Le zèbre

Page blanche rageuse et qui ne produit rien que l’artiste accompli d’une tremblante main hachure de son encre par agacement et jette à la fournaise et part négligemment.

La mouche

La mouche : Je passerai bien !
La fenêtre : Tu ne passes pas …
La mouche : Il suffit d’un rien !
La fenêtre : Non, mais tu me vois ?
La mouche : Un petit peu plus !
La fenêtre : Épargne-moi ça …
La mouche : Faut-il que je fusse …
La fenêtre : Une tête en bois !
La mouche : Une frêle enfant …
La fenêtre : C’est ouvert là-bas !
La mouche : Pour buter au vent !
La fenêtre : Es-tu bête ou quoi ?


Ce livre est un plaisir, un plaisir magnifique ! Ce livre est un désir, un désir qui s’applique ! Ce livre est un cartel, un cartel bon à lire ! Ce livre est un appel, un appel à écrire ! Ce livre est un joyau, un joyau qu’on regarde ! Ce livre est un carreau, un carreau qui se farde ! Ce livre est un poème, un poème d’extase ! Ce livre est une gemme, une gemme aux cent phrases !
C’est un air de Buffon avec les oripeaux quelquefois d’un bouffon, quelquefois d’un Hugo. C’est tout simplement beau, c’est tout simplement juste, c’est mener le moineau jusqu’au rang des augustes, et avec une langue vive et irréprochable qui s’épargne la cangue des us inaltérables.
J’ai adoré ce livre. Il a une énergie qui un temps nous délivre de notre pauvre vie. A le lire au hasard, le monde semble riche ; il sculpte nos regards, il nous apprend la triche, l’art de voir au-delà de la banalité, voir après le corps gras une autre vérité.
Rien que pour tout cela, je vous dois mille égards. Oui, pour ce cadeau-là : merci, monsieur Renard !

Une coquille s'est glissée dans ma critique éclair. "Ce billet doux plié en deux cherche une adresse de fleur", c'est bien entendu le papillon, pas le ver luisant... Il est malheureusement impossible de corriger une critique éclair pour l'instant. Ah! la technique...

Un chef-d'oeuvre! Des décennies avant Delerm, Jules Renard a su regarder les choses et en tirer la quintessence dans une série de miniatures à lire tranquillement, à déguster comme des petits fours, à éplucher comme des pommes de reinette, à observer à la loupe comme des enluminures. La puce : "Un grain de tabac à ressort". Le ver luisant : "Cette goutte de lune dans l'herbe". Le papillon : "Ce billet doux plié en deux cherche une adresse de fleur". Esprits pressés, s'abstenir...

"Histoires naturelles" a été écrit en 1896, c'est un chef-d'oeuvre d'écriture et d'imagination. Jules Renard s'est amusé à rendre un hommage à sa façon à une nature dont il est très proche : cela donne une série de tableaux poétiques, drôles, tendres, savoureux, parfois cruels où l'on retrouve l'âne, l'arbre, le crapaud, le paon, la chauve-souris, l'alouette... Il y en a pour tous les goûts!! Certaines petits histoires sont très courtes et d'autres très amusantes.