Les vivants et les morts de Gérard Mordillat

Les vivants et les morts de Gérard Mordillat

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Cuné, le 11 juin 2005 (Inscrite le 16 février 2004, 57 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 029ème position).
Visites : 6 328  (depuis Novembre 2007)

L'esclavage n'est pas totalement aboli

Une petite ville de l'Est de la France, de nos jours, toute entière menée par l'usine locale, la Plastikos dite Kos, comme Ok à l'envers et au pluriel... Ses habitants, tous mêlés de près ou de loin à la Kos, les relations entre les gens, les copines, les amoureux, les vieux, les enfants, le pognon qui manque, l'étroitesse des esprits... La fermeture annoncée de la Kos fera voler en éclat tous les repères.

Voici donc une grande fresque sociale, à travers Rudy et Dallas, un jeune couple d'ouvriers qui se bat pour s'en sortir, menée de main de maître par Gérard Mordillat.

Le début est assez laborieux, on prend son temps, on a le nombre de pages suffisant pour installer tranquillement les protagonistes, qu'on ne s'inquiète pas, on plonge dans l'histoire après quelques 150 pages. Ensuite cette chronique d'une mort annoncée se lit avidement. L'auteur expose, avec un certain manichéisme, l'impuissance des petits contre les gros capitalistes, mais réussit à leur insuffler suffisamment de poids pour que comme eux, on ne sache vraiment pas quelle solution pourrait exister, ni surtout comment éviter les débordements inhérents.

Les syndicats, les Politiques, les mous du genou, la police, les meneurs, les qui réfléchissent, les grands patrons, les médias, le gouvernement, les innocents, les salauds, les qui y crèvent véritablement, tous sont ici présents, et comme dans la vraie vie, ça ne peut pas bien finir.

C'est une peinture tout à fait réussie de la fin d'une époque en France, qui laisse un goût amer une fois la dernière page refermée. Mais il n'y a quand même pas la force de Zola, le souffle romanesque des grandes sagas, ou l'humanité d'Anna Gavalda.
Certains évènements semblent maladroitement s'imbriquer, certains personnages manquent de développement...

En fait je pense que tout le côté "léger", les histoires d'amour et de vie quotidienne, est un ton en dessous du côté "lourd", la fermeture de l'usine et les négociations des salariés.

Un roman qui remue malgré tout, dans la lignée de Germinal.

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Le monde du travail, vu de l’intérieur

10 étoiles

Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans) - 19 juillet 2012

Somptueux, que cet immense roman de 830 pages au cours duquel je n’ai pas un seul instant trouvé le temps long.

Gérard Mordillat nous conte l’histoire d’une petite ville qui vit en symbiose avec l’unique usine qui s’y est implantée et qui se trouve être le cœur de l’économie locale, faisant vivre les commerces, les personnels et leurs familles.

Une très impressionnante fresque de la vie quotidienne de la cité nous est ainsi offerte, notamment celle de ses ouvriers, dans et hors de l’entreprise, avec leur langage souvent truculent, leur humour, leurs humeurs et leurs préoccupations.

Parmi ces dernières, la plus lancinante est celle, tout récemment causée par l’incertitude du lendemain. En effet, cette usine qui, à la suite d’inondations cataclysmiques avait pu être sauvée et remise en état de marche par ses ouvriers, la revoici à nouveau fragilisée par une délocalisation partielle, suivie d’une restructuration, puis d’une fermeture définitive.

Qu’adviendra-t-il de la petite douzaine de personnages, parmi d'autres, que l’on suit pas à pas dans leur détresse, leur détermination à se battre pour l’emploi, et qui deviennent, bien malgré eux, les otages des calculs économiques et le jouet des diverses luttes de pouvoir que se livrent les responsables de l’usine, les politiques, les syndicats, et une multitude d’autres intervenants.

Pour tout un chacun peu au fait de la condition ouvrière, et qui ne la perçoit qu’au travers de la presse ou du petit écran, ce roman est éminemment pédagogique. Publié en 2004, il demeure aujourd’hui d’une triste actualité en nous sensibilisant au phénomène de la désindustrialisation de certaines de nos sociétés occidentales.

Magnifique pamphlet contre le capitalisme

10 étoiles

Critique de Laurent63 (AMBERT, Inscrit le 15 avril 2005, 50 ans) - 13 février 2011

Quel bon livre ! Je ne m'attendais pas à cela du tout, dans ce livre il y a une force d'écriture qui vous pousse jusqu'à la dernière ligne. Un profond sentiment de révolte vous envahit devant le traitement indigne subi par les employés de la Kos. L'auteur nous fait passer des messages clairs, sur le capitalisme, la religion, les médias... avec beaucoup de talent il démontre l'absurdité du système dans lequel nous vivons.
Un chef d'œuvre de la littérature française, digne des grands auteurs de ce siècle, qui nous met face à nous-même. Il est clair que ce livre est à découvrir de toute urgence...

Très éclairant

10 étoiles

Critique de Eoliah (, Inscrite le 27 septembre 2010, 73 ans) - 27 septembre 2010

J'ai beaucoup aimé ce livre. Il est très éclairant sur les procesus des fermetures d'entreprises tout en utilisant le roman pour camper des personnages très humains, limite anti-héros.
Il évite le misérabilisme et l'angélisme.

Rien ne remplacera les Misérables...

4 étoiles

Critique de Angie8244 (, Inscrite le 2 décembre 2005, 42 ans) - 8 janvier 2006

Quelles que soient les situations dramatiques, elles n'auront pas le même impact ni la même saveur si elles sont contées par Monsieur Hugo ou alors par Mordillat...

Fade, fleuve... en un mot ennuyeux !

seules les situations des personnages m'ont retenue, pas l'histoire de la Kos, si dramatique soit-elle. j'ai sauté des pages, j'aurai aimé sauter ce livre aussi...

N'est pas Zola qui veut !

6 étoiles

Critique de Guigomas (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 55 ans) - 6 janvier 2006

A lire ce livre, on a un peu l'impression que l'auteur voit la vie en noir et blanc : d'un côté les tous-pourris, cadres, patrons, bourgeois en général... au pire des salauds finis, au mieux des hypocrites accomplis et de l'autre, les ouvriers, braves gars qui ne veulent que vivre dignement, solidaires, simples et généreux comme un bon café partagé au sortir de l'usine. Un peu simpliste.

Le style est affligeant, genre trac de la CGT mais qui ferait 600 pages.

Malgré cela, l'histoire tient la route, on se demande effectivement quelle peut être la solution dans un cas comme celui de la Kos qui doit être à peu de choses près celui de beaucoup d'usines en France, et ce livre est un bel hommage à la "classe ouvrière", ce qui était peut-être une de ses vocations premières.

Une succession de catastrophes

6 étoiles

Critique de Bidoulet (, Inscrit le 18 octobre 2005, 56 ans) - 18 octobre 2005

Ca sent un peu la saga, l'interminable feuilleton ponctué d'une sucession de catastrophes sociales si nombreuses qu'à la fin on se dit : "c'est peut-être un peu too much".
Il est toutefois difficile de qualifier cette oeuvre de caricature puisque les événements, pris isolément, sont très réalistes. C'est plutôt leur ordonnancement et l'inexorable progression vers le plus pessimiste des dénouements qui peut faire passer ce très long roman pour une anthologie des conséquences sociales et humaines de la mondialisation.

Chronique d'une mort annoncée

8 étoiles

Critique de Nounours (FLEVILLE DVT NANCY, Inscrite le 27 janvier 2005, 59 ans) - 10 août 2005

Il s'agit là d'une histoire on ne peut plus actuelle : licenciement, chômage, délocalisation, capitalisme... Il ne faut pas s'inquiéter de la taille du livre, il se lit très bien. Les situations et les personnages sont suffisamment prenants pour qu'on ait envie de tourner la page. On s'y croirait et c'est suffisamment dramatique pour qu'on ait la crainte que ça nous arrive aussi. En fait, c'est très bien mais certainement pas fait pour être lu par des cadres dirigeants.

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