deux eaux,
Comme un horizon pâle pour un soleil couchant,
Comme un aigle royal survole les roseaux,
Je t'aime.

Comme un diamant blanc-bleu engendre la folie,
Comme les avalanches se jettent dans un gouffre,
Comme une terre qui s'ouvre à la foudre en furie,
Tu bâtis tes enfers et y sombres et y souffres.
Comme un oiseau perdu dans les vignes s'enivre,
Tu vas et tu te perds, et dérives et chavires.
C'est à la presque-mort que tu me reviens vivre,
Vivre au nouveau soleil de tes anciens soupirs,
Je t'aime.

Comme un grand arc-en-ciel sait fêter un orage,
Tu vas noyer tes foudres dans un lac d'oubli.
Comme un chef vainqueur saurait rendre un hommage,
Tes pardons me reviennent comme mes mélodies.
Comme un navire au port, contre vents et marées,
Tu défends mes trésors, tu caches mes secrets.
Comme un pâle cerbère, tu gardes notre enfer
Et tu m'aimes, tu m'aimes.

Comme le vent d'Ouessant vient griffer la falaise,
Comme l'aube, en jouant, peut faire fondre les neiges,
Comme les folles fièvres, de fantasmes en malaises,
Comme les doigts du Diable distillent les arpèges,
Comme le vent d'Ouessant,
Comme l'aube en jouant,
Comme les folles fièvres,
Comme les doigts du Diable,
Comme, comme,
Je t'aime, je t'aime,
Comme, comme,
Je t'aime, je t'aime,
Comme, comme,
Tu m'aimes, tu m'aimes,
Comme, comme,
Je t'aime, je t'aime,
Comme, oui comme,
Tu m'aimes, tu m'aimes,
Comme, comme,
Tu m'aimes, tu m'aimes...

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