La Dame n° 13 de José Carlos Somoza
( La dama número trece)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Le pouvoir de la poésie
Après « La Caverne des Idées » ainsi que « Clara et la Pénombre », j’avais sans scrupule considéré Somoza comme l’un des auteurs m’ayant le plus surprise et, il faut le dire, épatée, ces derniers mois. C’est donc sans la moindre hésitation que, son dernier roman me tombant entre les mains, je m’en suis emparée et l’ai lu aussi sec, espérant retrouver la fascination procurée par ses deux précédents romans.
Et j’ai mal de dire que j’ai été déçue. Très.
Sans aucun doute, Somoza écrit bien, ses mots s’enchaînent, déliés, subtils, organisés et clairs, sans jamais se départir du pouvoir de l’image, de la métaphore et de la délicatesse.
Ca je l’ai d’ailleurs retrouvé dans « La Dame n°13 ». Mais le fond, quant à lui, m’a vraiment dépitée :
Rulfo ne cesse de faire le même cauchemar, voyage mental l’emmenant vers une maison bourgeoise où un crime atroce se commet. Sans entrer dans les détails du déroulement, ce cauchemar est en réalité une piste menant Rulfo vers la découverte d’une secte séculaire, composée de treize dames, sorcières s’il en est, ayant inspiré les plus grands poètes de tous les temps. Pas dans un simple esprit d’esthète, non, mais bien dans le but d’amener ces poètes à créer des « vers de pouvoirs », enchaînement de mots qui, une fois récités par ces dames, deviennent des armes ayant une influence sur les choses et les hommes. Accompagné d’un médecin et d’une étrange hongroise, Rulfo se donne pour mission de les anéantir.
Basculant entre psychologique, fantastique et horreur, ce roman ne cesse d’être en décalage avec celui qui l’écrit. Du moins avec son style. Car Somoza a le don de séduire son lecteur et je me suis laissée séduire. L’idée de départ était très tentante, laissant mille pistes à exploiter. Le plus grand pouvoir résiderait dans la poésie : l’image est d’une beauté saisissante. Mais le chemin pris l’est moins… J’espérais sans doute un peu plus, mais n’ai finalement gardé qu’un petit goût amer de déception.
Les scènes sanglantes, les révélations, les inventions, non, ce n’était pas pour moi. Seules la genèse et la psychologie de ses personnages valent le détour, ainsi que la manière habile dont il mène la danse. Mais la musique, bof.
Regrets, donc. Mais Somoza a un don, et dans l’espoir que la prochaine fois sera meilleure, je lui laisse le poids de quelques étoiles.
Les éditions
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La dame n° 13 [Texte imprimé], roman José Carlos Somoza traduit de l'espagnol par Marianne Millon
de Somoza, José Carlos Millon, Marianne (Traducteur)
Actes Sud / Lettres hispaniques (Arles)
ISBN : 9782742756308 ; 23,40 € ; 31/08/2005 ; 423 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (6)
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La poésie comme pouvoir de sorcières
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 2 août 2013
L'idée générale est fort originale, l'intrigue est très bien menée, mais il est éminemment dommage qu'une série de descriptions anatomiques, criminelles ou fantastiques, s'avèrent difficilement soutenables. Leur présence tout au long du récit, en effet assez long, le rend franchement glauque, parfois inutilement, alors que l'analyse psychologique est assez riche. Et l'identification des sorcières par numéro, juste pour arriver au chiffre 13, ne relève pas forcément de la première finesse.
C'est fort dommage, car ce roman est porteur d'une série de morceaux de bravoure, d'une idée originale et d'une structure solides. Mon sentiment général s'avère donc être ambivalent, à la fin de cette lecture.
Onirique et étrange mêlés de poésie
Critique de Loic3544 (Liffré (35), Inscrit le 1 décembre 2007, 46 ans) - 28 décembre 2009
Dans un style léger et entrainant, Somoza nous emmène au coeur d'une histoire incroyable (peut être un peu trop). L'ambiance générée par le roman est donc très étrange et le rêve et la réalité se mêlent parfois, au point qu'on se demande parfois si les protagonistes vivent "vraiment" cette histoire.
Parfois peut être un peu trop exubérant, Somoza a su me plonger dans son univers et m'absorber, même si, au final, je suis sceptique face à cette histoire pour le moins étrange, peut être trop pour moi.
La dame N°13
Critique de Soldatdeplomb4 (Nancy, Inscrit le 28 février 2008, 35 ans) - 23 novembre 2009
Cependant, je trouve un bémol à ce livre. A la lecture du thème, tournant autour de la poésie, je m'attendais à une approche plus métaphorique qui donnerait envie de se plonger dans les textes des poètes, et surtout j'espérais que le texte de Somoza soit plus POETIQUE. Et j'ai trouvé que c'est la touche qu'il manquait à ce livre pour me le rendre exceptionnel. Ca reste simplement pour moi un bon divertissement.
Quand la poésie devient torture
Critique de Féline (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 46 ans) - 13 janvier 2008
L’auteur nous plonge dans une ambiance que seuls les écrivains hispanophones savent distiller : remplie de mystère, de poésie, de brumes, d’énigmes, … Elle est d’une importance capitale pour le déroulement de l’histoire, tout comme les décors, qui sont très recherchés et décrits avec minutie. L’écriture de Somoza, tout en originalité, permet de nous transporter dans ces lieux, de les sentir comme si on se trouvait en compagnie des personnages et qu’on vivait leurs aventures. Cette écriture est d’ailleurs parfois un peu déroutante, notamment dans les libertés que le romancier prend avec la ponctuation ou la mise en page.
J’ai été époustouflée par ce livre. Je n’avais jamais rien lu de pareil. C’est magnifique et en même temps ce qu’il raconte est horrible. C’est difficile d’expliquer.
J’ai été séduite dès les premières pages même si la véritable magie n’opère réellement que passé la moitié du roman. J’ai alors été envoûtée par le son des mots de l’écrivain cubain. Je me suis sentie comme tiraillée entre deux sentiments contradictoires : d’une part, lâcher le livre devenait impossible avant de découvrir le dénouement final ; d’autre part, lire ce roman d’une traite demande une énergie débordante tant l’histoire est riche en émotions, rebondissements et horreurs qui nous prennent aux tripes.
En conclusion, j’ai adoré. Somoza est doté d’une imagination créatrice incomparable et originale. Si je devais retenir un point négatif, j’évoquerais l’une ou l’autre pirouettes littéraires qui frôlent l’exagération vers la fin du roman mais cela reste tellement anecdotique que cela ne gâche en rien le bonheur de la lecture.
J’ai été à ce point séduite, que à peine la dernière page finie, je me suis précipitée dans une librairie pour me procurer Clara et la pénombre.
fascinant
Critique de Yona6 (, Inscrite le 2 février 2006, 50 ans) - 2 février 2006
Je crois qu'il faut mériter ce livre, en tout cas pour ma part, je me suis un peu forcée au début pour accrocher.
Mais par contre, j'ai trouvé la narration des scènes de torture fascinante. En effet, autant on peut ressentir l'horreur d'en être témoin, autant on peut également se mettre à la place à la fois du bourreau et de la victime, tout en gardant un recul nécessaire à ne pas devenir fou de trouille.
J'ai trouvé l'histoire extrèmement fascinante et innovante et je ne suis pas ressortie indemme de ce merveilleux roman, très bien mené.
L'intrigue est bien montée et les personnages crédibles et attachants. Le style est unique et l'univers noir et morbide reste assez clair, tout de même.
Ce livre est à conseiller à tous, quoi que certains passages sont à prendre avec délicatesse.
En tout cas, un très beau roman qui ne peut laisser aucun lecteur intact, je crois.
Fantastique
Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 17 décembre 2005
Elles font froid dans le dos. Elles sont capables de tout. N'ont aucun sentiment. Leur cruauté est sans limite. Mais elles ont un point faible.....
Le truc c'est que c'est super bien écrit. Somoza peut raconter les pires horreurs, tomber dans le gore le plus absolu, il réussit à effleurer ça élégamment et on ne peut à aucun moment lâcher son intrigue. A partir de là, tout passe, on embarque à fond. Pour autant c'est vrai que l'histoire en elle-même est un peu décevante, le dénouement notamment ne "pétille" pas assez, après tant de suspens tout au long du roman, ça paraît presque trop simple.
Mais finalement, une fois refermée la dernière page, ce qui nous reste c'est le sentiment d'avoir lu un Grand Auteur, d'avoir partagé avec lui une vision de la poésie qui nous fera à jamais hésiter un court instant avant de la réciter à haute voix....
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