Si par une nuit d'hiver un voyageur de Italo Calvino
( Se una notte d'inverno un viaggiatore)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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D'une histoire à l’autre...
« Tu vas commencer le nouveau roman d'Italo Calvino, « Si par une nuit d’hiver un voyageur ». Détends-toi. Concentre-toi. Ecarte de toi toute autre pensée. Laisse le monde qui t'entoure s'estomper dans le vague. La porte il vaut mieux la fermer; de l’autre côté la télévision est toujours allumée. »
Ainsi commence ce roman. Drôle d'entrée en matière n'est ce pas ? Le personnage principal de ce livre n’est autre que le lecteur.
« Ce n’est pas neuf ! » direz-vous en repensant à cette série des « livres dont vous êtes le héros » que tout le monde a feuilleté un jour ou l'autre. Mais ici le lecteur dont il s’agit n'est pas vous ou moi mais bien un lecteur fictif. Ca peu paraître déroutant au début, mais il suffit de quelques pages pour être pris dans ce roman diaboliquement bien écrit. Le lecteur fictif se plonge dans des lectures tout aussi imaginaires que lui et nous le suivons à travers celles-ci. Le problème est que chaque fois qu'il commence un livre, sa lecture doit s'interrompre pour diverses raisons dès que l'histoire est suffisamment développée pour titiller sa curiosité. Dévoré par l'envie de lire la suite, il part à la recherche d’un autre exemplaire de l'œuvre en question mais chaque fois il tombe sur un livre différent dans lequel il se plonge avant d'être à nouveau interrompu. Au fil de l’histoire, le lecteur va rencontrer une lectrice qui a le même problème que lui. Ensemble, il vont partir à la recherche de ces romans qui leur échappent. Leur quête nous fera découvrir le monde du livre sous toutes ses coutures et aussi l'existence d'un mystérieux complot de falsification littéraire. Italo Calvino est un auteur attachant, inventif, très intelligent mais avec un sens de l'humour qui empêche le lecteur (réel cette fois !) de sombrer dans l'ennui ou l’incompréhension. Plutôt que de théoriser de façon doctorale, il nous emmène dans une narration captivante aux multiples niveaux de lecture, tout le monde devrait pouvoir y trouver son bonheur, en tout cas j'ai été conquis !
Les éditions
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Si par une nuit d'hiver un voyageur [Texte imprimé], roman Italo Calvino trad. de l'italien par Danièle Sallenave et François Wahl [préf. par Paul Fournel]
de Calvino, Italo Fournel, Paul (Préfacier) Sallenave, Danièle (Traducteur) Wahl, François (Traducteur)
Seuil / Points (Paris).
ISBN : 9782020251570 ; 3,91 € ; 03/05/1995 ; 286 p. ; Poche -
Si une nuit d’hiver un voyageur [Texte imprimé] Italo Calvino nouvelle traduction de l'italien par Martin Rueff
de Calvino, Italo Rueff, Martin (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070451067 ; 8,60 € ; 02/04/2015 ; 400 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (11)
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Amis Lecteurs, nous sommes les héros de ce livre !
Critique de Lectio (, Inscrit le 16 juin 2011, 75 ans) - 27 septembre 2015
Sans pareil, mais pourtant ...
Critique de Lurette (, Inscrite le 10 juillet 2010, 85 ans) - 22 août 2013
Alors là, je suis prise et bien prise. D'autant que tous ces débuts d’histoires laissent entrevoir de ces bons gros romans bien dépaysants dans lesquels on se plonge avec un soupir d'aise, en espérant ne pas en sortir de si tôt.
Hélas, c'est compter sans les machinations de l'auteur qui nous frustre en arrêtant net.
On aimerait les suites, en atelier d'écriture peut-être.
C'est suggéré par l'auteur et toutes les réflexions sur la lecture et l'écriture on les retrouvera là, de façon presque exhaustive.
L'histoire est à plusieurs niveaux, il y a les débuts de romans dans le roman, mais aussi l'histoire du lecteur frustré, moi, en l’occurrence, fil conducteur qui nous soutient comme une corde de rappel dans ce paysage vertigineux. C’est une poursuite infernale qui nous tient en haleine.
Je ne mettrai pas 5 étoiles à ce roman parce que, finalement, si je suis ravie, je me trouve très frustrée.
Terminer les esquisses ?
Critique de Monito (, Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans) - 31 mars 2009
Ces quelques lignes qui décrivent si bien mon ressenti personnel, ma pratique de l’activité physique que constitue la lecture, sont un des nombreux exemples qui jalonnent cet ouvrage ou Italo Calvino me parle, ou plutôt, dit ce que le lecteur que je suis, pense, ressent ou vit, clairement ou imperceptiblement, quand il est plongé dans sa lecture.
Roman ou essai mis à mon niveau sur la lecture, l’écriture, le roman, tout cela mis sous une protéiformité des plus étonnantes parce qu’assez inattendue… je ne saurais dire.
Italo Calvino sait parfaitement conduire son affaire et les 10 romans qu’il commence sont dix occasions de vouloir les compléter et dix fois aussi l’occasion de se dire que les ressors sont finalement les mêmes… pour finir les histoires par l’amour ou par la mort… une telle certitude que le lecteur n’admet sans doute pas, à force de vouloir accumuler les lectures…
Et si finalement, « j’ai lu tous les livres… » pouvait vouloir dire qu’on a jamais vraiment fini de commencer.
Du grand art!
Critique de Soldatdeplomb4 (Nancy, Inscrit le 28 février 2008, 35 ans) - 20 février 2009
Certes, le 2ème tiers du livre est un peu longuet. Mais quelle mise en appétit! et quel régal finalement! A essayer de toute urgence, ce livre est une réelle performance littéraire, à la gloire du lecteur de roman. Un roman sur le roman.
Inégal
Critique de Janiejones (Montmagny, Inscrite le 20 avril 2006, 39 ans) - 9 mai 2007
Exercice de style
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 2 mai 2006
assez particulier
Critique de Lecteur n°1 (, Inscrit le 10 juin 2005, 39 ans) - 28 octobre 2005
Symbiose entre le fond et la forme
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 3 octobre 2005
Calvino en profite pour jeter ici et là des considérations sur le livre et la lecture qui raviront les amoureux de cette activité. Cela va de l’éventail des livres proposés en librairie (« livres-que-tu-n’as-pas-lus ; livres-qu’on-a-déjà-lus-sans-avoir-besoin-de-les-ouvrir-parce-qu’ils-appartiennent-à-la-catégorie-du-déjà-lu-avant-même-d’avoir-été-écrits ; livres-que-tu-lirais-volontiers-si-tu-avais-plusieurs-vies-à-vivre-mais-malheureusement-les-jours-qui-te-restent-à-vivre-sont-ce-qu’ils-sont ; livres-que-tout-le-monde-a-lus-et-c’est-donc-comme-si-tu-les-avais-lus-toi-même » ; …), au choix du livre, à la façon de lire en passant par l’écrivain et par l’acte d’écrire.
Succession de débuts d’histoire et évolution de la relation entre le Lecteur et la Lectrice. Frustrant de ne pas connaître la suite de tous ces débuts ? Oui et non car Calvino nous en donne les clés de compréhension. Vraiment prodigieux : ces débuts d’histoire sont comme des miroirs et Calvino s’en explique : « C’est mon image que je veux multiplier. Non point par narcissisme ou par mégalomanie, comme on pourrait trop facilement croire : au contraire, pour cacher, au milieu de tous ces doubles illusoires de moi-même, le vrai moi qui les fait se mouvoir. »
Plus loin encore : « A l’écrivain qui souhaite s’annuler lui-même pour donner la parole à ce qui est hors de lui, deux voies se proposent : ou bien écrire un livre qui pourrait être le livre unique, capable de résumer le Tout dans ses pages ; ou bien écrire tous les livres, et poursuivre le Tout à travers les images partielles. Le livre unique qui contient le Tout ne pourrait être que le texte sacré, la parole totale révélée. Mais je ne crois pas que la totalité puisse être contenue dans le langage ; la question est pour moi ce qui reste en dehors, le non-écrit, le non-scriptible. Il ne me reste d’autre voie que celle d’écrire tous les livres, les livres de tous les auteurs possibles. »
Véritable réflexion sur les phénomènes liés que sont l’écriture et la lecture, véritable roman en même temps, bien écrit (faut-il le préciser ?), accrocheur, cet ouvrage demande probablement une seconde lecture pour en savourer toutes les ramifications. Bref, un incontournable pour les passionnés de lecture que nous sommes…
Pas mal...
Critique de Lucas (, Inscrit le 8 novembre 2004, 35 ans) - 8 novembre 2004
En effet,ce roman, composé de 10 incipits est très original d'une part par cet enchainement de petits romans dans l'histoire principale qui ne se terminent jamais et d'autre part par le tutoiement de l'auteur au Lecteur. C'est un peu le même procédé (comme le dit Clara) que la collection "Le livre dont vous êtes le héros", le Lecteur est le personnage principal et Calvino le fait lire des débuts de romans et joue avec lui en lui créant des liaisons avec d'autres Lecteurs (le Lecteur tombe amoureux de Ludmilla, la Lectrice) Rappelons que Calvino fait parti de l'OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle). Ce mouvement créé en 1960 consiste à donner des contraintes à l'auteur. Le tutoiement du Lecteur, le fait que l'auteur ne finisse aucun incipit, sont des contraintes que s'est fait Italo Calvino pour son livre.
Ce roman est, mis à part quelques descriptions qui sont pour moi, trop monotones ou quelques incipits non distrayants,agréable à lire car il est bien écrit et bien structuré. Calvino a bien veillé à mettre l'histoire principale entre chaque incipit.
Mais ce roman est également agaçant car le fait de couper les dix romans à un passage des plus excitant peut s'avérer très énervant pour le lecteur. De plus, je trouve que certains chapitres durent trop longtemps et rares sont les incipits où nous retrouvons de l'aventure et des histoires intéressantes. Enfin , la progression de l'histoire principale se fait à mon goût trop lentement.
Pour conclure, je dirais que ce livre est à lire pour toute les personnes qui aiment la nouveauté et l'originalité de la syntaxe. Mais pour ceux qui cherchent de l'action ou de l'aventure, je ne crains que "si par une nuit d'hiver un voyageur" ne soit pas fait pour eux!
Comme dirait Clara, "frustrant"
Critique de Le petit K.V.Q. (Paris, Inscrit le 8 juillet 2004, 31 ans) - 26 août 2004
Un chef d'oeuvre...
Le livre dont vous êtes le héros
Critique de Clara (, Inscrite le 21 juillet 2004, 40 ans) - 20 août 2004
Mais ce concept ne m'a pas convaincu. A chaque fois, pendant les 15 premières pages, je ne suis pas captivée par l'histoire, on attend que quelque chose se passe, puis dans les 2 dernières pages on entre en plein dans le récit, l'histoire commence à nous plaire, un événement se produit, et plus rien. Je trouve que c'est plutôt frustrant de ne pas connaître la fin.
En fait, l'histoire que j'ai préférée, c'est celle du Lecteur. Certainement parce que l'histoire a une fin.
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