Onitsha de J.M.G. Le Clézio

Onitsha de J.M.G. Le Clézio

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Ichampas, le 20 avril 2005 (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (11 896ème position).
Visites : 9 364  (depuis Novembre 2007)

un beau voyage littéraire

Résumé de l'éditeur
Fintan, Maou, Geoffroy : trois rêves, trois révoltes. Et une même soif.
Fintan Allen a douze ans lorsque, le 14 Mars 1948, il embarque pour l’Afrique avec sa mère, Maou. Geoffroy Allen, qui avait laissé en France sa femme et son fils, leur a enfin demandé de venir les rejoindre à Onitsha, petit port fluvial où il travaille pour le United Africa. Fintan ne connaît ni son père, ni l’Afrique.
Maou, elle, rêve d’une Afrique Idyllique où elle pourra vivre auprès de l’homme qu’elle aime, à l’abri des préjugés familiaux qui condamnaient en lui le rêveur sans le sou, et anglais de surcroît. C’est l’Afrique bien différente qu’elle va découvrir, dévorante, insaisissable. Et un conformisme plus oppressant encore : celui du milieu colonial, fait de haines, de mesquineries, d’échecs inavouables.
Quant à Geoffroy, il est parti pour Onitsha afin de retrouver l’emplacement de la nouvelle Meroë, fondée selon la légende sur une île du grand fleuve par Arsinoë l’Egyptienne, la reine noire. Son rêve prend progressivement les couleurs de la défaite : Geoffroy ne trouvera que lui-même.
Si le roman fait resurgir, aux côtés de Fintan, Maou et Geffroy, le personnage d’Arsinoë, ou encore les mystérieuses figures des mythes africains, c’est que chacun de nous est une parcelle de la légende universelle qui, depuis les origines, ne cesse de s’écrire.
Ce livre est pareil à l’Afrique : il brûle « comme un secret, comme une fièvre ». S’il s’en dégage malgré sa violence un tel sentiment de sérénité, c’est que, chez Le Clézio, même la fièvre, même la révolte, même la défaite sont les couleurs de la paix.


Avis personnel
Une belle histoire filiale entre un fils, Fintan, et sa mère, Maou, qui partent à l’aventure rejoindre un père et un mari, Geoffroy. Ce mari, en quête d’une légende, a changé et finalement se révèle à la fin. Ce père, Fintan va en avoir peur et ensuite l’aimer à jamais.
Cette belle aventure qui ne durera que peu de temps en Afrique transformera à jamais cet enfant Fintan. A l’âge adulte, en Angleterre, il est habité par cet épisode et on le comprend.

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féerie paradoxale

10 étoiles

Critique de LFC (, Inscrit le 11 juillet 2005, 39 ans) - 2 octobre 2011

Il s'agit pour moi sinon du meilleur livre de Le Clézio, du moins de celui qui me touche le plus. Cette description du voyage et de l'Afrique est ressentie comme un rêve parfois troublé car il n'y a pas dans ce livre de complaisance puérile pour la "magie" de l'Afrique. Mais l'Afrique décrite dans ce livre est bien par certains aspects onirique.

L’Afrique, ce secret qui brûle…

8 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 5 septembre 2010

Ce livre est comme un long poème où l’environnement est toujours étroitement lié aux états d’âme des personnages… Mais attention, ici, pas de description laborieuse, l’écriture de Le Clezio est simple, fluide et humble, toute en élégance…

C’est de l’Afrique de son enfance que s’inspire Le Clezio pour raconter l’histoire de cette femme, Maou, qui part au Nigéria avec son jeune fils Fintan rejoindre son époux, employé par une compagnie coloniale. On sent bien que l’auteur a été profondément marqué et fasciné par ce continent qui semble recéler quantité de mystères et des fantômes venus du fond des âges, notamment celui de la reine égyptienne de Méroé qui avait dû mener tout son peuple vers une nouvelle terre promise. La folie n’est jamais loin et semble guetter ces blancs (le mère et le père de Fintan) qui ne se sentent pas à l’aise dans la tour d’ivoire des colons anglais. Le roman est aussi une dénonciation, celle du comportement arrogant de ces mêmes colons, mais aussi une quête, celle de son père qui jusqu’à la mort sera obsédé par la dernière pharaonne noire.

On traverse cette histoire comme sur une pirogue, au gré des courants d’un fleuve africain large comme la mer, transporté, charmé par la plume de Le Clézio qui agit véritablement telle une brise exotique, face aux vigueurs du climat africain.

beau

7 étoiles

Critique de Elyria (, Inscrite le 25 mars 2006, 33 ans) - 5 juillet 2007

Encore un très beau livre de Le Clézio et encore sur l'enfance, un très beau récit qui nous entraîne dans un voyage au-delà de la France, au-delà du rêve aussi! un très beau livre en bref

C'est bizarre

7 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 17 octobre 2006

Le Clézio écrit indiscutablement très bien et j'ai apprécié certains de ses sujets comme "Etoile errante" et quelques autres. Mais cet auteur n'est jamais arrivé à me passionner véritablement et il en va ainsi de presque tous ses livres. Peut-être par trop "écrit"...

L'analyse de Patryck Froissart

9 étoiles

Critique de FROISSART (St Paul, Inscrit le 20 février 2006, 77 ans) - 15 octobre 2006

Titre : Onitscha
Auteur : J.M.G. Le Clézio
Editeur : Gallimard (avril 1993)
Collection : Folio
ISBN : 2070387267
289 pages

Onitsha, cela commence par Oni, comme onirique.
Une fois de plus, Le Clézio nous emmène au pays des rêves, non pas de nos rêves, mais des rêves qui tournent la tête des personnages, qui les animent, qui leur offrent raison de vivre, et puis qui les déçoivent, voire les détruisent.
Comme son grand-père dans Le chercheur d’or, comme l’auteur lui-même dans le Voyage à Rodrigues, les acteurs principaux de ce roman, à l’occasion d’un voyage qui les déporte dans la différence, dans l’étrangeté, ici d’un village africain qui disparaîtra dans la tourmente de la guerre du Biafra, se trouvent vite entraînés dans la spirale aspirante de la fascination de l’autre.
Ainsi, Fintan et sa mère Maou quittent en 1948 Marseille pour Onitsha, où ils rejoignent, l’un son père qu’il n’a pas connu, l’autre son mari qu’elle n’a pas vu depuis des années.
Le père, Geoffroy, anglais au service d’une entreprise coloniale, personnage classiquement leclézien, est obsédé par la recherche de traces mythiques, celles de l’exode de la dernière pharaonne noire de Meroé, Amanirenas, nommée Candace par Strabon, du Nil vers le Niger, et de l’installation, par sa fille Arsinoé, de son peuple dans la région d’Onitsha. Geoffroy poursuit et déchiffre les signes, sur la terre, dans les ruines, dans les tatouages rituels que portent les aînés de chaque famille d’Onitsha, dans la beauté pure et lisse de la mystérieuse Oya, venue de nulle part, muette et sauvage, qui ressemble à Ouma, la sauvageonne du Chercheur d’Or.
Fintan, très vite, puis Maou, plus lentement, se rapprochent de l’indigène, et sont corollairement méprisés et mis à l’écart par les blancs de la région.
Fintan a pour initiateur le jeune Bony, l’équivalent de Denis pour l’enfant Alexis dans Le chercheur d’or.
Maou devient la jumelle de sa servante Marima.
Dans cet ailleurs est un endroit qui se situe outre, comme si l’exil ne pouvait être justifié, ou supporté, que par la croyance en l’existence, au-delà de la montagne, du fleuve, ou de la mer, ou des conventions, d’un archi-pays dont la quête obsessionnelle permet d’oublier soit les liens avec la pays d’origine, soit la déception de se retrouver dans un pays qui ne répond pas à l’image idyllique qu’on s’en était faite :
Au Mananava de Denis et d’Alexis correspondent pour Bony et Fintan l’île formée par un bateau échoué au milieu de l’embouchure du fleuve, et pour Geoffroy, conduit par Okawho, le lac de vie perdu dans la forêt.
Onitsha brisera Geoffroy, ôtera chez Maou toute envie de voyage, mais laissera chez Fintan une durable amertume, un goût nostalgique d’inachevé, et le regret de ne pas s’y être fondu, assimilé, africanisé.
Onitsha est un roman de l’échec : échec de la recherche « historique » pour Geoffroy, échec de l’adaptation à la vie coloniale pour Maou, échec de l’initiation pour Fintan.
Fintan, fin du temps : l’histoire a pour cadre temporel la fin de la colonisation, échec historique.
Symbole de ces échecs : le bateau échoué au milieu du Niger, à l’embouchure…

Patryck Froissart, St Benoît, le 15 octobre 2006

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