Nos plus beaux souvenirs de Stewart O'Nan

Nos plus beaux souvenirs de Stewart O'Nan
( Wish you were here)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Channe01, le 5 septembre 2005 (Inscrite le 21 juin 2005, 70 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (11 946ème position).
Visites : 5 741  (depuis Novembre 2007)

Atmosphère, nostalgie et « vide grenier » !

Finalement, j’ai bien aimé ce livre. Et pourtant, j’ai failli l’abandonner en cours de route. Comme si l’ennui exprimé par certains des personnages me gagnait par empathie. Oui, mais j’avais envie de savoir comment il allait se sortir de ces histoires de famille.
Car, ce sont les histoires familiales qui collent aux objets, les objets qui gardent la mémoire comme la poussière, tenace, collante, impossible de s’en défaire. Si on les jette, ces foutus objets à mémoire, ils reviennent dans vos rêves. Et vous finissez par les chercher sur les foires à tout et autres vide grenier. Pour qu’on en finisse avec l’histoire du passé, qu’on se console et qu’on en invente une autre.
Les histoires de famille sont pesantes parfois. Enfin, moi, je crois. Les miennes le sont. J’imagine qu’il en est de même pour beaucoup. C’est difficile de vider la maison familiale quand on y a longtemps vécu. C’est comme si on voulait oublier, effacer, et rien ne peut s’oublier, surtout tout ce qu’on n’a pas osé dire… Tous ces non dits qui pèsent et qui entravent le futur. Ces silences ou ces cris de colères qui remplissent le grenier des mémoires avec d’horribles araignées.
Alors, je n’ai pas lâché le livre. Parce que cela avait réveillé ma boîte à mémoire, celle que j’aime à garder close pourtant. C’est un peu comme une séance chez le psy, ça fait mal et puis ça fait du bien.
Une semaine pour tirer un trait sur 48 années de vie et finalement, ne pas s’en tirer comme ça si simplement mais esquisser un autre avenir….
Stewart O’Nan sait nous prendre au piège. Un livre à lire au jour le jour, comme cette semaine qui s’y inscrit avec des lenteurs et des accélérations, comme le temps qui passe…
A éviter pour ceux qui détestent la nostalgie.

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Une chronique familiale intimiste

10 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 14 octobre 2013

Que se passe-t-il dans ce long roman de 692 pages, dans ces 8 chapitres, lors de ces 8 journées d’une dernière semaine de vacances en commun dans la maison au bord du lac ? Qu’y lit-on ? Rien de marquant, rien de romanesque, seulement le quotidien d’une famille géographiquement éclatée pendant l’année et qui se retrouve dans ce lieu chargé de souvenirs portant encore les traces de celui qui est mort . Des petits riens, mais qui font tout ......

C’est une sorte de huis clos familial . Même si plusieurs scènes se passent en hors de la maison, les membres du groupe y sont présents, chacun sous le regard des autres .

On accomplit lors de cette dernière semaine une sorte de pèlerinage sur les lieux chargés de souvenirs : le restaurant , le parcours de golf, la forêt, les chutes du Niagara, le lac que l’on sillonne en bateau au grand amusement des enfants…. . On se promène dans un vide-greniers, on va faire les courses, louer un DVD pour la soirée , on prépare un barbecue, on joue aux cartes . C’est la vie, simplement, dans sa banalité, dans sa vérité ……

C’est un roman sans esbroufe, mais Stewart O’Nan y excelle à rendre intéressant et chargé de sens ce qui n’a rien de romanesque . Il rend le lecteur attentif à percevoir tout ce qui se cache sous les conversations, par une attention minutieuse portée aux gestes, aux regards, aux intonations , aux silences , à tout le non-dit, au travers duquel transparaît toute la vie conjugale et professionnelle des personnages, chacun ayant amené avec lui ses tourments, ses fêlures . Y affleure aussi le poids des relations antérieures, des rivalités, des envies , en particulier entre Emily et sa fille Mag , entre le fils Kenneth et son épouse , entre ce frère et sa soeur, entre les cousins .

Pas de scènes d’explications violentes, pas de cris, de claquements de porte, mais l’auteur fait comprendre imperceptiblement par des détails tout ce qui dans leur passé détermine leur attitude présente . Un des charmes de ce roman c’est aussi l’évocation du paysage lacustre, de ses lumières, de ses transformations selon l’heure de la journée . Le lac semble avoir des humeurs tout comme les personnages .

J’ai refermé à regret ce long et lourd roman.

C'est un roman qu’on peut ne pas aimer : c’est un pavé et l’intrigue est lente, minimale et ne comporte ni rebondissements, ni d’aventures , mais pour moi ses qualités essentielles sont sa sobriété, sa mesure et surtout sa justesse dans l’évocation des rapports ordinaires au sein d’une famille le temps d’une dernière parenthèse en commun où chacun fait le point sur ce qu’il est et risque de devenir . Il fonctionne un peu à la manière d’un miroir, chaque lecteur peut se rencontrer dans cette chronique familiale intimiste où se concentre toute une vie .

Une liste de souvenirs

7 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 14 décembre 2011

Henry vient de mourir, sa femme, Emily, invite ses enfants à venir passer un dernier séjour dans la résidence d'été de la famille qu'elle a mise en vente. Un séjour qui, elle l'espère, leur permettra à tous de se recueillir au sein de ce qui fut autrefois un lieu de partage et de bonheur. Ce séjour va se révéler riche pour tous, chacun ayant l'occasion de faire un point sur son passé et sur la place qu'il occupe dans un présent qui n'a pas pris la dimension des espérances qu'ils pensaient pouvoir y trouver autrefois.

Le couple de Ken et Lisa s'est délité au fil des ans, tous les deux semblent s'être perdus au sein de leur relation devenue inaudible. Meg est en instance de divorce, elle lutte pour maintenir une forme de rationalité dans son existence, ne serait-ce que pour préserver ses enfants. Arlene, la belle sœur d'Emily, contemple tout ça de loin, consciente des enjeux qui fourmillent derrière tout cela. Les petits enfants d'Emily sont en proie aux difficultés inhérents à leur âge, ils tentent de percevoir à travers le prisme de l'innocence les événements qui assaillent leurs parents, tout en s'interrogeant sur leurs propres désirs et frustrations.

Les objets occupent une très grande place dans l'esprit d'Emily, jusqu'à en devenir obsessionnels. Ils cristallisent les années passées, chaque objet devenant un symbole de sa vie révolue. Les préserver devient un impératif, une forme d'espoir en leur capacité à laisser une trace de son passage dans ce monde. La liste est prête : une série de verres sérigraphiés, un mixer chromé, une télévision, une commode patinée, une salière et une poivrière en forme de cochon, une bouteille de soda déformée, des clubs de golf, de vieux outils restés neufs.

Comment continuer après la disparition de l'être aimé ? Que reste t-il à un couple en proie aux doutes ? Que faire pour subsister après une séparation ? Quel enseignement peut-on tirer d'une existence de célibataire et sans enfant ? Comment grandir empêtrés dans cette inextricable toile de l'enfance ? Chacun cherche la grande croix sur la carte de l'existence qui recèle ce trésor tant convoité.

On suit au fil des jours les personnages qui tentent de recentrer leurs existences autour des innombrables souvenirs qui ont forgé leurs personnalités, les prenant à revers maintes fois. Un récit intimiste où il ne se passe absolument rien en apparence, et c'est justement ce qui en fait toute sa valeur, car tout réside dans la description minutieuse des sentiments, des non dits, des actes avortés et des moments qui président aux décisions qui n'ont jamais abouti. L'auteur a su trouver le ton juste pour décrire la vie des personnages qui s'avère être à la finale tristement banal, fonctionnant comme un miroir où chacun peut s'y contempler à loisir ou s'y perdre à jamais.

Les souvenirs les plus beaux ne sont pas les plus courts

7 étoiles

Critique de Bidoulet (, Inscrit le 18 octobre 2005, 56 ans) - 29 novembre 2006

On imagine l'inventaire des petits plaisirs minuscules de Delerm appliqué aux relations familiales plutôt qu'aux agréments que procurent la vie quotidienne à travers un croissant au beurre, un bain bouillonnant ou la cigarette et le cappuccino de treize heures. Oui, mais voilà! Stewart O'Nan ne fait pas dans la brièveté. Les souvenirs les meilleurs ne sont pas les plus courts. L'auteur ne se penche pas sur les infimes détails du dialogue et des déchirements qui lient les membres d'une même famille nord-américaine en un nombre limité et supportable de pages. Au contraire, il s'étend, s'épanche, il en fait des caisses : 692 pages tout de même !
Dire que le lecteur s'ennuie ne serait pas la vérité mais c'est cependant un peu long. Restent la minutie et la justesse avec lesquelles Stewart O'Nan décrit les non-dits, les secrets, les ressentiments, les avant et les arrière-pensées, les petites phrases agressives et l'amour caché d'une enfant pour sa cousine.
Ces souvenirs là, s'ils sont les plus beaux de cette famille commune, n'enchanteront pas les amateurs d'aventures et de frissons. Finalement, la vie est banale pour la majorité d'entre nous. Banale n'est pas ici synonyme d'ennui mais plutôt d'ordinaire, de normal, de moyenne en sorte.

nostalgie agréable

10 étoiles

Critique de Mary.nana (, Inscrite le 24 mars 2005, 75 ans) - 7 septembre 2005

j'ai beaucoup aimé ce roman, les jours qui défilent au rythme de la vie, la tristesse sous-jacente qui préside à tous les évènements, la sensation humide et moite que l'on ressent comme si l'on y était plongé, la nostalgie de l'enfance, des illusions perdues, et cet ennui que l'on traîne avec soi même lors des visites touristiques ou des parties de canotage sur le lac! C'est très américain, très attachant, très bien écrit, on imagine les personnages et le décor décrits avec réalisme, bref, j'ai beaucoup aimé!

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