Shelton
avatar 28/07/2013 @ 13:04:13
Je viens de lire toute cette longue discussion sur la trahison. sujet très complexe...

Personnellement, j'ai été officier de l'armée française et je me souviens d'un texte qui dit que le militaire (on peut inclure les fonctionnaires, les diplomates et autres responsables des secrets de l'état) doit toujours obéir sauf quand il estime que l'ordre reçu (en clair ce qu'on lui fait faire) est contraire à la constitution, aux droits de l'homme, contraire aux valeurs qui sont supérieures à l'ordre reçu...

L'appréciation est complexe mais je comprends d'autant mieux que j'en ai fait l'expérience une fois dans ma carrière... Dans mon cas, on m'a donné raison... Mais c'est toujours très chaud...

Ce qu'il faut aussi comprendre, c'est que le traitre d'aujourd'hui peut être le sauveur et le héros de demain... Rappelez-vous un certain De Gaulle en 40...

Pieronnelle

avatar 28/07/2013 @ 15:53:12
J'avoue que je ne comprends pas qu'on ne voit pas que les méthodes sont complètement différentes. On ne pense souvent qu'à faire des comparaisons par rapport à ce qui a déjà existé, par facilité ou besoin de se rassurer peut-être; on se dit sans doute que ce qui s'est réglé se règlera de nouveau...mais là nous sommes vraiment dans un monde nouveau où les règles ne sont qu'apparences, où les soi-disant "geants" de la liberté s'arrogent tous les droits. On le constate dans tous les domaines face à des menaces économiques et financières plus que politiques d'une ampleur qui ne fait que s'esquisser (Chine, etc...) et ça c'est plus fort que tout et justifie tout pour ceux qui se sont cru les maîtres...Alors ils deviennent sans foi ni loi! Mais par ailleurs il y a une prise de conscience "humaine" qui démontre que l'homme a de plus en plus de mal à vivre dans un monde où la communication s'annoncerait finalement comme un véritable danger après les illusions de liberté. On peut se poser des questions sur les motivations profondes de ceux qui dénoncent mais c'est quand même relativement rassurant ; un peu d'espoir...

Saint Jean-Baptiste 28/07/2013 @ 23:13:10
longue discussion sur la trahison. sujet très complexe...

..

Merci, Shelton de nous donner le texte complet, il est parfait. Mais je me demande depuis quand il existe.

Dans l'armée allemande en 40 le subalterne devait toujours obéir, ça a été confirmé au procès de Nurenberg. Dans les autres armées je n'en sais rien, mais je crois que c'était la même chose ; je me souviens que quand j'ai fait mon service – et ce n'était quand même pas au temps du déluge – la consigne était : le soldat ne peut pas penser il doit obéir, point ! Ce qui franchement, en temps de guerre, peut poser des cas de conscience difficiles.

Maintenant cette consigne existe partout et dans tous les domaines, du moins dans les pays civilisés. Si je ne me trompe, elle a même été confirmée dans une encyclique assez récente – peut-être bien Pacem in Terris. Mais évidemment, ça peut donner lieu à toutes sortes d'interprétations ; sujet très complexe comme tu le dis très bien.

En tous cas l'exemple de De Gaulle est bien choisi parce que c'est récent et tout le monde peut comprendre. On pourrait citer d'autres cas célèbres : le Maréchal Ney, par exemple ; mais lui a eu moins de chance... !

Saint Jean-Baptiste 28/07/2013 @ 23:34:49
. Par contre je pense également que cette histoire n'est qu'hypocrisie.

Je suis bien de ton avis, Lisab : les Européens, comme toutes les instances mondiales, étaient au courant pour la bonne raison qu'ils pratiquent l'espionnage aussi, avec les mêmes procédés techniques que les Américains, mais avec moins de succès et avec beaucoup plus d'hypocrisie.

La faute de Snowden est d'avoir livré des secrets d’État aux ennemis de sa Patrie. Si on appelle ça un héros, c'est que le monde tourne à l'envers...

Débézed

avatar 29/07/2013 @ 00:37:08

On ne me fera pas croire que les instances européennes et même mondiales n'étaient pas au courant alors pourquoi n'ont-elles pas dénoncé ce relativement nouveau type d' espionnage plutôt que d'en faire porter le chapeau à un individu qui a joué au chevalier blanc et qui en subit toutes les conséquences ?


Je partage, tous les services secrets du monde étaient au courant autrement ils auraient été parfaitement nuls. Dénoncer un telle action est une action politique et diplomatique qui comporte de multiples facettes qu'il ne faut pas nécessairement étaler au grand jour. Le fusil à un coup n'est pas une très bonne arme.

Saule

avatar 29/07/2013 @ 08:38:06

La faute de Snowden est d'avoir livré des secrets d’État aux ennemis de sa Patrie. Si on appelle ça un héros, c'est que le monde tourne à l'envers...

Oui mais ce sont les citoyens américains et les alliés européens qui sont la cible de cet espionage. Voila pourquoi certains pensent que Snowden est un défenseur de la liberté et de la démocratie.

Saint Jean-Baptiste 29/07/2013 @ 11:13:12


Oui mais ce sont les citoyens américains et les alliés européens qui sont la cible de cet espionage...
Ventre-saint-gris ! Nous sommes ciblés par l'espionnage des puissances internationales ? Mais qu'allons-nous devenir ?
Je projetais de mettre un pétard-claque en dessous du fauteuil de ma belle-mère pour l'empêcher de ronfler pendant sa sieste... ! Maintenant j'hésite...

Pieronnelle

avatar 29/07/2013 @ 11:54:30
C'est bien ça la différence...Big Brother dans toute sa splendeur mais on ne veut pas le croire ça fait encore science fiction, ça n'a rien à voir avec l'espionnage traditionnel avec ses codes... Bien sûr que tous sont au courant de ce type d'espionnage c'est leur fond de commerce entre états avec leurs petits chantages...Là c'est forcément différent, on se fout des libertés des citoyens car les enjeux économiques sont énormes. Sur fond de pseudo menace terroriste. Mais le vrai terrorisme n'est pas où on veut le faire croire...Si on raisonne au niveau perso on se dit que notre vie sans importance ne procure aucun intérêt surtout quand on croit ne pas participer au système et pourtant. ..le minimum acheté, participé multiplié par des millions est une manne....Mais le pire c'est de penser que ça n'a pas d'importance ; les Etats Unis n'en n'ont strictement rien à faire de ce que l'on pense d'eux, ils ont toujours pensé qu'ils n'avaient pas à être jugés et n'avaient aucun compte à rendre...Ce n'est pas être anti-américain (bien dépassé et démodé..) c'est un constat lucide...

Lisab
avatar 29/07/2013 @ 12:01:55
La discussion s'élargit à savoir que penser de l 'espionnage des individus qui n'ont rien à cacher, de l'espionnage industriel visant les sociétés, de l'espionnage visant les Etats, et celui visant à protéger les citoyens contre le terrorrisme .... Problème complexe qui n'est pas nouveau.

Pieronnelle

avatar 29/07/2013 @ 12:39:44
Tu trouves Lisab que l'espionnage des citoyens n'est pas nouveau? Il a toujours existé pour les raisons d'état mais là ça n'a pas la même ampleur qui est due bien sûr aux moyens de communications incroyables qui se sont développés.

Minoritaire

avatar 29/07/2013 @ 13:58:45
La faute de Snowden est d'avoir livré des secrets d’État aux ennemis de sa Patrie. Si on appelle ça un héros, c'est que le monde tourne à l'envers...
Je croyais que le monde tournait à l'envers depuis que la République laïque avait envoyé ses enfants dans les écoles pour leur apprendre à lire!
Et j'ignorais que nous fussions les "ennemis de la Patrie" de "Nozalliés"...

Lisab
avatar 29/07/2013 @ 17:47:03
Tu trouves Lisab que l'espionnage des citoyens n'est pas nouveau? Il a toujours existé pour les raisons d'état mais là ça n'a pas la même ampleur qui est due bien sûr aux moyens de communications incroyables qui se sont développés.


D'accord sur l'ampleur du phénomène actuel. Celui-ci nous invite à nous poser la question d'une autre manière.
Problème complexe dont les services de sécurité européens n'auraient pas été informé ??? Les Etats ont pour but de nous protéger mais il y a tellement d'enjeux, de prérogatives et de réprocités à défendre de tous les côtés....

Saint Jean-Baptiste 29/07/2013 @ 22:31:56
Puisque le bien fondé de la fermeture de la TV grecque a trouvé un large consensus tacite et qu'on ne se mettra pas d'accord pour dire si le fameux Snowden est un héros ou un paria, il est temps de passer à l'article suivant :

"La santé est devenue un enjeu géopolitique" de Dominique Kerouedan

Vous penserez ce que vous voulez de cet article, moi – pour une fois – je le trouve mauvais sur toute la ligne.

Selon Dominique Kerouedan, parce que le Sida sévit en Afrique, la Sécurité Nationale Américaine n'a plus le droit de s'inquiéter de la paix dans le monde !

Mais où donc va se ficher l'anti-américanisme du Monde Diplo, pas primaire, non non, pas primaire du tout !

Si j'ai bien compris, la Sécurité Américaine a tort de se soucier du communisme, du terrorisme et de la santé dans le monde...

Ce journaliste a peut-être raison, après tout ! Il y a des choses plus importantes, quand même : les homos qui se marient, la canicule qui dure quatre jours, les orages dans le Sud-Ouest et l’égout bouché dans la rue du Canard-à-la-Patte-Cassée dans la banlieue de Couillet-Queue...

Tout le reste, d'après cet auteur, un peu confus je trouve, n'est que « traumatisme » des politiques de Défense des E-U et instrumentalisation du Conseil de Sécurité des Nations-Unies.
Qui l'aurait cru ?

Bolcho
avatar 31/07/2013 @ 15:29:34
SJB, l'énergie que tu mets à défendre sans cesse « nozalliés » les USA te vaudra je l'espère une médaille délivrée par le président de cette grande nation qui distribue le Bien, la Justice et la Probité dans le monde entier. A leur côté, tu nous défends contre le communisme (où ça, le communisme?) et le terrorisme (si les terroristes sont à l'origine de la terreur en tuant des milliers de gens innocents, je vois des candidats étatiques très puissants qui en ont tué des millions sans encourir l'opprobre : c'est fort, ça...).
En ce qui concerne Snowden, selon toi, s'il « a été surpris par quelque chose qui heurtait ses convictions [...] il devait démissionner – comme le font tous les hommes honnêtes qui se trouvent dans ces circonstances ». Ne jamais mordre la main qui te nourrit n'est-ce pas, même lorsque c'est une main criminelle. Pas certain que la morale y gagne si on laisse faire l'immonde tranquillement.
Non, moi il me plaît que des gens trahissent (surtout leur « patrie », un concept vieillot et vaguement ridicule avec ses cortèges de chiffons colorés et de musiques militaires) : les « traîtres », au moins, permettent que l'information circule et ne soit pas stockée par les détenteurs du pouvoir.
Bon, cela dit, quelques allusions encore au même sujet dans la livraison du mois d'août.
Mais aussi plein d'autres choses intéressantes.
Les pourfendeurs du « communisme » (il faudrait un jour préciser de quoi il s'agit en réalité...) auront l'occasion de s'esclaffer bruyamment à la lecture d'une merveilleuse expérience espagnole. Je suis content pour eux. Et les valeureux défenseurs de ce petit pays sans défense coincé entre le Canada et le Mexique se désoleront du fait qu'il soit une fois de plus mis sur la sellette. J'en pleure de chagrin en leur compagnie !


« Moi, président de la Bolivie, séquestré en Europe », Evo Morales, président de la Bolivie
Le dévoilement par M. Edward Snowden du caractère tentaculaire de l’espionnage américain n’a suscité que des réactions frileuses de la part des dirigeants européens. Lesquels, en revanche, n’ont pas hésité à immobiliser l’avion du président bolivien Evo Morales, soupçonné de transporter l’informaticien fugitif.
Une interdiction de survol, décrétée de façon simultanée par quatre pays et coordonnée par la Central Intelligence Agency (CIA) contre un pays souverain au seul prétexte que nous transportions peut-être M. Snowden. Washington a dépassé les limites du concevable. Violant tous les principes de la bonne foi et les conventions internationales, il a transformé une partie du continent européen en territoire colonisé.
L'empire ne tolère aucune limite — ni légale, ni morale, ni territoriale. Pour une telle puissance, toute loi peut être transgressée, toute souveraineté violée, tout droit humain ignoré.
La séquestration d’un avion présidentiel et de son équipage illustre la survivance d’une forme de racisme au sein de certains gouvernements européens. Ayant opté pour l’obéissance aux ordres qu’on leur donnait, certains pays européens ont confirmé leur statut de pays soumis. La nature coloniale de la relation entre les Etats-Unis et l’Europe s’est renforcée depuis les attentats du 11 septembre 2001.

« L'armée, les urnes, la rue », Serge Halimi
Notamment à propos du coup d'Etat en Egypte : les pays occidentaux refusent d'utiliser le terme.
Arbitres des élégances diplomatiques, ils semblent estimer que certains putschs — au Mali, au Honduras, en Egypte... — sont moins inadmissibles que d’autres. Bien que l’Egypte soit en banqueroute, l’affrontement entre les militaires et les islamistes ne concerne guère les choix économiques et sociaux, largement inchangés depuis la chute de M. Moubarak. Pourtant, qu’elle débouche sur des élections ou qu’elle recoure à un coup d’Etat, que vaut au juste une révolution si elle ne change rien sur ces plans-là ?

« Sortir de l'euro ? », Frédéric Lordon, économiste
Il faudra admettre la singularité de la construction européenne comme gigantesque opération de soustraction politique. Mais que s’agissait-il de soustraire, au juste ? Ni plus ni moins que la souveraineté populaire. On a fait le choix délibéré de neutraliser par voie constitutionnelle les politiques économiques — budgétaires et monétaire — en les soumettant à des règles de conduite automatique inscrites dans des traités. Il n’y a plus rien à remettre en jeu, ni même à discuter, lorsqu’on a fait le choix de tout écrire une fois pour toutes dans des traités inamovibles. Politique monétaire, maniement de l’instrument budgétaire, niveau d’endettement public, formes du financement des déficits : tous ces leviers fondamentaux ont été figés dans le marbre. Il n’y a plus rien à gouverner, toute la matière gouvernable ayant été dérobée à une délibération gouvernante pour être enfermée dans les traités.

« Quand le peuple américain refusait qu'on espionne Al Capone », David Price, professeur d'anthropologie à Washington D.C.
Selon un récent sondage (après l'affaire Snowden) du Washington Post, la plupart des Américains approuveraient le contrôle des communications électroniques privées. 56% disent que c'est « acceptable » et 45% que l'Etat doit « être capable de surveiller les courriels de n'importe qui pour lutter contre le terrorisme ». Il faut dire que depuis plus de dix ans, médias, experts et dirigeants politiques ne cessent de présenter la surveillance comme une arme indispensable à la « guerre contre le terrorisme ».
Ce consentement à l'espionnage n'a pas toujours existé aux Etats-Unis. Entre 1971 et 2001, le taux de défiance fluctuait même entre 70 et 80%. Puis la « guerre contre le terrorisme » de Bush a changé la donne.

« Nelson Mandela, les chemins inattendus », Achille Mbembe, professeur d'histoire et de sciences politiques à l'université de Johannesburg
C'est article commence par un rappel détaillé de la vie de Mandela. Puis il aborde la période actuelle.
Le vieux mouvement de libération, le Congrès national africain (African National Congress, ANC), est pris dans les rets d’une mutation contradictoire. Le calcul fait par les classes au pouvoir et par les propriétaires du capital est que la pauvreté de masse et les taux élevés d’inégalité pourraient conduire à des troubles, à des grèves épisodiques et à de nombreux incidents violents. Mais il n’en résultera guère une contre-coalition capable de remettre fondamentalement en cause le compromis de 1994 qui transfère le pouvoir politique à l’ANC et consacre la suprématie économique et culturelle de la minorité blanche.
Entre-temps, l’espace public se rebalkanise progressivement. La géographie démographique du pays se fragmente. Abandonnant l’hinterland, de nombreux Blancs s’agglutinent sur les côtes, notamment dans la province du Cap-Ouest. Ils ont peur du processus rampant d’« africanisation » du pays et rêvent de reconstruire ici les piliers d’une république blanche débarrassée des oripeaux de l’apartheid, mais vouée à la protection des privilèges d’autrefois.
Les nantis y bénéficient d’un semblant de protection acheté auprès de milliers de sociétés de sécurité privées et de sociétés de gardiennage détenues en partie par les barons au pouvoir et leurs affidés.

« Marinaleda, phalanstère andalou dans une Espagne en crise », Gilbert Haffner
Marinaleda, commune espagnole de vingt-cinq kilomètres carrés, deux mille huit cents habitants, dans la province de Séville. Ce village, sous l’impulsion de son maire, toujours réélu depuis trente-quatre ans, a développé un dispositif politique, économique et social original. L’écusson de la ville clame ses ambitions : « Une utopie vers la paix ».
Tout commence en 1977, avec la création du Syndicat des ouvriers de la terre. Les habitants y adhèrent en masse. Puis l’élection d’un nouveau maire, le plus jeune de toute l’Espagne : M. Sánchez Gordillo, professeur d’histoire. Ses principes ? Lutter contre la misère, et donc contre ceux qui la génèrent.
Alors commence la longue route vers l’appropriation publique des terres privées. Ainsi se concrétise le vieux rêve de « la terre à celui qui la travaille ». En même temps prend fin le chômage endémique, tandis que l’émigration peut se tarir.
Les productions locales seront industrialisées, à partir de 1999, à travers une conserverie — coopérative, bien entendu. Chaque travailleur reçoit un salaire identique, quels que soient son poste et ses responsabilités : aujourd’hui, 47 euros par jour, six jours sur sept, soit 1 128 euros par mois à plein temps (le salaire minimum interprofessionnel s’élève à 645 euros).
Pour que le droit au logement que garantit la Constitution espagnole ne reste pas lettre morte, un programme est lancé dans ce domaine, avec pour règle l’autoconstruction. Chacun participe selon ses compétences. La mairie offre le terrain et rémunère l’architecte ; les matériaux sont fournis conjointement par la municipalité et par la Junta de Andalucía. L’attribution se fait lors d’une assemblée publique qui réunit tous les citoyens.
Le loyer s’élève à 15 euros par mois, alors qu’il faudrait en débourser 300 au prix du marché. Le logement ne peut être vendu, mais il est cessible aux enfants.
Cette base idéologique a produit une solidarité particulière : nombre de travaux d’intérêt général sont assurés gratuitement par les habitants.
Les réalisations sont impressionnantes eu égard à la taille de la commune : hôtel de ville, collège, gymnase, maison de la culture, deux foyers pour les anciens, stade, garderie, cantine scolaire, piscine, deux parcs naturels, un parc pour enfants, une promenade ombragée, un service municipal d’aide à domicile, et l’organisation de fêtes et d’événements culturels tout au long de l’année.
Pour parvenir à ce résultat, la municipalité a utilisé à la fois des subventions de l’Etat et de la communauté autonome, ainsi que des impôts locaux, et elle n’a pas hésité à s’endetter, à hauteur de 77 000 euros en 2012.
Le système a ses détracteurs, voire ses ennemis. Par exemple, selon eux, le maire perçoit un salaire bien supérieur à celui de ses administrés.
Ils critiquent jusqu’aux logements à coût réduit, car « ces gens-là ne seront jamais propriétaires, ce qui permet au maire de les tenir à sa merci ».
Les « a favor » (« favorables »), eux, ne tarissent pas d’éloges, tant sur le maire que sur le dispositif mis en place : le bien-être apporté, la vraie démocratie, le changement profond de la condition féminine, la propriété collective du logement...

« Le gaz de schiste chamboule la géopolitique », Régis Genté
Aux Etats-Unis, le gaz de schiste est produit à bas prix : fin 2012, il était à 4 dollars l’unité de base contre 18 en Asie et 10 en Europe. Conséquence : ils exportent leur charbon vers l’Europe. GDF Suez subit la concurrence du charbon américain bon marché.
Ce réajustement promet des effets en cascade. L’Union européenne, jusqu'ici, a ménagé Moscou sur quantité de grands dossiers politiques, sécuritaires ou stratégiques : 40 % des importations européennes de gaz naturel étaient fournies par Gazprom. En ce qui concerne le gaz naturel liquéfié (GNL), Washington étant de moins en moins demandeur, d’importants volumes de GNL devraient se réorienter vers l’Asie, et surtout vers l’Europe, permettant à l’Union d’atténuer sa dépendance au gaz russe.
Déprimé par la récession, le marché européen, naguère juteux, devient moins attractif pour Gazprom. Dès lors, Moscou lorgne sur les marchés asiatiques — Chine, Corée du Sud, Japon —, très demandeurs d’énergies alternatives au nucléaire après le tsunami de mars 2011 et la catastrophe de la centrale de Fukushima.
La percée des gaz de schiste a repoussé de deux ou trois décennies la menace mondiale de manquer de réserves de pétrole et de gaz accessibles à un coût acceptable (…) et a conforté le caractère prédominant des hydrocarbures dans le secteur énergétique mondial. Le monde entrerait dans l’« ère du gaz », énergie moins polluante que d’autres pour l’atmosphère.
La sécurité énergétique est une priorité pour Pékin. Dans le contexte des révoltes arabes, sachant que plus de la moitié des importations chinoises de pétrole viennent du Proche-Orient, il se montre ambitieux pour sa production de gaz de schiste.

« Au Dakota du Nord, les vaches perdent leur queue », Maxime Robin
L’exploitation du gaz et du pétrole de schiste aux Etats-Unis provoque d’importants dégâts environnementaux.
Depuis 2011, certaines de ses vaches sont atteintes d’un mal étrange : elles maigrissent, et parfois perdent leur queue. Les mêmes images tournent en boucle : les derricks parsemant la vaste prairie, les immenses files de camions, les camps de travailleurs logés à la hâte dans des caravanes, etc. Le coût environnemental de cette ruée reste en revanche un mystère. Le gouvernement local ne connaît pas la quantité de pétrole et de produits chimiques répandus à la surface de la prairie fortuitement ou par négligence, et les rapports d’accident industriel, que les entreprises remplissent elles-mêmes, sont souvent falsifiés.
Exploiter un seul puits de pétrole par hydrofracturation au Dakota du Nord nécessite en moyenne vingt millions de litres d’eau, deux cent trente-cinq tonnes de sable et un million deux cent mille litres d’additifs chimiques pour augmenter la viscosité de l’eau. Après injection à haute pression de ce cocktail, surnommé slickwater, pour fracturer la roche, un déchet liquide, composé entre autres d’hydrocarbures, de métaux lourds radioactifs extraits de la croûte terrestre et d’aquifères salins emprisonnés sous le schiste, rejaillit à la surface en même temps que le pétrole.
Les Etats-Unis produisent chaque jour deux milliards et demi de barils de ce déchet baptisé « saumure ».
Son stockage et son recyclage balbutient encore. La solution la plus courante consiste à réinjecter le liquide dans le sol à travers des « puits d’injection » où ils demeureront indéfiniment. Mais de nombreux chauffeurs « dégazent » leur chargement toxique le long des voies, « plutôt que d’attendre leur tour plusieurs heures, en file indienne, devant les puits d’injection pour y enfouir les déchets.
Des fuites gigantesques passent inaperçues. En juillet 2011, la compagnie Petro Harvester a rapporté une fuite de quarante mètres cubes de saumure. Les inspecteurs sur place ont constaté que l’incident était beaucoup plus sérieux : dix hectares de terre rendus stériles par huit millions de litres de saumure. Le rapport officiel est pourtant resté inchangé.
Les vaches malades de Williston ont bénéficié d’une vaste couverture médiatique, suscitant un débat sur les dangers potentiels de la fracturation pour l’agriculture. Pour autant, Washington n’a encore débloqué aucuns fonds pour une étude sérieuse sur le sujet. En 2011, des fermiers du comté de Bottineau ont pris des photographies aériennes de fuites manifestes et de conteneurs à déchets toxiques défoncés. Chaque fait a été rapporté aux autorités. Pourtant, aucune action n’a été entreprise contre le pollueur, la société Sagebrush Resources. Au contraire, les inspecteurs ont transmis à Sagebrush les courriels reçus, et les agriculteurs ont été poursuivis en justice pour « invasion de propriété privée ». De son côté, le gouverneur du Dakota du Nord, M. Dalrymple a reçu 81 600 dollars de dons de la part de plusieurs compagnies pétrolières solidement implantées. Un mois plus tard, il approuvait un permis de forage controversé dans le comté de Dunn, au profit de ces mêmes entreprises. Cent soixante-dix habitants du comté ont alors remis une pétition à un juge local pour convoquer le gouverneur devant une chambre d’accusation et l’inculper de corruption. Mais le juge du comté a invalidé la pétition pour vice de forme…

Pieronnelle

avatar 31/07/2013 @ 16:22:09
Ah merci Bolcho sur cet article sur Marinaleda dont je cherchais le nom depuis longtemps et sur laquelle j'avais vu un reportage qui m'avait grandement surprise et je l'avoue...conquise :-))

SpaceCadet
avatar 01/08/2013 @ 05:05:38
Bonjour.

Au sujet de l'article 'Moi, Président de la Bolivie...': ce sont justement les aspects légaux entourant cette histoire qui, à mon avis, sont à examiner/questionner, parce que d'une part, il est tout à fait remarquable qu'un pays, dès lors que son pouvoir politique et économique se trouve relativement bien assis, puisse se permette de transgresser lois, accords, droits, et autres, sans que cela ne suscite de réaction digne de ce nom, et aussi, parce que d'autre part, la situation légale dans laquelle se retrouvent des personnages tels que monsieur Snowden (qu'importe ce qu'on en pense), qui d'ailleurs n'est sans doute pas le seul individu à se retrouver dans un tel scénario, demeure pour le moins étrange. Cela ne remet-il pas en cause les notions de droit (individuel et/ou international) et de démocratie?!

Saint Jean-Baptiste 03/08/2013 @ 13:16:21
Je lirai les articles à tête reposée et j'en ferai la critique objective, comme d'habitude, sans passion ni concession aucunes.
Mais déjà je vois – avec stupéfaction – que nous n'avons pas la même conception de la Patrie : pour toi ce sont des oripeaux et des flon flons ; pour moi ce sont des Valeurs, la Liberté, la Défense du plus faible, de la veuve et de l'orphelin. On raconte que beaucoup de nos ancêtres sont morts pour cette Patrie, je ne crois pas qu'il étaient plus abrutis que nous.
Mais je garde toujours la même estime pour ceux qui ne pensent pas comme moi : Georges Brassens chantait : la musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas.
C'était dit avec esprit, j'ai toujours pour lui grande estime et affection.

Maintenant, à propos de Snowden, je ne lui reproche pas d'avoir révélé les grands secrets qui nous concernent, nous les pauvres humains de la terre. Que ce soit à nozalliés, comme tu dis, ou à nos ennemis, qu'est-ce que ça peut nous faire, franchement ! Et qui donc va passer son temps à dépouiller tous les affreux forfaits dont nous nous sommes redus coupables depuis notre naissance ?
Moi quand j'étais petit je faisais dans ma culotte, plus tard j'ai fumé en cachette dans les cabinets du collège et ensuite... bref, qui donc pourrait un jour s'intéresser à tout ça ? (à part ma belle-mère évidemment) !

Ce que je lui reproche c'est d'avoir trahit sa parole. Sa parole d'honneur comme on disait autrefois. Mais bon ! Les valeurs changent, ma bonne dame, celui qui trahit sa parole, pour ce qu'il estime la bonne cause, est un Héros ! Soit ! On essayera de s'y faire !
A la prochaine pour mes commentaires... éclairés – comme il se doit ! ;-))

Bolcho
avatar 03/09/2013 @ 17:17:38
Monde Diplo de septembre 2013

(pour ceux qui seraient vraiment gravement "accros", j'ai sous le coude un résumé plus détaillé et avec plusieurs articles en plus, comme d'hab)

« Stratégie pour une reconquête », Serge Halimi
Cinq ans ont passé depuis la faillite de Lehman Brothers, le 15 septembre 2008. Les mises en cause du système se sont succédé sans l’ébranler.
Il faut engager des réformes de structure, économiques et politiques de nature à remobiliser les couches populaires que l’absence de perspective a enfermées dans l’apathie, le mysticisme ou la débrouille. Des transformations structurelles, oui, mais lesquelles ?
L’extension de la part du secteur non marchand, celle de la gratuité aussi.
Il conviendrait de définir démocratiquement quelques besoins élémentaires (logement, nourriture, culture, communications, transports), de les faire financer par la collectivité et d’en offrir à tous la satisfaction. Un tel programme comporterait un double avantage. Politique : bien que susceptible de réunir une très large coalition sociale, il est irrécupérable par les libéraux ou par l’extrême droite. Ecologique : il évite une relance keynésienne.
Quant à « la dette », il faudra qu’on dévoile son arrière-plan politique et social. Son annulation reviendrait à spolier les rentiers et les financiers, quelle que soit leur nationalité. Il faut aussi savoir que la moitié du commerce international de biens et de services transite par des paradis fiscaux. Les montants ainsi soustraits en toute légalité à la collectivité approcheraient 1 000 milliards d’euros, rien que pour l’Union européenne. Soit, dans de nombreux pays, une perte de revenus supérieure à la totalité de la charge de leur dette nationale.
On pourrait ajouter à la liste des priorités le gel des hauts salaires, la fermeture de la Bourse, une nationalisation des banques, la remise en cause du libre-échange, le contrôle des capitaux...
Les revendications trop générales ou trop nombreuses peinent à trouver une traduction politique et à s’inscrire dans le long terme. La spontanéité et l’improvisation peuvent favoriser un moment révolutionnaire. Ils ne garantissent pas une révolution.
Se pose aussi la question du rapport au pouvoir. D’un côté, une classe dirigeante solidaire, consciente de ses intérêts, mobilisée, maîtresse du terrain et de la force publique ; de l’autre, d’innombrables associations, syndicats, partis, d’autant plus tentés de défendre leur pré-carré, leur singularité, leur autonomie qu’ils redoutent d’être récupérés par le pouvoir politique. Leur « organisation en réseau » devient alors le masque théorique d’une absence d’organisation.
La définition de quelques priorités mettant directement en cause le pouvoir du capital permettrait d’armer les bons sentiments, de s’attaquer au système central, de repérer les forces politiques qui y sont elles aussi disposées.

« Tintin en banlieue, ou la fabrique de l'information », Jérôme Berthaut, sociologue

On assiste à une médiatisation croissante des « déviances » des quartiers populaires. C'est notamment dû à l’alignement progressif de France 2 sur ses concurrentes privées. En 2012, selon l’Institut national de l’audiovisuel (INA), le journal télévisé (JT) de M6 a couvert 517 faits divers, notamment dans les banlieues, contre 472 pour celui de TF1 et à peine moins (454) pour France 2. Des chiffres peu étonnants lorsqu’on sait que la plupart des cadres de la chaîne publique, promus à l’aube des années 2000, viennent du privé et ont apporté leurs méthodes de travail. En 1995, Pujadas, le futur présentateur de France 2, dresse le constat de l’incompatibilité des modes de vie des « communautés noire », « asiatique » et « maghrébine » avec leur intégration dans la société française. Il précise que c'est dû à leur « absence de sens des valeurs »...

L’incitation à accumuler des contacts au sein des forces de l’ordre (source inépuisable de faits divers) constitue l’une des principales injonctions adressées aux jeunes reporters par France 2.
Mais à trop côtoyer les policiers, les journalistes finissent par adopter inconsciemment leur perception du monde social, leurs catégories d’analyse et parfois leur langage. Le ministère de l’intérieur et ses services (préfectures, commissariats...) fonctionnent comme de véritables coproducteurs de l’information et ils savent parfaitement anticiper et s’adapter aux conventions journalistiques de mise en scène.
Une caméra de la chaîne a été autorisée à accompagner les forces de police dans leurs opérations de fouille de voitures ou d’appartements. Le chef du service informations générales de France 2 se félicite publiquement de cette production, une « jolie opération des stups à Nanterre, avec une prise pas mal, de l’argent », qui « vaut par le côté rock’n roll, avec le côté spectaculaire des mecs qui enfoncent les portes ».
Le journal Le Parisien, souvent cité comme une référence en conférence de rédaction, sert d’étalon pour évaluer la programmation du pôle des médias dits « populaires ». Aussi les reportages placés en début de JT reprennent-ils souvent la hiérarchie de sa « une ». Avec pour effet l’imposition récurrente de « sujets banlieue », très largement traités par le quotidien.

« Trouble dans le genre à Riyad », Amélie Le Renard, sociologue

Sur les campus de Riyad, les buya (néologisme formé du mot anglais boy auquel on ajoute le suffixe arabe de féminisation « a ») sont des filles qui portent des vêtements dits masculins masquant les formes féminines et parfois même un bandeau comprimant la poitrine. Cela diffère de la dissimulation des formes dite « islamique », destinée à cacher ce qui est considéré comme les attributs corporels de la féminité sans pour autant causer de doute dans les classifications en termes de genre. Elles ont aussi les cheveux courts, des piercings dans le haut de l'oreille ou à l'arcade sourcilière, parfois des parfums masculins et certaines se font appeler par un prénom masculin.

Plusieurs justifient leur présentation de soi comme buya par le fait qu’elles auraient voulu être des hommes, notamment pour avoir accès à la liberté de mouvement (« Je veux conduire, ne plus porter l’abaya [robe islamique], respirer »), Certaines refusent de porter un voile sur leurs cheveux dans les espaces mixtes 
Certaines, mais pas toutes, se définissent dans certaines situations comme lesbian.
Une grande partie de celles qui adoptent le style buya le font à cause de la « mode ». Si certaines étudiantes ont des mots très durs vis-à-vis des buya (« sales », « vulgaires », « déviantes »), le fait que cette présentation de soi soit en partie considérée comme une mode et intégrée par autant de jeunes Saoudiennes contribue à ce qu’elle ne soit pas totalement stigmatisée, en dépit de sa portée subversive.

« Forums locaux pour renflouer la presse nationale », Julien Brygo, journaliste
La formule du forum consiste pour les collectivités locales à acheter à un journal parisien l’organisation d’un événement public susceptible de propulser leur ville, le temps d’un week-end, au rang de capitale intellectuelle régionale où débattent des politiques, des savants, des journalistes... Pour les titres engagés dans cette activité riche en subventions publiques, il s’agit certes de mettre en valeur leur « marque », mais surtout de générer des recettes susceptibles de contrebalancer la baisse de leurs ventes. Les forums se sont révélés si fructueux que l’idée, lancée par Libération en 2007, a été copiée par les hebdomadaires Le Nouvel Observateur, Marianne et Le Point.
Premier temps : proposer aux collectivités locales l’organisation d’une prestation événementielle de portée nationale sous la forme d’un débat politico-mondain ouvert au public. Deuxième temps : utiliser son carnet d’adresses journalistique pour réunir plusieurs dizaines d’hommes politiques nationaux, d’intellectuels et d’experts autour d’un « thème panier » croisant actualité, généralité et action publique : « la jeunesse », « l’alimentation », « l’innovation », « la crise »…
Un titre de presse peut espérer drainer des subventions lucratives, mais aussi des donations de sponsors privés. Rennes Métropole a ainsi déboursé 200 000 euros de publicité pour annoncer les cinq forums de Libération dans les pages de… Libération. A Grenoble, l’organisation du forum représente chaque année depuis 2007 entre 130 000 et 150 000 euros d’argent public. La région Ile-de-France a versé 1,5 million d’euros au quotidien pour la tenue de cinq forums entre 2012 et 2014. L’accès aux salles de débat, sur réservation, n’est pas payant, ce qui permet de maintenir l’illusion d’un événement gratuit, bien qu’il soit largement financé par les impôts locaux. Libération ne rémunère pas les participants et limite ses ambitions à l’Hexagone. Le quotidien a recruté douze salariés à plein temps pour rechercher de nouvelles villes clientes ; soit un investissement annuel interne de près de 500 000 euros pour récupérer plusieurs millions d’argent public aux quatre coins de la France. La qualité d’un forum se mesure bien sûr au nombre de noms connus qu’il parvient à réunir.
Et l’événementiel de presse est devenu un marché soumis à une rude concurrence.

« Du microcrédit aux 'subprimes' pour les pauvres », Paul Lagneau-Ymonet et Philip Mader, sociologues

A des taux faramineux (30 % par an, voire plus), des individus ou des groupes de personnes sans garantie pourraient se procurer de quoi développer une activité artisanale ou commerciale susceptible de les sortir de l’ornière. Parce qu’il assure, grâce à des actions palliatives, l’acquiescement au monde tel qu’il est, ce système compte un nombre considérable de prosélytes, notamment chez les politiques, les patrons, les philanthropes et au sein des associations de lutte contre la pauvreté. L’entrepreneuriat pour principe, le marché pour base, le capitalisme « équitable et durable » pour but...quoi de mieux ?
Les résultats s’avèrent insignifiants. Au printemps 2013, une étude a confirmé que non seulement les pauvres ne raffolaient pas d’emprunts dispendieux, mais que celles et ceux qui les contractaient ne s’en sortaient pas mieux que les autres. On constate en revanche une baisse de la consommation de « biens tentateurs » (sic) — alcool, tabac, restaurant —, une diminution des dépenses ostentatoires pour les fêtes et un effort redoublé au travail chez les ménages endettés. Le microcrédit ne sort pas les pauvres de la pauvreté : il les discipline...
Dans les faits, il représente un pis-aller : l’autoentrepreneuriat à défaut d’un emploi régulier.
Des fonds d’investissement présentent les produits financiers pour pauvres comme une bonne action sans risque et à bon compte et l’allongement de la chaîne d’intermédiation reste à la charge des emprunteurs. Il s'agit de placement, par des organismes financiers sans foi ni loi, d’emprunts onéreux auprès d’individus forcés de s’endetter pour compenser des revenus structurellement en berne.

Saint Jean-Baptiste 05/09/2013 @ 10:06:29
Heureusement que notre Bolcho est là pour réveiller la fibre intellectuo-polémique qui, vacances obligent, avait tendance à s'endormir paisiblement sur notre site bien aimé.

Je n'ai pas eu le temps, vacances obligent, de commenter la livrée précédente mais l'article du Président Colombien qui observe que les Européens ont resserré les liens qui les unissent à leur colonisateur américain m'a bien fait rire ; mais j'ai honte, ce n'est pas bien de rire des Colombiens...

Un autre article m'avait « interpellé » comme on dit aujourd'hui. Celui de notre nouvel ami Serge Halimi - (copier-coller) :

« L'armée, les urnes, la rue », Serge Halimi
Notamment à propos du coup d'Etat en Egypte : les pays occidentaux refusent d'utiliser le terme.
Arbitres des élégances diplomatiques, ils semblent estimer que certains putschs — au Mali, au Honduras, en Egypte... — sont moins inadmissibles que d’autres. Bien que l’Egypte soit en banqueroute, l’affrontement entre les militaires et les islamistes ne concerne guère les choix économiques et sociaux, largement inchangés depuis la chute de M. Moubarak. Pourtant, qu’elle débouche sur des élections ou qu’elle recoure à un coup d’Etat, que vaut au juste une révolution si elle ne change rien sur ces plans-là ?

Dans cet article Serge Halami pose la question : que vaut une révolution qui ne change pas les données économiques ?
Et bien moi, je trouve ça formidable ! Le but des Printemps arabes n'étaient pas économiques (enfin, disons : pas seulement) les révoltes avaient pour but la conquête de la liberté. Bravo, je trouve ça formidable : se révolter pour vivre libre ! et je me demande si l'Occident, le jour où il serait bien gavé, bien nourri, mais privé de liberté, aurait encore la capacité de se révolter. Je pense que, comme les Romains de la décadence, nous nous accorderions très bien d'une dictature du moment qu'on nous donne du pain et des jeux.


Mais venons-en aux articles de septembre.
Un article m'a fait bien rire, non il m'a fait sourire, et puis non, disons-le, il m'a fait bondir ! (copier-coller) :

« Tintin en banlieue, ou la fabrique de l'information », Jérôme Berthaut, sociologue

On assiste à une médiatisation croissante des « déviances » des quartiers populaires. C'est notamment dû à l’alignement progressif de France 2 sur ses concurrentes privées. En 2012, selon l’Institut national de l’audiovisuel (INA), le journal télévisé (JT) de M6 a couvert 517 faits divers, notamment dans les banlieues, contre 472 pour celui de TF1 et à peine moins (454) pour France 2. Des chiffres peu étonnants lorsqu’on sait que la plupart des cadres de la chaîne publique, promus à l’aube des années 2000, viennent du privé et ont apporté leurs méthodes de travail. En 1995, Pujadas, le futur présentateur de France 2, dresse le constat de l’incompatibilité des modes de vie des « communautés noire », « asiatique » et « maghrébine » avec leur intégration dans la société française. Il précise que c'est dû à leur « absence de sens des valeurs »...

L’incitation à accumuler des contacts au sein des forces de l’ordre (source inépuisable de faits divers) constitue l’une des principales injonctions adressées aux jeunes reporters par France 2.
Mais à trop côtoyer les policiers, les journalistes finissent par adopter inconsciemment leur perception du monde social, leurs catégories d’analyse et parfois leur langage. Le ministère de l’intérieur et ses services (préfectures, commissariats...) fonctionnent comme de véritables coproducteurs de l’information et ils savent parfaitement anticiper et s’adapter aux conventions journalistiques de mise en scène.
Une caméra de la chaîne a été autorisée à accompagner les forces de police dans leurs opérations de fouille de voitures ou d’appartements. Le chef du service informations générales de France 2 se félicite publiquement de cette production, une « jolie opération des stups à Nanterre, avec une prise pas mal, de l’argent », qui « vaut par le côté rock’n roll, avec le côté spectaculaire des mecs qui enfoncent les portes ».
Le journal Le Parisien, souvent cité comme une référence en conférence de rédaction, sert d’étalon pour évaluer la programmation du pôle des médias dits « populaires ». Aussi les reportages placés en début de JT reprennent-ils souvent la hiérarchie de sa « une ». Avec pour effet l’imposition récurrente de « sujets banlieue », très largement traités par le quotidien.


C'est le comble ! Pour notre brillant sociologue Jérôme Berthaut, pour qu'il n'y ait plus de drames dans les banlieues, il suffirait de ne plus en parler !

On dira peut-être que c'est une attitude très respectable, après tout ; nous connaissons tous de ces couples dont un des deux est mort et l'autre continue à faire comme si de rien n'était : on lui fait une place dans le lit, on met sa place à table et on lui dit : as-tu trouvé un article intéressant dans ton journal...

Mais dans ce cas là, c'est un hommage posthume au disparu. Ce que Jérôme Berthaut propose de faire est tout autre chose : « ne parlons plus des drames des banlieues, et les banlieues seront paisibles comme avant » !
C'est l'autruche qui se met la tête dans le sable pour ne pas recevoir des coups de pied dans le derrière !
Mais je me demande ce qu'en penseront les honnêtes gens qui vivent dans ces banlieues, qui y sont depuis des générations,  et qui se souviennent du temps béni chanté par Robert Lamoureux :
- « Banlieue c'est un paradis que Dieu à mis sur terre
- « Banlieue, c'est après Paris ce qu'on a fait de mieux...
(air connu)

Les vieux qui se font agresser tous les jours dans les banlieues, les jeunes filles qui se font injuriées parce qu'elle ne portent pas la niqab, les flics qui se font tirer dessus, les voitures qu'on incendie, les magasins pillés...
N'en parlons plus, nous dit notre sociologue inspiré, et voilà, le problème est résolu !

Mais c'est dans l'air du temps : plutôt que de s'appliquer à résoudre un problème, on décide de dire qu'il n'existe pas !

Ah ! Palsambleu, c'est du propre ! Mais le monde tourne à l'envers, n'est-il pas, on ferait mieux de s'y faire...

Saule

avatar 06/09/2013 @ 16:36:01

Dans cet article Serge Halami pose la question : que vaut une révolution qui ne change pas les données économiques ?
Et bien moi, je trouve ça formidable ! Le but des Printemps arabes n'étaient pas économiques (enfin, disons : pas seulement) les révoltes avaient pour but la conquête de la liberté. Bravo, je trouve ça formidable : se révolter pour vivre libre ! et je me demande si l'Occident, le jour où il serait bien gavé, bien nourri, mais privé de liberté, aurait encore la capacité de se révolter. Je pense que, comme les Romains de la décadence, nous nous accorderions très bien d'une dictature du moment qu'on nous donne du pain et des jeux.

Qu'est-ce que la liberté ? Et la liberté pour qui ? Est-ce que la révolte des printemps arabe a amené la liberté ? Pour tous (les coptes aussi, ou bien plutot la liberté pour les extrémistes de bruler les églises des coptes) ?

Peut-on être libre indépendemment des conditions de vie économique ?

Ca soulève beaucoup de questions ce que tu dis SJB, même si tu as certainement raison (en partie en tout cas).

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