Jeanne Darc de Nathalie Quintane

Jeanne Darc de Nathalie Quintane

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Kinbote, le 30 septembre 2005 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 8 étoiles
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Eclairages sur la Pucelle

Nathalie Quintane nous fait vivre de l’intérieur l’épopée de Jeanne-la-Pucelle. Comme si on lisait son journal intime. Elle nous la fait voir aussi de l’extérieur par les commentaires qui tentent de percer le plus intime (qui n’est pas l’indécent) en elle ; comme si elle faisait l’objet d’un débat entre exégètes. Suite de notations brèves, de considérations méticuleuses sur l’art de la guerre, la façon de mâcher d’un seul côté de la bouche...
Dans l’extrait suivant, elle tente de relier les deux époques de la vie de Jeanne qui ont souvent été opposées, celle de la gardeuse de troupeau et celle de la guerrière, en montrant la continuité des moments au-delà des apparences. Elle atteste en cela l’existence de Jeanne au delà du mythe, de la légende.

« Ainsi, il y a une vraie unité des moments de la vie.
Où, à l’intérieur de ces deux vies, disons, d’intensités diverses, les événements ne peuvent qu’être traités de la même façon : un assaut, comme un rassemblement de troupeau ; les soldats qu’on clame, comme un chien qu’on rudoie (Jeanne s’adapte mais ne change pas)
Sa personnalité de gardeuse de troupeau ne s’est pas détachée et perdue en cours de route, mais projetée, elle s’est étendue, bonifiée. »

Nathalie Quintaine nous montre la femme, l’être humain, avec ses ressentis très près du corps, comme écrits aujourd'hui, telles, par exemple, les impressions que lui donnent une robe neuve ou l’armure, le fait de monter à cheval, de mener un combat.

« Il ne suffisait pas que je me voie comme un homme habillée, il fallait qu’on m’apporte des habits d’homme, que je m’habille en homme, et que je vive jusqu’au bout la honte de devoir expliquer pour quoi. »

L’humour aussi filtre de bout en bout:

« C’était plus rapide de me couper les cheveux, que d’attendre que ceux de tous mes soldats poussent. »

« Encore une chance qu’avec toutes ces chevauchées mon pucelle ge n’ait pas sauté. »

« Voit-on le sang couler quand le corps brûle ? «

Radiographie d’un mythe à la lumière de l’ultrasensible. On est dans la peau de Jeanne, dans son esprit, jusqu’à la fin, jusqu’au moment où elle rend l’âme. Ou elle devient la possession de tous. Cette ubiquité finale, cette redistribution spirituelle générale, ce parcours interprétable à l’infini, c’est l’apanage exclusif des saints et des saintes. Paix à leurs cendres.

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