Le Torrent de Anne Hébert

Le Torrent de Anne Hébert

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Aaro-Benjamin G., le 14 juin 2005 (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 748ème position).
Visites : 6 447  (depuis Novembre 2007)

La violence de vivre

Ce livre regroupe sept nouvelles écrites entre 1938 et 1962. (dans cette édition) Parmi ce groupe, des textes marquants de début de carrière, qui avait ébloui la critique et laissait présager la venue d’une romancière au talent énorme. Notamment grâce à la nouvelle titre, chargée d’une portée symbolique particulièrement évocatrice du Québec de l’époque, écrasé par le clergé.

Étrangement j’ai retrouvé quelque chose de Edgar Poe dans ces récits, en moins morbide évidemment. Cette constatation s’applique au texte « Le Torrent » qui raconte l’histoire d’un fils incapable de s’affranchir d’une mère castratrice, dont l’emprise s’étend au-delà de sa mort.

Mais également, à « L’ange de Dominique » à saveur surnaturelle, avec ce personnage de petit sauvage venu de nulle part pour combler le souhait d’une jeune fille handicapée. Et enfin, à ma nouvelle favorite « La maison de l’esplanade » présentant la vie rangée d’une vieille fille, la dernière survivante d’une maison dans laquelle les chambres des défunts ont été condamnées une par une. Glauque à souhait.

Ce second contact avec cette auteure m’a enchanté car l’écriture de Anne Hébert est tout simplement remarquable, à la fois précise, lyrique, sophistiquée en restant lumineuse. On lui confère souvent le titre de meilleur écrivain québécois. Après avoir lu « Le Torrent », on peut facilement comprendre cet éloge.

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De la dure réalité aux rêves visionnaires...

10 étoiles

Critique de Montréalaise (, Inscrite le 7 août 2010, 31 ans) - 21 janvier 2012

Quelle beauté! Quelle magnifique écriture! Je crois que, comme la première critique, Anne Hébert mérite d'être classée reine du panthéon quand il s'agit de littérature québécoise (à côté peut-être du dramaturge Michel Tremblay et de son cousin, le poète Saint-Denys Garneau).

Dans chanque mot, chaque page, chaque nouvelle de ce recueil respire une puissance évocatrice de couleurs, de mouvement et de songes fantasmagoriques. On ne peut s'empêcher de faire un lien avec le style des Poètes de la Solitude dont Anne Hébert faisait partie, surtout dans les thèmes qu'ils exposent tels le voyage, le rêve, l'inconscient, la solitude, l'amour et la mort. Cette profonde qualité surréaliste dans les nouvelles du «Torrent» évoque en effet l'étouffement que subissent les artistes, intellectuels ainsi que le reste de la population par le pouvoir autoritaire et conservateur de Maurice Duplessis et du clergé dans les années 30, 40 et 50 qui imposent la tradition, l'immobilisme et le dogme jusque dans la vie privée des gens et les livres. Alors même que les romans du terroir (qui vantent la campagne et la religion) s'essoufflent de plus en plus.

Parmi toutes les nouvelles qui m'ont, par ailleurs, toutes enveloppée dans leur magie sombre ou fantaisiste, celle qui m'a le plus marquée est «L'Ange de Dominique» qui raconte l'histoire d'une fille paraplégique qui rêve pourtant de danser et qui se lie d'amitié avec un être imaginaire sortant de le mer et dansant devant elle. Une légende surréaliste, envoûtante et triste ; un poème visionnaire (pour reprendre l'expression hugolienne) ; une magnifique peinture automatiste!

À lire absolument et encore, et encore!

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