La Ballade du café triste de Carson McCullers
( The ballad of the sad café)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Un destin tragique, des nouvelles envoûtantes
Après avoir lu la préface et découvert le destin tragique de Carson McCullers, on apprécie encore plus les nouvelles de ce recueil et on a envie de lire le reste de sa bibliographie (limitée). La nouvelle principale, en longueur et en notoriété, est celle qui a donné son nom au recueil. La 'Ballade du café triste' est l'histoire d'un étrange triangle amoureux dans lequel chaque personnage éprouve un amour douloureux car non réciproque pour un autre.
Amélia, propriétaire d'un café dans une petite ville du 'sud profond' américain, est amoureuse de son cousin, un nain bossu qui débarque de nulle part et qui amène avec lui la joie et l'animation dans le café et la ville. Le nain est lui entièrement dévoué à l'ancien mari d'Amelia, un personnage dangereux qui ne répond à cet amour que par le mépris et les moqueries, lui même souffrant de son mariage raté avec Amelia.
L'auteur nous donne une vision sombre et triste de l'amour, selon laquelle l'amour conduit inexorablement la personne qui aime à une plus grande solitude. Une histoire bizarre qui laisse un arrière-goût indéfinissable, mélange de tristesse et de mélancolie, dont l'action se déroule dans une petite ville à l'atmosphère de désolation très bien rendue. Dans 'Wunderkind', une nouvelle en partie autobiographique, Carson McCullers exprime les sentiments d'une adolescente considérée comme un virtuose par son professeur de musique; les tourments de la jeune musicienne face à la pression qui en résulte sont exprimés de manière très belle.
Les éditions
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La ballade du café triste [Texte imprimé], et autres nouvelles Carson McCullers trad. de l'anglais, États-Unis, par Jacques Tournier
de McCullers, Carson Tournier, Jacques (Traducteur)
Stock / La Cosmopolite (Paris).
ISBN : 9782234053427 ; 8,50 € ; 01/03/2001 ; 260 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (4)
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La détresse de Carson.
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 11 novembre 2017
La Ballade du café triste (The Ballad of the Sad Café) est un recueil de 7 nouvelles publié en 1951.
Nouvelle qui donne son titre au recueil, "La Ballade du café triste" donne le ton. On retrouve les thèmes chers à l'auteur; Amour et immense solitude.
Amélia Evans, son ex mari Marvin Macy et "cousin Lymons" (un bossu insignifiant qui se réclame de la famille d'Amelia) sont les 3 principaux personnages.
Amélia n'est pas véritablement belle mais elle est intelligente, déterminée et influente. Marvin est un homme à qui on ne résiste pas. A la surprise générale, il s'éprend d'Amélia et la blessure qui résulte de cet amour déçu va le transformer radicalement. Il devra se venger.
C'est Cousin Lymons qui retient toute l'attention d'Amélia. Pour lui, avec lui, elle transforme son établissement en café à succès. Après bien des années, le mari et la femme se retrouvent, se déchirent à nouveau. C'est un règlement de compte à mains nues, un combat de coqs qui met fin au récit.
Carson McCullers met en scène sa propre histoire d'amour conflictuelle. Un amour à jamais gravé au plus profond de son coeur même si le quotidien fut agité.
Une nouvelle "d'ambiance" où se mêlent harmonieusement chaleur humaine, amour et désespérante solitude.
Un très bon moment de lecture.
Parlez-moi d'amour...
Critique de Ellane92 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 49 ans) - 22 avril 2015
Dans cette première nouvelle au titre envoutant, Carson McCullers parle beaucoup d'amour ; elle évoque avec beaucoup de force et de pudeur celui qui aime, celui qui est aimé, et bien sûr, celui qui aime mais n'est pas aimé en retour. Mais elle évoque aussi, en filigrane, la différence, celle d'Amélia le garçon manqué et celle du cousin Lymons, le nain, une certaine conception difficile de la sexualité, et surtout, sous toutes ses formes, la solitude, qui réconforte et fait souffrir. Dans d'autres nouvelles, elle évoque la rébellion d'une enfant dont on veut faire un musicien prodige, la folie d'une femme ordinaire qui se débat dans une déroutante réalité, ou encore ces petits malentendus entre un homme et une femme, lorsqu'on ne se voit plus à force de se voir, lorsqu'on renie les difficultés de l'autre (Un problème familial).
J'ai beaucoup aimé la pureté qui ressort de ces nouvelles, l'acceptation que font les personnages de leurs choix, quitte à boire leur coupe jusqu'à la lie. La violence des sentiments et des situations contraste avec l'écriture élégante, tout en retenue, parfois poétique, de l'auteur. Avec beaucoup de talent, en quelques lignes, Carson McCullers évoque des situations et des personnages très réalistes, et le lecteur observe, impuissant, le déroulement des drames qui sont sur le point de se jouer.
Une fois n'est pas coutume, j'ai eu l'impression que Carson McCullers mettait beaucoup d'elle, de sa vie, dans ces nouvelles, qu'elle livrait sa compréhension et sa souffrance de femme pas tellement heureuse. J'ai ressenti de la peine pour cette femme au-delà de l'auteur, mais aussi de l'admiration, pour cet "artiste" qui est allée jusqu'au bout de ses convictions, en refusant le "destin" tout tracé qui l'amenait vers la musique pour devenir écrivain.
Un recueil de grande qualité, déroutant et mélancolique, à découvrir.
Car, s'il faut avouer toute la vérité, la plus cruelle, la plus secrète, pour la plupart d'entre nous, être aimé est insupportable. Celui qui est aimé à toutes les raisons de craindre et de haïr celui qui aime. Car celui qui aime est tellement affamé du moindre contact avec celui qu'il aime qu'il n'a de cesse de l'avoir dépouillé, dût-il n'y trouver que douleur. [La ballade du café triste]
Douceur rêveuse de la neige qui tombe – le silence de la ville, l'avez-vous connu si profond ? [La ballade du café triste]
"Sais-tu par où l'homme devrait commencer à aimer, fils ?"
Le garçon était attentif, tout petit sur son tabouret. Il remua doucement la tête. Le vieil homme se pencha et murmura :
"Une pierre, un arbre, un nuage." [Une pierre, un arbre, un nuage]
La tristesse de Carson
Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 26 octobre 2013
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C'est ainsi que commence cette triste ballade, et la sombre histoire de miss Amelia au visage comme en ont les figures qu'on croise dans les rêves- blafard, asexué, deux yeux gris en croix, tournés l'un vers l'autre suivant un angle si aigu qu'ils ont l'air de se renvoyer le regard immense et secret de la douleur.
Dans la préface , Jacques Tournier , en parlant des relations entre Carson ( un prénom de garçon donné par sa mère qui voulait un garçon ) et son mari Reeves, cite un extrait de l'ouvrage Le Coeur hypothéqué:
L'amour-passion, individuel ( le vieil amour de Tristan et Yseult, l'amour d'Eros) a moins de prix que l'amour de Dieu, l'amitié ( l'amour d'Agape, dieu grec des banquets, Dieu de l'amour fraternel), l'amour de l'être humain . C'est ce que j'ai essayé de montrer dans La Ballade du café triste, à travers l'étrange amour que miss Amelia porte au petit bossu , Cousin Lymon.
Je n'ai lu cette préface qu'après, mais c'était pour moi une évidence que cette histoire - mariage avec un presque inconnu, tragique découverte de la sexualité et de ce qu'elle implique, camaraderie fraternelle avec le petit bossu, puis ultime trahison- nous racontait très clairement ce que représentait la sexualité pour Carson Mc Cullers..
Il y a très longtemps que j'ai lu Frankie Addams et Le coeur est un chasseur solitaire, romans que j'ai de loin préféré à cette Ballade du café triste qui, même si elle est la nouvelle la plus longue du recueil, m'a semblé trop courte! Elle épure tant ses personnages , il y a tant d'ellipses, de non dits, que c'est quelquefois très frustrant. Bon, il est vrai que j'aime les détails!!
En fait, la nouvelle que j'ai préférée est très courte, mais n'avait pas besoin d'être plus longue à mon goût car il n'y manque rien. Elle traite de la mythomanie ordinaire, et est intitulée Mme Zilensky et le roi de Finlande.
Deux personnages:
Mme Zilensky et sa phrase " Je regardais un jour la devanture d'une pâtisserie , lorsque le roi de Finlande est passé en traîneau." qui la trahit.
Et Mr Brook , directeur de la section musique au Ryder Collège:
Mr Brook était un être en demi-teinte. Des années de menuet de Mozart et de cours sur les septièmes diminuées et les accords mineurs lui avaient forgé une patience professionnelle à toute épreuve. Il vivait le plus souvent à l'écart. Il avait en horreur les interminables discussions académiques et les réunions de comité... Sujet à quelques originalités personnelles, il était d'une grande tolérance pour les originalités d'autrui. Ou plutôt, il avait le sens du ridicule.
C'est une nouvelle à la fois très touchante et pleine d'humour. Mais toutes les nouvelles de l'ouvrage sont intéressantes et à lire!
7 nouvelles bouleversantes, tout en finesse
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 4 juillet 2001
L'héroïne, Miss Amelia, dirige son univers d’une main ferme, quasi masculine.
Deux personnages vont surgir dans sa vie et tout va basculer : le premier, cousin Lymon, petit et bossu, deviendra le protégé de Miss Amelia, malgré son aspect disgracieux ; le second, Marvin Macy, ex-mari de Miss Amelia, mettra ce joli petit monde sens dessus dessous...
Ce récit est savoureux à plusieurs titres.
La description des personnages vaut le détour : Carson McCullers sait nous les rendre attachants ou, à l'inverse, repoussants.
Pour les amateurs, cette histoire aurait très bien pu être écrite par Steinbeck.
« Celui qui passe » parle d’un homme qui, revenu aux Etats-Unis pour enterrer son père, retrouve son ex-femme, remariée et mère.
Il partagera une courte soirée avec cette famille et rien ne sera plus pareil après, mais peut-être pas dans le sens que vous croyez.
Une petite merveille que ces quelques 20 pages.
Les autres nouvelles qui composent ce recueil sont de la même veine, toutes excellentes (avec un bémol pour la troisième). Il est difficile de parler de ce livre tant l'impression qu'il nous laisse tient à l’atmosphère qui s'en dégage.
Beaucoup de douceur, mais que de déchirements sous-jacents, que d'émotions contenues, que de serrements de gorge.
L’écriture est agréable, même traduite.
Pas de complications.
Pas de grandes envolées.
Une simplicité pure qui n’a d’égale que l’émotion qu'elle procure.
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