L'herbe rouge de Boris Vian

L'herbe rouge de Boris Vian

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Déhellair, le 11 mai 2005 (Inscrit le 13 novembre 2004, 38 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 579ème position).
Visites : 11 457  (depuis Novembre 2007)

Thérapie funeste

Vian dans toute sa poésie, son écriture qui se dégage d'un certain académisme explosant ainsi notre Français.
Bon Wolf est le personnage principal et il déprime ouais, ses derniers espoirs sont à peine entretenus par la création d'une machine qui ne permet en fait qu'une introspection, une espèce de psychanalyse.
Elle n'aura pas les effets escomptés...
S'articulent autour de Wolf plusieurs autres faits. Un autre couple Folavril et Lazuli, ce dernier étant dérangé par l'apparition d'un homme jumeau lorsqu'il se met à embrasser Folavril. Cela va aussi vraiment le déprimer.
Et puis la femme de Wolf, Lil qui se désespère un peu de l'état de son homme.
A travers une thérapie complètement foireuse qui revisite le passé de Wolf, on peut lire la critique d'une certaine société qui a peut-être été celle où Vian, jeune a évolué mais on se fout de l'aspect autobiographique. Lisons le style Vian qui prend les mots pour ce qu'ils sont et les emploie différement en nous réservant cet effet de surprise. Mots-valise, néologismes et lexique spécialisé servent à décrire ce monde funèbre... Bah si c'est ce qui prédomine dans L'herbe rouge. La vie ça commence mal. Enfin vous verrez ou vous avez vu. Voilà un petit bouquin écrit par Vian qui fait plaisir.

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La machine à broyer du noir

8 étoiles

Critique de Ndeprez (, Inscrit le 22 décembre 2011, 48 ans) - 6 mai 2014

Assez difficile d’accès, l'Herbe rouge de Boris Vian est une oeuvre très sombre et pessimiste dénuée de toute forme de décalage que l'on retrouve souvent dans la bibliographie de cet auteur.
Egratignant le parcours scolaire , la course aux diplômes ( comme quoi rien ne change) et surtout surtout la psychanalyse , Vian livre un texte très personnel sur son époque.
Très désabusé , l'herbe rouge (agrémenté dans l’édition poche de 3 nouvelles agréables) reste un livre nécessaire pour qui veut connaitre un peu mieux l'immense auteur qu'était Boris Vian

Psychothérapie fatale

8 étoiles

Critique de Lejak (Metz, Inscrit le 24 septembre 2007, 49 ans) - 17 juillet 2012

Wolf est un scientifique, un ingénieur. Sa dernière invention : une machine capable de faire revivre les souvenirs, de les analyser et ensuite de tout effacer.

Wolf est aussi un homme sérieux, digne, droit. Trop au goût de sa compagne Lil. Folavril se plaint également de la distance de Lazulli, fidèle mécano de Wolf.

Vian se plaît à critiquer la société de ses contemporains, celle des années d'après-guerre, au travers d'une réécriture absurde et fantaisiste.

Vian en profite également pour régler ses comptes avec ses propres démons, facette forcément autobiographique d'un livre sujet à l'introspection.

Roman court, mais dont la lecture est parfois un peu laborieuse (passage de l'inauguration par exemple), je retiendrai avant tout la poésie propre à l'écriture de Boris Vian.
Véritable conte moderne, 'L'Herbe rouge" ne peut laisser indifférent. Je trouve parfois dommage que cette fantaisie soit au service d'une tragédie et d'une vision si noire de la vie.

Une histoire de couples?

7 étoiles

Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 1 septembre 2009

Vian repousse plus d’un lecteur assidu sans même que celui-ci l’ai déjà lu, parce qu’au même titre que Jules Verne ou Wells et à la même époque, il considère plus de choses que celles qui font la banalité du quotidien et la lassitude de la vie, ou plutôt il va beaucoup trop loin de la réalité et du rationalisme pour être considéré comme un grand écrivain. En effet pour beaucoup il est plus aisé d’écrire de jolies choses en ne se limitant pas à la réalité, parce que notre champ d’action et d’interprétation est plus grand, moins risqué. Je ne fais pas partie de ces personnes qui osent un jour, souvent par dépit, saisirent un livre de Vian et, au choix, renier leurs anciennes considérations, ou, au contraire, les défendre et ne plus jamais considérer Vian. Je fais partie de ceux qui ont toujours été bercés par les proses de Vian, par l’impact de ses oeuvres sur la littérature d’aujourd’hui.

Le récit ? Fantaisiste, absurde, avec une pointe d’autobiographie. Deux mondes s’opposent : l’un plus ou moins réaliste et l’un complètement tiré d’un univers de science fiction, avec une machine à effacer les souvenirs (après les avoir intensément ressassés). Le personnage principal, Wolf, passe de l’un à l’autre et non s’en mal, ce qui le conduira d'ailleurs à une fin étrange. Sordide?

Deux femmes apparaissent dans le récit et ont des rôles bien distincts de ceux des hommes. Pourtant l’on n’hésite pas à les considérer supérieures :

” – Pourquoi est-ce que nous résistons mieux? demanda Lil

- Parce que nous avons un préjugé contre nous, dit Folavril, et ça nous donne à chacune la force d’un ensemble. Et ils croient qu’on est compliquées à cause de cet ensemble. C’est ce que je t’ai toujours dit.

- Alors ils sont bêtes, dit Lil.

- Ne les généralise pas à leur tour, dit Folavril. Ca va les rendre compliqués aussi. Et chacun d’eux ne le mérite pas. Il ne faut pas penser ” les hommes” mais “Lazuli” ou “Wolf”. Eux pensent toujours les femmes, c’est ça qui les perd.”

Rien d’étonnant en pleine période Simone de Beauvoir et ses Deux sexes.

Finalement comme à son habitude B. Vian enrichit son récit de ses propres expériences et visions de la vie tout en n'omettant pas d’embellir la chose de nombreuses références musicales et littéraires.

Un peu trop de surréalisme à mon goût tout de même pour peu de moments révélateurs, mais il y en a, notamment lorsqu’il évoque la religion.

Wolf et l'affront du passé ou Orphée aux enfers

8 étoiles

Critique de Oxymore (Nantes, Inscrit le 25 mars 2005, 52 ans) - 31 mai 2007

L'herbe rouge est un roman très étrange, mêlant le style de Vian à une certaine forme de littérature S.F.

Deux couples cohabitent dans un immeuble: Wolf et Lil d'une part, Lazuli et Folavril de l'autre. Le curieux chien Sénateur Dupont faisant office d'étonnant révélateur affectif.
Sur le carré de pelouse de l'immeuble, Wolf entretient avec son compère une curieuse machine métallique dans laquelle il se faufile régulièrement; machine qui a la vertu d'agir sur Wolf comme une catharsis fantastique.
Parallèlement, puisque la dichotomie est permanente dans ce roman, Lazuli combat en permanence un alter-égo qui semble s'être promit de garder un oeil sur sa relation "intime" avec Folavril.
La dichotomie est d'ailleurs très appuyée dans ce roman puisque bien que très présentes, Lil et Folavril ne sont que les pauvres adjuvantes nécessaires à établir une part de vérité. C'est ainsi qu'elles se font une idée précise des hommes pendant que ceux-ci se débattent avec leur conscience.
L'herbe rouge semble avoir été le support idéal de Vian de régler quelques comptes avec l'enfance, la religion, les études et l'amour; cette machine bizarre dans le carré agit comme une machine à remonter la mémoire, un miroir révélateur.

Encore une fois, on retrouve dans ce curieux roman toute la verve de Vian; on croirait lire Audiard par moments
Citation:
- Tu n'es pas de bonne humeur constata-t-il
- Vous non plus dit Lazuli
- On va prendre du vigoureux dit Wolf. J'ai un reginglot 1924 qu'est spécialement idoine. ça console.


L'écriture y est souvent très belle, nostalgique mais sans regret
Citation:
Dans un désert, j'aurais aimé ça...La salade russe, les casse-noix à escargots, les triangles à Macaroni...mais que quelqu'un passe, et toutes ces formes humiliantes de la civilisation familiale, les fourchettes, les timbales en aluminium, tout ça me montait à la tête- je voyais rouge. Alors je lâchais mon assiette et je m'écartais pour avoir l'air d'être ailleurs-ou je m'installais au volant de l'auto vide, qui me rendait une virilité mécanique. Et pendant ce temps, mon moi mou me soufflait à l'oreille..."Pourvu qu'il reste de la salade russe et du jambon..." Alors j'avais honte de moi, honte de mes parents, et je les haïssais.

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