Lutetia de Pierre Assouline
Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques
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Poignant
Le narrateur c'est Edouard Kiefer, ancien flic des RG, détective au Lutetia, palace parisien. Il a connu la première guerre mondiale au front, et nous fait partager la seconde, de 1938 à 1945, sans bouger de Lutetia (il dit à Lutetia, comme une ville, et non au Lutetia), mais en voyageant pourtant très loin dans l'âme humaine.
Pendant l'occupation, ce sont les renseignements allemands, l'espionnage, qui occupent l'hôtel. Il lui faudra composer avec ça, sans trahir ses convictions profondes. A la libération, ce sont les déportés qu'accueillent le Lutetia. Et là .....
Un roman très fort et très travaillé, une réalité historique précise et percutante. La première partie est assez ampoulée, voire ennuyeuse, galerie de la la clientèle juste avant le début de la 2° guerre, mise en place des personnages, je n'étais pas emballée. La 2° partie, l'occupation, est parfaitement menée dans le sens où elle n'est que malaise, ignorance, compromis. Mais la 3° partie, la vie après, est bouleversante du début à la fin. Certains y voient dans l'histoire de Lutetia, un dédouanement. C'est à la fois plus, et moins que ça. Un lieu, finalement, se nourrit de ceux qui y vivent, en témoigne à jamais le passage. Alors un hôtel, à fortiori un palace...
Un tout très fort.
Les éditions
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Lutetia [Texte imprimé], roman Pierre Assouline
de Assouline, Pierre
Gallimard / Blanche
ISBN : 9782070771462 ; 24,89 € ; 20/01/2005 ; 438 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (9)
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Beauté de l'écriture, récit mémorable!
Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 82 ans) - 11 juin 2011
Étant québécoise, désirant en connaître un peu plus sur le personnage j'ai découvert lors de ma démarche qu'en octobre 2007, Pierre Assouline a obtenu le Prix de la langue française qui récompense « l'œuvre d'une personnalité du monde littéraire, artistique ou scientifique qui a contribué, de façon importante, par le style de ses ouvrages ou son action, à illustrer la qualité et la beauté de la langue française ».
A l'image de ce beau roman pudique illustrant de façon magistrale le mythique Hôtel Lutétia de la rive gauche de Paris, Édouard Kiefer est un héros modeste, porté par la grande et la petite histoire, guidé par un romancier habile à restituer l'émotion dormant dans les archives.
Dans un équilibre sensible et nuancé entre la précision biographique et le souffle romanesque, l'auteur redonne vie avec un art du clair-obscur à une légende fascinante marquée par des évènements tragiques et inoubliables.
Même si étrangère à ce passé et que certains passages ou allusions me sont demeurés abstraits, j'ai été profondément émue, bouleversée et choquée par l'ensemble de ce récit qui me laisse un mémorable souvenir de lecture.
inoubliable
Critique de Lilaka (, Inscrite le 18 septembre 2007, 54 ans) - 23 avril 2008
Nombre de catégories d'hommes et de femmes, nombre de destins et d'événements tissés et entrecroisés par les années de guerre sont décrits à ce carrefour que devient Lutetia. En toile de fond, Paris, les symboles de la République mise à terre, et puis parmi les nombreux portraits évoqués via le regard d' Edouard Kiefer, une description particulièrement réussie d'un "nouveau client" qui s'installe pour quelques jours à la veille de l'été 40 à Lutetia : le Général de Gaulle. A travers ce portrait, le caractère historique et mythique du Palace prend toute son ampleur. Quant à la dernière partie, elle rend tellement hommage à toute une page de la Mémoire que ce livre est une lecture indispensable.
Un voyage fascinant dans le passé
Critique de BONNEAU Brice (Paris, Inscrit le 21 mars 2006, 40 ans) - 15 avril 2008
L’Histoire n’aura pas épargné l’hôtel Lutetia, unique palace de la rive gauche, ni ses occupants. Si sa fréquentation actuelle n’est en rien comparable avec celle du passé, Pierre Assouline sait par la magie des mots faire revivre l’Histoire, même à ses heures les moins glorieuses. Témoin inévitable de la seconde guerre mondiale, l’hôtel livre ses secrets au travers un narrateur à la position idéale : Edouard Kiefer.
Ancien flic des Renseignements Généraux, détective au Lutetia et responsable de la sécurité, Kiefer n’en demeure pas moins un alsacien germanophone, amoureux de l’Allemagne, celle d’avant Hitler, à sa grande époque. Vivant dans l’hôtel, célibataire, Kiefer constituera des fiches sur chacun des clients entrant au Lutetia, les conservant précieusement dans sa chambre.
A travers son histoire, c’est celle de l’Occupation qu’Assouline relate. L’arrivée des troupes allemandes dans Paris, l’exil de la population, l’installation des nazis dans les palaces, l’antisémitisme, les rafles, la torture, les déportations, rien ne lui échappera. Témoin impassible, parce que sa fonction l’exige, il poursuit sa tâche au sein de l’hôtel, avec un impératif de neutralité, refusant d’entrer dans la Résistance (mais lui rendant quelques services), ou de collaborer avec l’occupant.
Vous dire que c’est un excellent livre ne suffirait pas. Ce serait réducteur, et largement incomplet. Lutetia, c’est le mélange réussi entre un roman passionnant et un documentaire historique des plus complets, la rencontre délicate avec un personnage fictif venu nous raconter l’Histoire telle qu’elle s’est vue depuis le hall, les couloirs, les salles de réception, les sous-sols et les balcons du Lutetia. Un livre fascinant, un fabuleux voyage dans le passé qui ne devrait pas vous laisser sans interrogations.
Un pan de notre histoire
Critique de Nomade (, Inscrite le 14 février 2005, 13 ans) - 27 décembre 2007
Une excellente idée que de raconter un pan de notre histoire, celui de la Seconde Guerre mondiale à Paris, à partir d'un palace, Lutetia, et à travers le regard et les pensées du narrateur, un ancien flic des RG, Alsacien (Français du côté de son père mais Allemand du côté de sa mère). Kiefer, c'est son nom. Il connaît les moindres recoins du palace, réalise des fiches sur les clients (on y croise de grandes personnalités de la littérature) et observe.
Lutetia de Pierre Assouline, qui mêle le romanesque et l'histoire, est donc une vision analytique de la Seconde Guerre mondiale par le narrateur.
Le palace sera réquisitionné par les troupes allemandes avant de devenir un hôpital improvisé pour accueillir les rescapés des camps de la mort. "Lutetia était le seul palace parisien où l'on pouvait voir marcher des cadavres."
Cela est très bien écrit. Des passages sont même gravés dans nos esprits : "En abandonnant la lecture décidement trop déprimante de ce bulletin, j'eus le sentiment d'avoir enfin compris ce qu'était un juif aux yeux du monde. Celui qui n'est pas d'ici. Celui qui vient d'ailleurs. En somme, quelqu'un qui n'est jamais là où il devrait être."
Seul bémol toutefois à ce magnifique récit : Plusieurs pages peuvent évoquer ce qui se passe en une seule journée. Puis en quelques pages, l'histoire relate plusieurs mois de la guerre.
des fiches ...
Critique de Prince jean (PARIS, Inscrit le 10 février 2006, 51 ans) - 18 mars 2007
un roman en trois parties, bien construit, passionnant, une première partie légère et agréable, une deuxième, plus tendue, avec un certain suspense, et une troisième partie émouvante.
un livre très agréable à lire, magnifiquement bien écrit, peut-être un peu long, qui traduit une difficulté à conclure...
Je pense que je n'irai plus prendre le thé au Lutetia avec ma mère avec la même gaité que cela le fut avant la lecture de ce livre.
"à force de se fixer l’obéissance comme horizon moral, on en vient à abdiquer toute responsabilité"
Un peu trop descriptif.
Critique de Soili (, Inscrit le 28 mars 2005, 52 ans) - 26 novembre 2006
Ce roman se compose de trois parties : l'immédiat avant-guerre, la guerre et l'occupation de l’hôtel par l'Abwehr le service de renseignements allemand et enfin l’après-guerre où l’hôtel se trouve être le lieu de retour à la vie des déportés.
Ces trois parties sont à mon goût assez inégales.
La première partie raconte la vie de l’hôtel classique avant guerre avec les arrivées de personnes fuyant le régime nazi. Cette première partie même si elle met en place les différents protagonistes se trouve être poussive en raison du style qui use un peu trop des observations du narrateur qui décrit ce qu'il voit, il y manque un peu de vie et de dialogues.
La deuxième partie est axée sur l'occupation et sur la vision du narrateur de la montée de la collaboration et des funestes conséquences que cela engendre. La collaboration , la résistance, la soumission et la déportation sont au coeur du récit de cette période troublée.
Enfin, la dernière partie qui se trouve être la plus captivante nous fait découvrir un épisode peu connu du retour des déportés juifs et politiques avec des réflexions fort intéressantes . La façon de les accueillir, de les remettre sur le chemin de la vie malgré tous les traumatismes subis, tout cela est fort instructif et émouvant notamment grâce aux destins individuels. Le trauma est ici abordé sans description de la vie concentrationnaire, évoquée sans être décrite.
Le destin de ce détective sera au coeur des trois époques de la vie de l’hôtel. Mon appréciation sur ce roman se trouve entachée par une première partie trop morne.
Formidable.
Critique de Daffodil (, Inscrite le 3 août 2005, 53 ans) - 30 octobre 2006
Magnifique livre. Et le style est superbe. Vraiment à lire.
Fantômes blafards
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 11 septembre 2005
Il s’agit d’un morceau de mémoire d’une richesse inouïe, certes, mais un roman ? Pas vraiment. L’absence d’un fil conducteur autre que le passage du temps rend le tout froid et stérile. Assurément, l’occupation est foisonnante d’histoires fabuleuses à raconter. Mais elles ne sont pas dans ce livre.
Passé ressuscité
Critique de Bachy (, Inscrit le 10 avril 2004, 61 ans) - 12 mai 2005
La grande idée qui porte tout l’ouvrage est celle d’avoir choisi comme figure focale le préposé à la sécurité Edouard Kiefer. Il est Alsacien et protestant. Son père était régisseur du château de Cheverny, où vivaient le marquis de Vibraye et les siens. Tout le destine à percer les Allemands à jour mieux que personne. L’Histoire lui en donnera la fatidique occasion. Ce Kiefer qui ne quitte jamais l’immeuble, qui arpente son toit pour prendre l’air ou y sonner du cor quand le règlement l’y autorise, est un prodigieux personnage. Nul recoin de l'établissement n'a de secret pour cet homme au regard chaleureux, attentif, dépourvu de complaisance. Les illustres clients de ce lieu mythique qui jalonnent le récit en accroissent l’intérêt. Le Lutetia devient alors le cadre d’un huis clos tel un théâtre dans lequel se déroule une tragédie qui le dépasse, mais qu’il symbolise aussi. Assouline parvient à nous émouvoir et nous bouleverser et là où d’autres n’auraient réussi qu’un ouvrage historique didactique, Assouline a signé un roman historique passionnant et un livre sur les méandres du destin et de l’Histoire.
C’est une force extraordinaire d’arriver à se déprendre du contexte, aussi tragique soit-il, pour se projeter dans la durée. Le chef-d’oeuvre, en toute chose, c’est la durée.
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