Le square de Marguerite Duras

Le square de Marguerite Duras

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Jules, le 30 avril 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (51 369ème position).
Visites : 6 413  (depuis Novembre 2007)

Une grande espérance, une certaine résignation...

Un square dans Paris. Une jeune femme accompagnée d'un petit enfant et un homme qui exerce le métier de marchand ambulant.
L'homme se repose, assis sur un banc. La jeune femme s’installe aussi et donne le goûter à l’enfant. Un léger soleil de printemps donne de la gaieté et une douce sensation de bien-être.
La femme accepte la conversation que l’homme entame. Elle avoue que cet enfant n’est pas à elle, qu'elle est bonne à tout faire et que c’est l’enfant de ses patrons. Lui, il est marchand ambulant. Il l'est non par choix, mais parce qu’aucun autre métier ne l’a attiré. Un peu comme tout le monde, dit-il. Elle, elle ne peut envisager de rester bonne à tout faire bien longtemps. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas un métier mais un « état » dit-elle. Et puis, elle veut se marier, avoir un enfant à elle… Elle n’est pas plus moche que bien d’autres, en tout cas elle est comme il y en a beaucoup, comme la majorité des hommes s’en contente…
L’homme se sent bien dans son métier. Oh, pas tous les jours ! Mais quand-même. Il est libre, va de droite à gauche et de gauche à droite. Les hôtels, les trains, les cafés, les places des villes, les gens qu'on retrouve. Tout cela n’est pas fait pour lui déplaire. Bien sûr, il y a la solitude aussi. Et puis l’âge qui commence à se faire fort présent.
La bonne tente de le persuader qu'il pourrait changer de métier s'il le voulait. Il se défend. On la sent tendue, car toute sa volonté à elle est dirigée vers son changement de métier et elle a besoin de croire que tout le monde pourrait changer, donc elle aussi !

Un long dialogue va s'installer entre ces deux êtres qu'un rayon de soleil a réuni un moment sur n’importe quel banc dans n'importe quel square de Paris.
Un dialogue avec des hauts et des bas, parfois une légère tension, tantôt léger, tantôt plus grave. Deux solitudes unies pour un petit moment…

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La conversation insignifiante de laissés pour compte

4 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 2 juin 2013

Comme Clarabel et Saint-Jean-Baptiste, je n'ai pas réussi à intégrer le monde clos et creux de ces deux personnages insignifiant que la commune vacuité d'existence a réunis. La tristesse de leur vie transparaît dans leur conversation, qui s'en retrouve ternie, affadie, assez piteuse.
La rédaction sous la forme presque exclusive du dialogue n'arrive pas à transcender cet immense vide : au contraire, il ne fait que refléter d'autant mieux la médiocrité de ces pauvres personnages, à plaindre, qui ont du mal, visiblement, à prendre leur vie en main.

C'est vite lu, et probablement à reprendre, pour ma part. Je n'en ai pas tiré grand-chose, en tout cas de positif.
Cette auteure connaît donc des aléas d'inspiration.

Profondément humain !

7 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 30 novembre 2004

Merci à Clarabel pour son opinion quant à ma critique mais je regrette quand-même qu'elle n'ait pas aimé ce livre et donc de lui avoir fait perdre un peu de temps.

Mais merci aussi pour son idée d'un dialogue "d'approche pour une rencontre un samedi soir"... C'est très juste ! Comme le dit aussi Saint Jean Baptiste ils auraient pu unir leurs solitudes, mais voilà, l'homme est bien trop âgé pour ses espérances à elle. Je trouve que ces deux idées restent un peu latentes au fond de nous-mêmes à partir d'un certain point de notre lecture. Mais non, tout devait rester passager... Et c'est aussi probablement pour cela que Duras réunit là deux personnes très différentes et qui ne peuvent s'unir. Il y a l'âge, la non-sédentarité de l'un et la jeunesse, la volonté d'un enfant, et donc de sédentarité, de l'autre.

Par contre, j'ai trouvé ce long dialogue terriblement humain, profond, mais plus en suggérant qu'en approfondissant. beaucoup d'aspects de la vie et de la société y sont abordés.

Cela dit, vous aurez peut-être remarqué que chez moi le 3,5 n'est pas courant (pas plus que les 5 d'ailleurs)

Cependant, à mes yeux, il ne méritait pas moins et j'avais le recul en plus vu que ces personnages étaient restés présents en moi depuis quelques années déjà.

Une question de goûts...

La solitude

4 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 30 novembre 2004

Marguerite Duras nous présente la longue conversation de deux solitaires qui se sont rencontrés sur un banc dans un square. Ce sont des personnages tout simples, des laissés pour compte et leur conversation, toute simple, révèle petit à petit leur dimension pathétique. Ils se racontent leur vie et ils ont le mérite assez rare de s'intéresser l'un à l'autre, à tel point qu'ils trouvent chacun une solution pour l'autre, et pourraient peut-être en trouver une pour eux deux : une solitude plus une solitude, ça pourrait faire deux solitudes de moins sur la terre ? Mais…! …
C'est un petit livre, écrit sans recherche et sans complication, mais avec tendresse ; il devrait nous inciter à la compassion pour les êtres défavorisés par le sort dés leur départ dans la vie.

Bavardages

4 étoiles

Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 8 novembre 2004

Je pense que la critique de Jules mérite bien davantage d'étoiles que le livre en lui-même !

Oui, je suis déçue. Si ce n'est l'écriture de Marguerite Duras, "Le square" m'a très peu apportée. J'ai même été un peu ennuyée : ce livre sonne creux. Hélas, deux êtres se rencontrent dans un square avec tous deux le désir de parler. Parler, parler, parler. "Le square" n'est ni un roman, ni une pièce de théâtre, même s'il fut mis en scène récemment. L'auteur refusait d'étiquetter cette oeuvre de jeunesse (1955) et tenait simplement à rapporter des échos entendus dans les jardins publics. Une bonne, âgée de vingt ans, s'installe avec un petit garçon qui n'est pas le sien près d'un monsieur plus âgé, qui est représentant en commerce et voyage de ville en ville. Ils entament la conversation, en trois tableaux. Ils parlent de leurs conditions d'abord divergentes : l'un n'a pas d'attaches, l'autre en a trop. L'un pousse à faire des voyages, l'autre à s'établir. Et ainsi ils échangent leurs vues sur leurs conditions, leurs aspirations, le désir de trouver un mari pour changer la donne, le constat amer du bonheur, du leurre dans le couple, le poids de la solitude, l'envie d'en finir et d'en trouver la force, le courage de reconnaître qu'on est lâche. Résumé grossièrement, le dialogue de ces deux personnes est une ouverture - qui sait ? - à une prochaine rencontre lors d'un bal le samedi soir. La fin du texte y va en points de suspension, comme souvent chez l'auteur où elle préfère supposer ou laisser entendre que d'annoncer clairement. Au lecteur de saisir cet échange de mots, et de contenir ou non ses baillements ...

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