Tequila bang bang de Germaine Dionne
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Boire ses émotions
Une soirée au « Viking » petit bar miteux d’un village côtier du Québec. Chaque chapitre illustre un moment de cette soirée, entrecoupé de témoignages des personnages principaux. C’est un roman de la déprime, avec son groupe de paumés, de naufragés de la bouteille se partageant leurs amertumes. Emma est la figure de proue, particulièrement bouleversée en ce jour, par le retour de sa mère qui par sa présence ressasse les souvenirs du passé.
Cette écriture, brute et franche, particulièrement rafraîchissante dans son premier roman est ici carrément vulgaire et sans humour. Très moyen que ce court périple dans l’univers incestueux de cette micro-société des cœurs balafrés. Du déjà lu. Étrangement j’y ai remarqué beaucoup de retenue dans l’émotion, pourtant tous les ingrédients étaient là pour faire sauter le baril de poudre.
Les éditions
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Tequila bang bang de Germaine Dionne
de Dionne, Germaine
Boréal / LITTERATURE
ISBN : 9782764602584 ; 13,00 € ; 22/04/2005 ; 129 p. ; Broché
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Relations mère fille
Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 31 juillet 2005
Avant d’être une œuvre qui s’attache au destin personnel d’une mère et de sa fille, c’est avant tout une œuvre qui fait ressortir l’oisiveté pernicieuse qui envahit les villages qui souffrent d’une économie en perte de vitesse à cause des entreprises vétustes qui ferment leur porte les unes après les autres après avoir raté le virage technologique des récentes décennies. Et comme le fleuve est vidé de sa morue, il ne reste plus à la population peu qualifiée d’attendre une nouvelle manne dans le bar du village, en l’occurrence Le Viking, propriété d’un Français qui espère s’enrichir aux dépens de ces laissés-pour-compte que nos dirigeants politiques ont laissé dépouiller des richesses de leur environnement.
Ce cadre sert d’appui à ce roman, qui étale sans pudeur la vie d’une femme incapable de vivre à la hauteur de ses aspirations, et qui s’est consolée avec le sexe et la tequila bang bang (servie avec seven up et grenadine). Partie vivre en Floride avec l’un de ses amants, elle revient, à cause de la maladie, dans son patelin où elle espère habiter la maison qu’elle a vendue à sa fille trois ans plus tôt. Cette dernière, revenue de Montréal où elle travaillait comme traductrice, ne l’entend pas de la même façon, d’autant plus que sa mère aurait souhaité qu’elle s’étiole « au fond d’une capote ». Leurs relations a couteau tiré sont évidemment connues de tous dans un village où la principale activité, en plus de s’enivrer, est de s’épier. À tour de rôle, les personnages viennent donner comme narrateur leur version des faits, soulignant certains faits d’arme, mais surtout le caractère passionné de ces deux femmes vouées à la haine, même dans la mort.
En somme, l’auteure trace le parcours de deux femmes que le bonheur a oubliées. La fille a vécu quelques joies avec son père, un mécanicien disparu le jour de ses huit ans. Nono, l’épicier dépanneur du coin, l’a déjà gardée alors qu’il était adolescent. Avec lui, elle trouvait un peu de tendresse. Hormis ces brefs moments heureux, sa vie se résume à celle de sa mère : aller boire des tequila bang bang au bar.
Ce village abandonné à lui-même ressemble en tous points à ceux qui vivent le drame de la désaffectation par les plus instruits que l’on hait parce qu’ils rappellent aux plus défavorisés leur médiocrité engendrée par un milieu dévitalisant. Pour secouer cette atmosphère déprimante, on organise des réjouissances débiles comme le concours du plus grand mangeur de hot dog. Le nombre impressionnant de festivals qui se tiennent chaque été au Québec prouvent assez éloquemment qu’on ne sait plus que faire pour se débarrasser de la guigne qui frappe des milieux qui ont perdu parfois leur école et voire même leur église recyclée en restaurant ou en théâtre d’été.
L’auteure parcourt sans linéarité ces tristes vies, respectant de par son écriture la truculence de la population qui veut, le temps d’une soirée, oublier ce qui l’affecte. Le propos n’est pas entaché de vulgarité, mais plutôt d’une grande compassion pour ces gens qui, sous l’effet de l’alcool, s’envoient « chier » en toute amitié. Il ne faut pas être bigots pour apprécier cette œuvre qui s’attache aux âmes humiliées et malheureuses de notre société. Malgré certaines maladresses narratives, ce roman révèle une part de vérité que l’on voudrait bien cacher, mais il souligne surtout nos manques d'amour.
Un certain québec
Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 25 juillet 2005
Oui, le langage est cru, l'étendue de la médiocrité humaine qui y est décrite ne dérange pas moins.
Mais j'ai adoré ce court roman, vécu comme un uppercut, on a du mal à croire à l'acte en filigrane d'Emma, pourquoi ? Inconscience, bêtise pure, acte délibéré et donc parfaitement cruel ? Mon opinion n'est pas tranchée, sans doute un mélange de tout ça.
Tout sonne juste à mes oreilles, pas un mot n'est de trop, lisez Germaine Dionne, elle est différente !
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