Un soir de décembre de Delphine de Vigan
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un homme opaque en butte avec les manquements de sa vie
Matthieu remporte un succès d'estime suite à la parution de son premier roman. Parmi son courrier usuel, il reçoit la lettre d'une jeune femme qui prétend le connaître. Cela remonte à dix ans auparavant, ils se sont croisés dans un avion, puis revus et aimés follement. Mais Matthieu était déjà amoureux d'une autre femme, Elise, qu'il a épousée et avec laquelle il forme un couple épanoui, parents de deux garçons. Alors pourquoi l'écriture du deuxième livre rend son auteur solitaire, en retrait de sa vie ordinaire, de plus en plus vide et accablé ? Ou les lettres de cette ancienne amante sont-elles à l'origine de cette brèche qui s'ouvre et creuse chez lui un désarroi insurmontable?
On se pose mille questions à la lecture d'"Un soir de décembre". L'entrée est assez fade, à mon goût, puis on picore la suite à toutes petites bouchées plus délectables. La mayonnaise prend, même si les caractères des personnages alourdissent un peu la bonne appréciation. C'est une question de délicatesse, personnellement je n'aime pas trop les tempéraments fragiles et qui laissent une place prépondérante à la théâtralité. Comme la jeune femme des lettres, ou comme Matthieu, l'écrivain qui bascule. Est-ce que le travail d'écriture rend son auteur à ce point malheureux ? J'ai trouvé que c'était triste : être écrivain finalement rend solitaire. Est-ce vrai, en général ? Toutefois je sais bien que dans ce roman, Delphine de Vigan a tenu à introduire chez cet homme le révélateur d'une défaillance enfouie, éteinte ou inconsciente. Les lettres ont eu ce pouvoir-là. Par certains aspects, j'ai pensé au roman de l'italienne Margaret Mazzantini "Ecoute-moi" (un homme partagé entre deux femmes, le coeur, la raison, la déraison aussi...). Aussi pour bien apprécier "Un soir de décembre", je conseille de le lire d'un coup, de forcer l'impression mitigée du début puis d'être happée par cette histoire de désenchantement. Et pour conclure, cette phrase qui résume tout : "Nous avons tous une histoire à raconter. Quelque chose dont il faudrait réussir à se débarrasser, pour avancer".
Les éditions
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Un soir de décembre [Texte imprimé], roman Delphine de Vigan
de de Vigan, Delphine
J.-C. Lattès
ISBN : 9782709627252 ; 16,00 € ; 24/08/2005 ; 194 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (6)
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Les dérives de la dépression, entre le succès et l'amour
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 13 août 2013
L'idée est touchante, assez subtile. Elle a commencé par me séduire, mais elle est traitée de manière bien quotidienne, de plus en plus monocorde, au fil des pages, au gré de l'enfoncement du protagoniste dans la dépression, si bien que j'ai décroché. Si cette thèse est assez morale, rien n'est fait pour réellement prendre du recul, la lectrice et le lecteur étant tentés de regarder inerte cette homme tomber.
C'est assez dommage, car la ligne-force du roman vaut la peine.
Ecrire à en crever
Critique de Ndeprez (, Inscrit le 22 décembre 2011, 48 ans) - 21 avril 2013
Le souvenir de cette femme qu'il a aimée, à sa manière, le perturbera au point qu'il s'enfermera sur lui-même pour écrire son deuxième roman.
Belle histoire , belle prose pour un beau roman bien que le personnage central de ce texte soit assez antipathique.
A noter toutefois : des fautes d'orthographe en nombre dans l’édition de JC Lattes
Descente dépressive
Critique de Kikounette (Nîmes, Inscrite le 15 mai 2003, 52 ans) - 22 janvier 2012
Magnifique et superbement écrit
Critique de Panda (VLG, Inscrit le 24 décembre 2009, 44 ans) - 24 décembre 2009
Je m'explique. Nous nous demandons pendant tout ce roman comme il va finir, si cet homme va craquer, ou s'il va devenir fou, ou bien encore si il va définitivement bousiller sa famille pour une histoire essentiellement passionnelle et physique qui vient le poursuivre de nombreuses années après.
Et comme souvent avec D de Vigan, tout le roman va consister en une recherche, un questionnement sur la vie, sur le rythme des évènements, et sur la possibilité d'un changement. Et on se met à réfléchir comme le héros, à imaginer l'embarras que nous aurions à sa place, à imaginer des scénarios plus ou moins alambiqués qui permettraient au roman d'avoir une fin qui tienne la route.
Et avec grand brio, l'auteur remet la situation à l'endroit, retourne la complexité des situations, en redonnant à l'ensemble des acteurs du livre un comportement moral et droit, ce qui dans le monde d'aujourd'hui n'est pas commun.
Bref, une bouffée d'oxygène et un réel plaisir à lire !
PS : je passe sur les descriptions simples de la vie parisienne (métro, attente, taxi, resto, etc...) que nous retrouvons également dans le dernier roman de D de Vigan les Heures souterraines ! Quelle qualité de description... pour le vivre tous les jours, on s'y croirait !
un deuil amoureux
Critique de Laure256 (, Inscrite le 23 mai 2004, 52 ans) - 12 mars 2006
Voilà qu’arrive au courrier une lettre de lectrice, qui est aussi une ancienne amante, une belle et vieille histoire de 10 ans en arrière, qu’il a rompu un soir de décembre, peu avant son mariage. Cette lettre et les suivantes vont le troubler bien plus qu’il ne le souhaite. Il s’enferme et devient taciturne, peut-il se libérer de cette histoire en écrivant son deuxième roman ? En s’enfermant dans l’écriture ? Entre propos communs (l’épouse lassée qui s’en va, l’homme miné par la déprime) et belles réflexions sur le désir amoureux, c’est toute l’histoire d’une rencontre que l’amante va réécrire, pour pouvoir, enfin, en faire le deuil.
J’ai aimé l’atmosphère délicate qui émane de ce roman. Les propos sont simples et efficaces. Les mots sur le désir sont beaux et justes. Le miroir (fidèle ?) de la mémoire. Peut-être ai-je regretté de ne pas en savoir plus sur le deuxième roman en cours d’écriture, parle-t-il de ce deuil amoureux ? Sans doute, mais comment….ou bien est-ce celui que nous avons entre les mains ? Cette solution-là ne me satisfait pas….
L'Amour toujours
Critique de Brice Depasse (Namur, Inscrit le 25 juin 2005, 61 ans) - 1 octobre 2005
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