L'invention de la solitude de Paul Auster
( The invention of solitude)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Amère déception
Le début m'intriguait, il y avait là derrière un petit air de Lydia Flem pour aborder le deuil et une maison à vider, pour affronter l'absence via le poids des objets et puis se perdre dans les souvenirs… oui, j'ai cru que ça me plairait beaucoup jusqu'au bout.
Puis ça s'est très vite gâté à mes yeux. Auster nous dresse le portrait d'un père qu'il ne connaît pas vraiment, il nous raconte l'homme en même temps qu'il le découvre à travers les caisses à trier, il se plonge dans des photographies et reconstruit sous nos yeux une vie par morceaux. Curiosité certaine de ma part au début puis très vite, je l'avoue, je me suis ennuyée. Comment? S'ennuyer avec Paul Auster? Ce n'est pas possible! Et bien oui et mon ennui fut total. J'ai pourtant persévéré, espérant retrouver dans le chapitre "Le livre de la mémoire" un semblant de chaleur ou d'humanité. A nouveau le bide. Rien. Aucune émotion, l'impression de lire un monologue savant et de plonger dans un bouillon de souvenirs et d'anecdotes qui n'ont rien éveillé en moi. Auster a eu envie de rendre hommage à son père. Ainsi qu'au déclic qu'il a provoqué chez lui en lui donnant la possibilité de vivre en tant qu'écrivain. Cela lui tient sans doute à cœur, il y a apparemment beaucoup de lui-même dans toutes ces lignes, mais je n'accroche à rien.
Est-ce de l'abnégation de la part de l'auteur de se présenter ainsi comme un enfant mal-aimé et un type paumé? Ou une certaine forme de victimisation soigneusement mise en scène?
Aucune chaleur à mes yeux dans ce texte, juste de la prose savante et élégante. Je ne vais sans doute pas me faire des amis dans le club des fans d'Auster en disant cela. J'ai attentivement lu et relu la lecture proposée par Pascal Bruckner à la fin de mon édition, mais ce génie qu'il encense, je ne l'ai pas trouvé. Voilà, c'est tout, il arrive qu'on passe complètement à côté d'un texte ou d'un auteur. Cela ne m'empêchera pas de poursuivre mon exploration austerienne mais avec moins d'enthousiasme qu'avant, c'est certain.
Les éditions
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L'invention de la solitude [Texte imprimé] Paul Auster trad. de l'américain par Christine Le Boeuf lecture de Pascal Bruckner
de Auster, Paul Bruckner, Pascal (Postface) Le Bœuf, Christine (Traducteur)
Actes Sud / Babel (Arles).
ISBN : 9782868698209 ; 1,77 € ; 25/03/1992 ; 304 p. ; Poche -
L'Invention de la solitude [Texte imprimé] Paul Auster trad. de l'américain par Christine Le Bœuf
de Auster, Paul Le Bœuf, Christine (Traducteur)
Actes Sud
ISBN : 9782868692894 ; 19,80 € ; 10/08/1993 ; 220 p. ; Broché -
L'invention de la solitude [Texte imprimé] Paul Auster trad. de l'américain par Christine Le Boeuf
de Auster, Paul Le Bœuf, Christine (Traducteur)
le Livre de poche / Le Livre de poche.
ISBN : 9782253135036 ; 4,45 € ; 01/03/1994 ; 218 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (14)
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Seul
Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 21 juillet 2019
Mitigé
Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 77 ans) - 22 août 2018
le livre de la mémoire : réflexions, à partir de l'expérience vécue, sur la mort, le temps, le souvenir et l'écriture
Critique de Eric Eliès (, Inscrit le 22 décembre 2011, 50 ans) - 11 septembre 2016
Dans la première partie, intitulé « Portrait d’un homme invisible », Paul Auster affronte le vide laissé par la mort de son père, homme solitaire et renfermé, peu à l’aise dans les relations humaines y compris envers ses enfants. Peu après le décès, Paul Auster s’installe, avec son épouse et son jeune fils, dans la grande maison paternelle (où il vivait seul depuis le divorce avec son épouse) pour s’occuper des formalités administratives et des affaires matérielles. En fouillant les placards et les tiroirs, il découvre, dans les lettres conservées et les objets entassés, un homme dont il ne connaissait que les contours et prend peu à peu conscience que, après la disparition physique de son père, c’est le souvenir de sa présence, qui s’étiole déjà, qui va disparaître à tout jamais. Paul Auster lie le décès de son père à l’affirmation de sa vocation d’écrivain car il se décide à écrire pour garder trace de ce qui s’efface et le sauver d’un oubli irrémédiable. Dès lors, Paul Auster se livre à une sorte de rechercher du temps perdu : il expose avec franchise et une grande lucidité analytique le drame de ses grands-parents (sa grand-mère a assassiné son époux, qui la trompait), le divorce de ses parents, la schizophrénie de sa sœur, la méfiance de son père, homme pragmatique et besogneux, envers sa décision d’embrasser une carrière « intellectuelle » d’écrivain et, surtout, la maladresse de son père dans les rapport humains, homme au caractère taciturne qui se montrait souvent rugueux et froid. Auster réalise alors également à quel point il méconnaît ses racines juives. Ce portrait de son père, plein d’empathique mais dénué de toute complaisance, est très bien écrit et vibrant de présence. La démarche de Paul Auster me fait un peu songer à celle également à l'œuvre dans le recueil de Marcel Migozzi "Faute d'éternité, écrire", où l'écriture préserve le souvenir de l'oubli inhérent à la finitude de la condition humaine.
Néanmoins, c’est bien la seconde partie qui est la plus ambitieuse. Intitulée « Le livre de la mémoire », elle s’interroge sur ce qui reste de ceux qui disparaissent et dont la présence va basculer dans le néant de l’oubli si l’écriture ne les sauve. Auster manifeste une grande érudition mais l’écriture et la sensibilité de Paul Auster sont fortement teintées d’influence européenne, et plus singulièrement française, comme si, à l’instar de ce qu’on a pu dire d’Henry James, Auster, qui cite fréquemment la Bible (principalement le livre de Jonas), Saint-Augustin, Pascal, Freud, Collodi (l’auteur de Pinocchio, qu'il analyse en détail), Proust et Mallarmé (notamment « Le tombeau d’Anatole »), était un écrivain européen exilé aux Etats-Unis. Néanmoins, même s'il a vécu quelques années à Paris (ce qui est évoqué dans le livre), Auster est profondément américain : en témoigne sa passion pour le baseball et ses souvenirs d’une enfance passée sur le terrain de jeu ! Dans les pages du « livre de la mémoire », Paul Auster exhume du passé et décrit, parfois longuement, tous les presque-rien dont la somme compose une vie d’homme, avec un soin particulier apporté aux évènements et aux souvenirs d’enfance. Comme la fameuse madeleine de Proust, Auster cherche à établir des correspondances entre les époques, par le jeu des réminiscences et des coïncidences (la plus surprenante étant celle un jeune étudiant loue à Paris une chambre qui se trouve être, sans qu'il le sache, la chambre où son père s'était caché pendant l'occupation allemande). Auster approfondit considérablement les relations père-fils, qu'il s'agisse de son père géniteur (à qui est consacré la première partie du livre) ou de son père spirituel (Auster évoque ici un compositeur russe en exil à Paris qui se vouait, dans une chambre de bonne insalubre et misérable, à l'écriture d'une poly-symphonie qu'il savait qu'il n'achèverait jamais...). Le fils de Paul Auster occupe une place centrale dans cette démarche car l’auteur revit, à travers lui, la relation qu’il avait nouée avec son père. Anatole, le fils de Mallarmé, et Anne Franck sont également très présents : Auster relate une visite au musée « Anne Franck » d’Amsterdam, qui le fit pleurer en silence dans ce mémorial voué à une vie détruite. Pour Paul Auster, l'omniprésence et l'inéluctabilité de la mort rendent la vie fondamentalement absurde et ce sont les enfants qui permettent de surmonter cette déréliction absolue, en conférant à un homme des responsabilités et un sens à sa vie désormais orientée vers l’avenir. C’est la raison pour laquelle la mort des enfants est ressentie comme la plus cruelle. Paul Auster clôt d’ailleurs son essai par une traduction de quelques fragments, vibrants d’une douleur à grand peine contenue, du « Tombeau pour Anatole » de Stéphane Mallarmé.
Saisissant
Critique de Clara11 (, Inscrite le 6 février 2011, 33 ans) - 6 février 2011
4 étoiles pour l'invention de la solitude!
Critique de Js75 (, Inscrit le 14 septembre 2009, 41 ans) - 6 juillet 2010
A Découvrir
Critique de Hibou (, Inscrite le 28 décembre 2009, 49 ans) - 8 mai 2010
J’ai beaucoup aimé ce livre et la profondeur de l’auteur. C’est beaucoup plus qu’une autobiographie, c’est un véritable récit métaphysique. En toile de fond il s’agit de cette chose singulière qui permet la création de sens : la mémoire. L’auteur l’aborde différemment dans chaque partie et nous en donne des facettes dissemblables. Dans la première partie cette mémoire est le symbole de la restitution d’un passé qui ne peut se concevoir clairement qu’à travers des trous, des ratés, des secrets de famille. En somme l’homme se souvient parce qu’il est oublieux. Et à travers des indices on assiste à une construction du personnage. Dans la deuxième partie le processus est inversé. Le moi s’est perdu de vue. Il ne peut parler de lui que comme un autre. « Je » est un autre en proie à la plus profonde solitude. Il parle d’ailleurs du livre de la mémoire. On ne peut s’empêcher de penser au livre de la bible et de ses évangiles. Textes prophétiques, les évangiles sont emplis du bruissement du monde. Ils fondent le socle de notre religiosité. Et comme eux l’indicible commence quand les mots ont fini de tout dire et ont du même coup encore rien dit. D’une même impulsion la mémoire permet l’immersion dans le monde, comme la fameuse monade de Leibniz elle reflète le monde, est une partie de ce monde et contient à la fois en son sein cette totalité. La mémoire est à la fois vide et pleine. Etrange paradoxe qui fait qu’elle est insaisissable, et à la fois seule capable de mettre en mouvement l’homme. Ce livre a une structure originale. Si j’ai aimé ce livre pour la force de son sujet, en revanche je tiens à tout de même émettre quelques réserves, certains passages dans la deuxième partie deviennent ardus et on a l’impression d’un soliloque de l’auteur avec lui-même. Il semble même que la solitude qu’il évoque soit matérialisée par l’exclusion de l’autre jusqu’au sein même du discours. Il y a certes des passages qu’on a envie volontiers de sauter tellement ils deviennent tirés par les cheveux. A côté il y a des passages très beaux qui nous invitent à réfléchir et à ressentir.
L'invention de la Solitude du Lecteur...
Critique de Baader bonnot (Montpellier, Inscrit le 11 janvier 2008, 41 ans) - 2 mars 2009
Puis vient la deuxième partie, "le Livre de la Mémoire". Auster, s'appuyant sur les auteurs et poètes qu'il a aimés, fait émerger l'auteur qui est en lui. Le roman devient vite un monologue insipide et ennuyeux obligeant son lecteur à faire d'incroyables efforts dans l'espoir de retrouver le niveau du début, en vain...
La Lecture de Pascal Bruckner en annexe à la fin du roman vient au moins éclairer un point. "L'invention de la Solitude" confère plus à l'essai philosophique qu'au roman. Le philosophe y trouve une richesse incroyable indispensable à la compréhension de son auteur. Peut-être faut-il aborder ce roman en se disant que l'on va lire un essai philosophique sur la névrose de son auteur?
Un roman déçevant, qui vaut le coup uniquement pour ses cent premières pages, description brillante de l'univers laissée par un défunt ordinaire. Contrairement à ce qu'affirme Bruckner, cet ouvrage doit être abordé en dernier afin que l'on fasse preuve d'indulgence envers son auteur...
bof...
Critique de Babsid (La Varenne St Hilaire, Inscrite le 8 mai 2006, 37 ans) - 25 juin 2006
Et bien justement, on se sent seule et on s'ennuie!
La première partie est correcte mais dans la seconde il se perd parfois dans des digressions philosophiques où j'ai laché prise.
Je pense que c'est son plus mauvais livre.
Un peu austère, non ?
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 18 mars 2006
Comme tout le monde je suppose, il m’est arrivé de retrouver dans ce texte des sensations qui sont les miennes :
« Sa vie ne semblait plus se dérouler dans le présent. Chaque fois qu’il voyait un enfant, il essayait d’imaginer l’adulte qu’il sera un jour. Chaque fois qu’il voyait un vieillard, il tentait de se représenter l’enfant qu’il avait été. »
« (…) il se sentait obligé (…) de dépister le mort qui vit en chacun de nous »
Et, dans la même veine, cette citation de Flaubert (dans une lettre à Louise Colet) : « … C’est que je devine l’avenir, moi. C’est que sans cesse l’antithèse se dresse devant mes yeux. Je n’ai jamais vu un enfant sans penser qu’il deviendrait vieillard ni un berceau sans songer à une tombe. La contemplation d’une femme nue me fait rêver à un squelette. »
A côté de ça, de pesantes digressions durant lesquelles Auster revisite la mythologie (dont la Bible), les contes, la littérature, le base-ball (oui, là il faut s’accrocher pour ne pas s’endormir…), tout cela sur les thèmes de la mémoire, du hasard, du destin avec une habituelle prédilection – obsession ? – pour les événements improbables, les coïncidences qui font en quelque sorte rimer les époques entre elles.
Et puis encore, des choses comme ça :
« Oui, il est possible que nous ne grandissions pas, que même en vieillissant nus restions les enfants que nous avons été. Nous nous souvenons de nous-mêmes tels que nous étions alors, et ne nous sentons pas différents. C’est nous qui nous sommes faits tels que nous sommes aujourd’hui et, en dépit des années, nous demeurons ce que nous étions. A nos propres yeux, nous ne changeons pas. Le temps nous fait vieillir, mais nous ne changeons pas ».
C’est une idée qui nous est sans doute tous passée par la tête que celle de cette sorte de permanence du moi. En traduisant ce genre de sensation commune à bien des gens, Auster parvient à donner à son texte une portée qui dépasse de loin le nombrilisme.
Et pour finir ce regard jeté sur l’enfant et qui me paraît un des passages les plus forts. Là aussi, Auster ne fait que traduire un sentiment que nous avons tous à un moment ou l’autre, et il lui donne une portée qui dépasse de loin celle de l’individu :
« Par ce que le monde est monstrueux. Par ce qu’il ne paraît proposer aucun espoir d’avenir, A. regarde son fils et comprend qu’il ne doit pas se laisser aller au désespoir. Il y a la responsabilité de ce petit être, et par ce qu’il l’a engendré, il ne doit pas désespérer ».
Ah bon ? C’est là qu’il faut aller chercher les dernières traces d’optimisme ?
Comme Jules
Critique de Maria-rosa (Liège, Inscrite le 18 mai 2004, 69 ans) - 9 mars 2005
Comme Jules, j'ai appris à apprécier les auteurs américains contemporains avec Auster mais depuis, hélas ou tant mieux, j'en ai aussi découvert bien d'autres qui le dépassent de trois longueurs.
D'accord avec Sahkti et Jules
Critique de Fee carabine (, Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans) - 9 mars 2005
Le sujet - un jeune écrivain qui cherche à percer, un homme jeune encore qui se cherche dans sa vie familiale et qui part à la découverte de ses racines - avait pourtant de quoi séduire. Mais je garde le souvenir d'un livre froid, très bien écrit mais finalement un peu aseptisé. Il m'avait fallu attendre le moment où Paul Auster évoque la poésie de Stéphane Mallarmé (qu'il a traduit en Anglais) pour éprouver une début d'émotion et c'était presqu'à la fin du livre... Un bilan un peu maigre pour un livre qui intéressera surtout les admirateurs inconditionnels de Paul Auster qui y retrouveront des traces de la genèse de son oeuvre.
Ce que j'en pense ?
Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans) - 8 mars 2005
Pour ce qui est de savoir si ses romans sont meilleurs que ces textes "autobiographiques", je m'en tirerai avec une pirouette : ce que j'aime le plus ce sont ses petits textes comme ceux que l'on peut lire dans Le carnet rouge et Constat d'accident... Mais tout cela est question de goût...
Auster Premier
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 8 mars 2005
Assez d'accord...
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 8 mars 2005
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