Asiles de fous de Régis Jauffret
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Rupture à quatre voix
Il vient de la quitter, sans préavis. Lâchement, il a envoyé son père à sa place, retournant dans le giron parental. Ce dernier prend le prétexte d’un robinet à changer pour annoncer à la jeune femme la décision de son fils, dont il récupère non sans mal les affaires. Elle n’est qu’incompréhension, et, comme une harpie, harcèle de ses reproches tous les hommes qu’elle rencontre. Arrive la mère, frustrée de cette rupture qui s’est faite sans elle…
Distillant un cynisme et un humour au vitriol qui nous avaient explosé à la figure dans « Univers, univers », Régis Jauffret remet le couvert avec l’histoire de cette séparation pleine de sarcasmes, avec cette fois un quatuor de voix aussi névrosées les unes que les autres. Un « asile de fous » moins enthousiasmant que le précédent, l’effet de dérangement dans les habitudes de lecture s’étant émoussé. Un roman qui dérange malgré tout, qui se démarque des autres, bien sûr. Un auteur à suivre.
Les éditions
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Asiles de fous [Texte imprimé], roman Régis Jauffret
de Jauffret, Régis
Gallimard / BLANCHE
ISBN : 9782070775347 ; 16,75 € ; 22/08/2005 ; 211 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (8)
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Famille = folie ?
Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 1 mai 2010
Puis le père de Damien entre en scène et nous raconte comment, sous le prétexte fallacieux de remplacer un robinet qui fuit, il est venu signifier à la jeune femme cette rupture car son courageux fils n’osait le faire lui-même. Et quand la mère de Damien prend la parole pour donner sa version de cette histoire, le lecteur ne sait plus comment démêler le vrai du faux, mais est convaincu d’avoir affaire à une famille de fous. Névrose, hystérie, schizophrénie, sont quelques-uns des termes qui viennent à l’esprit au cours de cette lecture, durant laquelle le lecteur se perd dans les méandres des esprits tortueux de ces protagonistes pour le moins perturbés.
Il faut dire que Régis Jauffret s’amuse beaucoup à brouiller les pistes dans cette histoire, et ce que l’on croit savoir n’est plus vrai dès qu’un nouveau narrateur entre dans la danse. Jusqu’au bout, on ne peut être sûr de savoir si ce que l’on vient de lire est réel ou non. Cela peut amuser ou agacer, plaire ou déplaire. J’avoue que je suis restée perplexe, tout comme je l’avais été en lisant Microfictions que j’avais abandonné en cours de route. Pour autant l’écriture est belle et le roman contient de nombreuses phrases succulentes. Quant au jeu de construction de la narration, selon le principe des poupées gigognes, il ne pouvait que me séduire, moi qui aime tant les histoires chorales.
N'est pas fou qui veut!
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 24 avril 2006
En soi, ces quelques mots paraissent évidents. On a tous au moins une fois entendu autour de nous que dans chaque famille se cachent des secrets et des folies.
Quelle belle matière à réflexion pour Régis Jauffret qui n'a qu'à se servir, la folie étant par excellence ce qui permet d'écrire tout, du pire au meilleur, sans limites et sans contraintes. Liberté totale!
Donc Jauffret se lâche, en tout cas il essaie. Sans pour autant accéder à la réussite en bout de parcours. Parfois trop long, trop laborieux, comme si l'auteur lui-même se perdait dans la folie de ses protagonistes. Comme si il était trop figé, trop rangé, trop sérieux pour véritablement s'imprégner de la folie et de la dose de liberté quasi magique que cela comporte. Du coup, je me suis un peu ennuyée, j'ai même baillé, en me disant que si Jauffret écrit bien, ça ne suffit pas pour qu'il arrive à imiter la folie. Hé non, n'est pas fou qui veut!
Il y a bien du délire, des robinets à changer qui demandent dix pages d'attention, de l'agacement, de la haine, de l'amour et pas mal de petits détails qui méritent d'être explorés une seconde fois afin de réaliser à quel point ils peuvent être importants dans le basculement d'une vie. Mais il y a aussi tout le reste et là, c'est moins heureux. Cette désagréable impression que Jauffret sait/croit qu'il écrit bien et dès lors, pourquoi se fatiguer et trop en faire, inutile de changer une recette gagnante. Sauf que parfois, on a envie de varier le goût de la soupe et ici, les clichés et facilités sur la famille ("Familles, je vous hais!", ce n'est pas donné à tout le monde) donnent à l'ensemble une saveur de déjà vu un peu bâclé et pas bien exceptionnel.
Autopsie d'une rupture
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 26 mars 2006
Arrive ensuite, plein de maladresse et de fausse gentillesse, le père de Damien avec sa clef à molette pour réparer le robinet fuyant de sa belle-fille mais aussi pour lui annoncer cruellement la rupture.
La mère de Damien viendra encore éclairer cette cacophonie familiale d'un jour nouveau. La mère : un personnage autoritaire, assez rosse, capable de dévider les méchancetés les plus crasses sur tous ceux qui l'entourent. Petit florilège : " Nous nous sentions humiliés que notre fils partage la vie d'une femme pourvue d'un physique inférieur au sien…. J'ai toujours caché à mon époux ce léger mépris que j'éprouvais envers lui, non pas envers lui en particulier, mais d'une manière générale, puisqu'il était homme, père, c'est-à-dire rien si je le comparais à moi-même". La mère, un personnage schizophrène, qui passe du rôle de mégère non apprivoisée à celui de mère possessive et castratrice pour finalement jouer les belles mères complices. Le fils, un brin paumé, clôturera ensuite cette série de règlements de compte.
De ce roman, régis Jauffret est le marionnettiste, tirant toutes les ficelles, faisant évoluer ses personnages comme il l'entend, n'interdisant rien à sa plume. Les protagonistes partent tous dans des soliloques à la méchanceté féroce, débitant leurs misères quotidiennes, leurs frustrations affectives et sexuelles. Et on glisse dans leurs pensées troubles grâce à une écriture maîtrisée, audacieuse, souvent jouissive. Un écrivain qui d'un rien, d'une idée vague, peut sortir toutes les potentialités. Dans "Promenade", il imaginait les 10 000 vies conditionnelles d'une promeneuse solitaire. Avec "Asiles de fou", il transforme une rupture en une véritable guerre de tranchée.
Et de nous quitter : "Vous avez dû trouver cette famille étrange, mais plus encore que les histoires d'amour, toutes les familles sont des asiles de fous".
Dans quel état j'erre ?
Critique de Sparkling Nova (Paris, Inscrite le 6 juillet 2005, 41 ans) - 6 mars 2006
L'idée de départ (une rupture annoncée par les beaux-parents et narrée à 4 voix) est bonne. Mais rapidement, les délires verbaux prennent le pas sur l'ensemble.
Que comprendre de ces monologues vulgaires et prétentieux ? Est-ce une critique ratée de la famille, du confort bourgeois, des couples fusionnels ? J'ai cherché en vain un sens à ce tas de mots malsains et désordonnés.
Mais y-a-t-il seulement un message à découvrir?
Par respect pour l'auteur, je dirai donc que son style ne me plaît pas. Tout ce que j'ai retiré de ce livre, c'est une bonne migraine et le regret de 2h perdues. Et aucune envie de découvrir les autres ouvrages de Monsieur Jauffret.
Désordre familial
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 22 février 2006
Il est difficile de discerner le but l’auteur - dénoncer cette bourgeoise encrassée qui a le luxe d’être névrosée jusqu’à l’os? Ou peut-être s’agit-il d’une thérapie personnelle? Quoi qu’il en soit, c’est affligeant et déprimant. L’écriture enragée offre quelques moments percutants, mais le manque de nuances, et les références anatomiques / scatologiques omniprésentes rendent le tout répétitif et agressant.
(prix Fémina 2005)
Pas terrible
Critique de Zondine (, Inscrite le 24 septembre 2005, 57 ans) - 30 janvier 2006
Logorrhée indigeste
Critique de Maria-rosa (Liège, Inscrite le 18 mai 2004, 69 ans) - 11 janvier 2006
En donnant à son livre le titre "asiles de fous", il me semble que Regis Jauffret s'autorise d'entrée de jeu à dire n'importe quoi, n'importe comment. Il éclate et éclabousse à tour de bras mais quoi au juste ? La famille, les relations de couple ? Cela a déjà été dit, à maintes reprises, par des écrivains plus doués, avec beaucoup plus de talent et de drôlerie.
Très, très, très français, cuvée contemporaine débile. Vraiment pas mon truc.
Le meilleur roman de cette rentrée?
Critique de Jpoix27 (saint-Etienne de tulmont, Inscrit le 27 septembre 2005, 56 ans) - 30 septembre 2005
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