critiquesLibres.com : Prochain épisode Hubert Aquin

Prochain épisode de Hubert Aquin

Prochain épisode de Hubert Aquin

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Aaro-Benjamin G., le 6 juin 2005 (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans)

La note : 2 étoiles

Moyenne des notes : 8 étoiles

(basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles

(24 104ème position).
Visites : 4 190 (depuis Novembre 2007)

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Poussiéreux

Hubert Aquin est un autre personnage mythique du Québec. Écrivain, militant politique, philosophe, il a été une des figures de proue du mouvement pour l’indépendance du Québec. Adoptant des positions extrêmes il s’est retrouvé isolé et en difficulté financière avant de s’enlever la vie à l’âge de 48 ans.

« Prochain épisode » est son premier roman et se veut une histoire d’espionnage, mais là extrêmement non conventionnelle qui suit un agent secret névrosé dans une mission pour abattre un adversaire aux convictions politiques opposées.

Dès les premières lignes on discerne l’intelligence, l’érudition et la culture d’un grand intellectuel. Cependant, quelle austérité! Probablement une des œuvres québécoises les plus inaccessibles. Après un début mortel où l’auteur nous explique comment il aborde son ouvrage, les choses vont de mal en pis. Les phrases sont lourdes, interminables et ne font qu’ajouter à la confusion d’un récit disloqué. Par exemple : « Au fond de cette liquidité inflationnelle, l’ennemi innommé qui me hante me trouve nu et désarmé comme je l’ai été dans l’étreinte vénérienne qui nous a confirmés à jamais, K et moi, propriétaires insaisissables de l’hôtel Angleterre, qui se trouve à mi-chemin entre le Château de Chillon et la villa Diodati, Manfred et la future libération de la Grèce. »

Aquin est un écrivain qui a marqué une époque, un fantôme du passé que l’on cite pour se donner belle allure. Encore une fois, je ne comprends pas trop la révérence pour cette oeuvre? J’imagine qu’il faut avoir vécu la frénésie de cette période pour pouvoir la comprendre? Pour ma part, je n’ai pas pu faire la moindre connexion avec cet univers stérile, complexe et opaque qui parle pourtant…de mon histoire.

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Les éditions

Prochain épisode de Hubert Aquin
de Aquin, Hubert
Leméac / Roman
ISBN : 9782760931442 ; 42,00 € ; 28/04/1992 ; 174 p. ; Broché

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la quête perpétuelle

Critique de Marion21 (Lyon, Inscrite le 20 janvier 2013, 31 ans) - 20 janvier 2013

Hubert Aquin est un des grands écrivains québécois que je recommande sans hésiter. Mêlant roman d’espionnage, quête de soi et quête d’identité, cette œuvre est une puissance d’interrogation perpétuelle. Hubert Aquin questionne d’abord l’écriture qui se cherche, se construit, se déconstruit pour laisser placer à la simple beauté du Verbe. Ce n’est pas sans rappeler les questionnements du Nouveau Roman, en France ou encore ceux du mouvement de l’antillanité. Cette écriture très réflexive m’a beaucoup fait penser à Patrick Chamoiseau et aux réflexions qui lui sont attachées. L’écriture se cherche et à travers elle, c’est une identité qu’Hubert Aquin tente d’esquisser. Une identité plus générale : celle d’un Québec isolé, solitaire et dont la langue cache un questionnement profond : celui des origines, de l’essence même de cette nation. Mais plus encore, ce combat « politique » devient un combat métaphysique, c’est non seulement l’écrivain et le citoyen qui se cherche dans la langue mais aussi un homme qui se cherche à travers les bribes de son passé lui faisant miroiter la douloureuse séparation, la douloureuse perte de soi à travers elle qui est terriblement présente. Plusieurs strates d’écriture, plusieurs interprétations sont donc possibles, ce qui fait toute la richesse du roman. Cette oeuvre est une véritable contemplation au sens fort du terme.
Juste pour la plaisir je vous dévoile un petit passage : « L’édifice que j’avais patiemment érigé pour affronter des heures et des heures de réclusion craque de toutes ses poutrelles, se tord sur lui-même et m’engloutit dans sa pulvérisation. Il ne me reste plus rien au monde que la notation de ma chute élémentaire.»

Bravo!

Critique de Jonath.Qc (, Inscrit le 6 juillet 2011, 45 ans) - 19 octobre 2012

Prochain Épisode débute tranquillement, presque bêtement: Suite à son arrestation pour ses liens avec le FLQ (les membres du FLQ étaient des révolutionnaires au centre de la Crise d'Octobre 70 au Québec), l'auteur est interné et mis en examen psychiatrique.
C'est à ce moment, confiné et en plein désarroi, qu'il décide d'écrire Prochain Épisode. On a alors droit à un mélange des genres assez étonnant, ou parfois l'auteur évoque son désarroi d'être ainsi enfermé (le réel), tout en poursuivant l'écriture de son roman d'espionnage (fictif).
J'ai adoré l'histoire, le rythme, les allusions aux beautés du Québec, sa révolte intérieur, ainsi que son ambivalence (trait marqué du peuple du Québec face à son destin).
Un classique québécois sans contredit.

Oeuvre futuriste sur le Québec

Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 7 juin 2005

Hubert Aquin est le meilleur écrivain du XXe siècle au Québec. La facture de son œuvre est d’un modernisme, voire d’un futurisme qui peut servir de modèle aux écrivains de demain. Plus forte que l’œuvre de Ducharme, plus sociale que celle d’Anne Hébert, moins individualiste que celle de Michel Tremblay, son œuvre est cérébrale. Elle est donc de l’ordre de la poésie. C’est une quête de ce que doivent être le Québécois et la société québécoise.

Prochain Épisode dénonce en quelque sorte le manque d’ouverture des siens. Hubert Aquin trouve que nous tournons en rond comme des automobiles de course. Ce n’est pas par hasard que la voiture occupe une place prépondérante dans ce roman. Il indique bien que tous les chemins mènent à Rome. Avant d’atteindre sa Ville Éternelle, le héros a décidé de passer par la Suisse, pays qui pourrait servir de modèle d’union pour tous les Québécois en quête de leur propre pays. Le héros mène sa course, les yeux dans le rétroviseur. Le chemin parcouru donne l’expérience pour la suite des choses. Mais ses principaux obstacles, ce sont les barrages devant lesquels il doit s’arrêter pour qu’on lui indique bêtement le chemin à suivre. Tous ces bien-pensants qui détournent les voyageurs de leurs voies pour qu’ils empruntent leurs autoroutes payantes. Pour le héros, les interdits représentent des cauchemars qui le rendent paranoïaque. Il voit partout des policiers qui le poursuivent pour son manque de rectitude. Il veut les semer pour échapper à l’univers du mensonge dans lequel nous vivons. Il ne faudrait pas que les progrès de la technologie se traduisent par l’immobilité de ceux qui veulent s’en servir pour fuir leur prison. Avec la mondialisation, nos sociétés courent le risque de la copie conforme des modèles établis par les décideurs. Somme toute, l’auteur cherche à préserver la poésie qui devrait présider à notre destin.

Quel beau roman! Certes, c’est très intellectuel. Mais le défi en vaut la chandelle. Hubert Aquin nous emmène dans un sentier inconnu qui débouche sur nous-mêmes, voire sur notre autodestruction. Cette oeuvre originale embêtera les champions sur routes banalisées et asphaltées. Mais la traversée du désert ou du Nunavik est bien plus emballante.