Une heure avant la fin du monde de Joseph Roth
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Fin d'une société
Joseph Roth était écrivain et journaliste, c'était également un incroyable militant qui livra des réflexions désespérées et lucides sur l'effondrement de la société dès les années 20. A travers ces chroniques rédigées entre 1924 et 1938 réunies chez Liana Levi, on prend de plein fouet le cri de désespoir et d'urgence de Joseph Roth qui hurle au danger face à la montée d' Hitler, face à l'idéologie nazie dont il décèle rapidement les horreurs et surtout, qui tente en vain de secouer les juifs d'Allemagne qui pensent que, parce qu'ils sont Allemands, ils seront épargnés. Illusion complète qui fait enrager Joseph Roth.
C'est un texte très violent, noir et obscur, chargé de haine contre l'oppresseur nazi et l'anéantissement qui se profile pour toute une société. Chargé de tristesse aussi. Roth enrage devant cet optimisme juif allemand qui le met en boule mais le décourage complètement. Comment faire comprendre à tous ces gens que c'est sans doute la mort qui les attend, eux dont la plupart sont des intellectuels et qui ne voient rien ou presque du danger qui les guette.
C'est un autre discours que celui de Primo Levi mais ça secoue de la même manière, ça incite à la réflexion et à un recul nécessaire pour se mettre à la place de tous les acteurs de cette époque et comprendre les motivations de chacun. Pas toujours évident.
Les éditions
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Une heure avant la fin du monde [Texte imprimé] Joseph Roth textes trad. de l'allemand et annotés par Nicole Casanova
de Roth, Joseph Casanova, Nicole (Editeur scientifique)
Liana Levi / Histoire et essais
ISBN : 9782867463464 ; 14,00 € ; 02/01/2004 ; 160 p. ; Broché
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Joseph Roth, un témoin de son temps
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 18 janvier 2019
L'auteur met en garde les lecteurs. Il assiste à la montée du national-socialisme, se méfie très vite de cet Hitler et des hommes qui l'entourent. Il pressent des drames à venir et la chute de l'Autriche. L'effondrement de l'empire austro-hongrois a déjà suffisamment affecté l'auteur. Voir l'Autriche tomber sous l'emprise de ce tyran est une défaite terrible pour Joseph Roth. Dans ses textes Joseph Roth est d'une extrême franchise et affirme ses idées clairement. Il n'hésite pas à écrire à un gouverneur pour lui donner son point de vue et accabler de reproches ce même homme. Quand il est critiqué ou incompris, il prend sa plume pour faire paraître une réponse argumentée dans la presse. La situation des Juifs l'interpelle. Il s'en inquiète tout en ne tombant pas dans un manichéisme naïf. Il évoque aussi le Prater, ce quartier où figure un grand parc d'attraction où figurait "la chambre de l'épouvante", sauf que désormais plus besoin de décors factices pour impressionner, ce lieu célèbre viennois a connu des scènes atroces qui sont malheureusement bien réelles.
Joseph Roth ne se contente pas de décrire et de constater, il problématise, explique et analyse. Son texte sur la propagande est intéressant. L'on sent sa volonté de décrypter le mal nazi et de donner des clés pour ne pas se laisser tromper par ces discours manipulateurs. L'intellectuel est celui qui dit et qui agit. Il s'intéresse dans certains textes à des figures artistiques et sur l'acte d'écrire sous le IIIe Reich. Les propos de l'auteur sonnent comme des avertissements, des mises en garde, voire des secousses électriques afin d'éveiller les consciences. Ses textes se font ironiques, parfois polémiques. Les mots sont des armes quand il faut résister.
Les textes de Roth sont de très bonnes analyses et permettent de mesurer de l'intérieur la montée du national-socialisme. Cette lucidité est glaçante et donne à voir un monde qui bascule alors même que des consciences éclairées expriment avec courage leur méfiance.
Écrivain en exil
Critique de Chene (Tours, Inscrit le 8 juillet 2009, 54 ans) - 29 août 2012
Joseph Roth est meurtri de voir ce que le IIIe Reich a fait de l’Autriche. Avec l’anchluss, l’Autriche est devenue une province allemande : l’Ostmark.
L’orateur de l’apocalypse : Goebbels s’est employé à détruire le génie de Vienne. Pour Joseph Roth, les hommes du IIIe Reich ne sont que des barbares germaniques incultes et destructeurs. Pour lui l’Allemagne doit tout aux juifs. Notamment les arts allemands que les juifs ont fait connaître au monde, mais aussi les sciences.
Dans ces articles Joseph Roth conteste également le sionisme. Les juifs ne doivent pas être enfermés dans un territoire limité. Les juifs doivent rester des citoyens du monde parmi toutes les races, être cosmopolite c’est le destin du peuple juif car ils ont pour mission de donner Dieu au monde. C’est de ce monde disparu dont Joseph Roth nous parle.
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