Le bruit des choses vivantes de Élise Turcotte
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Petite enfance
Maria a trois ans et vit avec Albanie, sa mère. Leur relation est complice, fusionnelle, excessive, du moins au début du roman. « Nous sommes le centre de l’univers. Chaque maison est le centre de l’univers. » Le père est parti parce qu’il n’a pas su habiter avec Maria et sa mère, avec leur nous. Albanie souffre encore de ce départ, mais protège Maria. N’entre pas qui veut chez Albanie et Maria. Il y a Jeanne et son fils Gabriel, autre famille monoparentale ; il y aura Pierre qui deviendra l’amant d’Albanie et qui partage son amour inconditionnel des enfants.
Albanie travaille à la bibliothèque sans grand enthousiasme. Un autre univers féminin. Il y a Raymonde, l’intransigeante directrice, et Agnès, une cliente qui y passe tout son temps : elle aussi a été abandonnée, s’est accrochée à un fantôme et n’a plus jamais bougé. En Albanie, elle trouvera une âme-sœur.
Le monde extérieur, bien sûr, existe. La télévision projette jour après jour les catastrophes. Tremblements de terre, ouragans, agressions. Et, à travers la fenêtre, juste de l’autre côté de la rue, presque dans leur cour, un autre drame se déroule : Félix, cinq ou six ans, joue toujours tout seul. Félix dont les épaules sont déjà voûtées, Félix déjà abandonné. Il vit avec un père impuissant, souffrant. Partie la mère !
Et il y a tous ces autres bruits qui entrent par la fenêtre : le bruit des choses vivantes. Les gens, connus ou inconnus, qui se débattent avec leur propre vie. Ce monde qui fait souffrir et auquel il faut appartenir.
Albanie essaie de forger pour Maria une vie chargée de souvenirs, d’instantanés heureux. Il faut que certains événements habitent sa mémoire. Dans ce monde, tout en ruptures, les choses doivent figurer quelque part, après tout, si on veut qu’elles aient une existence qui les prolonge. Et les êtres aussi ont besoin de cette continuité, de retenir un peu la vie de ceux qu’ils ont croisés et aimés.
Pour ressouder ce monde éclaté, il reste les mots. On peut toujours consigner la vie dans un Cahier de rêves ou dans un carnet de voyages. Et encore ! « Je passe des heures à lire le dictionnaire, je voudrais que tout ait un sens, que tout finisse par se tenir ensemble et qu’une seule chose passe en moi, une chose tranquille et pleine et qui serait la vie. Je n’y arrive pas. ». Il reste aussi les images. Filmer. Photographier. Et pourtant ! « La vie est une chose volée, on ne sait pas pourquoi. Un jour, notre voyage sera oublié. Nos cartes postales, disparues. Puis nous. On ne sait pas pourquoi. »
Albanie et Maria vont lentement se détacher l’une de l’autre sans se quitter. Ainsi le veut la vie.
Roman poétique (l’auteure a gagné à deux reprises le prix Emile-Nelligan) d’une grande beauté. Irrésistible si vous aimez les enfants, leur univers.
Les éditions
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Le bruit des choses vivantes [Texte imprimé], roman Élise Turcotte
de Turcotte, Élise
Actes Sud / Babel (Arles).
ISBN : 9782742719563 ; 7,70 € ; 04/06/1999 ; 244 p. ; Poche
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Vent de fraîcheur
Critique de Gabri (, Inscrite le 28 juillet 2006, 38 ans) - 13 mars 2016
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