L'oiseau d'Amérique / L'oiseau moqueur de Walter Tevis
( Mockingbird)
Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique , Littérature => Anglophone
Moyenne des notes : (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : (3 300ème position).
Visites : 5 953 (depuis Novembre 2007)
Triste avenir pour l'humanité...
Ce livre nous présente une vision mécanisée, robotisée et inhumaine de notre société. L'homme est devenu tellement dépendant de ses robots qu'ils l'ont presque réduit en esclavage en l'assommant de pilules anxiolytiques et contraceptives. La loi du chacun pour soi domine, tout contact interhumain est interdit et puni, la lecture et les livres n'existent plus depuis longtemps... L'humanité se meurt, diminution de la population, suicides à répétitions...
Seuls réagiront un robot, le plus intelligent de tous, qui se rendra compte de cette décadence, ainsi que deux humains, un homme et une femme, qui rejetteront ce système et réapprendront à lire et à s'aimer normalement en redécouvrant les valeurs de notre société actuelle...
Vive critique des dangers de la modernité et de l'égoïsme grandissant de notre société, ce livre, au-delà des aventures des protagonistes, nous propose d'intéressantes réflexions sur l'évolution et l'avenir de l'humanité... Et même si le ton est d'un pessimiste déprimant, l'auteur nous montre que cette évolution dramatique n'est pas inéluctable, mais qu'au contraire tout dépend de notre volonté et de nos convictions, et les passages pleins d'espoirs sont là pour nous le rappeler...
Un très bon roman d'anticipation...
Les éditions
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L'oiseau d'Amérique [Texte imprimé] Walter Tevis traduit de l'américain par Michel Lederer préface d'André-François Ruaud
de Tevis, Walter Ruaud, André-François (Préfacier) Lederer, Michel (Traducteur)
Gallimard / Folio. Science-fiction.
ISBN : 9782070306251 ; 14,02 € ; 30/06/2005 ; 386 p. ; Poche -
L'oiseau moqueur
de Tevis, Walter Lederer, Michel (Traducteur)
Gallmeister
ISBN : 9782351787748 ; 10,40 € ; 07/01/2021 ; 336 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (7)
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Un monde régi par les robots
Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans) - 6 février 2021
L’une des grandes singularités du roman, c’est le rôle accordé aux robots et, en particulier, à l’un d’eux nommé Robert Spofforth. Oui, un nom d’humain pour un robot, d’autant plus qu’on a affaire à un spécimen de classe 9, autrement dit l’élite de ces créatures. L’action du roman se situe aux États-Unis, à New-York et autres lieux, en l’année 2467. Or les robots, nous fait comprendre le récit, ont été construits bien longtemps auparavant et leurs concepteurs les ont perfectionnés de plus en plus, jusqu’à ce niveau de classe 9, un niveau où les robots ont été conçus, voulus, à l’image de l’homme. En somme, l’homme s’est mis à la place de Dieu, créant des créatures à son image à lui.
Or, à partir de ce moment-là, tout s’est déréglé, le monde s’est engouffré dans une logique folle et suicidaire. On a certes cessé de construire des robots, mais le mal était fait. Et, dans le monde tel que l’a imaginé Walter Tevis, les robots ont pris toute la place. Ils gouvernent tout, font tout, contrôlent tout. Mais ils sont à la fois forts et faibles. Ils peuvent s’en prendre à un humain insubordonné, voire l’arrêter, mais sont limités par leur propre programmation. Il leur arrive aussi de tomber en panne, tout en étant capable de s’autoréparer. Pour un robot de classe 9 comme Spofforth, la crème des robots, les concepteurs sont allés aussi loin qu’ils le pouvaient en intégrant dans son système le schéma de connaissances d’un cerveau humain. Spofforth semble même avoir des sentiments, mais il peut aussi ressentir une fatigue telle qu’il voudrait en finir et se suicider. Comment faire cependant quand on a été programmé pour vivre sa vie de robot sans jamais en finir ?
C’est en lien avec Spofforth que se situent les deux autres personnages principaux du roman : Paul Bentley et Mary Lou. Tous deux, précisément, empruntent des chemins qui les marginalisent par rapport aux normes que les robots sont chargés de faire appliquer. D’une part, parce que, dans un monde où les livres sont interdits et où, de ce fait, on n’apprend même plus à lire, Paul et, à sa suite, Mary Lou découvrent, par leurs propres moyens, en autodidactes pourrait-on dire, le bonheur d’apprendre à lire afin d’être lecteur et lectrice. Des livres, en effet, ils réussissent à en trouver dans des lieux où ils sont cachés. Non seulement des livres d’ailleurs, mais aussi des films muets des débuts du cinéma, films qui, pour être compris, obligent à savoir lire les intertitres. C’est un monde disparu, c’est une somme immense de connaissances, qui datent d’avant ce que, dans le monde géré par les robots, l’on appelle « la mort de la curiosité intellectuelle », que, médusés, découvrent les deux humains. Ils le font à leurs risques et périls car les robots veillent et, bientôt, les font arrêter, juger (ce qui donne lieu à des pages à la fois effrayantes et cocasses, effrayantes du fait des moyens dont on se sert, cocasses parce qu’il faut, au préalable, par exemple, nettoyer un juge plein de poussière) et condamner. C’est surtout Paul qui paye les pots cassés, au point qu’il écope de six ans de prison, dont deux de travaux forcés. Mais, bien décidé à ne pas demeurer prisonnier sur une aussi longue durée, Paul réussit à s’évader, ce qui donne lieu à des pages parmi les plus captivantes du roman. Il s’agit, en effet, pour le fugitif, de survivre dans un environnement hostile quasiment vide d’humains, si ce n’est une étrange communauté d’hommes et de femmes qui se déclarent « chrétiens », ce qui donne l’occasion à Paul de faire valoir, à la surprise générale, ses capacités de lecteur. Il faut noter, à ce propos, que, parmi les livres trouvés par ce dernier, figure une Bible, qu’il essaie de décrypter et de comprendre, lui à qui l’on n’avait jamais enseigné qu’il pouvait y avoir un Dieu.
Quant à Mary Lou, restée seule avec Spofforth, qu’elle appelle volontiers Bob, il se passe en elle, dans ses entrailles, quelque chose de totalement inattendu : elle est enceinte ! Pour en mesurer la surprise, il faut savoir que, dans le monde tel que l’a imaginé le romancier, non seulement la population terrestre a considérablement chuté, mais, de plus, il n’y a plus de naissance depuis une trentaine d’années. Les humains sont désormais stériles, pour une raison qui trouve son explication au cours du récit. Tous, sauf Mary Lou ! Mais que peut devenir l’enfant à naître, dans un monde où le genre humain tout entier est en péril (plus d’un, d’ailleurs, préférant se suicider plutôt que d’attendre la mort inéluctable).
Je n’en dis pas davantage afin de ne pas trop dévoiler les nombreuses, passionnantes, trépidantes aventures contées dans ce roman. Un roman qui parvient admirablement à concilier les péripéties et les questionnements de fond. Un roman qui, sous couvert d’anticipation, nous interroge, nous, les humains du XXIème siècle, sur ce que nous construisons et programmons, en particulier quant aux multiples avancées scientifiques et à leur potentiel vertigineux. Walter Tevis l’écrit : des sociaux-ingénieurs ont « tout programmé dans le passé, inventant un monde censé être sans pauvreté, sans maladie, sans dissension, sans douleur (…), un monde rendu possible par les pouvoirs de la technologie et de la compassion. » Or, dans ce monde aseptisé, il manque l’essentiel, ce que Paul Bentley résume ainsi : « Ce que je voulais, ce que je désirais, ce que j’avais toujours désiré, c’était être aimé. Et aimer. Et ce mot, on ne m’avait même pas appris qu’il existait ».
Robots et compagnie.
Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 12 août 2009
Lecture vite faite, lecture bien faite
Critique de Jean Meurtrier (Tilff, Inscrit le 19 janvier 2005, 49 ans) - 12 juin 2007
Il est louable de présenter les livres comme remède à la déchéance. Mais l’auteur prête beaucoup de vertu à une forme de communication prise indépendamment de son contenu. Je ne m’explique pas l’émoi qu’a pu provoquer chez Paul un simple manuel de jeu d’échecs.
Il y a d’autres raisons d’être sceptique, comme le sevrage rapide des drogues. Et comment expliquer que cette société anesthésiée ne soit pas soumise à une dictature ou au mieux à une élite (humaine) bienveillante? Ce livre suppose la disparition consciente de l’ambition. Je ne peux pas imaginer les concepteurs de robots sophistiqués se dire «Voilà nous avons terminé. Prenons quelques sopors, perdons toute lucidité et rejoignons le peuple dans son hébétude.»
Si je ne crois pas un instant à l’hypothèse de base, l’histoire est correctement développée, bien que globalement prévisible. «L’oiseau d’Amérique» se lit sans difficulté mais soulève d’autres questions que celles attendues.
Enfin
Critique de Klein (, Inscrit le 16 octobre 2004, 60 ans) - 26 janvier 2007
Car n'est-ce pas le meilleur des mondes que de ne pas être importuné par son prochain, de ne pas souffrir, de vivre pour soi ???
Enfin également un livre de spéculative-fiction (SF où l'on transpose dans le futur une problématique d'aujourd'hui, ici l'isolement des êtres humains, le trop grand confort et la dénatalité) ...
L'agonie de l'Humanité n'a-t-elle pas commencé ?
En un mot : superbe !
Merci Kristophe d'avoir mis cette critique.
L'oiseau moqueur
Critique de POOKIES (MONTPELLIER, Inscrit le 16 août 2006, 47 ans) - 11 novembre 2006
Enfin un livre qui propose une réelle réflexion sur nos conditions humaines sans être rébarbatif.
Ce roman est à lire d'urgence, même pour les moins férus de littérature.
Mort programmée
Critique de Dr. Jack (, Inscrit le 23 juillet 2006, 35 ans) - 23 juillet 2006
Spofforth, lui, ne peut s’offrir ce luxe. L’androïde le plus intelligent construit par l’homme, plus humain que ses créateurs, ne désire que mourir, mais cela lui est impossible. Administrateur de New York, ville quasiment déserte, lui seul arrive encore à faire tourner toutes les mécaniques nécessaires à l’homme. Mais est-ce bien vrai ? Et le veut-il vraiment ?
Mais tout n’est peut être pas perdu : dans un dernier sursaut, un homme et une femme grâce à la lecture, redécouvrent l’amour et la vie à deux.
N’est-il pas déjà trop tard ?
Dans la lignée d’un 1984 de George Orwell, Walter Tevis brosse pour l’humanité un futur qui est, mine de rien, beaucoup plus noir que ce dernier. Ici, aucune dictature sanguinaire et de surveillance omniprésente : L’ennemi de l’homme dans ce roman, c’est lui-même, prisonnier de son cocon soyeux. Même si le rythme du récit est parfois un peu lent, on se rend compte qu’il sert plutôt bien une histoire tout en longueur où l’auteur s’attache à décrire la psychologie des personnage, et surtout leurs évolutions.
Vingt ans après L’oiseau tombé du ciel, Tevis nous pond un deuxième chef-d’œuvre, un roman assez semblable au premier, mélancolique et désabusé, et bien que les deux sujets ne présentent que peu de ressemblance, on ne peut s’empêcher de retrouver dans L’oiseau d’Amérique le même désespoir que ressent un être face à un monde qui ne lui correspond pas, ou qui le lasse. Part d’autobiographie ? Qui sait, mais après avoir lu ces deux livres, on ne peut que regretter que l’auteur n’ait eu le temps d’en publier plus.
HYMNE A LA LECTURE
Critique de Channe01 (, Inscrite le 21 juin 2005, 70 ans) - 28 août 2005
Un livre qui devrait être à l'honneur dans toutes les bibliothèques publiques.
On peut poursuivre sur cette thématique avec "Un cantique pour Leibowitz” et la suite "l'héritage de saint Leibowitz” de Walter M. Miller chez Denoël ou chez folio SF. Ainsi qu'avec "Chronique du pays des mères" de Elisabeth Vonarburg en Livre de poche.
Toujours sur le thème de la transmission de la mémoire, la trace de l'histoire...
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