La porte de Natsume Sōseki

La porte de Natsume Sōseki
( Mon)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Idelette, le 24 mai 2005 (Inscrite le 11 mars 2005, 60 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 898ème position).
Visites : 5 096  (depuis Novembre 2007)

Une histoire simple

Un couple sans histoire vit à Tokyo, leur quotidien.... Je sais ça n'est pas très accrocheur et pourtant ! C'est fort, c'est tendre, c'est délicat... On est ému par la poésie et la résignation qui se dégagent de ce livre, peu connu. La souffrance crée un lien indestructible et intransmissible.

Soseki décrit les rapports sociaux (comme dans "Botchan"), la valeur du groupe par rapport aux individus et ainsi montre, en creux, la société japonaise. Mais c'est, avant tout, une histoire de couple.

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Vie de famille

7 étoiles

Critique de Duncan (Liège, Inscrit le 21 février 2004, 42 ans) - 28 août 2005

Natsume Sôseki, considéré comme le plus grand écrivain japonais de l’ère Meiji, nous présente dans ce roman le portrait d’un couple sans histoires. Mais au détour des pages, les failles secrètes des héros seront dévoilées et révèleront un passé longtemps refoulé.

Sôsuke, fonctionnaire sans envergure vivant à Tôkyô, mène une vie tranquille. Il travaille toute la semaine, rentre chez lui le soir pour retrouver sa tendre épouse Oyone et fait la grasse matinée le week-end. Qu’il semble loin le temps des rêves, celui où, étudiant, il pouvait vivre au crochet de son père en planifiant un avenir radieux…

Qu’est-il donc arrivé à ce jeune homme idéaliste, plein de verve, pour en faire cet homme banal, légèrement fainéant qui ne vit plus que pour son bain chaud du soir ?

Est-ce la mort de son père qui mit en lumière la situation financière catastrophique d’une famille apparemment aisée ? Est-ce le remord de n’avoir pu s’occuper de son jeune frère Koroku ?

Sôsuke est un de ces « héros sans histoires », nonchalant, ballotté par une vie dont il ne comprend pas la soudaine cruauté. Considéré par tous, y compris son jeune frère, comme un gagne-petit, voire un lâche, il pensait avoir trouvé un semblant de bonheur à Tôkyô. L’ambition d’un cousin, la radinerie d’une tante et la bienveillance de son riche propriétaire le pousseront pourtant à revenir sur certains évènements qu’il croyait enfouis. Et au fil des pages, un portrait tout en nuances de la vie du mari et de son épouse est fait par l’auteur, un portrait dont la tendresse n’est pas exempte. Et l’on comprend mieux alors les désillusions du héros, sa résignation face au destin, le renoncement à toute ambition, son aspiration à mener une vie paresseuse centrée autour de sa personne et de celle qu’il chérit plus que tout. Cette propension au repli sur soi culminera quand Sôsuke cherchera la rédemption dans la méditation et le bouddhisme Zen pourtant longtemps considérés par lui comme une vaste foutaise. Là encore, une grande désillusion sera au rendez-vous…

Dans ce roman, japonais sans l’être tant son sujet est universel, Sôseki montre avec le brio qu’on lui connaît comment la vie, les rumeurs et la malveillance peuvent briser les plus idéalistes d’entre nous. Mais il nous montre aussi qu’en s’entourant de personnes attentionnées et aimantes, il est possible de surmonter ces épreuves, d’y puiser une force nouvelle… voire une certaine sérénité. Sôsuke et Oyone, en quelques sortes vaincus par la vie, trouvent finalement un bonheur « médiocre » fait de rayons de soleil, de bains chauds et de poissons crus. Mais n’est-ce finalement pas en cela qu’ils nous ressemblent le plus ? Et n’est-ce pas cet état de « résignation acceptée » qui fait l’universalité de ce roman et de son sujet ? A quoi avons-nous renoncé ? Combien de fois n’avons-nous pas plié l’échine devant trop grand, trop fort ou trop difficile ? Sôsuke pourrait être le héros détestable de ce livre, un pleutre, mais il n’est que trop humain et en ressort donc au contraire terriblement attachant.

« En se rappelant l’époque où, étudiant à Kyôto, il obtenait de son père sous divers prétextes des sommes importantes destinées à ses études, mais qu’il dépensait en fait selon son bon plaisir, et en comparant cela à sa situation présente, il était terrifié par les contraintes du destin. Un jour, se remémorant le printemps trop vite enfoui de sa jeunesse, cette période de sa vie apparut pour la première fois à son œil désabusé comme perdue dans un brouillard lointain. « Cette époque-là était donc l’apogée de ma prospérité ? » se dit-il… »

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