Personnages désespérés de Paula Fox

Personnages désespérés de Paula Fox
( Desperate characters)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Clarabel, le 13 juin 2005 (Inscrite le 25 février 2004, 48 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (26 922ème position).
Visites : 6 421  (depuis Novembre 2007)

La métaphore du chat !

Je me suis complètement reconnue dans la préface de Jonathan Franzen (à lire une fois le livre fini, bien entendu !) dans son analyse du roman et du couple des Bentwood. A l'exception d'une réplique, celle de Sophie qui s'exclame: "Mon dieu, si j'ai la rage, je suis semblable au monde qui m'entoure!", Franzen l'associe à du soulagement quant à moi je penche pour de la fatalité... Mais avant cela, présentation : Otto et Sophie Brentwood sont un couple marié, d'une quarantaine d'années, habitant un pavillon cossu d'une banlieue bourgeoise, sauf que le spectacle dans la rue oscille par moments à la débauche (vagabonds, vomissures, déchets, etc.). Ils n'ont pas d'enfants mais une mercedes et la collection complète des oeuvres de Goethe. Leur histoire vascille suite à la morsure d'un chat errant, Sophie lui offre de la nourriture, compatissante, le caresse et tente de l'amadouer, en souriant, presque fière d'elle de son acte de grande humanité, et puis, frappée "de stupeur et d'horreur", elle manque s'écrouler, étouffe un cri... Le chat a planté ses dents dans le dos de la main !

Cette morsure produit un effet cataclysmique dans le couple, révélant fêlures et zones d'ombre. Otto s'est brouillé avec son associé, et ami de longue date, Charlie Russel, pour cause de conservatisme aigu. Sophie repense à son amant, Francis Early, se fâche avec une amie célibataire, reçoit un coup de fil anonyme, peine à se motiver pour traduire un roman français, pense écrire une lettre à sa mère... Trois jours passent, dans un suspense assez morbide : Sophie a-t-elle attrapé la rage par ce chat errant ?

"Personnages désespérés" est un roman solidement construit, aux dialogues incisifs, aux détails permanents dans la prose et la structure du texte. Paula Fox s'attarde sur le couple Bentwood, homme et femme. Même si l'intrigue semble tourner principalement autour de Sophie, l'époux n'est pas mis de côté, il est même un élément incontournable dans l'émergence des drames (si l'on exclut le chat, bien sûr). En trois jours, le couple s'analyse et la fin semble réparatrice, du moins, tout comme Jonathan Franzen en préface, tout laisse à supposer, et encore ?.. Pas moins de six à sept lectures hantent l'auteur des "Corrections" qui cherche encore et encore la réponse à toutes ses questions !

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Les éditions

  • Personnages désespérés [Texte imprimé], roman Paula Fox préf. de Jonathan Franzen trad. de l'anglais (américain) par Marie-Hélène Dumas
    de Fox, Paula Dumas, Marie-Hélène (Traducteur)
    Joëlle Losfeld / Collection Arcanes (Paris)
    ISBN : 9782070789399 ; 3,13 € ; 20/08/2004 ; 194 p. ; Broché
  • Personnages désespérés [Texte imprimé] Paula Fox préface de Jonathan Franzen traduit de l'américain par Marie-Hélène Dumas
    de Fox, Paula Franzen, Jonathan (Préfacier) Dumas, Marie-Hélène (Traducteur)
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070349180 ; 8,60 € ; 10/01/2008 ; 260 p. ; Broché
  • Personnages désespérés [Texte imprimé] Paula Fox trad. de l'anglais... par Antoine Jaccottet
    de Fox, Paula Jaccottet, Antoine (Traducteur)
    le Livre de poche / Le Livre de poche. Biblio.
    ISBN : 9782253932147 ; 6,26 € ; 01/01/1994 ; 185 p. ; Poche
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une belle sophie

10 étoiles

Critique de Matru (cagnes sur mer, Inscrit le 27 mars 2006, 49 ans) - 1 décembre 2009

Contrairement à mes prédécesseurs critiques, je n'ai pas lu l'éloge de Franzen à propos de personnages désespérés; j'en suis actuellement aux deux tiers du livre et je suis désormais certain de cautionner son avis.
J'avais déjà lu deux romans de Paula Fox: l'oeil du chat et un autre excellent dont le titre m'échappe, ici j'ai la confirmation d'un très grand auteur.
Mrs Fox a cette acuité de perception rare, qui nous rend les personnages simplement humains. En effet, je n'ai pas attendu de finir le livre pour écrire cette brève car elle s'est imposée à moi, et j'ai voulu l'écrire à chaud.
Enfin, ce livre est un miroir, où l'on pourra entrevoir de minuscules vérités qui nous ont toujours effleuré, mais qu'on n'a jamais pu formaliser.
J'espère avoir l'occasion de pouvoir le partager avec une personne qui m'est chère.

Le roman qui rend bête

5 étoiles

Critique de Bidoulet (, Inscrit le 18 octobre 2005, 56 ans) - 6 décembre 2005

Dès le début, et plus encore si on fait la bêtise de lire d'abord la préface de Jonathan Franzen, on pressent toute la densité et la profondeur ésotérique de cette œuvre. On aura éventuellement prêté un œil aux critiques qui ont parlé de chef d'œuvre, ce qui n'arrangera rien. Puis on aura vite l'impression d'être l'imbécile de service quand, l'ouvrage tombant des mains, on passera complètement à côté du génie qui se cache dans ces Personnages Désespérés. On refermera le livre avec humilité. On tentera de se rassurer sur ses propres capacités intellectuelles, supposées limitées, en relisant Franzen qui avoue n'avoir pas saisi les mille subtilités de l'œuvre et ce après six lectures.
Alors quand on se contente d'une seule lecture… je vous laisse imaginer ce qu'on peut bien comprendre de cette métaphysique ! Laissons conclure Franzen qui éprouve "une vague de rage et de frustration devant ses mystères, les paradoxes de la civilisation et l'insuffisance de son cerveau".

Pas accroché

5 étoiles

Critique de Eireann 32 (Lorient, Inscrit le 7 novembre 2004, 76 ans) - 30 septembre 2005

Je rejoins tout à fait Laure 256. A l’époque j’avais vu une bonne critique dans la presse, mais à la médiathèque, je n’ai trouvé que l’ancienne édition de poche. Problème de traduction, de mise en page, pas le moment pour ce livre ? Je l’ai fini pour savoir ce qui était réservé au chat. Mais sans plus, à part, il me semble un problème dans leur maison de bord de mer, je n’en garde pas un grand souvenir. Si je peux, je lirais la nouvelle édition car j’ai bien aimé «Le dieu des cauchemars»

à côté

4 étoiles

Critique de Laure256 (, Inscrite le 23 mai 2004, 51 ans) - 30 septembre 2005

Je crois pour ma part que je suis passée complètement à côté de ce roman, que je termine aujourd'hui tout juste. Je l'ai lu dans une édition de 1983, dans laquelle ne figure pas encore la préface de Franzen, je me suis donc contentée du roman seul, qui m'a semblé d'une banalité frôlant l'ennui.
Je n'ai pas ressenti ce qui pouvait tant affliger l'équilibre de ce couple, à part la morsure du chat ! Peut-être suis-je dans un moment de fatigue (je m'endormais dessus tous les soirs), ou alors non, Paula Fox n'est pas suffisamment mordante pour m'accrocher. Je ne serai donc pas généreuse en étoiles, car je vais oublier ce livre très vite !

Un roman magnifique

9 étoiles

Critique de Jpoix27 (saint-Etienne de tulmont, Inscrit le 27 septembre 2005, 55 ans) - 30 septembre 2005

On trouve chez Paula Fox, une force de narration typiquement américaine, un incroyable talent pour raconter une histoire qui pourtant ne tient qu'à un fil, mais jusqu'au bout du roman nous tient en haleine. Le fil de l'histoire est très mince puisqu'elle nous raconte durant quelques jours la vie d'un couple de quarantenaires américains plutôt bourgeois (le quartier dans lequel ils vivent pourrait faire penser à celui ce la série Desesperate Housewives), qui, à partir d'un simple petit accident de la vie, la morsure d'un chat errant, va voir leur couple s'effondrer. A travers la chute de ce couple, c'est tout le système américain du début des années 70 que nous voyons basculer. Les 2 personnages, Otto et Sophie qui vivent ensemble depuis 15 ans vont s'apercevoir qu'ils ne se connaissent pas et qu'ils ne peuvent maitriser l'évolution de leur vie. A la fin du roman, Sophie se demande : “je voudrais qu'on m'explique comment vivre”, et nous sommes bien incapable de trouver une réponse. “Personnages désespérés” qui a pourtant presque 30 ans d'âge est d'une lucidité extraordinaire sur son époque et ce qui prouve le grand talent de son auteur c'est qu'il n'a pas pris une ride, c'est un des meilleurs romans qu'il m'ait été donné de lire récemment. Paula Fox, qui a 83 ans a été redécouverte au début des années 70, notamment par Jonathan Franzen, elle est considérée comme un des auteurs contemporains les plus importants et vient de publier “la légende d'une servante”.

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