Le Bateau-phare de Blackwater de Colm Tóibín
( The Blackwater lightship)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Famille je vous…… ?
Un homme malade, Declan, va mourir, il charge sa sœur de reprendre contact avec leur mère qu’ils n’ont pas vue depuis plusieurs années. Les rancœurs du passé s’estomperont-elles ?
Hélène dont le mari et les enfants sont partis en vacances dans le Donegal, reçoit une visite inattendue, Paul, un ami de son frère lui annonce que celui-ci est malade et qu’il aimerait la voir. Declan, homosexuel, est atteint du sida, il veut aller au bord de la mer près de Wexford, chez sa grand-mère et revoir sa mère. Les deux femmes, veuves de bonne heure, n’ont pas des caractères faciles et ne s’entendent pas du tout. Et comme les relations sont très tendues entre Hélène et Lily sa mère, la jeune femme hésite mais ne peut pas refuser. Dans la vieille maison de la grand-mère, deux clans se côtoient, Larry et Paul les hommes, amis de Declan, qui le connaissent plus que sa famille, pour qui sa santé est une priorité. Les femmes, grand-mère, mère et fille vont vider leurs sacs, sortir des années de petits faits et de souvenirs ayant entraîné une décomposition de leurs relations. Declan, qui est le point central de ce huis clos, voit son état de santé s’aggraver rapidement. Son retour à l’hôpital de Dublin est désormais obligatoire.
Les personnages féminins ont les premiers rôles de ce livre. La mère depuis des années pleure son mari mort d’un cancer dans la fleur de l’âge, mais ne sachant pas gérer ses sentiments, elle s’est muré dans une dureté que ses enfants lui reprochent. Sa réussite professionnelle lui ayant donné une certaine aisance et une autorité nouvelle, elle ne comprend pas que son avis soit mis en doute, elle n’approuve pas la vie sexuelle de son fils. La grand-mère est du même moule mais paraît plus ouverte, accueille tout ce monde sous son toit avec une certaine chaleur. Hélène, et Declan avec elle, reproche à sa mère le sentiment d’abandon qui les a poursuivis depuis leur enfance. Toutes découvriront un Declan qu’elles ne connaissaient pas. Paul et Larry eux apportent un côté terre à terre, un minimum de gaieté et un dévouement sans faille pour Declan.
Colm Toibin ne juge pas les personnages ni les relations entre eux, il semble témoin et narrateur de ces retrouvailles et de leurs tensions. La maladie et la déchéance de Declan sont «cliniquement» décrites, sans effet d’écriture. A lire, mais quand le moral est bon.
Les éditions
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Le bateau-phare de Blackwater [Texte imprimé], roman Colm Tóibín trad. de l'anglais, Irlande, par Anna Gibson
de Tóibín, Colm Gibson, Anna (Traducteur)
Denoël / Et d'ailleurs.
ISBN : 9782207250389 ; 20,85 € ; 14/02/2001 ; 199 p. ; Broché
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Famille...
Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 18 janvier 2014
C'est le thème de ce roman. Tout part d'une première mort, celle du père, assez brutale, et très mal vécue par la mère qui n'a jamais parlé à ses enfants, Helen et Declan. Elle les a éloignés et envoyés très longtemps chez leur grand-mère, eux se sont sentis, à juste titre, abandonnés.
Par la suite, l'homosexualité de Declan, non acceptée, a été également à l'origine de son éloignement. Sa mère aurait préféré qu'il appartienne à l'IRA.... Quant à Helen, elle a elle même rompu tout lien, s'est mariée et a eu des enfants sans jamais prévenir sa mère.
Mais Declan est malade, le sida en phase terminale, et, avant de mourir, il veut les revoir...
Ces retrouvailles donnent un roman très sobre et très émouvant. Des choses se disent, des lieux et des souvenirs se retrouvent, et l'on sait que la décision de Declan , cette ultime réunion familiale, n'aura pas été inutile.
Sobriété des émotions, sans froideur et même avec de l'humour, mais description clinique de l'agonie de ces malades...
Un extrait:
Pendant un moment encore, personne ne surgirait dans ce paysage; les vagues continueraient de déferler et de se retirer sans témoins ni spectateurs. La mer n'avait aucun besoin du regard d'Helen. Au cors de ces heures-ci, pensa-t-elle, ou au cours des longues heures de la nuit, la mer était davantage elle-même, monumentale et inaccessible. Il lui parut évident soudain- comme si toute cette semaine l'avait conduite par échelons successifs à cette seule intuition- que les humains étaient superflus, que cela n'avait aucun importance qu'il y ait des humains ou non. Le monde continuerait. Le virus qui détruisait Declan , qui le faisait crier d'impuissance au lever du jour, ou encore les échos et les souvenirs qui revenaient à Helen dans la maison de sa grand-mère, ou l'amour pour son mari et ses fils dont elle ne parvenait pas à ranimer l'écho en elle, tout cela n'était rien. Et, en cet instant, au bord de la falaise, elle sentit pleinement que ce n'était rien.
Des images, des résonances, de la douleur, des petits désirs et de petits préjugés. Tout cela ne signifiait rien, comparé à la dureté résolue de la mer. Tout cela signifiait moins que l'argile sèche de la falaise rongée par le vent, emportée par la mer. Ce n'était pas seulement que cela disparaîtrait: cela existait à peine, cela n'avait aucune importance, cela n'avait aucun impact sur cette aube froide, sur ce paysage main désert, isolé, où l'eau brillait dans la lumière du jour et choquait Helen avec sa beauté maussade. Ce serait peut-être mieux, pensa-t-elle si les humains n'existaient pas, si la révolution du monde , la mer scintillante et la bise du matin se déroulaient sans témoin, sans quiconque pour sentir, se souvenir, mourir, ou tenter d'aimer...
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