Sous un autre jour de Jens Christian Grøndahl

Sous un autre jour de Jens Christian Grøndahl
( Et andet lys)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Jlc, le 28 septembre 2005 (Inscrit le 6 décembre 2004, 80 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 087ème position).
Visites : 4 620  (depuis Novembre 2007)

Irène ou un parfum de mélancolie

Jens Christian Grondahl fait partie de ses écrivains (les grands) que l'on reconnait tout de suite par leur style, leurs mots, leurs ambiances, leurs personnages, leurs lieux de prédilection. Grondahl raconte des histoires qui se ressemblent et se répondent.

"Silence en octobre" est l'histoire d'un homme qui cherche à comprendre la disparition de sa femme et découvre, au fil du temps, que tout était prévisible. "Sous un autre jour" est le récit d'une femme que son mari quitte et qui essaie de comprendre.

Irène est une danoise de 56 ans qui réussit dans sa vie d'avocate spécialiste du divorce et sa vie de femme avec un mari, Martin, gentil et attentif et deux grands enfants. Elle a épousé Martin plus parce qu'il la voulait qu'elle ne l'aimait. Leur vie bourgeoise est certes un peu convenue et futile mais tellement confortable.

Irène est telle que les autres veulent qu'elle soit. Jusqu'au jour où elle apprend que Martin a une liaison. Irène ne réagit pas avec colère, cris et chicailleries mais avec mélancolie, tristesse de vivre cette remise en cause. Et elle remonte au fil du temps avec beaucoup de questions( c'est un livre où les points d'interrogation sont très nombreux) sur elle, sur Martin, sur Thomas qui a été, il y a dix ans, un jeune amant, sur sa famille, sa mère. Sa mère, justement qui, à la veille d'une opération délicate, lui confie une enveloppe à n'ouvrir que si elle ne se réveille pas. Irène, en plein desarroi- fut-il tranquille-- découvre que son père n'est pas son père lequel était un jeune musicien juif que les malheurs de l'occupation ont conduit à se réfugier en Suède avant de disparaitre.

Irène ne se rebelle donc pas, elle va promener sa douceur fragile avec une force de caractère qui lui fait regarder les choses et les êtres sous un autre jour. "Elle était seule et n'avait rien à dire à personne". Et Grondahl a plus d'admiration que de compassion pour son héroïne qui peu à peu va se défaire des liens, des conventions dans lesquelles elle s'était enfermée. Il lui faudra du temps car "la vie met plus de temps à disparaitre dans le passé que l'avenir à devenir réalité."

Et elle va en fait saisir "son moi profond" en devenant une femme enfin libre.

Je ne vous détaille pas davantage l'histoire, très complexe mais très claire, vous en laissant comme toujours le bonheur de la découverte.

C'est très beau, très bien écrit, mélancolique bien sûr avec peu d'espérance si ce n'est tout à fait à la fin quand elle dit que "l'espoir ne possède ni patrie, ni chez soi, il est indomptable".

Bien sûr, ce livre ne révolutionnera pas le monde dans lequel nous vivons encore que le regard d'Irène soit sceptique et pertinent.

La dernière partie est tout à fait magnifique à la fois par ce qu'elle raconte (ah, l'épisode sur la plage de Tel Aviv!) que la façon de la raconter.

A lire et certainement à relire tant ce livre tout en nuances est d'une grande richesse.

Enfin c'est simplement mon avis.

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Globalement décevant…

5 étoiles

Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 68 ans) - 19 avril 2009

Le livre étant déjà bien résumé dans les précédentes critiques, je me limiterai à mes impressions.
La première partie commençait bien… Dans la seconde partie, j’ai commencé à lire en diagonale, à sauter des paragraphes tellement je m’ennuyais, j’ai même failli l’abandonner avant la fin.
La troisième partie, la recherche de son père m’a paru un peu meilleure, mais globalement ce livre m’a déçue.

Je crois que finalement, je n’ai pas compris Irene, elle ne m’a jamais semblé crédible. Et donc, même si ce livre est bien écrit, il y manque quelque chose (au moins pour moi, puisque les autres critiques l’ont trouvé excellent..)

en quête d'identité

9 étoiles

Critique de Anne-Lise (, Inscrite le 21 février 2006, 75 ans) - 29 mars 2006

Irene, la protagoniste, vit les choses sans drame, elle fait face calmement à la situation qui s'impose: son mari la quitte. A ce tournant de sa vie d'adulte, elle part à la recherche d'elle-même, de son identité.

J.C. Grondahl jongle dans ce roman avec les notions de temps. Passé, présent et futur qui sont étroitement mêlés pourraient entraîner une certaine confusion.Ce n'est pas le cas et c'est tout l'art de l'auteur qui crée dans ses livres une atmosphère si particulière et dont j'avais aussi apprécié le style et la forme dans Bruits du coeur.

Dans la dernière partie, au terme de la quête d'Irene, la musique imprègne les personnages et le lecteur et les fait vibrer à l'unisson.

Ce roman, dans lequel les interrogations, les suppositions et les doutes sont nombreux, constitue un ensemble profond, fouillé, servi par une écriture riche et dense.

Du jour au lendemain...

9 étoiles

Critique de Aria (Paris, Inscrite le 20 juin 2005, - ans) - 18 novembre 2005

J’ai découvert cet écrivain danois assez récemment. Ce roman était cité comme l’un des dix meilleurs livres de la rentrée littéraire. La critique de Jlc est brillante. Difficile de passer après lui…
Irène Beckman est une avocate de 56 ans, heureusement mariée, bien dans sa peau et plutôt satisfaite de sa vie en général. Elle a deux enfants adultes et deux petits-enfants. Martin, son mari, et elle vivent dans une jolie maison dans la banlieue chic de Copenhague. Quand le roman démarre, Irène a malgré tout quelques doutes sur la fidélité de son mari mais elle ne se doute pas que, le soir-même, Martin va la quitter.
Il y a un paradoxe très fort : Martin depuis le début a toujours été le plus amoureux des deux ; il a tout fait pour la conquérir dès la minute où il l’a rencontrée, pour l’épouser, avoir une situation sociale enviable et leur donner une vie de famille heureuse. Autre paradoxe : alors que tout était construit, leur amour établi, que leur vie était paisible…Martin part.
Irène est une femme très maîtrisée et même si tout bascule, on a l’impression que tout bascule lentement. Elle, qui se sentait si différente de sa mère, est amenée à revivre d’une certaine façon ce qu’a subi sa mère quand leur mari et père est, lui aussi, parti du jour au lendemain, pour une femme plus jeune. Difficile de se découvrir un destin commun avec sa mère « cette martyre d’abnégation, cette sainte de l’amour malheureux… ».
Grondahl a un mode de narration très efficace pour montrer de quelle façon Irène fait le bilan de sa vie. Passé et présent se mêlent constamment dans le récit, que sont hier, aujourd’hui et demain ? «Il est difficile de se souvenir d’hier quand il est déjà demain ». Comme le choc est brutal quand un être que l’on croyait si bien connaître a un comportement inattendu : « On ne connaît pas l’autre…on s’est seulement habitué à l’autre…Le premier étonnement n’en est plus un avec les ans qui passent, en même temps que demain se mue en hier ».
Au moment même où Irène se retrouve seule, elle apprend par une lettre dont elle n’aurait dû prendre connaissance qu’à la mort de sa mère que son vrai père n’est pas celui qu’elle a appelé papa. Qui est-elle vraiment ? Elle n’est pas la fille de l’homme qui a quitté sa mère, elle n’est plus la femme de Martin. Pour retrouver son identité, il lui faut donc retrouver son géniteur.
Le livre est très dense en événements. Il est foisonnant, passionnant du début à la fin, les intrigues s’enchevêtrent tandis que nous découvrons la réelle fragilité d’une femme forte qui cherche de nouveaux repères. Tout est une longue poursuite, au propre et au figuré. Quête du moi, quête de la vérité.
De très belles descriptions des paysages, une écriture facile mais un style vigoureux.
A lire absolument !

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