La chambre des officiers de Marc Dugain
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un livre original, surprenant et surtout émouvant
En 1914, Adrien, la vingtaine, est mobilisé pour le front comme tous ceux de son âge.
La guerre n’a pas encore vraiment commencé, mais il s’agit de se préparer pour empêcher l’ennemi de passer la Meuse. Adrien effectue des reconnaissances sur le bord du fleuve lorsqu’un obus s’écrase à ses côtés. Quand il reprend conscience, il n’a plus de visage. Sa mâchoire supérieure est partie en morceau dans l’explosion. Il n’a plus de palais, à la place c'est un grand vide.
À tel point défiguré qu'il arrive à passer la langue par son nez.
Adrien est désormais « hors combat », il ne connaîtra pas les tranchées.
Et pourtant…
Il y a une autre guerre à mener.
L’ennemi cette fois est intérieur.
Adrien doit maintenant, avec sa gueule de monstre apprendre à vivre. Dugain raconte alors l’autre côté de la guerre. Pas celle des héros, des morts au combat ou dans les camps, mais celle d’un rescapé. Beaucoup dans l’hôpital qui comme Adrien sont défigurés, vont se donner la mort en découvrant leur visage dans le regard des autres. Adrien quant à lui avoue : « je n'ai pas eu le courage de me suicider.
J'ai eu le courage de ne pas me suicider ». Quand les gens le regardent, ils en ont peur. D'ailleurs, c'est bien simple, on ne le regarde plus.
Marc Dugain, dans ce qui constitue son premier roman, nous raconte une guerre.
Celle de 14, des « tranchées boueuses ». On s’attend alors à un roman historique. Pourtant, il n'en est rien. Dugain a bien compris que l’histoire ne se résume pas à des dates ou à des faits. La guerre prend ainsi une toute autre dimension. On sent dans ce livre toute la tragédie humaine d'une guerre. En lisant, on se glisse dans la peau d’Adrien. Et comme lui, on se demande comment encore vivre avec un tel visage, ou plutôt avec ce qui en reste.
Ce livre est hors du commun pare que s'il prend un thème romanesque ordinaire ; l’histoire, elle, est hors du commun. Lorsqu'on est jeune et qu’on n'a connu aucune guerre, il est parfois difficile de s’imaginer toutes les atrocités qu'elle engendre. Après ce roman, une chose est sûre, c’est que jamais je ne voudrai avoir affaire à elle.
Les éditions
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La chambre des officiers [Texte imprimé], roman Marc Dugain
de Dugain, Marc
J.-C. Lattès
ISBN : 9782709619035 ; 5,68 € ; 01/01/1999 ; 172 p. ; Broché -
La chambre des officiers [Texte imprimé] Marc Dugain
de Dugain, Marc
Pocket / Nouvelles voix
ISBN : 9782266093088 ; 5,50 € ; 15/12/1999 ; 171 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (15)
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Une connaissance nécessaire
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 27 février 2016
Après, cela reste dur à avaler. Certaines descriptions donnent fatalement des sueurs froides.
Affronter le regard des autres
Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 13 septembre 2015
Courage exceptionnel que celui d'Adrien et de ses compères, amis et frères. Comme cela a été dur pour eux de reprendre une vie "normale", avec leurs "gueules cassées" par cette horrible guerre. Il faudrait nous mettre à leur place cinq minutes, et deviner nos réactions. Celle de baisser les bras, d'abandonner, de se supprimer ? Certains l'ont fait, hélas, ne pouvant supporter le regard des autres, de la famille, des proches. D'autres, comme ces hommes, ont affronté. Adrien est touchant, il regrette d'avoir subi ces blessures alors qu'il n'a même pas vu un seul instant l'ennemi, et se pose de multiples questions quant à la légitimité de son statut.
Vraiment, une belle leçon de vie, car derrière leurs visages abîmés demeurent leurs âmes, leurs personnalités, leurs pensées qui ne manquent pas d'intérêt.
Un instant d'humanité
Critique de Odile93 (Epinay sur Seine, Inscrite le 20 décembre 2004, 70 ans) - 7 juin 2014
C'est difficile d'exprimer ce que je ressens et dire que "c'est beau, c'est puissant" parait banal et ne rend en rien l'impression qu'a suscitée sur moi ce livre.
Une belle leçon d'humanité que nous livrent ces hommes marqués au plus profond de leurs chairs par la guerre.
Ce qu'ils ont souffert est effroyable et pourtant ce sont eux qui donnent l'espoir et font rire les autres !
Comment ne pas en tirer des leçons pour nous et nos petites vies.
Les gueules cassées...
Critique de Homo.Libris (Paris, Inscrit le 17 avril 2011, 58 ans) - 27 février 2014
Livre fort, émouvant et sublime, très bien écrit. Marc Dugain a su composer des personnages de caractère, meurtris dans leur chair et leur esprit mais toujours pleins d'humanité. A lire absolument. Vous pouvez également voir l'adaptation ciné, assez fidèle au roman, mais un film ne remplace jamais un livre, enfin vous faites comme vous voulez !
Est ce une coïncidence si le héros s'appelle Adrien Fournier et si Alain Fournier (Le grand Meaulnes) a été tué dès les premières escarmouches de l'automne 1914 ?
L'expérience d'un blessé pendant la guerre 14-18
Critique de Marcel11 (Paris, Inscrit le 23 juin 2011, 26 ans) - 20 octobre 2013
La chambre des suppliciés.
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 25 février 2013
Dès lors, il se consacre avec succès entièrement à l'écriture en traitant des sujets très différents.
La guerre 14-18 n'est pas encore officiellement déclarée. Adrien est en reconnaissance sur un chemin de halage qui longe la Meuse quand il est fauché par un obus allemand.
Il reprend connaissance à l'Hôpital du Val de Grâce à PARIS, profondément mutilé (Destruction maxillo-faciale).
Débute alors un long combat médical et psychologique.
La douleur dans le regard de l'autre.
"Chacun d'entre nous devient le miroir des autres".
Sur le chemin de la déchéance, suicides et agonies se côtoient au quotidien.
Adrien, Henri de Penamster, Pierre Weil et Marguerite associent leur douleur pour affronter le monde. "L'escadron des naufragés se met en marche ". Ils sont les derniers des vivants. Leur entrain est l'apanage de ceux qui sont débarrassés de leur image.
Un court roman sur les "gueules cassées" de la Guerre 14-18. Sa force réside dans le juste équilibre entre compassion et optimisme.
J'avoue avoir été ému par cette oeuvre intelligente et sensible.
Gueules cassées.
Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 20 novembre 2010
Des survivants sans visages.
Critique de Chene (Tours, Inscrit le 8 juillet 2009, 54 ans) - 6 juin 2010
Les Nations et, en particulier la France, avec ses soldats en pantalons rouges et en casquettes en guise de couvre chef, se fracassèrent brutalement contre la réalité de la guerre moderne et l’industrie de masse naissante. Krupp travaille l’acier, Taylor et Ford inventent le travail à la chaîne avec le découpage des tâches. On produit plus, en masse, et mieux. L’Allemagne est déjà, à l’époque, une immense puissance industrielle. C’est bientôt l’ère de l’automobile et de l’aviation. De nouvelles techniques de guerre apparaissent. Cette puissance industrielle avec ses machines, ses canons, son métal en fusion et bientôt le développement de la chimie, vont être projetés à grande vitesse et avec violence sur quoi ? Tout simplement des visages et des corps de pauvres jeunes innocents de 20 ans faits de chair et de sang qu’on envoyait sans protection à la boucherie.
A la fin de l’année 14, l’État Major Français comptabilisait déjà des milliers de mort sur le front, des régiments entiers détruits et constatait avec surprise que « le feu tue ». Les casques pour protéger les têtes des combattants de ce déluge de feu n’arriveront qu’à la fin de l’année 1915….
Au début de la guerre, l’armée française s’était pris une telle saignée que sans une erreur du commandement Allemand (en particulier à cause de la rivalité entre deux généraux; Von Kluck et Moltke) et sans le génie du Général Galliéni qui su convaincre Joffre et profiter de l’occasion, la bataille de la Marne n’aurait pas eu lieu et Paris aurait été occupé dès le début des hostilités (comme en 1870 et en 1940).
« La chambre des officiers » de Marc Dugain, raconte l’histoire d’Adrien qui sans avoir jamais vu un ennemi en face sera une victime de cette tragédie.
Son visage sera emporté par un obus dès le début de la guerre.
C’est l’histoire de ses survivants qui sont revenus du front sans visages. C’est les prémices de la chirurgie maxilo-faciale.
Dans les années 20, ils seront des milliers à errer avec des gueules cassées (cette guerre fera des millions d’invalides) rappelant à tous ce que fut l’horreur de cette guerre et ce que peut donner la modernité et donc ce que pourrait être la prochaine guerre. On le verra 20 ans plus tard quand une industrie employée à mauvais escient aboutira carrément à l’idée de l’industrialisation de la mort avec l’invention des camps. De pire en pire dans l’horreur.
Récit émouvant
Critique de Lalie2548 (, Inscrite le 7 avril 2010, 39 ans) - 6 mai 2010
Très bon roman
Critique de Fanyoun06 (, Inscrite le 19 août 2008, 55 ans) - 21 mai 2009
Ce roman est inspiré directement de l'histoire familiale de Marc Dugain, de celle que l'on transmet à son fils ou à son petit-fils. Le grand-père maternel de l'auteur a été sa principale source d'inspiration : c'était une Gueule cassée. Tout le monde a entendu au moins une fois dans sa vie cette expression.
Dugain entraîne son héros vers un combat intérieur, un combat contre lui-même où l'acceptation de soi lutte face au regard des autres. L'écriture sobre de l'écrivain m'a profondément émue. Les faits sont décrits de manière simplissime et chaque mot est à sa place. J'ai beaucoup, beaucoup aimé...
Excellent...
Critique de Sally-Ann (, Inscrite le 5 janvier 2005, 41 ans) - 5 janvier 2005
Elle a été meurtrière, a détruit des vies et des familles, et pourtant, on n'en parle quasiment jamais. La Deuxième Guerre Mondiale a fait plus de dégâts dans les esprits.
La Première Guerre Mondiale est pourtant les débuts de la guerre moderne avec ses chars, son aviation, ses armes modernes, ses armes chimiques... et les débuts de la chirurgie esthétique, si bien évoqués dans La Chambre des Officiers.
Ambivalence.
Critique de Niddle (Le Raincy, Inscrit le 13 janvier 2004, 45 ans) - 14 janvier 2004
La guerre ....
Critique de Ondatra (Tours, Inscrite le 8 juillet 2002, 43 ans) - 12 juin 2003
Un autre regard ?
Critique de Otbest (Bruxelles, Inscrit le 28 mai 2001, 68 ans) - 31 janvier 2002
Ce livre, premier ouvrage de Marc Dugain, nous plonge au coeur d'une série de sentiments allant de l'abattement total et au dernier échelon: le suicide, jusqu'à l'amitié qui en ressort grand vainqueur car elle permettra à ces "monstres" de s'accepter. On en arrive même à vouloir rencontrer Adrien pour le féliciter de la leçon de vie qu'il nous donne. Ecrit dans un style simple mais direct, ce livre à vraiment beaucoup de mérite. Un must !
de la dignité humaine
Critique de Zoom (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 70 ans) - 7 octobre 2001
Cinq ans où se nouent d'irréductibles liens, une intimité rare, des sentiments profonds d'amitié faits de petites choses, de regards, de propos mesurés, de parties de belote, mais dont l’intensité sera éternelle. Nul, à cet étage , ne cèdera à l’apitoiement ni au désabusement.
L'auteur livre la quintessence de la destinée tragique de son grand-père: la profonde conviction qu'au pire , le meilleur reste scellé. Le destin cruellement absurde d'un jeune français comme il y en eut tant, n'appelle ni pitié ni compassion, mais au contraire force l'admiration devant tant d’humanisme, de valeurs humaines profondément positives.
Un livre pesant de dignité .
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