Ma première femme de Yann Queffélec
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Hommage à la mère
Voilà un roman français comme je n’en avais pas lu depuis bien longtemps.
Yann Queffélec écrit ici un roman largement autobiographique, lui, le fils de l’écrivain Henri Queffélec, père dur et distant, et d’une mère aimée tendrement mais qui meurt quand il a dix-huit ans et qu’il ne s’y attend pas. Enfin, qu’il ne s’y attend pas consciemment, car il a voulu ignorer tous les signes du cancer qui rongeait sa mère. Et ce livre est l’hommage qu’il voulait rendre à sa mère,sa première lectrice, et surtout celle « à qui (il doit) d’aimer autant la vie ».
Le narrateur, c’est Marc Elern. Son père est conférencier autour du monde et c’est donc un éternel absent. L’âme de la famille c’est sa mère, aimante et totalement dévouée aux siens. Elle était pianiste et concertiste et elle a abandonné son métier pour élever ses deux enfants. D’autant que la sœur de Marc, Cathy, est aveugle. Il faut être sans cesse à son écoute et Marc est un grand frère aimant et attentif.
« La petite miro », comme il l’appelle, voit la vie avec se yeux à lui et c’est merveilleusement poétique. Il essaie d’être son miroir, car, comme toute jeune fille coquette, elle veut savoir si elle est belle. Il lui dit que ses yeux sont « bleu tomate, bleu citrouille, bleu banane, bleu cigogne avant l’orage ».
Le récit porte principalement sur les deux années qui précèdent la mort de la mère, les 16/18ans de notre héros : sa vie dans l’internat de jésuites où ses parents ont décidé de l’envoyer pour qu’il puisse se consacrer mieux à ses études, son amitié et ses frasques avec Tim, un voisin d’immeuble orphelin, avec qui il partage tous ses émois et ses désirs pour les filles. Et surtout son amour pour Edwige, jeune personne issue d’un milieu aisé. Passion qui l’envahit, qui l’obsède. Au point de ne pas vouloir comprendre ce que cachent le « bras saucisse » de sa mère, sa fatigue, les antalgiques qu’elle prend, elle, la mère courage, qui jusqu’au bout essaiera de faire comme si tout allait bien.
Le style est d’une grande originalité, écriture imagée, poétique, bonheur d’expression. Et surtout, toujours un clin d’œil du narrateur.
Les choses les plus simples de la vie ont quelque chose d’épique, de drolatique : par exemple, pour arrêter les ronflements du père : «Armé d’un polochon, la haine à la bouche, j’accourais à travers l’appartement et, tandis que le vent se ruait hors de ses narines, je lui tapais sur la tête avec des ahans de bûcheron et il se la fermait, nom de Dieu, il se la bouclait, ses hyènes, ses cacatoès, ses macaques, ses alouettes, toute sa faune ».
Et puis il y a la petite musique de la fin des années soixante que les baby boomers comme moi reconnaîtront.
Un livre plein d’amour, de tendresse, de poésie.
Ce n’est pas tous les jours !
Les éditions
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Ma première femme [Texte imprimé], roman Yann Queffélec
de Queffélec, Yann
Fayard / Litt.Gene.
ISBN : 9782213622514 ; 13,90 € ; 18/05/2005 ; 263 p. ; Broché
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Une mère cache sa maladie pour épargner ses enfants
Critique de Saumar (Montréal, Inscrite le 15 août 2009, 91 ans) - 2 avril 2012
C’est l’histoire de la famille Elern. La mère, ancienne concertiste, quitte ses séances musicales pour se vouer aux siens. Cathy, la sœur de Marc est atteinte de cécité, due à une rétinite pigmentaire, elle semble ne manifester aucune gratitude, malgré le constant soutien de son frère et de sa mère. Le père, toujours absent par son travail éloigné, est respecté autant qu’il est craint par ses enfants et sa femme. Pour couvrir son mari et rassurer sa fille, elle insistera pour que Marc admette, devant sa petite Miro, que c’est lui-même qui a voulu entrer à l’internat pour finir son bac, alors que sa sœur ne voulait pas le départ de son grand frère, son guide, son confident.
Le prenant pour son père, on lui annonce crûment que « sa femme n’a pas passé la nuit ». Il se sent incapable de le dire à sa sœur. Pour fuir cette brutale émotion, c’est à moitié ivre qu’il passe ses examens. On peut comprendre qu’il n’ait pas accepté la mort de sa mère bien-aimée, car elle avait si bien caché sa maladie, qui pourtant, était accompagnée de cruelles douleurs. Chaque fois qu’elle disait aller remonter son amie dépressive, ce n’était qu’un alibi, car c’est à la clinique qu’elle séjournait.
L’amour d’un fils pour sa mère, ainsi que pour sa sœur, est bien rendu par l’auteur. D’une superbe écriture, pleine de tendresse, de poésie et enrobée d’un certain humour atténue les sentiments tristes des personnages. La maladie de sa mère le dépassant, Marc feignait de l’ignorer. La mort trop tôt arrivée, l’empêchera de connaître la raison pour laquelle, dans la dernière lettre reçue au pensionnat, elle avait écrit « comme je t’en veux, Marc! » Cette phrase lui revient souvent à l’esprit, se demandant ce qu’il avait fait ou dit pour déplaire à sa mère. D’être revenu dans son enfance pour écrire ce beau roman, lui permettra, sans doute, d’éloigner la culpabilité et de terminer le deuil de sa « première femme », sa mère. À recommander.
Magnifique histoire d'amour maternel
Critique de Campanule (Orp-Le-Grand, Inscrite le 10 octobre 2007, 62 ans) - 28 janvier 2009
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