Grisélidis, courtisane de Jean-Luc Hennig, Grisélidis Réal

Grisélidis, courtisane de Jean-Luc Hennig, Grisélidis Réal

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Spirit, le 15 juin 2005 (Ploudaniel/BRETAGNE, Inscrit le 1 février 2005, 64 ans)
La note : 7 étoiles
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Courtisane

Grisélidis Réal vient de nous quitter. Il y a quelques semaines elle a rejoint des limbes plus accueillantes envers les courtisanes.
De ce livre je dirais simplement qu’il nous dévoile un pan de la vie que menait Grisélidis, un peu de la vie d’une prostitué.
L’auteur, Jean-Luc Henning, n’a pas une bonne réputation dans le milieu de l’édition, je ne prendrais donc pas parti sur ce point, ayant lu plusieurs de ses livres.
Il reste un témoignage humain très fort, fait de tout ce que peut être un être humain et c’est forcément beau et parfois dérangeant.
La fin du bouquin nous livre le contenu du « carnet noir », là où Grisélidis notait en face des prénoms de ses clients leurs « particularités » et leurs « préférences » ainsi que le prix payé.
Pour finir je voudrais citer Grisélidis, ceux qui écrivent comprendront :


« Comme les nègres dansent, comme les lions font l’amour, comme les loups hurlent de faim, on crie, on s’ouvre les veines avec des mots. C’est plus fort que nous. Le livre est une hydre installé dans nos têtes, qui nous dévore jusqu’à la dernière goutte de sang. […] Oui c’est cela écrire. Se vider de toute sa moelle, vivre une autre vie, être pris dans un texte comme un enlisé vivant. Rire, pleurer, se brûler aux mots, s’écorcher. Crier grâce et repartir à coups de couteau dans la nuque. Douter de soi à chaque mot, à chaque phrase. Faire rendre gorge au silence. Savoir que rien n’est jamais achevé, jamais acquis. Qu’il faut chaque fois recommencer, tous les jours risquer sa peau la plus intime, tout perdre et tout regagner. […] Ecrire c’est tuer, c’est se rouler dans la cendre, c’est échapper au suicide et à la folie. On lui crache à la gueule, on arrache vivants, seconde par seconde, ses secrets à la pourriture et on s’en nourrit. J’écris pour me vomir telle qu’on m’a faite, j’écris pour me perpétuer telle qu’on m’a aimée et blessée, caressée et ressuscitée. Aucun acte n’est raisonnable, s’il n’est pas suscité tout au fond de nous mêmes par nos désirs cachés. Il faut leur donner la parole sous peine de mort. »
Extraits de : « Pourquoi j’écris », gazette de Lausanne, 3 avril 1971.

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