. Chez Flaubert l'écriture est en parfaite adéquation je trouve avec l'intériorisation de ses personnages, le milieu dans lequel ils évoluent, c'est moins visible que Zola car moins démonstratif mais plus raffiné, plus sensible et quelque part plus humain ce qui peut sembler paradoxal par rapport à Zola ; le moindre détail a son importance, on accède aux états d'âmes, c'est d'ailleurs ce qui fait que certains "s'ennuient" avec Flaubert alors qu'ils "vibrent" avec Zola. Et pourtant tous les deux ont un regard aiguisé sur la société, mais Zola percute et Flaubert touche. Enfin c'est comme ça que je les ressens.
Oulala!
Comme tu exprimes bien, Piero, les pourquoi de ma détestation de Flaubert...:-)
Il m'ennuie à mourir!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Bon, j'ai promis, un jour, à Siss de retenter Madame Bovary mais je m'ennuie déjà rien qu'à cette idée:-)
Oh!Le ô:-)
Oui mais quoi qu'on pense de Zola personne d'autre n'a fait ce qu'il a fait ! J'avoue que je ne comprends pas très bien ce que tu appelles "projet pseudo-scientifique" . Pourquoi les Rougont-Macquart ne reposent sur "rien" ? Seulement au niveau littéraire ? Doit-on dévaluer Zola parce qu'il aurait été plus "journaliste" qu'écrivain ? Pourtant on se rend compte dans certaines de ces nouvelles qu'il sait aborder les personnages autrement . Et puis il y a "le rêve" qui pour moi est mon livre préféré de lui et n'a rien à voir avec le reste. Mais ce qu'a apporté Zola dans la littérature Flaubert ne l'a pas fait. Chacun son rôle. Mais je comprends très bien qu'on puisse avant tout rechercher la qualité littéraire, la préférer à la puissance d'un projet où il y aurait une implication sociale.
Mais ce qu'a apporté Zola dans la littérature Flaubert ne l'a pas fait. Chacun son rôle. Mais je comprends très bien qu'on puisse avant tout rechercher la qualité littéraire, la préférer à la puissance d'un projet où il y aurait une implication sociale.Ce n'est pas comme ça que je vois les choses : pour moi, presque toute la littérature française du XXe siècle est en germe chez Flaubert (celle que j'aime, évidemment ; pas Malraux par exemple) : une littérature consciente d'elle-même, consciente d'être de la littérature. Zola possède des qualités littéraires, mais il ne fait rien pour la littérature : il fait pour des causes qui sont extérieures à la littérature - dont certaines qui plus est sont sans aucun intérêt, comme sa théorie sur l'hérédité (je te renvoie au Docteur Pascal pour plus de détails, j'ai prêté mon exemplaire il y a une petite trentaine d'années et on ne me l'a toujours pas rendu).
Ce que je recherche, ce n'est pas seulement la qualité littéraire - auquel cas je pourrais me contenter de Zola, qui en possède -, je veux que l'enjeu de l’œuvre même soit littéraire, je veux que la langue ne soit pas juste un outil mais une matière, je veux que ce ne soit pas juste parce que le cinéma n'existait pas encore que l'auteur se soit vu contraint à l'écriture.
je veux que la langue ne soit pas juste un outil mais une matière, je veux que ce ne soit pas juste parce que le cinéma n'existait pas encore que l'auteur se soit vu contraint à l'écriture.
Ce mot "contraint" est pour moi profondément injuste. De plus il ne peut y avoir contrainte quand il n'existe pas d'autres formes. Même si le théâtre est une de ces formes il n'a pas la même puissance évocatrice que le cinéma. Faire du "cinéma" par l'écriture est plus qu'une performance , c'est aussi une révolution. D'ailleurs c'est un peu pour ça que Zola ne passe pas si bien au cinéma car il est impossible à "re-travailler" esthétiquement. Ce qui n'est pas le cas de Flaubert, on pourrait faire des tas de versions de Madame Bovary. Que Flaubert soit un précurseur de la littérature du XXè siècle c'est plutôt dans la norme des choses non, que des auteurs soient initiateurs de courants dans la littérature. Il est fort à parier qu'à la fin de notre siècle la littérature va se transformer, elle ne peut être statique, se contenter de ce qu'elle est en fonction de l'évolution des hommes et des sociétés. En mieux ? Ca c'est une autre histoire...
Ce mot "contraint" est pour moi profondément injuste.Je ne vois pas du tout pourquoi.
Ce mot "contraint" est pour moi profondément injuste.
Je ne vois pas du tout pourquoi.
Parce que les écrivains et ceux qui voulaient témoigner n'avaient pas d'autres moyens que d'écrire et donc d'entrer dans la littérature. Que tu n'aimes pas cette littérature c'est une chose mais reprocher d'avoir voulu l'utiliser "comme un outil" est injuste. Comme si Zola n'aurait été qu'un "besogneux"...Ca me semble plein d'ingratitude...
:) C'est rigolo ce que tu écris, je trouve. Autant, dans la vie, je suis enclin à éprouver très souvent de la reconnaissance ; autant, en littérature, l'idée même de gratitude m'est parfaitement étrangère, y compris pour les auteurs que j'aime. D'ailleurs je me fiche pas mal des auteurs, je n'aime que leurs livres (dans le meilleur des cas). La gratitude suppose le bien, or il n'y a rien de bien, ou de mal, dans la littérature.
Ce désaccord est de toutes façons sans grande importance. Ce que je voulais juste montrer, c'est que les classiques scolaires ne font pas du tout l'unanimité, notamment chez les universitaires et les écrivains, parmi lesquels, si j'interroge ceux de ma connaissance, je n'en vois que très peu pour considérer Zola comme un auteur vraiment majeur.
Ce désaccord est de toutes façons sans grande importance. Ce que je voulais juste montrer, c'est que les classiques scolaires ne font pas du tout l'unanimité, notamment chez les universitaires et les écrivains, parmi lesquels, si j'interroge ceux de ma connaissance, je n'en vois que très peu pour considérer Zola comme un auteur vraiment majeur.
Que les classiques scolaires ne fassent plus l'unanimité actuellement je le comprends trés bien, il faut s'adapter. Chacun sa place, peut être que Zola ne l'a plus ou seulement comme témoin d'une époque. Ce qui me gêne c'est cette sorte de dévaluation, moi j'ai de la reconnaissance mais je n'ai pas ton niveau littéraire et je comprends bien ton point de vue .
Mais bon la littérature c'est aussi pour tous...:-)
Mais bon la littérature c'est aussi pour tous...:-)
Ce n'est pas actuellement, ça a toujours été comme ça. Ce n'est pas non plus une dévaluation, c'est juste le désir d'être un peu équitable. Quand je vois que sur CL ce sont toujours Zola, Zweig, Steinbeck, Camus et quelques autres que j'oublie qui sont présentés comme les phares de la littérature alors que nombre de leurs contemporains aussi voire plus importants à mes yeux sont laissés dans l'ombre (même si ces quatre-là sont en effet des auteurs intéressants), ça me paraît injuste, et je n'aime pas l'injustice. Mais je me console en voyant que Dostoïevski au moins n'est pas mésestimé.
Mais je me console en voyant que Dostoïevski au moins n'est pas mésestimé.
Et Mann ! :)
Si tu compares le nombre de recensions concernant Mann (tu penses à Thomas, je suppose ?) par rapport à celles concernant Zweig, je crois que tu seras d'accord avec moi pour trouver qu'il est un peu négligé par les membres du site.
Je suis entièrement d'accord avec toi sur ce point comme dans pratiquement toutes tes interventions.
C'est juste qu'on l'évoquait récemment pour l'opposer à Zweig justement.
Cela dit, ça n'a rien d'étonnant à mes yeux. A part pour les recueils de nouvelles type Mort à Venise (et encore), Mann est quand même incomparablement moins accessible qu'un Zweig. Mais Zweig m'est sympathique. A tort ou à raison, à travers ses biographies, je le vois surtout comme un admirateur de grands écrivains conscient de ses propres limites (ce serait presque un auteur de fan fiction, aujourd'hui). J'ai l'impression qu'il y a une grande part d'hommage dans sa littérature, si tu vois ce que je veux dire, je m'exprime peut-être mal.
C'est juste qu'on l'évoquait récemment pour l'opposer à Zweig justement.
Cela dit, ça n'a rien d'étonnant à mes yeux. A part pour les recueils de nouvelles type Mort à Venise (et encore), Mann est quand même incomparablement moins accessible qu'un Zweig. Mais Zweig m'est sympathique. A tort ou à raison, à travers ses biographies, je le vois surtout comme un admirateur de grands écrivains conscient de ses propres limites (ce serait presque un auteur de fan fiction, aujourd'hui). J'ai l'impression qu'il y a une grande part d'hommage dans sa littérature, si tu vois ce que je veux dire, je m'exprime peut-être mal.
Ah oui tout à fait, d'ailleurs Zweig c'est très bien pourvu qu'on ne me dise pas que c'est ce qui s'est fait de mieux.
Et tu as raison sur les raisons, qui sont toujours les mêmes : Mann est moins accessible que Zweig comme Flaubert ou Huysmans sont diversement moins accessibles que Zola, comme Beckett est moins accessible que Camus, comme Faulkner est moins accessible que Steinbeck. (Mais Faulkner n'est pas trop mal traité non plus, ce qui m'étonne et m'amuse toujours en imaginant l'audience qui serait la sienne si, en écrivant comme il le fait ne serait-ce que dans le Bruit et la fureur, il était français et contemporain - avec les transpositions nécessaires - au lieu de faire définitivement partie des "classiques" de la littérature américaine.)
Et tu as raison sur les raisons, qui sont toujours les mêmes : Mann est moins accessible que Zweig comme Flaubert ou Huysmans sont diversement moins accessibles que Zola, comme Beckett est moins accessible que Camus, comme Faulkner est moins accessible que Steinbeck. (Mais Faulkner n'est pas trop mal traité non plus, ce qui m'étonne et m'amuse toujours en imaginant l'audience qui serait la sienne si, en écrivant comme il le fait ne serait-ce que dans le Bruit et la fureur, il était français et contemporain - avec les transpositions nécessaires - au lieu de faire définitivement partie des "classiques" de la littérature américaine.)
Je ne comprends pas très bien ce besoin de toujours opposer un auteur à un autre, ou n'importe quelle personnalité à une autre. Pour ce que j'en ai lu, j'aime beaucoup Zweig, c'est peut-être personnel mais ça ne dévalue en rien ma lecture des Buddenbrock ou celle d'Ernst Wiechert, par exemple, qui a totalement disparu mais qui a écrit au moins un grand livre, celui que j'ai lu et dont j'ai oublié le titre, je me souviens c'est "Missa sine nomine".
La littérature est un art, pas une compétition, les prix n'existent que pour développer les ventes.
La littérature est un art, pas une compétition, les prix n'existent que pour développer les ventes.
Parfaitement d'accord Débézed !!!!
"les prix n'existent que pour développer les ventes"
Oui, je crois Débézed que tu as entièrement raison sur ce point-là ! Cela ne signifie pas que nous sommes tous d'accord sur l'ensemble du dossier, mais, au moins, il y a probablement-là de quoi se donner une pensée commune...
Oui, je crois Débézed que tu as entièrement raison sur ce point-là ! Cela ne signifie pas que nous sommes tous d'accord sur l'ensemble du dossier, mais, au moins, il y a probablement-là de quoi se donner une pensée commune...
J'ai lu une anecdote dans la bio de Wharton, elle raconte qu'un journaliste l'avait comparée à Henry James (ou à Proust je ne sais plus), et qu'elle avait rit du compliment en lui retournant que ce n'était pas la même catégorie. Enfin, bref, je pense qu'elle avait conscience de ne pas faire la même chose qu'un Proust (elle raconte dans sa bio le choc qu'elle avait eu en découvrant Proust, et la joie qu'elle se faisait de partager sa découverte avec son ami Henry James).
N'empêche que, comme pour Zweig, elle est beaucoup plus critiquée et lue maintenant que son illustre ami. Le fait que ce soit plus accessible est une raison possible, mais finalement peut-être aussi que ça passe mieux le temps (tandis que James, magré tout, serait plus daté ?)
N'empêche que, comme pour Zweig, elle est beaucoup plus critiquée et lue maintenant que son illustre ami. Le fait que ce soit plus accessible est une raison possible, mais finalement peut-être aussi que ça passe mieux le temps (tandis que James, magré tout, serait plus daté ?)
Ce n'est pas tant le désir d'opposer un auteur à un autre, Dbz, que celui le désir d'exprimer le fait - certes très subjectif ;) - que tout ne se vaut pas.
Saule, James est certainement l'un des auteurs les plus commentés, peut-être pas sur CL, mais au moins dans la critique universitaire. C'est plutôt sa modernité qui pourrait rebuter certains lecteurs (je pense davantage à des romans comme Ce que savait Maisie qu'à ses récits plus courts comme Daisy Miller). Je crois que tu peux faire confiance à Wharton dans son jugement.
Saule, James est certainement l'un des auteurs les plus commentés, peut-être pas sur CL, mais au moins dans la critique universitaire. C'est plutôt sa modernité qui pourrait rebuter certains lecteurs (je pense davantage à des romans comme Ce que savait Maisie qu'à ses récits plus courts comme Daisy Miller). Je crois que tu peux faire confiance à Wharton dans son jugement.
Parfaitement d'accord tout ne se vaut pas et nous avons chacun notre échelle de valeurs construite avec beaucoup de paramètres. En ce qui meconcerne, c'est plutôt ce qui m'évoque un autre livre qui me fait réagir, ce qui rapproche deux textes, le fond, la forme, les messages, etc...
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