Le Corbeau et la bécasse

La présentation des lieux et des personnages est complète et très bien faite; on les situe, on les visualise.
Assis sur ma chaise, je vois le Mas Zeitoun! Il y a quelques belles phrases et même des trouvailles. Stylistiquement, je dirais que c'est une tragédie, car contrairement au thriller les personnages sont étoffés et complexes. D'ailleurs, tous les ingrédients de la tragédie classique sont réunis : les amitiés rongées par la jalousie, la confiance puis la trahison, la mort en fond de tableau, qu'on s'attend à voir surgir à tout moment, le trouble psychologique et l'amour, qui reste indubitablement le fil conducteur du livre.
Paradoxalement, la haine est assez peu présente, c'est plutôt une violence haineuse, aveugle, répétitive, presque martelée qui se dégage le plus. On a l'impression que la haine ne vient qu'au moment du procès, comme un personnage qui se dévoile (c'est d'ailleurs les sentiments qui sont les mieux rendus dans le récit, surtout l'arrachement à la terre, la dépossession qui va jusqu'au "dénuement" de l'âme). La montée en puissance du récit, par contre, est maitrisée, malgré quelques petites choses mal dites. Le suspense est haletant, l'ambiance lourde et prenante, beaucoup d'écrivains de romans policiers peuvent en prendre de la graine, il n'y a rien à redire. Tous les problèmes de la forme disparaissent de toute manière derrière le fond. On ne lit pas le livre, on l'avale carrément.
C'est un récit intelligent, d'une grande humanité.

Message de la modération : Edition à compte d’auteur

• 

  Le corbeau ou la bécasse

  de Schérer-Barthe, Nicole
  Publibook
  ISBN : NOISBN972 ; 01/01/2001 ; 111 p.