Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès

Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Giny, le 14 août 2005 (Casablanca, Inscrite le 26 avril 2005, 36 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (26 959ème position).
Visites : 4 265  (depuis Novembre 2007)

Etrange mais intéressant

Etrange comment ce court livre(60 pages) met en scène 2 entités différentes, mais pourtant complémentaires: un dealer et un client.

Au hasard d'une rue, ébauche d'un dialogue entre ces 2 personnalités, le dealer tout d'abord qui décrit son rôle absolument nécessaire au client, il représente le désir, lui seul peut le prodiguer, il compare les hommes aux animaux, dans cette jungle mercantile.

Un court extrait d'une réplique du dealer: "dites-moi la chose que vous désirez et que je peux vous fournir, et je vous la fournirai doucement, presque respectueusement, peut-être avec affection; puis, après avoir comblé les creux et aplani les monts qui sont en nous, nous nous éloignerons l'un de l'autre, en équilibre sur le mince et plat fil de notre latitude, satisfaits au milieu des hommes et des animaux insatisfaits d'être hommes et insatisfaits d'être animaux".

Voilà donc un dialogue qui tourne autour du désir et de la dépendance, très bien écrit, quoiqu'un peu court.

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LE DEALER ET LE CLIENT...

6 étoiles

Critique de Septularisen (Luxembourg, Inscrit le 7 août 2004, 56 ans) - 2 janvier 2012

Cette pièce de théâtre n’est au fond qu’un long dialogue plus ou moins surréaliste entre deux personnages.
D’un côté le Dealer celui qui a quelque chose à vendre, le pourvoyeur, on ignore ici exactement ce qu’il veut vendre, bien qu’on peut légitimement penser qu’il s’agit de stupéfiants…
De l’autre le Client, celui qui veut acheter, et qui vient quémander quelque chose, bien que pendant toute la pièce on ne saura à aucun moment si il va finalement passer à l’acte…

Voilà les bases sont posées, s’engage donc entre eux un dialogue qui aborde plus ou moins tous les points de vue entre l’acheteur et le vendeur… on passera donc par une phase philosophie, on parlera de techniques de ventes, de respect mutuel entre celui qui cherche quelque chose et celui qui a quelque chose à offrir, du contact qui se lie entre les deux, de métaphysique, etc etc…

Le dialogue n’est pas dépourvu d’intérêt, mais le livre est difficile à lire et mérite une attention constante, et ne souffre d’aucun relâchement dans la lecture… La concentration est de mise, et ce livre n’est donc pas à lire tard le soir quand on est fatigué!..
Le livre, ainsi que le dialogue entre les deux personnages présente toutefois des «hauts et des bas», avec des moments très intéressants et certains qui frisent un peu le ridicule… Je dirai presque qu’a trop vouloir étreindre mal embrasse et que Bernard-Marie KOLTES, malgré son immense talent, unanimement reconnu de par le monde, s’est malheureusement ici laissé bien prendre par la solution de facilité… le saupoudrage d’un peu de tout et avec un peu n’importe quoi et que donc le livre tourne un peu à la «philosophie de cendrier» et perd un peu de son intérêt…

Un récit parfois un peu confus, parfois très touffu, mais un récit qui en vaut la peine !...

L'interaction des désirs

8 étoiles

Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 53 ans) - 10 juin 2011

Un dealer aborde un client, dans la rue, à la nuit tombée. Les deux et uniques personnages sont dénommés ainsi puisque l’un (le dealer) est certain de posséder quelque chose que l’autre (le client) désire.
Ainsi le client est assujetti au dealer à partir du moment où ce dernier détient ce qu’il convoite, mais le dealer n’en est pas moins tributaire du désir du client.
C’est le théâtre de l’interaction des désirs (car il s’agit bien de théâtre ici) qui s’affrontent dans ce qui ressemble fortement à un duel (« Alors, quelle arme ? » est la phrase de conclusion.)
De belles joutes verbales, à grand renfort de métaphores animalières, où les dialogues sont plutôt élaborés en longs monologues qui se répondent l’un à l’autre.
A mi-chemin entre philosophie et sociologie, le texte est riche de sens, et non dénué de poésie.
Un langage très imagé, où surgissent des aphorismes qui suscitent la réflexion sur le petit comme le grand commerce de la vie.

Petits instants choisis :

« Le marchand que l’on vole est plus jaloux que le propriétaire que l’on pille. »

« (…) par haine des animaux et par haine des hommes, je préfère la loi et je préfère la lumière électrique et j’ai raison de croire que toute lumière naturelle et tout air non filtré et la température des saisons non corrigée fait le monde hasardeux. »

« Car je sais dire non et j’aime dire non, je suis capable de vous éblouir de mes non, de vous faire découvrir toutes les façons qu’il y a de dire non, qui commencent par toutes les façons de dire oui, comme les coquettes qui essaient toutes les chemises et toutes les chaussures pour n’en prendre aucune, et le plaisir qu’elles ont à les essayer toutes n’est fait que de plaisir qu’elles ont de toutes les refuser. »

« Plus un vendeur est correct, plus l’acheteur est pervers ; tout vendeur cherche à satisfaire un désir qu’il ne connaît pas encore, tandis que l’acheteur soumet toujours son désir à la satisfaction première de pouvoir refuser ce qu’on lui propose. »

« (…) ne me refusez pas de me dire l’objet, je vous en prie, de votre fièvre (…), dites-la comme on la dit à un arbre, ou face au mur d’une prison, ou dans la solitude d’un champ de coton, dans lequel on se promène, seul, la nuit. »

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