À la vitesse de la lumière de Javier Cercas
(La velocidad de la luz)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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La vitesse de la lumière
J’ai été franchement étonné de l’accueil pour le moins frais réservé par la plupart des critiqueurs à « Soldats de Salamine » que je tiens pour ma part pour un des meilleurs romans de ces dernières années.
Javier Cercas publie à présent un nouveau roman dont -quoiqu’il ne soit pas encore traduit en français- je voudrais dire quelques mots, certain que Cercas mérite une révision de son procès.
En fait, quoique les événements et le personnage central soient très loin de « Salamine », il apparaît très vite que ce dernier ouvrage s’inscrit dans la continuité directe du précédent.
Une nouvelle fois, le narrateur est un écrivain en devenir qui ne reconnaîtra réellement comme tel qu’après la rencontre avec un personnage hors norme dont il va entreprendre de retracer le parcours, cette quête et ce récit constituant le roman lui-même. Ce personnage, Rodney Falk, le narrateur le découvre à l’occasion d’un séjour qu’il effectue comme professeur invité dans une université du Middle West. Peu à peu, une amitié va se tisser entre les deux hommes en dépit du caractère peu amène et solitaire de Rodney. Celui-ci disparaissant subitement, le narrateur se lance à sa recherche et, à la suite d’une rencontre avec son père, découvre que le secret qui empoisonne l’existence de Rodney est lié à une expérience atroce qu’il a vécue lors de son service militaire au Vietnam.
Bien des années plus tard, le narrateur, devenu auteur à succès après la publication d’un roman-document sur la guerre d’Espagne (clin d’œil à « Soldats de Salamine »), retrouvera Rodney qui lui contera les raisons pour lesquelles il traîne un énorme sentiment de culpabilité à la suite de son séjour au Vietnam. A partir de là, les deux figures tendent à se superposer, le narrateur endossant lui aussi une tunique de coupable à la suite d’un accident dans lequel périssent sa femme et son fils et dont il s’estime responsable. Il lui faut dès lors retrouver absolument Rodney qui a à nouveau disparu mais…. j’en ai déjà trop dit et ne veux pas gâcher votre plaisir.
Par-delà les interrogations qu’il contient sur le bien et le mal, sur la responsabilité de l’individu dans le cours de l’histoire et dans celui de sa vie, ce roman fascine surtout par le jeu de miroir qui s’établit entre Rodney et le narrateur, celui-ci apparaissant de plus en plus, au fil des pages, comme un double de celui-là, tous deux étant liés par un sentiment de culpabilité dont seul l’acte posé en écrivant le roman pourra -peut-être- affranchir le narrateur.
Les lecteurs découvrant Cercas à travers ce livre seront, je l’espère, séduits par la manière avec laquelle l’auteur a construit celui-ci puisque, et il y a là un aspect fascinatoire certain, nous découvrons, au fil des pages, le roman en train de se faire, par-delà ou en marge du récit proprement dit. Quant à ceux qui ont aimé « Salamine », ils retrouveront en grande partie le charme de ce précédent roman, tout en espérant que, la prochaine fois, Cercas renouvelle un peu ses procédés de constructions narratifs.
Les éditions
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À la vitesse de la lumière [Texte imprimé], roman Javier Cercas traduit de l'espagnol par Élisabeth Beyer et Aleksandar Grujičić
de Cercas, Javier Grujičić, Aleksandar (Traducteur) Beyer, Élisabeth (Traducteur)
Actes Sud / Babel (Arles)
ISBN : 9782742772537 ; 7,70 € ; 30/01/2008 ; 283 p. ; Poche -
La velocidad de la luz [Texte imprimé] Javier Cercas
de Cercas, Javier
Tusquets / Colección Andanzas
ISBN : 9788483102985 ; 4,38 € ; 01/03/2007 ; 312 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (3)
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Personnages stéréotypés et assez convenus.
Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 9 août 2009
Javier Cercas a pourtant du talent, on peut espérer qu'il retrouvera sa sincérité avant de prétendre supplanter ses aînés, Philip Roth par exemple.
Le personnage de Rodney Falk
Critique de Maria-rosa (Liège, Inscrite le 18 mai 2004, 69 ans) - 12 octobre 2007
Une réussite
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 10 octobre 2007
Guermantes, qui a la chance de pouvoir lire dans le texte espagnol, résume bien l'histoire. C'est un roman que je suppose en partie autobiographique, qui raconte astucieusement l'histoire d'un jeune écrivain devenu célèbre et en parallèle celle du sujet de son futur roman, un vétéran du Vietnam qui est revenu changé de la guerre. L'auteur aborde les thèmes de la culpabilité, de l'écrivain et de la manière dont le succès risque de le corrompre. Le récit nous fait voyager du du passé au présent, d'Amérique en Espagne. C'est une réussite.
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