Prodige de Nancy Huston
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Voix de femmes
Nancy Huston nous entraîne sur un flot de notes musicales, de touches de pianos, accompagnant le destin de trois femmes, Sofia la grand-mère, Lara la fille et Maya la petite-fille. Cette dernière est née grande prématurée, elle se bat pour survivre et a reçu de sa mère (et aussi de sa grand-mère) le don d'exceller au piano. Aujourd'hui elle a dix ans. C'est une véritable petite fée qui jongle avec les touches et les émotions. Le lecteur fait également la connaissance de Robert, le mari divorcé qui ne quitte jamais vraiment sa femme. De Lucien, le voisin veuf et un peu perdu avec son fantôme. Puis Benjamin, le neveu, qui collectionne les insectes et passionne Maya.
A travers ces parcours imbriqués, ce sont de beaux portraits de femmes que nous offre Nancy Huston. Sofia est une femme forte et désillusionnée à la fois, des effluves de Russie derrière elle, on sent la nostalgie à chaque instant, la force de caractère également.
Lara, sa fille, brillante pianiste (ce roman m’a touchée, ma Maman était pianiste, j’ai ressenti une sensibilité très particulière dans l’écriture de Nancy Huston) qui accouche d’une petite fille, prématurée, toute petite, fragile, s’accrochant de toutes ses forces à la vie, aidée par sa maman qui lui donnera ce qu’elle a de plus profond, sa présence, sa chaleur, sa voix, sa musique. C’est éprouvant pour elle, elle se refuse le droit au découragement, elle se sent si perdue. Elle promet à sa fille que celle-ci deviendra une excellente musicienne.
Maya, la petite rescapée, que l’on suit à l’âge de dix ans, prodige du piano, joyeuse, le sang battant dans ses veines comme des notes de musique au bout de ses doigts.
L’amour de la musique, c’est ce qui m’a plu dans ce livre, tout comme cette description de la maternité et de ses difficultés, les joies et les chagrins de la vie d’une femme et puis, surtout, cette touche d’insouciance et de joie apportée par Maya, très fraîche, faisant oublier toute la pression émotionnelle qui pesait sur elle dans les premières pages du récit.
Une écriture fluide et légère qui fait beaucoup de bien, avec une émotion particulière qui étreint tout au long du récit.
Les éditions
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Prodige [Texte imprimé], polyphonie Nancy Huston
de Huston, Nancy
Actes Sud / Babel (Arles).
ISBN : 9782742735358 ; 16,25 € ; 10/01/2002 ; 192 p. ; Poche
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Le pouvoir de l'emprise maternelle
Critique de Saumar (Montréal, Inscrite le 15 août 2009, 91 ans) - 24 novembre 2011
Dans «Prodige», trois femmes sont prédominantes : Lara qui donne naissance à sa petite Maya à cinq mois. Dès qu’elle l’aperçoit dans la couveuse, elle la maintient en vie par son amour, sa présence, ses paroles : « Vis, ma petite! Sois forte, vis! Je t’aime ma grande prématurée et je te sauverai ». En l’incitant à vivre, elle lui promet qu’elle deviendra meilleure musicienne qu’elle-même. Une symbiose s’installe entre Lara et Maya. Plus rien n’existe pour Lara, autour de la fusion des deux, à un point tel que son mari, Robert, tenu à l’écart, quitte le foyer, pour revenir les visiter que les week-ends, malgré tout l’amour qu’il éprouve pour elles. Puis, il y a la grand-mère Sofia, femme forte d’origine russe qui, l’air de rien, surveille tout. Elle sera témoin d’une dispute entre Lara et sa fille, au sujet d’une pièce de Chopin. Le don de la musique que possède Maya et l’interprétation qu’elle en fait au renommé professeur Dianescu, qui la prend en charge, démontre que cette enfant prodige arrive à bien jouer sans difficulté. À l’instar de Lara qui, pour respecter le choix de sa mère, a dû supporter le poids d’être pianiste. C’est à l’âge de dix ans que Maya nous fait vibrer par sa joie de vivre. Parmi les autres personnages : son nouveau voisin Lucien, qui s’ennuie de sa femme décédée, son neveu Benjamin qui aime bien Maya pour son enthousiasme et sa franchise. Pour Benjamin, entomologiste en herbe, d’être compris et écouté par Maya, le valorise. D’ailleurs, lorsque Maya lui raconte l’inquiétude qu’elle ressent pour sa mère partie depuis la veille, il sait la réconforter. Là sont les priorités que ces enfants partagent en secret.
Les sujets saisissants tels que la relation mère/fille, les difficultés de la maternité, et surtout l’abandon d’un enfant, lorsque décrit par Nancy Huston, nous touchent fortement, sans doute dus aux références autobiographiques. De fait, l’émotion nous tenaille jusqu’à la dernière page. Dans «Prodige», l’auteure nous amène à une fin du roman imprévue, que je vous laisse découvrir. Ce petit livre, tout en musique et en douceur, se lit d’un trait.
Petit en-cas intense
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 25 octobre 2011
Mais il y a aussi de l'humour, un humour désinvolte, qui rend cette lecture parfois un peu plus légère :
"Les morpions en général, très peu pour moi - avec Annette on était d'accord là-dessus, c'est ce qui nous a permis de rester amants trois décennies durant. Mais Benjamin j'aime bien, c'est pas un frimeur comme la plupart des ados. A quatorze ans il a son monde, c'est ça que j'apprécie. Structuré par des scarabées, des blattes et des cafards, mais structuré. Il se pose des questions, expérimente, enregistre et digère, le tout en silence... Ca m'a fait plaisir de dépanner mon frère en le prenant avec moi pour l'été. Lui et sa femme en ont six, les pauvres. Encore une victoire de Jean-Paul II..."
C'est aussi comme souvent avec Nancy Huston le thème de la musique qui est abordé. Je n'y suis pas sensible, car pour moi, comme il est dit dans le livre, "un prodige, c'est un enfant doté de parents sadiques"!
Le perspectivisme
Critique de TRIA (, Inscrite le 20 avril 2010, 41 ans) - 1 mai 2010
Nancy Huston réussit à décrire avec fraicheur une situation plutôt dramatique.
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