Le Demi-frère de Lars Saabye Christensen

Le Demi-frère de Lars Saabye Christensen
( Halvbroren)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Cuné, le 5 juillet 2005 (Inscrite le 16 février 2004, 57 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 292ème position).
Visites : 8 163  (depuis Novembre 2007)

Comment devenir complet quand on se sent demi

Le demi-frère, c'est le monde selon Barnum, dans la droite ligne de John Irving, un roman générationnel vu sous l'angle digne du dernier rejeton, malmené par la vie mais tellement attachant. Barnum Nilsen, Norvégien de petite taille, issu d'une lignée de femmes dont la personnalité a occulté les hommes de la famille, nanti de 2 amis indéfectibles dans les années 60 à Oslo, et d'un demi-frère qui disparaîtra durant 28 ans. Barnum qui, devenu adulte, écrira des scénarii, et gagnera avec l'un d'eux le premier prix d'un concours privé; dans la lettre l'informant de son succès, le commentaire pourrait aussi bien s'appliquer au roman dans son entier :

" Le jury salue un scénario d'une grande originalité narrative, servi par un talent de conteur jubilatoire et un style très personnel donnant néanmoins libre cours à l'expansion des fantasmes singuliers de l'écrivain, qui peuvent également être interprétés comme la métaphore d'une société dévoyée, vorace et oppressive."

Voilà, c'est exactement ça. Lorsque vous entrerez dans ce roman, débranchez les téléphones, fermez les ordinateurs et autres télévisions, ne sautez aucune ligne et prenez le temps de réfléchir lorsqu'un passage vous rappellera vaguement quelque chose. Toute question a sa réponse dans ce livre, mais l'auteur effleure tout avec une grande délicatesse, rien n'est expressément dit ni surtout rapporté aux évènements précédents, et pourtant tout est clair, si on associe un peu....

Laars Saabye Christensen a été traduit dans 25 pays avec Le demi-frère, et a reçu en 2002 le Prix littéraire du Conseil Nordique. On établit sa prose à mi-chemin entre Le Livre des illusions de Paul Auster et Les Corrections de Jonathan Franzen, mais son style est unique et très pudique.
Aux antipodes du lyrisme que j'apprécie pourtant habituellement, Christensen fait mouche malgré tout et on sort du roman comme du cinéma, les joues en feu et les yeux qui ont oublié la clarté du dehors....

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Le Demi-frère

10 étoiles

Critique de LUGARDE (, Inscrite le 12 janvier 2022, 66 ans) - 12 janvier 2022

La merveilleuse complexité de la nature humaine s'offre à nous , en un lieu et en un temps . J'ai voyagé avec délectation , surprise, empathie à travers la traduction de Jean Baptiste Coursaud... Quel regret de ne pouvoir lire le norvégien afin d'être au plus près encore de la langue de L.S.Christensen.. Je suis sortie de ces vies,rompue, immobilie ...et pleine de gratitude d'avoir pu y accéder.

Déprimant…

4 étoiles

Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 69 ans) - 24 septembre 2008

… et long (plus de 900 pages). Déprimant, sauf la partie sur l’amitié entre les 3 adolescents « différents » (des autres…) : Barnum, le petit, Peder, le gros et Vivian, « née dans un accident ». Déprimant, parce que j’ai eu l’impression qu’une fois adulte, Barnum faisait tout pour rater sa vie.

Je rejoins l’avis de Zelda, trop de questions soulevées (particulièrement sur les pères des différentes générations: qui sont-ils ? que font-ils ? ) qui restent sans réponse.

Un livre sur le bonheur

8 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 7 août 2008

Le bonheur, ce n'est sans doute pas la première idée qui vient à l'esprit en lisant Le demi-frère.

Le narrateur, enfant, a trois problèmes, dont deux au moins hérités de son père : un prénom lourd à porter (Barnum), une petite taille et un demi-frère Fred assez oppressant, voire violent avec lequel il entretient une relation ambivalente. Né dans une famille composée de trois générations de femmes, avec un père assez absent et plutôt du genre flambeur, une grand-mère portée sur l'alcoolisme, Barnum a tout pour connaître un développement difficile.

Mais même si la peur et la souffrance dominent le début du roman et l'enfance de Barnum, je maintiens que c'est un livre sur le bonheur, sur le rire, sur l'amour et l'amitié car "les plaisirs ne sont pas exonérés d'angoisse, le rire constitue la voix de l'obscurité". C'est la force des personnages que de garder intactes ces flammes dans les moments difficiles ou du moins de savoir les ranimer lorsque les épreuves sont passées. C'est la force de Barnum de savoir les accueillir et les faire grandir à l'adolescence lorsqu'il découvrira l'amitié et l'amour, même si "le bonheur est un bouquet de fleurs qu'il est décidément déstabilisant de tenir entre les mains". C'est aussi un livre sur le silence, sur l'attente et sur le mensonge. Tous ces sentiments sont presque des personnages en soi qui peuplent les pages du roman et accompagnent en surplomb le narrateur, au même titre que le souvenir de son demi-frère Fred. Autre personnage essentiel, Peder qui devient l’ami de Barnum et presque son autre demi-frère… et disparaît d’ailleurs significativement au retour de Fred.

Une grande partie de l'art de Christensen est son don de nous faire partager les sentiments et sensations : le dégoût, la peur, la honte, l'amitié, la chaleur du soleil, l'odeur du Malaga... Son style marqué par les belles formules et les descriptions imagée est aussi au service de ses personnages, tous forts et attachants dans leurs qualités comme dans leurs vices, même si ils ont la désagréable habitude de vomir un peu trop souvent.
Ajoutez à cela une structure narrative un peu complexe avec des événements qui se répondent à des années d’intervalle, et peu importe si on n’obtient pas de réponses à toutes les questions (Le plus important n’est pas ce que tu vois, mais ce que tu crois voir).
On obtient un excellent roman, à lire avec soin pour ne pas en rater les subtilités et les formules les plus savoureuses.

Une belle saga norvégienne

9 étoiles

Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans) - 28 décembre 2007

Dans la même veine que le Fabuleux destin d'Edgar Mint de l'américain Brady Udall, voici un autre roman qui lui ressemble : Le demi-frère du norvégien Lars Saabye Christensen.
Deux gros pavés qui se font écho : des histoires d'enfance ou d'adolescence, de belles plumes amples et généreuses, des personnages et des décors hauts en couleurs.
Et, plus surprenant, les héros des deux bouquins sont tous deux accompagnés d'une ... machine à écrire.
Avec cette fois le norvégien, voici l'histoire de l'adolescence de Barnum et de Fred son demi-frère pas tout à fait désiré :

[...] « Je n'aurais pas dû naître. » J'attendais qu'il continue, tout en espérant intérieurement qu'il se taise. «J'ai été introduit de force à l'intérieur de maman, avait-il poursuivi à voix basse. J'aurais dû être retiré. Arraché puis balancé. Mais maman n'a rien dit avant qu'il ne soit trop tard et le docteur Schultz était trop fin soûl pour se rendre compte de mon existence.» « Comment tu le sais ? » Fred avait souri. « J'ai écouté. J'ai écouté la cour. Le grenier. Les histoires traînent partout, Barnum. »

Des histoires qui commencent à la fin de la seconde guerre sur fond de dénonciation et de spoliation de juifs alors que les enfants de père allemand sont enlevés à leur mère norvégienne pour être confiés à d'autres familles.
Avec l'époque moderne, Barnum et Fred grandissent peu à peu.
Enfin non, Barnum ne grandit pas, justement, et va rester obsédé et tourmenté par sa petite taille.

[...] Si seulement tout pouvait ne pas avoir eu lieu, si seulement le temps pouvait être remonté, d'un seul coup, pour que tout ce qui allait de travers aille de nouveau dans le bon sens.

[...] « C'est peut-être une punition », murmurai-je. Elle donna un coup de canne sur le plancher. « Une punition ! Et qui voudrait nous punir, Barnum ? » « Je ... Je ne sais pas », balbutiai-je. Boletta poussa un soupir. « Peut-être qu'en fin de compte la punition, c'est notre condition d'être humain. »

On suit peu à peu l'adolescence de Barnum, gâté ni par la vie ni par la nature, entouré de trois femmes : sa mère, Véra, sa grand-mère Boletta un peu portée sur la bière et pendant un temps, son arrière-grand-mère, La Vieille, ancienne actrice du muet. Trois beaux portraits de femmes, trois fortes et originales personnalités.
Le roman, touffu, foisonnant, oscille entre les différentes époques, mélangeant passé et présent, au gré des humeurs et des échos du temps, comme pour nous aider à mieux cerner ses personnages.

La vie de Barnum Nielsen entre Oslo et Roste.

4 étoiles

Critique de Zelda (Rambouillet, Inscrite le 26 avril 2006, 53 ans) - 15 juillet 2006

Barnum Nielsen naît à Oslo dans les années cinquante. Sa mère s'appelle Vera, elle est la fille de Boletta et la petite fille de la Vieille.
Mais avant Barnum est né Fred, le jour de la capitulation allemande.
Vera a été violée et c'est sur cette scène que s'ouvre le roman.
Fred est l'enfant du viol.

Barnum est le narrateur. Il va nous présenter la vie de sa famille, sa grand-mère ancienne actrice de cinéma muet, coupée au montage. Amoureuse de son homme disparu dans les glaces du Groenland.
Et surtout il présente son père Arnold Nielsen, homme de toute petite taille, au parcours mystérieux.
En creux on lit surtout la relation douloureuse que vivent Fred et Barnum.

Je ne sais pas sur quel pied danser, trop de sujets lancés et qu'avons-nous finalement ?

Autant le dire rapidement ce livre est vraiment long. Il n'est pas ennuyeux, même s'il ne m'a pas captivée tout le temps pour autant. On sent que l'auteur a lu, peut-être, quelques uns des romans d'Irving les plus déjantés et qu'il essaye d'atteindre à cette virtuosité mais son récit ne prend jamais son envol.

Je peux essayer d'expliquer ce qui cloche, d'abord trop de fils ne se rejoignent pas. De nombreuses histoires sont contées mais elles ne se coordonnent pas en un tout qui ferait sens. Arnold Nielsen est-il oui ou non le violeur de Vera ?
A-t-il provoqué ou pas l'accident qui a défiguré la mère de Vivian ?
On peut supposer beaucoup de choses mais l'auteur ne nous laisse jamais vraiment penser que l'on devine juste. Alors nos suppositions ne servent à rien et c'est frustrant.

J'ai eu parfois, aussi, la sensation que l'auteur ne savait pas où il allait. Cela rend la lecture peu agréable.


Pour ceux qui veulent savoir ce que c'est d'être enfant à Oslo dans les années 50, 60, 70 lisez ce livre, qui est d'une lecture facile.
Je ne sais pas s'il vous marquera mais si c'est le cas faites-le moi savoir.

Y a-t-il des clés cachées qui permettent d'accéder à un autre niveau de compréhension ?

ROMAN MAGNIFIQUE.

10 étoiles

Critique de Nana31 (toulouse, Inscrite le 29 janvier 2006, 55 ans) - 2 avril 2006

C'est l'histoire d'une famille excentrique dominée par trois générations de femmes en Norvège. L'écriture est limpide, les personnages sont attachants, une intrigue subtile. Le tragique et l'humour ne cessent de se côtoyer.

A LIRE!

Très bon roman

9 étoiles

Critique de Clement.cid (, Inscrit le 18 juillet 2005, 36 ans) - 18 juillet 2005

Je viens de finir de le lire et peut vous garantir que ce fut un pur bonheur.

Les personnages, aussi complexes soient-ils, évoluent logiquement et clairement dans ce roman.

Biographie camouflée, parsemée de flash-backs, on a l'impression d'avoir un héros qui existe bel et bien.

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