L'école n'est pas tout mais la conception de l'éducation (plus encore que l'enseignement) a quand même son rôle à jouer et, comme en Belgique et en France, il s'agit des pouvoirs publics qui en déterminent le fonctionnement (même dans les écoles dites privées), c'est vrai que tout est politique.
Pourtant, même s'il ne faut pas tout en prendre, je pense que ce serait pas mal que nos "dirigeants" (riches et intelligents???) s'inspirent du modèle néerlandais dont l'enseignement est entièrement privé, certes, mais qui prône l'autonomie, le savoir-faire social, les compétences...
Un article intéressant d'une française ayant séjourné à Rotterdam:
http://rotterdamned.over-blog.com/pages/…
Pourtant, même s'il ne faut pas tout en prendre, je pense que ce serait pas mal que nos "dirigeants" (riches et intelligents???) s'inspirent du modèle néerlandais dont l'enseignement est entièrement privé, certes, mais qui prône l'autonomie, le savoir-faire social, les compétences...
Un article intéressant d'une française ayant séjourné à Rotterdam:
http://rotterdamned.over-blog.com/pages/…
Bolcho, sauf ton respect, tu fais un méli-mélo mais «ça ira, ça ira, ça ira» quand même, on y arrive à grands pas dans notre joyeuse République des Petits Camarades.Quelle république? quels camarades?
;-))
Tu mets d'un côté, le caviar, les beaux quartiers, l'intelligence et de l'autre, les c..., les ploucs, les pauvres. Je crois, sans faire le prétentieux, que la connerie est la denrée la mieux répandue, aussi bien dans les beaux quartiers que dans les banlieues à bahuts pourris. Mais la question n'est pas là!
Comme disait Harpo Marx: "il n'est pire sourd que celui qui ne veut rien voir." Il me semble que ce n'est pas un déficit intellectuel que Bolcho lie à la pauvreté, mais un déficit culturel qui pousse les pauvres des quartiers pauvres à ne rien désirer d'autre qu'un avenir de pauvres aidés en cela par RTL/DH (les temps changent; avant, c'était le Pape)
Il y a des inégalités sociales, des injustices sociales, des niveaux de vie scandaleusement différents. Mais c'est au politique de résoudre ce problème;! Pas aux écoles, pas aux enseignants!Mais Brdldptaq!, comment résoudre les injustices à long terme, sinon en modifiant un système scolaire qui les perpétue?!!!
Les meilleurs élèves habitent peut-être dans certains quartiers et les mauvais élèves habitent peut-être dans d'autres quartiers. Ce n'est certainement pas une question de gène, c'est plus probablement une question de culture ou d'éducation, ou d'origine géographique, que sais-je!Effectivement,tu ne sais pas. et quand on ne sait pas... C'est peut-être une question de "programmation sociale" ? Evidemment, on est là plus dans la bourdieuserie que dans ton habituelle bondieuserie.
Mais, de toute façon, ce n'est pas le problème de l'enseignant, c'est le problème du politique.Il n'y a donc pas lien selon toi, entre politique (organisation de la société) et enseignement? Intéressant...
Sur quoi te bases-tu pour affirmer cela? sur la dernière encyclique? Tu rabaches un lieu commun.
En mélangeant les élèves de tous les quartiers dans une même classe on arrivera peut-être à niveler les différences sociales mais l'enseignement sera nivelé au niveau inférieur.
De toute façon, je ne vois pas pourquoi on discute puisque de toute façon, à tes yeux, c'était mieux quand les pauvres ne savaient pas lire.
C'est intéressant l'article sur l'enseignement en Hollande. Que l'enseignement privé soit plus "compétitif" et plus élitiste que le public, ça ne m'étonne pas. En Belgique, force est de reconnaitre que les écoles catholiques sont aussi plus efficaces que les écoles communales : je pense qu'il y a une plus grande implication. En fait les valeurs républicaines et laïques ne font bouger personnes, c'est trop moche comme idéal.
Minoritaire, la question est de savoir si on veut résoudre les inégalités, tu ne peux pas prendre ça comme postulat. On voit bien avec l'enseignement en Hollande, pour être compétitif il faut un enseignement élitiste, qui favorise les meilleurs (qui se trouvent être les biens nés, on ne sortira pas de la) et qui renforcera les inégalités, c'est inévitable.
Maintenant, de mon point de vue, pourquoi vouloir être compétitif ? Si on ne voulait pas être compétitif, on favoriserait l'entre-aide entre enfants doués et moins doués (ce que d'aucun appellerait le nivellement par le bas), et le monde serait meilleur (mais moins productif).
Minoritaire, la question est de savoir si on veut résoudre les inégalités, tu ne peux pas prendre ça comme postulat. On voit bien avec l'enseignement en Hollande, pour être compétitif il faut un enseignement élitiste, qui favorise les meilleurs (qui se trouvent être les biens nés, on ne sortira pas de la) et qui renforcera les inégalités, c'est inévitable.
Maintenant, de mon point de vue, pourquoi vouloir être compétitif ? Si on ne voulait pas être compétitif, on favoriserait l'entre-aide entre enfants doués et moins doués (ce que d'aucun appellerait le nivellement par le bas), et le monde serait meilleur (mais moins productif).
En mélangeant les élèves de tous les quartiers dans une même classe on arrivera peut-être à niveler les différences sociales mais l'enseignement sera nivelé au niveau inférieur.
Sur quoi te bases-tu pour affirmer cela? sur la dernière encyclique? Tu rabaches un lieu commun.
De toute façon, je ne vois pas pourquoi on discute puisque de toute façon, à tes yeux, c'était mieux quand les pauvres ne savaient pas lire.
Mais voyons, Minoritaire, je ne dis pas que c'était mieux quand les pauvres ne savaient pas lire. Nous étions la main dans la main, Victor Hugo et moi, pour dire que que le début de la fin des injustices sociales commencerait le jour ou tout le monde serait instruit.
Et puis je rabâche un lieu commun, soit ! mais un lieu commun est rarement erroné.
Quand les encycliques parlent d'enseignement, c'est toujours pour dire que l'enseignement doit être de bonne qualité, partout, mais ne doit pas être nivelé par le bas, même si c'est pour faciliter la tâche des politiciens.
Et puis le Pape ne m'a rien soufflé à l'oreille mais tu sais très bien que les premières écoles ont toujours été créées par des cathos, à commencer par saint Benoît au Vème siècle. Mais c'est si loin que tu peux l'avoir oublié.
;-))
... on favoriserait l'entre-aide entre enfants doués et moins doués (ce que d'aucun appellerait le nivellement par le bas), .D'aucun, ce n'est pas moi ! Pour moi, le nivellement par le bas consiste à couper toutes les têtes qui dépassent !
Je suis pour l'entr'aide et pour un école adaptée à chaque niveau d'élèves.
... comment résoudre les injustices à long terme, sinon en modifiant un système scolaire qui les perpétue?!!!
Effectivement,tu ne sais pas. et quand on ne sait pas... Evidemment, on est là plus dans la bourdieuserie que dans ton habituelle bondieuserie.
En mélangeant les élèves de tous les quartiers dans une même classe ... l'enseignement sera nivelé au niveau inférieur.
Sur quoi te bases-tu pour affirmer cela? sur la dernière encyclique? Tu rabaches un lieu commun.
je ne vois pas pourquoi on discute ...
Je ne comprends pas très bien ce que tu veux dire quand tu parles de bourdieuserie (la faculté de dire des bourdes?) et de bondieuserie. J'ai dû fréquenté une mauvaise école...
;-))
Mais ce n'est rien ! Je crois que nous n'arriverons jamais à tomber d'accord pour dire que j'ai raison...
;-))
Le système scolaire perpétue les injustices sociales. Oui, mais ce n'est pas le rôle de l'école de rétablir la justice sociale. L'enseignant n'est pas là pour ça ! Il est là pour transmettre un savoir et des valeurs. Et, entre parenthèses, comme les valeurs des cathos ne sont pas toujours les mêmes que celles des athées, il y a des écoles cathos et des écoles sans Dieu. Et ça tombe bien, en Belgique c'est moitié-moitié. Comme ça il n'y a pas de jaloux. Fermons la parenthèse.
La République des Petits Camarades, Minoritaire, c'est notre chère Wallonie rouge de chez rouge ; et les petits camarades ce sont les frères du neveux du petit ami de la fille de la concierge de l'échevin de la culture qui va se marier et qu'il faut placer dans une intercommunale à un poste suffisamment élevé pour qu'il n'ait pas besoin de passer un examen d'embauche... Salaire grassement payé par le citoyen cochon payeur !
Quelle république? quels camarades?
.
Quelle république? quels camarades?
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La République des Petits Camarades, Minoritaire, c'est notre chère Wallonie rouge de chez rouge ; et les petits camarades ce sont les frères du neveux du petit ami de la fille de la concierge de l'échevin de la culture qui va se marier et qu'il faut placer dans une intercommunale à un poste suffisamment élevé pour qu'il n'ait pas besoin de passer un examen d'embauche... Salaire grassement payé par le citoyen cochon payeur !
Le PS wallon, rouge de chez rouge ?! Tu vas, à la limite, les faire rosir de plaisir en disant ça... Il y a bien un élu wallon qui aimait beaucoup le rouge, mais uniquement quand il était liquide.
M'enfin SJB ! Dire que la Wallonie est rouge! Peut-être par ses affiches électorales mais certainement pas par son contenu politique.
Crois-en une brave Carolo toute déconfite de voir son bourgmestre socialiste (sic) décider de cacher ses SDF plutôt que d'envisager toute autre formule d'aide aux démunis inspirée de l'ENTRAIDE SOCIALE.
(Oups j'ai l'impression d'avoir dit un gros mot)
Saule, concernant le systèmes hollandais, j'ai surtout envie de dire que le positif est de stimuler les compétences tout en se refusant de dénigrer une filière ou une autre. OK, c'est un peu cloisonnant de définir un profil d'élève dès l'enseignement primaire (mais l'élève peut en changer).
Le tout, ici, est de valoriser dans les secteurs professionnels qu'universitaires. J'en ressens comme un souhait de dire que chacun a sa place et que chaque place se vaut.
Dans notre culture actuelle, il faut être universitaire pour se sentir "haut de gamme" et espérer recevoir les "avantages" (j'insiste sur les guillemets) sociaux tels qu'un salaire honorable, une voiture de société (avec laquelle il ira bosser à 10 min de chez lui en se cassant la tête dans les bouchons et en encrassant la planète).
Tout ça pour se targuer de partir en Jamaïque (où il ne quittera pas les murs de son hôtel).
Ce que je trouve dommage, c'est que l'enseignement s'éloigne de plus en plus de l'apprentissage d'un esprit d'autonomie, d'indépendance, d'éveil à la nature.
Quel plaisir inculque-t-on encore à qui que ce soit dans le fait de pouvoir faire des choses soi-même?
Je crois qu'il faudrait en revenir à ça pour que l'humanité retrouve une voie où le savoir (-faire, -être, -vivre) aura encore du sens.
Les autochtones amérindiens voient une recrudescence d'intérêt pour leurs traditions culturelles et d'artisanat de la part des jeunes. Et sans pour autant renier les avancements modernes.
Mais peut-être est-ce pour en revenir à ce bon vieux proverbe "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme"?
Crois-en une brave Carolo toute déconfite de voir son bourgmestre socialiste (sic) décider de cacher ses SDF plutôt que d'envisager toute autre formule d'aide aux démunis inspirée de l'ENTRAIDE SOCIALE.
(Oups j'ai l'impression d'avoir dit un gros mot)
Saule, concernant le systèmes hollandais, j'ai surtout envie de dire que le positif est de stimuler les compétences tout en se refusant de dénigrer une filière ou une autre. OK, c'est un peu cloisonnant de définir un profil d'élève dès l'enseignement primaire (mais l'élève peut en changer).
Le tout, ici, est de valoriser dans les secteurs professionnels qu'universitaires. J'en ressens comme un souhait de dire que chacun a sa place et que chaque place se vaut.
Dans notre culture actuelle, il faut être universitaire pour se sentir "haut de gamme" et espérer recevoir les "avantages" (j'insiste sur les guillemets) sociaux tels qu'un salaire honorable, une voiture de société (avec laquelle il ira bosser à 10 min de chez lui en se cassant la tête dans les bouchons et en encrassant la planète).
Tout ça pour se targuer de partir en Jamaïque (où il ne quittera pas les murs de son hôtel).
Ce que je trouve dommage, c'est que l'enseignement s'éloigne de plus en plus de l'apprentissage d'un esprit d'autonomie, d'indépendance, d'éveil à la nature.
Quel plaisir inculque-t-on encore à qui que ce soit dans le fait de pouvoir faire des choses soi-même?
Je crois qu'il faudrait en revenir à ça pour que l'humanité retrouve une voie où le savoir (-faire, -être, -vivre) aura encore du sens.
Les autochtones amérindiens voient une recrudescence d'intérêt pour leurs traditions culturelles et d'artisanat de la part des jeunes. Et sans pour autant renier les avancements modernes.
Mais peut-être est-ce pour en revenir à ce bon vieux proverbe "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme"?
M'enfin SJB ! Dire que la Wallonie est rouge!D'accord, Blue, pour ne plus parler de rouge de rouge ; le président du PS est administrateur à Dexia et Belgacom, ça ne fait pas très rouge en effet ! Mais la République des Petits Camarades ne s'en porte que mieux...
;-))
SJB croit bien que Mélenchon est d'extrême-gauche, alors...
M'enfin SJB ! Dire que la Wallonie est rouge!Ah, le bon vieux temps de l'Etat CVP ! Hein, SJB?
D'accord, Blue, pour ne plus parler de rouge de rouge ; le président du PS est administrateur à Dexia et Belgacom, ça ne fait pas très rouge en effet ! Mais la République des Petits Camarades ne s'en porte que mieux...
;-))
Ce que je trouve dommage, c'est que l'enseignement s'éloigne de plus en plus de l'apprentissage d'un esprit d'autonomie, d'indépendance, d'éveil à la nature.
Quel plaisir inculque-t-on encore à qui que ce soit dans le fait de pouvoir faire des choses soi-même?
Je crois qu'il faudrait en revenir à ça pour que l'humanité retrouve une voie où le savoir (-faire, -être, -vivre) aura encore du sens.
Les autochtones amérindiens voient une recrudescence d'intérêt pour leurs traditions culturelles et d'artisanat de la part des jeunes. Et sans pour autant renier les avancements modernes.
Mais peut-être est-ce pour en revenir à ce bon vieux proverbe "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme"?
En fait je suis plutôt favorable au système hollandais pour l'enseignement, en particulier le fait de ne pas défavoriser les filières professionnelles par rapport à la filière classique.
Dans notre culture actuelle, il faut être universitaire pour se sentir "haut de gamme" et espérer recevoir les "avantages" (j'insiste sur les guillemets) sociaux tels qu'un salaire honorable, une voiture de société (avec laquelle il ira bosser à 10 min de chez lui en se cassant la tête dans les bouchons et en encrassant la planète).
Tout ça pour se targuer de partir en Jamaïque (où il ne quittera pas les murs de son hôtel).
Je trouve que le milieu du travail perpétue le système de castes, à mon avis ce n'est pas tellement une question de diplôme universitaire ou mais plus une question de métier porteur ou pas (avec en plus des secteurs favorisés, tel la finance, ou alors prototype d'effet de caste les fonctionnaires européens). Mais sinon, être égoïste, égocentrique, opportuniste, menteur et prêt écraser les autres, c'est une bonne recette aussi pour monter l'ascenseur social :-)
Monde Diplo d'octobre 2013
Sans grande surprise, plusieurs articles analysent les événements autour de la Syrie dans un dossier central.
« Cinglante débâcle de la diplomatie française », Olivier Zajec, chargé de recherche à l'Institut de stratégie et des conflits
A propos du revirement de la France sur la question syrienne et la place de l'Iran, cette citation de M. Jean-Pierre Chevènement : « Autrefois, il y avait le droit. Aujourd’hui, on a remplacé le droit par la morale. Et de la morale on passe à la punition. C’est plus facile, mais c’est très dangereux, car le fameux “droit d’ingérence”, c’est toujours le droit du plus fort : on n’a jamais vu les faibles intervenir dans les affaires des forts. »
« Un amoncellement d'objets dormants et coûteux : posséder ou partager ? », Martin Denoun et Geoffroy Valadon (collectif La Rotative)
Perceuse, DVD visionnés, appareil photo, voiture : la liste est longue des objets que certains utilisent rarement. Jeremy Rifkin est celui qui a diagnostiqué la transition d’un âge de la propriété vers un « âge de l’accès ». Les partisans de la consommation collaborative citent volontiers Mohandas Gandhi : « Il y a assez de ressources sur cette terre pour répondre aux besoins de tous, mais il n’y en aura jamais assez pour satisfaire les désirs de possession de quelques-uns. » Ce qui ne les empêche pas de manifester une forme de dédain à l’égard des décroissants et des militants écologistes en général.
De plus en plus de sites Internet proposent de troquer ou de louer des biens « dormants » et coûteux : lave-linge, vêtements de marque, objets high-tech, matériel de camping, mais aussi moyens de transport (voiture, vélo, bateau) ou espaces physiques (cave, place de parking, chambre, etc.). Le mouvement touche jusqu’à l’épargne : plutôt que de la laisser dormir sur un compte, des particuliers se la prêtent en contournant les banques. Dans le domaine des transports, le covoiturage consiste à partager le coût d’un trajet.
Puis s’est produite l’évolution typique des start-up du Web. Des sociétés se sont créées pour répondre à ces nouvelles demandes. Donc, à y regarder de plus près, le détachement vis-à-vis de la possession diagnostiqué par Rifkin ne semble pas en impliquer un vis-à-vis de la consommation : si les ventes diminuent, les locations augmentent. D’une part, cela permet d’élargir la base des consommateurs : ceux qui n’avaient pas les moyens d’acheter un objet coûteux peuvent le louer à leurs pairs. D’autre part, la marchandisation s’étend à la sphère domestique et aux services entre particuliers : les revenus qu’une personne tire de la mise en location de son vidéoprojecteur l’inciteront à dépenser davantage.
Pourtant, il existe bien de nouvelles pratiques qui vont à rebours du consumérisme. Elles sont très diverses : les couchsurfers (littéralement, « surfeurs de canapé ») permettent gracieusement à des inconnus de dormir chez eux ou bénéficient de cette hospitalité. Les utilisateurs de Recupe.net ou de Freecycle.org préfèrent offrir des objets dont ils n’ont plus l’utilité plutôt que les jeter. Dans les systèmes d’échange locaux (SEL), les membres offrent leurs compétences sur une base égalitaire : une heure de jardinage vaut une heure de plomberie ou de design Web.
« Les gros mensonges de Google et Microsoft », Dan Schiller, professeur de sciences de l'information à l'université de l'Illinois
Google a longtemps nié avoir permis à la NSA d’accéder à ses serveurs, mais un document de l’agence de sécurité l’a récemment contredit : le mastodonte de la recherche en ligne aurait bel et bien collaboré avec les services de renseignement américains, au même titre que Yahoo, Facebook, Apple, America On Line (AOL) ou Microsoft.
Beaucoup de pays contrôlent les activités en ligne de leur population, mais les Etats-Unis le font à une échelle jamais atteinte, se transformant en « Etat de surveillance global ». Et ce grâce à la complicité de nombreux acteurs, des moteurs de recherche aux sites d’achats en ligne, des réseaux sociaux aux opérateurs de télécommunication.
« La société catalane se rallie à l'indépendance », Jean-Sébastien Mora
La Catalogne est la région la plus riche d’Espagne : avec un produit intérieur brut (PIB) par habitant de 27 430 euros en 2012, elle se situe au-dessus de la moyenne nationale (22 700 euros) et de celle de l’Union européenne (25 134 euros). Cependant, même si l’économie constitue un facteur important du positionnement identitaire, les manifestations de 2010 suggèrent que la question linguistique continue à alimenter le moteur du nationalisme. Et 75 % des habitants se disent désormais favorables à l’indépendance.
Hasard du calendrier ou tournant historique sur le Vieux Continent ? Il y a les indépendantistes écossais, la Flandre, le Pays basque, le Groenland, le Tyrol du Sud, etc. : avec la construction européenne, les « régions-nations » ont tendance à s’affirmer, un phénomène antérieur aux tensions sociales suscitées par la récession dans la zone euro.
De ce fait notamment, Barcelone se heurte à l’absence de reconnaissance européenne puisque plusieurs Etats redoutent leurs propres mouvements séparatistes.
Si une bonne partie de l’establishment économique catalan se déclare favorable à l’indépendance, il se montre tout aussi préoccupé par la stabilité des marchés. La sécession de la Catalogne aurait une répercussion profonde sur le royaume ibérique, dont le PIB serait gravement amputé ; il souffrirait aussi d’une perte de représentativité au sein de l’Union européenne et d’une perte de crédit politique en Amérique latine. Cela risquerait également de mettre à mal l’unité de l’Espagne car le Pays basque...
« Le grand écart de Washington », Michaël T. Klare, professeur, spécialiste des études sur la paix et la sécurité mondiales
Depuis des décennies, l’intérêt stratégique des Etats-Unis consiste à garantir la sécurité d’Israël et de l’Arabie saoudite, ainsi que d’assurer l’écoulement sans entraves du pétrole en provenance du golfe Arabo-Persique sur les marchés mondiaux — une politique qui se traduit par une ingérence massive dans les affaires locales et, à l’occasion, par des expéditions militaires. Mais, en elle-même, la Syrie importait peu. Même ce que l’on a appelé le « printemps arabe » de 2011 n’entama pas cette indifférence : alors que Washington joua un rôle déterminant dans les transitions politiques en Egypte, en Libye et au Yémen, il se tint à l’écart des secousses syriennes.
Ce sont les monarchies pétrolières qui se sont emparées de la crise pour se livrer à une guerre par procuration contre l’Iran, chaque camp cherchant à mettre en échec l’ingérence de l’autre. Le 31 mai dernier, un influent dignitaire religieux sunnite installé au Qatar appelait par exemple les sunnites du monde entier à se rendre en Syrie pour combattre le Hezbollah et l’Iran, qualifiés d’« ennemis de l’islam ».
La Russie partage depuis longtemps avec Damas nombre d’intérêts communs, notamment une base navale à Tartous — la seule implantation militaire russe hors de l’ancien empire soviétique — et des contrats de livraison d’armes. Par ailleurs, les investissements russes dans le pays (pour améliorer les infrastructures, le réseau énergétique ou les capacités touristiques) atteignent en moyenne près de 20 milliards de dollars par an.
Le temps où les Etats-Unis imposaient leurs vues au monde entier semble révolu, et la Maison Blanche jongle désormais avec deux objectifs pas toujours conciliables : freiner l’influence chinoise en renforçant ses positions en Asie ; contenir les appétit régionaux de l’Iran et de la Russie en s’impliquant dans le dossier syrien.
« Damas, l'allié encombrant de Téhéran », Ali Mohtadi
Avec le déclenchement, début 2011, de ce que l’on a nommé le « printemps arabe », la politique régionale de l’Iran entre dans une zone d’incertitudes. D’un côté, Téhéran essaie d’accréditer l’idée que ces « révolutions » ont été inspirées par la sienne ; l’arrivée des islamistes au pouvoir est présentée comme l’accomplissement de la promesse de l’ayatollah Khamenei, qui avait prédit un « réveil islamique ». D’un autre côté, le régime, qui lui-même avait réprimé ses opposants deux ans plus tôt, dénonce l’insurrection en Syrie, qu’il estime manipulée par l’Occident ou par Israël. En revanche, il a soutenu les révolutions tunisienne, égyptienne, libyenne, yéménite et bahreïnie.
Ce paradoxe a perduré un an, jusqu’à ce que Téhéran se décide à infléchir sa politique et envisage la possibilité d’une transition à Damas sans le président Bachar Al-Assad. L’Iran a alors engagé un dialogue avec l’opposition syrienne et s’est employé à jouer un rôle de médiateur.
Une partie de cette stratégie s’explique par la rivalité avec l’Arabie saoudite, allié stratégique des Etats-Unis. Cette compétition a pris un tour confessionnel mais la rivalité entre Téhéran et Riyad ne se réduit ni à une dimension religieuse ni à un affrontement entre chiites et sunnites. Elle relève plus des intérêts géopolitiques que de la religion.
Héritant d’une situation économique catastrophique, M. Rohani recherche avant tout un allégement de la pression internationale et des sanctions pour faire redémarrer l’économie. Dans la foulée, le pouvoir pourrait imaginer d’autres scénarios en Syrie ainsi que de nombreux indices le suggèrent. Une longue guerre d’usure en Syrie s’avère de plus en plus insupportable pour l’économie iranienne déjà affaiblie — le pays assure, entre autres, le paiement des salaires de l’armée syrienne. Une poursuite du conflit risque de se solder par une diminution de son influence, d’empêcher un rapprochement avec les pays arabes et même de déboucher sur une crise avec la Turquie, ce que l’Iran a évité depuis la révolution.
« Affaiblissement des Etats, diffusion du djihadisme »
Le Proche-Orient, le Maghreb et leurs marges ont connu, depuis le 11-Septembre et le lancement de la « guerre contre le terrorisme », quatre interventions occidentales majeures (Afghanistan 2001, Irak 2003, Libye 2011, Mali 2012) auxquelles s’ajoutent les guerres israéliennes au Liban et à Gaza. Les conflits attirent des volontaires venus de partout, y compris d’Europe.
En plus, l’usage massif des drones par les Etats-Unis, sur ces théâtres d’opération, mais aussi en Somalie ou au Yémen, alimente une haine antiaméricaine poussant au front des centaines de combattants.
« Sécurité collective recherche de bons avocats », Anne-Cécile Robert
La Charte de l’ONU fait de la paix la valeur suprême, en fonction de laquelle les institutions et la législation s’organisent. Le recours à la force et l’ingérence dans les affaires intérieures des Etats sont interdits (article 2). Le chapitre VI de la Charte porte sur le règlement pacifique des différends.
En 1999, avec l’intervention de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) au Kosovo, non autorisée par le Conseil de sécurité, se confirme l’amorce d’un changement dans l’ordre des priorités internationales. Les médias et la pression de nombreuses associations alimentent le mouvement.
Un scénario semblable caractérise l’intervention franco-britannique en Libye au printemps 2011. Mais, après la chute du Guide, les mercenaires désœuvrés et les arsenaux pillés de la Libye favorisent la déstabilisation du Sahel, avec pour point culminant la partition du Mali et, un an plus tard… une nouvelle opération militaire occidentale.Une fois de plus, la sécurité collective avait été reléguée au second plan.
Avec l’émergence de la « responsabilité de protéger les populations », le droit international plonge un peu plus profondément dans le bain de l’émotivité, chacun plaçant la « ligne rouge » à l’endroit qui lui convient, sans même faire semblant de se préoccuper de la sécurité collective.
Le Quai d’Orsay fait ainsi preuve d’un « absolutisme moral » qui n’est pas sans rappeler l’attitude des néoconservateurs américains : dans une ambiance d’Ancien Testament, à coup de « punitions » et de « châtiments » de l’« axe du Mal » en Irak ou en Afghanistan. L’idée de « frappes », plus ou moins « chirurgicales », qui évitent habilement les innocents pour n’atteindre que les bourreaux relève assurément de la pensée magique.
Que cherchent in fine les grandes puissances qui, depuis 1990, mènent des interventions militaires dites « humanitaires » ? Qu’ont-elles à gagner dans la banalisation du recours à la force ?
« Nous ne sommes pas des robots », Serge Halimi
Les journaux ne se vendent pas bien. Leur diffusion a baissé de 13 % en Amérique du Nord, de 24,8 % en Europe de l’Ouest et de 27,4 % en Europe de l’Est. Idem pour les recettes publicitaires. Dans ce contexte, les périodiques en rupture avec les orientations dominantes et avec les oukazes des annonceurs sont à la peine ; pour les autres, l’argent coule à flots grâce à l’obole des milliardaires...
L'Etat aussi apporte son aide.
Grand pourfendeur des dépenses publiques sitôt qu’elles concernent l’éducation plutôt que l’armement, Le Figaro de M. Dassault a reçu 17,2 millions du Trésor public entre 2009 et 2011 ; L’Express, presque aussi hostile que Le Figaro à l’« assistanat », 6,2 millions ; Le Point, qui aime dénoncer la « mamma étatique », 4,5 millions, Libération 9,9 millions et le Nouvel Observateur 7,8 millions.
Et Le Monde diplomatique ?
Son existence immédiate n’est pas menacée. Sa diffusion totale fléchit (-2,6 % au premier semestre 2013), mais nettement moins que celle de la plupart des titres. Mais l’année qui vient sera plus rude. Et les mécènes ne se bousculent pas à nos portes…
Notre modèle économique repose sur trois piliers : la vente, l’abonnement, le don. Le troisième excède désormais la totalité de nos recettes publicitaires et contribue puissamment au maintien de tout l’édifice.
L’avenir de la presse imprimée est menacé, mais pas forcément celui des journaux dont le contenu ne se limite pas à la collecte, au classement et à la mise en ligne instantanée des informations (travail qui peut être fait par des robots). Une place existe encore pour ceux qui commentent, comparent, enquêtent, analysent, vérifient.
Mais les aides publiques, au lieu d’être réservées à des titres porteurs d’idées, continuent d’être gaspillées pour acheminer des magazines de divertissement et soulager la fortune des groupes Dassault, Lagardère, Arnault ou Bolloré.
Sans grande surprise, plusieurs articles analysent les événements autour de la Syrie dans un dossier central.
« Cinglante débâcle de la diplomatie française », Olivier Zajec, chargé de recherche à l'Institut de stratégie et des conflits
A propos du revirement de la France sur la question syrienne et la place de l'Iran, cette citation de M. Jean-Pierre Chevènement : « Autrefois, il y avait le droit. Aujourd’hui, on a remplacé le droit par la morale. Et de la morale on passe à la punition. C’est plus facile, mais c’est très dangereux, car le fameux “droit d’ingérence”, c’est toujours le droit du plus fort : on n’a jamais vu les faibles intervenir dans les affaires des forts. »
« Un amoncellement d'objets dormants et coûteux : posséder ou partager ? », Martin Denoun et Geoffroy Valadon (collectif La Rotative)
Perceuse, DVD visionnés, appareil photo, voiture : la liste est longue des objets que certains utilisent rarement. Jeremy Rifkin est celui qui a diagnostiqué la transition d’un âge de la propriété vers un « âge de l’accès ». Les partisans de la consommation collaborative citent volontiers Mohandas Gandhi : « Il y a assez de ressources sur cette terre pour répondre aux besoins de tous, mais il n’y en aura jamais assez pour satisfaire les désirs de possession de quelques-uns. » Ce qui ne les empêche pas de manifester une forme de dédain à l’égard des décroissants et des militants écologistes en général.
De plus en plus de sites Internet proposent de troquer ou de louer des biens « dormants » et coûteux : lave-linge, vêtements de marque, objets high-tech, matériel de camping, mais aussi moyens de transport (voiture, vélo, bateau) ou espaces physiques (cave, place de parking, chambre, etc.). Le mouvement touche jusqu’à l’épargne : plutôt que de la laisser dormir sur un compte, des particuliers se la prêtent en contournant les banques. Dans le domaine des transports, le covoiturage consiste à partager le coût d’un trajet.
Puis s’est produite l’évolution typique des start-up du Web. Des sociétés se sont créées pour répondre à ces nouvelles demandes. Donc, à y regarder de plus près, le détachement vis-à-vis de la possession diagnostiqué par Rifkin ne semble pas en impliquer un vis-à-vis de la consommation : si les ventes diminuent, les locations augmentent. D’une part, cela permet d’élargir la base des consommateurs : ceux qui n’avaient pas les moyens d’acheter un objet coûteux peuvent le louer à leurs pairs. D’autre part, la marchandisation s’étend à la sphère domestique et aux services entre particuliers : les revenus qu’une personne tire de la mise en location de son vidéoprojecteur l’inciteront à dépenser davantage.
Pourtant, il existe bien de nouvelles pratiques qui vont à rebours du consumérisme. Elles sont très diverses : les couchsurfers (littéralement, « surfeurs de canapé ») permettent gracieusement à des inconnus de dormir chez eux ou bénéficient de cette hospitalité. Les utilisateurs de Recupe.net ou de Freecycle.org préfèrent offrir des objets dont ils n’ont plus l’utilité plutôt que les jeter. Dans les systèmes d’échange locaux (SEL), les membres offrent leurs compétences sur une base égalitaire : une heure de jardinage vaut une heure de plomberie ou de design Web.
« Les gros mensonges de Google et Microsoft », Dan Schiller, professeur de sciences de l'information à l'université de l'Illinois
Google a longtemps nié avoir permis à la NSA d’accéder à ses serveurs, mais un document de l’agence de sécurité l’a récemment contredit : le mastodonte de la recherche en ligne aurait bel et bien collaboré avec les services de renseignement américains, au même titre que Yahoo, Facebook, Apple, America On Line (AOL) ou Microsoft.
Beaucoup de pays contrôlent les activités en ligne de leur population, mais les Etats-Unis le font à une échelle jamais atteinte, se transformant en « Etat de surveillance global ». Et ce grâce à la complicité de nombreux acteurs, des moteurs de recherche aux sites d’achats en ligne, des réseaux sociaux aux opérateurs de télécommunication.
« La société catalane se rallie à l'indépendance », Jean-Sébastien Mora
La Catalogne est la région la plus riche d’Espagne : avec un produit intérieur brut (PIB) par habitant de 27 430 euros en 2012, elle se situe au-dessus de la moyenne nationale (22 700 euros) et de celle de l’Union européenne (25 134 euros). Cependant, même si l’économie constitue un facteur important du positionnement identitaire, les manifestations de 2010 suggèrent que la question linguistique continue à alimenter le moteur du nationalisme. Et 75 % des habitants se disent désormais favorables à l’indépendance.
Hasard du calendrier ou tournant historique sur le Vieux Continent ? Il y a les indépendantistes écossais, la Flandre, le Pays basque, le Groenland, le Tyrol du Sud, etc. : avec la construction européenne, les « régions-nations » ont tendance à s’affirmer, un phénomène antérieur aux tensions sociales suscitées par la récession dans la zone euro.
De ce fait notamment, Barcelone se heurte à l’absence de reconnaissance européenne puisque plusieurs Etats redoutent leurs propres mouvements séparatistes.
Si une bonne partie de l’establishment économique catalan se déclare favorable à l’indépendance, il se montre tout aussi préoccupé par la stabilité des marchés. La sécession de la Catalogne aurait une répercussion profonde sur le royaume ibérique, dont le PIB serait gravement amputé ; il souffrirait aussi d’une perte de représentativité au sein de l’Union européenne et d’une perte de crédit politique en Amérique latine. Cela risquerait également de mettre à mal l’unité de l’Espagne car le Pays basque...
« Le grand écart de Washington », Michaël T. Klare, professeur, spécialiste des études sur la paix et la sécurité mondiales
Depuis des décennies, l’intérêt stratégique des Etats-Unis consiste à garantir la sécurité d’Israël et de l’Arabie saoudite, ainsi que d’assurer l’écoulement sans entraves du pétrole en provenance du golfe Arabo-Persique sur les marchés mondiaux — une politique qui se traduit par une ingérence massive dans les affaires locales et, à l’occasion, par des expéditions militaires. Mais, en elle-même, la Syrie importait peu. Même ce que l’on a appelé le « printemps arabe » de 2011 n’entama pas cette indifférence : alors que Washington joua un rôle déterminant dans les transitions politiques en Egypte, en Libye et au Yémen, il se tint à l’écart des secousses syriennes.
Ce sont les monarchies pétrolières qui se sont emparées de la crise pour se livrer à une guerre par procuration contre l’Iran, chaque camp cherchant à mettre en échec l’ingérence de l’autre. Le 31 mai dernier, un influent dignitaire religieux sunnite installé au Qatar appelait par exemple les sunnites du monde entier à se rendre en Syrie pour combattre le Hezbollah et l’Iran, qualifiés d’« ennemis de l’islam ».
La Russie partage depuis longtemps avec Damas nombre d’intérêts communs, notamment une base navale à Tartous — la seule implantation militaire russe hors de l’ancien empire soviétique — et des contrats de livraison d’armes. Par ailleurs, les investissements russes dans le pays (pour améliorer les infrastructures, le réseau énergétique ou les capacités touristiques) atteignent en moyenne près de 20 milliards de dollars par an.
Le temps où les Etats-Unis imposaient leurs vues au monde entier semble révolu, et la Maison Blanche jongle désormais avec deux objectifs pas toujours conciliables : freiner l’influence chinoise en renforçant ses positions en Asie ; contenir les appétit régionaux de l’Iran et de la Russie en s’impliquant dans le dossier syrien.
« Damas, l'allié encombrant de Téhéran », Ali Mohtadi
Avec le déclenchement, début 2011, de ce que l’on a nommé le « printemps arabe », la politique régionale de l’Iran entre dans une zone d’incertitudes. D’un côté, Téhéran essaie d’accréditer l’idée que ces « révolutions » ont été inspirées par la sienne ; l’arrivée des islamistes au pouvoir est présentée comme l’accomplissement de la promesse de l’ayatollah Khamenei, qui avait prédit un « réveil islamique ». D’un autre côté, le régime, qui lui-même avait réprimé ses opposants deux ans plus tôt, dénonce l’insurrection en Syrie, qu’il estime manipulée par l’Occident ou par Israël. En revanche, il a soutenu les révolutions tunisienne, égyptienne, libyenne, yéménite et bahreïnie.
Ce paradoxe a perduré un an, jusqu’à ce que Téhéran se décide à infléchir sa politique et envisage la possibilité d’une transition à Damas sans le président Bachar Al-Assad. L’Iran a alors engagé un dialogue avec l’opposition syrienne et s’est employé à jouer un rôle de médiateur.
Une partie de cette stratégie s’explique par la rivalité avec l’Arabie saoudite, allié stratégique des Etats-Unis. Cette compétition a pris un tour confessionnel mais la rivalité entre Téhéran et Riyad ne se réduit ni à une dimension religieuse ni à un affrontement entre chiites et sunnites. Elle relève plus des intérêts géopolitiques que de la religion.
Héritant d’une situation économique catastrophique, M. Rohani recherche avant tout un allégement de la pression internationale et des sanctions pour faire redémarrer l’économie. Dans la foulée, le pouvoir pourrait imaginer d’autres scénarios en Syrie ainsi que de nombreux indices le suggèrent. Une longue guerre d’usure en Syrie s’avère de plus en plus insupportable pour l’économie iranienne déjà affaiblie — le pays assure, entre autres, le paiement des salaires de l’armée syrienne. Une poursuite du conflit risque de se solder par une diminution de son influence, d’empêcher un rapprochement avec les pays arabes et même de déboucher sur une crise avec la Turquie, ce que l’Iran a évité depuis la révolution.
« Affaiblissement des Etats, diffusion du djihadisme »
Le Proche-Orient, le Maghreb et leurs marges ont connu, depuis le 11-Septembre et le lancement de la « guerre contre le terrorisme », quatre interventions occidentales majeures (Afghanistan 2001, Irak 2003, Libye 2011, Mali 2012) auxquelles s’ajoutent les guerres israéliennes au Liban et à Gaza. Les conflits attirent des volontaires venus de partout, y compris d’Europe.
En plus, l’usage massif des drones par les Etats-Unis, sur ces théâtres d’opération, mais aussi en Somalie ou au Yémen, alimente une haine antiaméricaine poussant au front des centaines de combattants.
« Sécurité collective recherche de bons avocats », Anne-Cécile Robert
La Charte de l’ONU fait de la paix la valeur suprême, en fonction de laquelle les institutions et la législation s’organisent. Le recours à la force et l’ingérence dans les affaires intérieures des Etats sont interdits (article 2). Le chapitre VI de la Charte porte sur le règlement pacifique des différends.
En 1999, avec l’intervention de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) au Kosovo, non autorisée par le Conseil de sécurité, se confirme l’amorce d’un changement dans l’ordre des priorités internationales. Les médias et la pression de nombreuses associations alimentent le mouvement.
Un scénario semblable caractérise l’intervention franco-britannique en Libye au printemps 2011. Mais, après la chute du Guide, les mercenaires désœuvrés et les arsenaux pillés de la Libye favorisent la déstabilisation du Sahel, avec pour point culminant la partition du Mali et, un an plus tard… une nouvelle opération militaire occidentale.Une fois de plus, la sécurité collective avait été reléguée au second plan.
Avec l’émergence de la « responsabilité de protéger les populations », le droit international plonge un peu plus profondément dans le bain de l’émotivité, chacun plaçant la « ligne rouge » à l’endroit qui lui convient, sans même faire semblant de se préoccuper de la sécurité collective.
Le Quai d’Orsay fait ainsi preuve d’un « absolutisme moral » qui n’est pas sans rappeler l’attitude des néoconservateurs américains : dans une ambiance d’Ancien Testament, à coup de « punitions » et de « châtiments » de l’« axe du Mal » en Irak ou en Afghanistan. L’idée de « frappes », plus ou moins « chirurgicales », qui évitent habilement les innocents pour n’atteindre que les bourreaux relève assurément de la pensée magique.
Que cherchent in fine les grandes puissances qui, depuis 1990, mènent des interventions militaires dites « humanitaires » ? Qu’ont-elles à gagner dans la banalisation du recours à la force ?
« Nous ne sommes pas des robots », Serge Halimi
Les journaux ne se vendent pas bien. Leur diffusion a baissé de 13 % en Amérique du Nord, de 24,8 % en Europe de l’Ouest et de 27,4 % en Europe de l’Est. Idem pour les recettes publicitaires. Dans ce contexte, les périodiques en rupture avec les orientations dominantes et avec les oukazes des annonceurs sont à la peine ; pour les autres, l’argent coule à flots grâce à l’obole des milliardaires...
L'Etat aussi apporte son aide.
Grand pourfendeur des dépenses publiques sitôt qu’elles concernent l’éducation plutôt que l’armement, Le Figaro de M. Dassault a reçu 17,2 millions du Trésor public entre 2009 et 2011 ; L’Express, presque aussi hostile que Le Figaro à l’« assistanat », 6,2 millions ; Le Point, qui aime dénoncer la « mamma étatique », 4,5 millions, Libération 9,9 millions et le Nouvel Observateur 7,8 millions.
Et Le Monde diplomatique ?
Son existence immédiate n’est pas menacée. Sa diffusion totale fléchit (-2,6 % au premier semestre 2013), mais nettement moins que celle de la plupart des titres. Mais l’année qui vient sera plus rude. Et les mécènes ne se bousculent pas à nos portes…
Notre modèle économique repose sur trois piliers : la vente, l’abonnement, le don. Le troisième excède désormais la totalité de nos recettes publicitaires et contribue puissamment au maintien de tout l’édifice.
L’avenir de la presse imprimée est menacé, mais pas forcément celui des journaux dont le contenu ne se limite pas à la collecte, au classement et à la mise en ligne instantanée des informations (travail qui peut être fait par des robots). Une place existe encore pour ceux qui commentent, comparent, enquêtent, analysent, vérifient.
Mais les aides publiques, au lieu d’être réservées à des titres porteurs d’idées, continuent d’être gaspillées pour acheminer des magazines de divertissement et soulager la fortune des groupes Dassault, Lagardère, Arnault ou Bolloré.
Merci pour ce résumé commenté. Que penses-tu de l'article sur Soral et sa nébuleuse antisémite ?
L'article sur Soral rappelle à quel point les propos du personnage sont profondément ambigus. Ils sont de nature à séduire une gauche anticapitaliste quand il dénonce la « marchandisation intégrale de l'humanité », le « pouvoir du plus riche », l' « exploitation de classes », l' « oligarchie de la rente sur le travail », l' « instrumentalisation des tensions ethno-confessionnelles », et ils sont aussi caricaturalement de droite quand, précisément, il joue des « tensions etho-confessionnelles » à son tour en fustigeant maladivement les « Juifs » maîtres dans la presse, la banque et tous les complots anti-nationaux.
Bref, un discours qui rappelle la montée du nazisme dans les années vingt (car il y avait bien une composante populiste).
L'auteure semble fournir une hypothèse de travail pour expliquer l'impact d'un tel discours : les gens y seraient d'autant plus sensibles aujourd'hui qu'ils sont « souvent dépourvus de la formation que dispensaient hier partis ou syndicats et qui structurait la réflexion ».
J'ajouterais que l'inexistence d'un discours de gauche au sein de la social-démocratie actuelle (entièrement gagnée au soutient à l'économie de marché) laisse la place à des rancœurs qui ne peuvent plus s'exprimer qu'au travers de mouvements authentiquement révolutionnaires (mais très minoritaires et peu connus du grand public) ou par le biais de poujadismes divers, dont celui de Soral, mais aussi, dans une certaine mesure, que l'on retrouve au FN qui a, lui aussi parfois, des accents « anti-oligarchie ».
Bref, un discours qui rappelle la montée du nazisme dans les années vingt (car il y avait bien une composante populiste).
L'auteure semble fournir une hypothèse de travail pour expliquer l'impact d'un tel discours : les gens y seraient d'autant plus sensibles aujourd'hui qu'ils sont « souvent dépourvus de la formation que dispensaient hier partis ou syndicats et qui structurait la réflexion ».
J'ajouterais que l'inexistence d'un discours de gauche au sein de la social-démocratie actuelle (entièrement gagnée au soutient à l'économie de marché) laisse la place à des rancœurs qui ne peuvent plus s'exprimer qu'au travers de mouvements authentiquement révolutionnaires (mais très minoritaires et peu connus du grand public) ou par le biais de poujadismes divers, dont celui de Soral, mais aussi, dans une certaine mesure, que l'on retrouve au FN qui a, lui aussi parfois, des accents « anti-oligarchie ».
Pourquoi les propos de Soral seraient-ils ambigus parce qu'ils s'étalent sur la largeur du spectre politique ? Cela me semble plutôt un gage d'authenticité.
Merci pour ton explication Bolcho. Le site de Soral a presque autant d'influence que celui de Télérama mais ses livres sont sans succès car inconnus du grand public. Que des types comme Soral, Dieudonné, Nabe, Meyssan puissent apparaître comme sulfureux alors qu'ils sont juste haineux et n'apportent rien de constructif me fait penser qu'il n'y a aucune place pour les vrais révoltés. Un Coluche qui décide seul et contre tous de gérer la famine du quart-monde, Balavoine qui dénonce les crimes de Giscard et lance un avertissement à Mitterrand sur le désespoir de la jeunesse, on ne verra plus ça ! Vous imaginez Obispo ou Florent Pagny s'occuper du quart-monde ou risquer sa vie pour livrer des moto-pompes en Afrique ?
Monde Diplo d'octobre 2013
« Cinglante débâcle de la diplomatie française », Olivier Zajec, chargé de recherche à l'Institut de stratégie et des conflits
A propos du revirement de la France sur la question syrienne et la place de l'Iran, cette citation de M. Jean-Pierre Chevènement : « Autrefois, il y avait le droit. Aujourd’hui, on a remplacé le droit par la morale. Et de la morale on passe à la punition. C’est plus facile, mais c’est très dangereux, car le fameux “droit d’ingérence”, c’est toujours le droit du plus fort : on n’a jamais vu les faibles intervenir dans les affaires des forts. »
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Sacré Monde Diplo, s'il n'était pas là il faudrait l'inventer – c'est vrai pour Bolcho aussi, d'ailleurs. ;-))
Mais commençons par le commencement : « la débâcle de la diplomatie française » et la citation de Jean-Pierre Chevènement qui vaut la peine d'être méditée : « Autrefois, il y avait le droit. Aujourd’hui, on a remplacé le droit par la morale. Et de la morale on passe à la punition. C’est plus facile, mais c’est très dangereux, car le fameux “droit d’ingérence”, c’est toujours le droit du plus fort : on n’a jamais vu les faibles intervenir dans les affaires des forts. » (dixit Chevènement).
« Le droit d'ingérence est le droit du plus fort ». C'est très juste ! Mais, parce qu'on est le plus fort, n'a-t-on pas le devoir d'ingérence ?
Quand deux gamins se battent à coup de canif sur le trottoir, un homme costaux qui passe n'a-t-il pas le devoir de les séparer ?
En Syrie, quand des soldats tuent des femmes enceintes à coups de couteau, quand on tire sur des gosses qui vont à l'école, quand on gaze des populations, celui qui possède les moyens d'empêcher ça n'a-t-il pas le devoir d'intervenir ? Même si le droit le lui interdit ?
Personnellement, je trouve cette question trop compliquée pour qu'on lui donne une réponse ex abrupto, et je trouve très lâche de la part d'Olivier Zajec de parler de « cinglante débâcle de la diplomatie française ». Je trouve que ce genre de racolage, après coup, est vraiment trop écœurant !
Devant l’approbation unanime et silencieuse de mes commentaires sur le premier article, je passe au second ;-))
Les échanges de matériaux de toutes sortes est évidemment une excellente idée – qui n'est pas neuve – et si ça se passe entre gens honnêtes, ça vaut la peine d'essayer.
Personnellement, quand j'étais jeune, j'échangeais volontiers ma vieille voiture toute rouillée contre une mobylette à moitié neuve qui faisait teuf-teuf (maintenant je ne trouve plus d'amateur) ou ma perceuse à faible rendement, avec un lot de douze belles planches, contre une perceuse plus puissante, etc... Mais il vaut mieux ne pas faire ça entre amis, si on n'accepte pas d'être roulé dans la combine, même sans le faire exprès.
De toutes façons, je ne crois pas que ça va réduire la consommation ; ce n'est pas ça qui va empêcher les gens de foncer tête baissée dans le bling-bling. Et, puisqu'on nous assure que ça va favoriser la relance...
L'article se termine en disant que : « une heure de jardinage vaut une heure de plomberie ou de design Web. »
C'est un genre de trafic que j'ai toujours favorisé : tu me refais l'électricité dans mon atelier, et je t'imprime ta pub en échange.
Mais ce genre de prêté-rendu a toujours été strictement interdit par le fisc parce qu'il échappe au taxations sur le travail et donc, je ne le ferai plus !
Les échanges de matériaux de toutes sortes est évidemment une excellente idée – qui n'est pas neuve – et si ça se passe entre gens honnêtes, ça vaut la peine d'essayer.
Personnellement, quand j'étais jeune, j'échangeais volontiers ma vieille voiture toute rouillée contre une mobylette à moitié neuve qui faisait teuf-teuf (maintenant je ne trouve plus d'amateur) ou ma perceuse à faible rendement, avec un lot de douze belles planches, contre une perceuse plus puissante, etc... Mais il vaut mieux ne pas faire ça entre amis, si on n'accepte pas d'être roulé dans la combine, même sans le faire exprès.
De toutes façons, je ne crois pas que ça va réduire la consommation ; ce n'est pas ça qui va empêcher les gens de foncer tête baissée dans le bling-bling. Et, puisqu'on nous assure que ça va favoriser la relance...
L'article se termine en disant que : « une heure de jardinage vaut une heure de plomberie ou de design Web. »
C'est un genre de trafic que j'ai toujours favorisé : tu me refais l'électricité dans mon atelier, et je t'imprime ta pub en échange.
Mais ce genre de prêté-rendu a toujours été strictement interdit par le fisc parce qu'il échappe au taxations sur le travail et donc, je ne le ferai plus !
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